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« Si c’est le bordel, autant faire ce qu’il me plait ! »

Lundi 7 juin 2021

À 26 ans, Lucie Lefauconnier est une sacrée nana. Musique, chant, écriture, théâtre, mise en scène, elle a plus d’une flèche à son arc.
Française expatriée depuis 7 ans à Bruxelles, elle emmène le quatuor Lou K

Lou K

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et vient de rejoindre les rangs de Thot

Thot

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.
Entre rugissements tragiques et murmures poétiques, rencontre avec une artiste touchante, engagée, révoltée et motivée !

Autoportrait par Lucie Lefauconnier

Bonjour Lucie. On a fait ta connaissance tout récemment avec les 2 morceaux live ''Monstre'' et ''Dormir'' de Lou K

Lou K

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. C’est un tout jeune projet si je ne me trompe pas. Pourquoi est-il né et comment souhaites-tu qu'il évolue?
Lou k n’est pas vraiment un jeune projet, dans le sens où cela va bientôt faire 10 ans que j’utilise ce nom. J’ai commencé à chanter mes chansons, encouragée par ma famille, mes ami.es, ou mes professeur.es.
J’ai toujours aimé sortir ma guitare et chanter avec les autres dans les moments festifs. Lou k

Lou k

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c’est un peu comme la continuité de ces passages-là, une mise en scène de quelque chose qui fait partie de mon quotidien.

''J’ai envie que les concerts que je donne aient un goût familier et que les moments familiaux ou entre amis ressemblent à des concerts.''

Depuis janvier 2021, je travaille avec Leslie Gutierrez à la batterie, Alice Vandervoorde à la basse et Thècle Joussaud au violoncelle, nous nous sommes rencontrées aux Secrètes Sessions de Francofaune. Chacune a une vision différente de la musique rock et c’est très enrichissant. Techniquement et humainement, ce sont vraiment des perles.

Pourquoi es-tu passée du solo au quatuor?
J’ai été repérée à 15 ans, à Paris, par des producteurs qui voulaient faire de moi une star solo, c’était une expérience unique, j’ai pu enregistrer un EP dans des conditions professionnelles très jeune, et j’ai rencontré des gros poissons de l’industrie musicale. À 18 ans j’ai été confrontée à des questions profondes trop rapidement… J’ai préféré partir à Bruxelles, et tout reprendre à zéro.
J’ai évolué avec différentes formules, seule, en duo, avec Kalc Boocking qui m’a fait traverser la Wallonie, j’ai enregistré mes premières démos avec la percussionniste Adélaïde Wlomainck. Puis j’ai formé de nouveau un groupe avec trois amis, grâce à qui j’ai pu participer au Parcours Francofaune. Ensuite, j’ai été invitée aux Secrètes Sessions et je suis tombée sur les musiciennes qui travaillent avec moi aujourd’hui.
Il y a beaucoup de personnes qui m’ont aidée, j’ai envie de remercier tout le monde tout le temps. C’est tellement lié aux rencontres, aux amitiés, et surtout à l'écoute du présent. Qu’est-ce que j’ai besoin d’apprendre ? Où est ce que je veux aller ? C’est un mouvement constant.

Ça veut dire que tu as tourné le dos au succès au profit de ta liberté artistique ? Que représente le succès, pour toi ?
Ça n’était pas dit que j’allais avoir du succès. Je voyais des artistes autour de moi qui étaient dans les schémas standards de signature avec un gros label et leur disque ne prenait pas forcément. Bien sûr, avoir une bonne production et de l’argent permet d’accélérer les choses. Cela demande quand même quelques prérequis, savoir où on va, avoir une marge de manœuvre créative... Le plus important c’est d’être intuitif, tout en gardant son intégrité et de savoir tenir tête.

''Je crois que ce sont des attitudes qui se construisent avec le temps. Signer trop vite empêche de se chercher, on a moins le droit à l’erreur.''

Aujourd’hui, le succès, je l’envisage comme une partie intégrante du métier. Ça se construit, ça s’entretient. Pour moi, la réussite serait de produire toutes les chansons que j’ai sous le coude, enregistrer et arranger les albums dont je rêve. Je vois l’idée de réussite comme une vision personnelle, je n’ai pas envie de plaire à tout le monde, c’est beaucoup plus drôle quand il y a débat. Succès ou non, mon objectif c’est de vivre totalement de ma musique et je crois que c’est déjà assez conséquent aujourd’hui.

Développer un projet musical, de nos jours, alors que la culture est mise à mal depuis un bon moment, n'est-ce pas un peu ''fou''?
Les musicien.nes francophones ont peu de sécurité. On est souvent mal payé.es, parfois avec des contrats Smart ou rémunéré.es en liquide et ça n’aide ni pour le chômage ni pour une retraite. C’est révoltant et fatiguant, on s’accroche, on s’entraide. La colère donne de l’énergie.
J’ai l’impression d’entendre « c’est la crise » depuis des années. À quoi ça sert de faire un métier stable quand celui-ci si est soumis à une « crise » qu’on ne maîtrise pas.

''Si c’est le bordel, autant faire ce qu’il me plait, on sera précaire partout de toute façon. Je crois à un chaos optimiste de manière générale.''

Il y a quelques années, j’ai envoyé un message de fan à Claire Diterzi, elle m’a répondu « Ce que tu peux faire de pire à ce monde c’est quelque chose qui n’était pas prévu ». Et je garde cette phrase en toute situation.

