Nous revenons sur l'édition 2017 du célèbre festival belge, avec un gros dossier en 3 parties. A commencer, évidemment, par la première journée, annoncée SOLD OUT.
Texte : Guillaume + Panda.
Crédits photos : Graspop Metal Meeting.
Les années se suivent ... et ne ressemblent pas ! Quelques jours avant son coup d'envoi, le Graspop Metal Meeting voit pointer à l'horizon une édition qui s'annonce sous les meilleurs auspices : une première journée sold out avant même de démarrer (au final, ce seront même les tickets combi qui seront épuisés), et une météo qui s'annonce plus que clémente. Le Drache-pop ne semble pas pour cette année ! Mais plus encore que cette météo favorable qui a pu déclencher effectivement quelques ventes de dernière minute, difficile de ne pas voir en la fréquentation en forte hausse annoncée pour ce week-end la résultante d'un effet Rammstein certain (d'autant plus suivant l'annulation de la première soirée du Rock am Ring), voire peut-être de l'attrait nouveau des festivals typés Metal pour une certaine frange du public, pas forcément prédestinée à la chose. Et si d'un premier abord, l'affiche 2017 ne se distinguait guère des années antérieures, force est de constater que l'association d'une tête d'affiche réclamée à corps et à cris depuis des années par les fans (Rammstein) avec un groupe mythique en pleine tournée d'adieu (Deep Purple... voire Scorpions si une tournée d'adieu peut durer des années) et d’un gros groupe mainstream absent ces derniers temps (Evanescence), le tout saupoudré du mélange des genres habituel du festival entre nouveaux venus et valeurs sûres a finalement pu convaincre les foules de se déplacer en masse sur la plaine de Dessel.
Un tel rassemblement ne va pas, de nos jours, sans quelques passages obligés. D'abord, et le festival avait communiqué en ce sens, le dispositif de sécurité a évidemment été renforcé pour tenir compte du contexte qui est maintenant le nôtre. Plusieurs points de contrôles et fouille(s) systématique(s) des sacs (ainsi que détecteurs de métaux) ne prémunissent en rien des dangers émanant de certains fous-furieux, mais les files d'attente ainsi générées ont semble-t-il été prises avec philosophie par les festivaliers. Ce qui a davantage marqué en revanche, c'est cette nette impression de surpopulation à l'intérieur du site, et ce dès le vendredi après-midi. Sanitaires bondés, Marquee et Metaldome souvent bien remplis, Main Stage 1 envahie le vendredi soir, circulation difficile à quelques endroits stratégiques : on n’a jamais connu le Graspop ainsi. Et si le service au bar reste toujours aussi efficace, que dire en revanche de la véritable décharge publique qui se forme peu à peu à nos pieds ? Tout simplement honteux : cette mauvaise habitude de tout jeter à terre choque quelque peu quand on a fait des festivals à l'étranger ou le Ieperfest (festival vert par excellence).
Côté technique, insistons d'abord sur la qualité du son... plutôt bonne dans l'ensemble, voire excellente (Metaldome). C'est un fait qui mérite d'être souligné tant de telles conditions restent agréables en festival. Pour le reste, on retrouve la configuration du site de l'année dernière, avec un léger effort sur les décors, bien loin de ce qu'un Hellfest est capable de produire (malgré un Metaldome embelli à la manière d’une base aérienne). Côté organisation générale, lights et prod des têtes d'affiche, pas de surprise, c'est du bon boulot : on parle quand-même du Graspop. L'expérience paye.
Bon, et les groupes alors ? Personnellement, j'attendais beaucoup de cette première journée, la meilleure à mon goût et pas seulement en raison de Rammstein (j'y reviendrai). Et le moins que je puisse dire c'est que je n'ai pas été déçu. Il me fallait en revanche arriver de bonne heure, puisque j'avais bien entendu entouré en rouge le passage de mes chouchous de Tribulation sous la Marquee. Bon en bleu en fait, puisque je n'ai plus de stabylo rouge. Puis de toute manière j'avais oublié mon running order donc je suivais mon programme sur mon téléphone... vite déchargé le bougre d'ailleurs (merci pour les stands de recharge au passage). Oups je m'égare !
Tribulation, que je n'ai pas revu depuis la sortie de The Children of the Night, se voit jeté en pâture sous la Marquee à cet horaire infernal de 12h... Evidemment la tente n'a pas encore fait le plein mais nos vampires androgynes – leur look fascine et dérange à la fois toujours autant - n'ont pas l'air de s'en soucier et nous livrent un set réussi qui fait évidemment la part belle à leur dernier album (Melancholia, The Motherhood of God ou Strange Gateways Beckon, acclamé en clôture) mais qui n'oublie pas son prédécesseur (cf le fabuleux Randa joué en milieu de set). Notons aussi que la greffe d'Oscar Leander (Deathstars) à la batterie a plutôt bien pris – une bonne nouvelle pour la suite, pour un groupe qu'on espère surtout revoir en tête d'affiche de sa propre tournée. Il est vrai, en effet, que leurs moments les plus planants prennent une toute autre ampleur en salle...
Et pendant ce temps-là, Slydigs inaugure la Main Stage 1. Dès les premières mesures, on devine que l’on va se prendre des riffs bien rock’n’roll dans les esgourdes. Le combo mélange à la fois glam 70’s et rock 90’s, ça c’est pour les oreilles. Pour les yeux, on se retrouve face à un groupe typiquement british de par leur attitude scénique mais aussi vestimentaire (foulard, veste léopard, lunettes rondes). Bref, un bon zakouski pour s’échauffer et attaquer cette journée. (Panda)
De mon côté, je me dirige vers la Main Stage 2 pour Evil Invaders, dont j'ai toujours en tête l'incroyable récit des récents déboires US – passage en prison inside – une histoire que j'oublie vite pour me concentrer sur le Thrash / Heavy pratiqué par le groupe, avec une conviction qui force le respect. Ça joue vite, ça joue fort, ça joue bien ; et si le son tourbillonne encore de loin (merci le vent), j'ai vite fait de me rapprocher pour mieux apprécier la fin d'un set bien convainquant. « Let's start this festival in style » nous lance Joe.... Effectivement !
Drôle d’affaire ensuite avec Sinistro appelé à arpenter la scène du Metal Dome. La mélodie lancinante aux rythmes frénétiques des Portugais a de quoi en déconcerter plus d’un dans l’assemblée. Et pourtant, on assiste à une véritable performance scénique de la chanteuse Patricia Andrade dont les mouvements inquiétants et gestes brusques laissent entrevoir une technique dramaturgique absolument époustouflante même si à la longue la belle finit plus par ressembler à un ver de terre ayant reçu un coup d’bêche qu’à autre chose. Toujours est-il que leur Doom atmosphérique proposé ici reste de très bonne facture tout au long du show. Un moment relaxant passé aux cœurs des ténèbres, antithèse par excellence… (Panda)
A peine le temps de me rappeler, un sourire au coin des lèvres, que le sol en plastique n'a clairement pas la même allure que l'étang de 2016 (la météo passe d'un extrême à l'autre entre l'année dernière et cette année) que je me rends à nouveau sous la Marquee pour revoir Decapitated, qui s'offre quelques concerts apéritifs à la sortie de son nouvel album cet été. Alors dans ce cas de figure, on écoute le nouvel extrait sans broncher (prometteur d'ailleurs ce Never), et surtout on profite des classiques des Polonais (Day 69, Post( ?) Organic , Spheres of Madness) rehaussés de quelques titres plus récents et maintenant bien intégrés à la setlist (Homo Sum et quand-même 4 extraits de Blood Mantra avec Instinct et Nest notamment). Rafal, toujours dreadés jusqu'aux fesses, arpente la scène comme un beau diable et se montre plus que satisfait de contempler cette large foule peuplant la Marquee de si bonne heure, rendant ainsi hommage à cette année anniversaire pour le groupe. Il faut dire que Decapitated a toujours su se montrer convainquant live et ne fait pas exception à la règle aujourd'hui avec ce concert renversant et somme toute impeccable. On attend maintenant la tournée promo pour Anticult !
Retour sur le Main Stage 2 et changement d'univers avec les Canadiens de Comeback Kid, que l'on aurait d'ailleurs davantage vu en tête d'affiche de la Jupiler Stage. C'est en fait le principal reproche que l'on pourrait faire à ce concert : un show plus que correct, mais qui aurait pu être encore bien mieux devant un public acquis à la cause Hardcore des CBK. Et ce, malgré les quelques pogos naissant aux abords de cette Main Stage 2 un poil trop grande pour Andrew Neufeld and co. Lequel Andrew ne gardera son coupe-vent que le temps de deux morceaux (ah ce Wasted Arrow pour commencer !), notamment pour nous éructer au visage des Do Yourself A Favour et autre Talk Is Cheap endiablés. A noter quand-même que la Canada Connection ne réussira guère à Comeback Kid pour cet essai : le nouveau single sur lequel apparait Devin Townsend ne remporte qu'un maigre succès et contraste fort avec les tubes habituels du groupe. On jugera une fois l'album entre les mains.
Et hop, retour sous la Marquee (je vous rassure, je suis allé voir d'autres scènes ensuite) pour combler un grand manque avec ce concert de Melechesh, un groupe que je n'avais malheureusement pas encore eu la chance de voir jusqu'à présent. Grande satisfaction, les ambiances orientales propres au groupe sont bien retranscrites live, surtout tenant compte de la sonorisation plutôt réussie de l'ensemble. Piochant essentiellement dans ses albums Emissaries et Enki, Melechesh réussit sans problème sa grande première au Graspop et peut voir sereinement dans cet examen d'entrée réussi un indice pour une hypothétique nouvelle venue dans quelques années. Et pourtant je ne m'attarde pas car...