Crédit photo: Gaspard Hoël

Quels sont les messages/émotions que tu veux faire passer au public?
J’ai envie de retrouver et de partager les émotions que je ressentais enfant en voyant les adultes chanter, à la fin d’un repas, des chansons mélancoliques. Ce côté touchant et réconfortant, terrible aussi.
Mes chansons parlent de cauchemars, de troubles, pourtant j’ai envie qu’il s’en dégage de la tendresse. Je cherche un rassemblement joyeux dans la colère, des sourires dans la tristesse. Et j’ai un besoin insatiable de pogo dans la foule, et de grands silences ensemble.

Quels sont les projets/actualités futurs de Lou K

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?
Avec Leslie Gutierrez, Alice Vandevoorde et Thècle Joussaud, nous avons envie d’enregistrer en studio à la maison. Le résultat devrait sortir sur K7 avec le label Wild Goose Chase.
J’ai quelques collaborations prévues en solo avec La Souterraine et le label Les Mills, on m’y propose de sortir de ma zone de confort et tenter la pop expérimentale.
Avec le groupe on déborde d’envie de jouer, on travaille un set acoustique et un set électrique pour pouvoir s’adapter le plus possible aux situations actuelles. On veut jouer partout !

''D’ailleurs, la grande nouvelle c’est que nous ferons la première partie de Mademoiselle K le 8 novembre au Botanique. Et ça c’est vraiment un accomplissement pour moi, parce que le K de Lou K est aussi un hommage à cette artiste. J’oscille entre une énorme excitation et une belle sérénité.''

Justement, je pose une question bourrée de clichés mais est-ce plus ou moins facile d’avoir des contrats quand on est un groupe de nanas ? De manière générale, que penses-tu de la présence des femmes en musique ?
J’évolue avec des femmes et des hommes en musique, en théâtre, en radio, etc. Certains comportements sociaux ne changent pas mais je vois de réelles alliances non inclusives qui se font et ça c’est top.
Nous avons besoin des femmes en programmation, à la tête des institutions et des festivals. Nous avons besoin de quotas. Il y tellement de femmes musiciennes incroyables, des légendes qui ne sont pas médiatisées. À ce propos, il y a ce fantastique webzine qui s’appelle « She Shreds media » dédié aux guitaristes et bassistes femmes. Les articles sont super et il y a pleins de conseils professionnels.
Avec le groupe, on partage beaucoup sur nos expériences de scène, d’injustices, je pense qu’on est plus fortes à travailler ensemble. J’ai été épaulée par des femmes et des hommes tout au long de mon parcours.

''Pour moi ce qui fait la différence c’est vraiment de voir des femmes prendre des guitares et faire du punk. S’avancer sur scène et dire merde j’ai le droit d’être là.''

Ne pas être seulement la jolie bassiste en maillot de bain dont on ne se rappelle plus le nom mais plutôt celle qui envoie son tampon dans la fosse.

Écriture, chant, théâtre, mise en scène, etc. Tu utilises plusieurs moyens d'expression artistique différents. Quelle place prend l'art dans ta vie?
C’est du 24h/24h. L’art c’est un peu ma maison, parfois je vais au musée et je retrouve des œuvres comme si c’était des vieux potes, j’écoute des chansons avec la même sensation.
C’est l’idée qu’il y a un dialogue, que je peux entrer en conversation.
Ça me permet de désacraliser tout ce monde-là. Il y a des humain.es qui s’envoient des signaux les un.es aux autres et pour laisser des traces qui fluctuent encore. Des sortes de vases communicants en toute circonstances.

''Mon besoin de partage est immense, il ne trouve pas toujours son épanouissement dans une communication verbale. J’ai besoin de « traduire » pour trouver ce qui me paraît concret.''

Cette transcription prend la forme que je trouve la plus juste sur le moment, picturale, poétique, théâtrale ou musicale.
Et si je ne trouve pas de moyen pour l’exprimer, je me bloque, je tourne en rond. Le transformer c’est thérapeutique et nécessaire.

Crédit photo: Gaspard Hoël

De manière générale, dans tes créations artistiques, qu'est-ce qui te motive, t'inspire ?
En ce moment ce qui m’inspire et me motive c’est le quotidien, l’amour, renverser le capitalisme, la grève de la faim des sans-papiers à l’église du Béguinage et brûler le patriarcat.

Tu es en train d'écrire ta première pièce de théâtre ''Ce qu'il reste de Barbe Bleue''. Tu sais nous en dire un peu plus?
« Ce qu’il reste de Barbe Bleue » est une pièce de théâtre à partir de poèmes sur des agressions sexuelles et leur guérison.
Après avoir fait l’Insas, j’ai commencé un travail sur ce sujet avec l’actrice Zoé Coutentin. Nous avons commencé par une collaboration avec le Centre des Arts scéniques en septembre dernier, ensuite j’ai bénéficié d’une résidence d’écriture au Bozon. Nous travaillerons de nouveau sur les planches du Bamp à l’automne 2021. Nous sommes dans un échange avec le festival féministe Ladyfest sur la manière la plus appropriée pour que le public reçoive et discute de ce sujet délicat sans apriori.
Je suis actuellement à la recherche d’un partenariat de production pour faire tourner le spectacle final.

Tu as rejoint Thot

Thot

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, en mars dernier. Que vas-tu apporter au groupe? Comment se passe ton intégration ?
Grégoire m’a contacté pour participer à une Live Session avec la violoniste Catherine Graindorge à l’occasion des 10 ans du premier album. La vidéo est sortie début juin. Je reprends les parties de guitares rythmique et de chant, c’est un travail d’exécution d’une technique différente que je découvre. Que ce soit dans un jeu de guitare plus metal et une interprétation vocale plus solennelle.

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AUTEUR : Isabelle

Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup...

Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière ve...

Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en ju...

Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....

Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....

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