... les papys de Blue Öyster Cult se produisent sur la Main Stage 1. Et les papys, comme tous les papys en fait, ils aiment gâter leurs petits-enfants. Vous voulez des hymnes à la pelle ? Alors laissez-nous nous échauffer et vous les aurez ces hymnes ! Impossible de ne pas se laisser bercer/porter par les sonorités mélodiques du Culte de l'Huître Bleue dont on peut mesurer à nouveau l'influence énorme qu'il a pu avoir sur un groupe comme Ghost. C'est indéniablement le sentiment qui m'a parcouru tout au long de ce set suivi le sourire aux lèvres.
Sur le chemin du Metaldome, je m'aperçois que la Jupiler Stage est vide alors qu'elle devait accueillir Every Time I Die, que j'aurais bien revu après cet excellent concert donné quelques jours auparavant au Luxembourg en ouverture d'Architects. J'apprendrai après le festival qu'une urgence concernant Keith (chant) a contraint le groupe à réaliser ce concert ainsi que celui du Hellfest avec des remplaçants de luxe piochés entre autres chez leurs compagnons de tournée de The Devil Wears Prada, écourtant ainsi le set originellement prévu. Et j'ai donc raté ça ! Dommage !
Alors que Metal Church et Rotting Christ se font déjà concurrence sur la Main Stage 2 et la Marquee, l'orga a eu la curieuse idée de programmer quasiment en même temps Psychotic Waltz sous le Metaldome. Quel dommage, cette référence Heavy/Thrash (on pense au slot alloué à Virgin Steele l'année dernière) méritait sans doute mieux niveau affluence pour l'une de ses rares dates en Europe. Sans être un fin connaisseur de leur discographie, je remarque quand-même qu'A Social Grace et Bleeding se taillent une belle part de la setlist, petite leçon de leads à la clé. Un concert vraiment plaisant qui méritait meilleure affluence !
Sur la Main Stage 1, Black Star Riders se joue évidemment des plans lead guitar avec une facilité déconcertante mais pâtit en revanche d'un chant un peu moyen. Pire, la cover de Thin Lizzy (The Boys Are Back in Town) s'écoute avec plaisir mais ne déclenche pas non plus la folie parmi le public, et arrivé en fin de set on se rend compte que le groupe n'a pas été mauvais, mais n'a pas été particulièrement bon non plus. A revoir en salle !
Vient alors ce qui restera probablement comme ma grande erreur de ce vendredi après-midi : avoir un peu trop vite zappé Solstafir. Arrivé avec quelques minutes de retard, je suis d'emblée soufflé, que dis-je, retourné, par la qualité du chant de Aðalbjörn Tryggvason, mais en même temps je ne parviens pas à rentrer dans le concert, probablement car en ayant raté le début. Découragé ensuite par la longueur habituelle des morceaux interprétés, et ce malgré leur intensité délicate, je préfère finalement rebrousser chemin et me réserver pour une hypothétique future date en salle.
Je file alors voir Sepultura que je n'ai pas revu depuis un concert horrible il y a quelques années et depuis la sortie du plutôt bizarre Machine Messiah. Sur place, les Brésiliens semblent déclencher une indifférence plutôt polie et choisissent grosso merdo de diviser leur set en 2, entre Machine Messiah d'un côté et quelques classiques de l'autre. Oh bien sûr, un peu de vieux Sepultura ça fait du bien, mais quand on apprécie la période Derick Greene sans toutefois accrocher plus que cela à Machine Messiah, le concert du jour a un côté étrange. Impossible également de ne pas réprimer un sourire quand on sait que les deux extraits de Roots joués ce soir (Ratamahatta et Roots Bloody Roots) le seront aussi par les Cavalera le lendemain.
L'annulation de WASP m'avait déçu, c'est clair. Mais la confirmation de Dee Snider en remplacement m'avait, elle, mit du baume au cœur. Depuis les deux derniers concerts de Twisted Sister au Graspop, Dee est en effet devenu une des icônes du festival, et il ne se privera pas pour évoquer son grand plaisir d'avoir finalement servi de roue de secours à quelques semaines du festival (« Dee, do you want to play Graspop ? Fuck yeah ! ») . La grande question restant de savoir si Dee allait oser ne jouer aucun titre de Twisted Sister, comme il l'avait laissé entendre lors de la promo de son album solo. Et bien non, et sitôt le plutôt moderne We Are the Ones passé, c'est bien The Kids Are Back qui résonne sur la plaine de Dessel. En fait, Dee se fait plaisir. Car outre Close to You, issu aussi de son répertoire, le vieux blondinet nous gratifie d'un bon lot de covers allant jusqu'à jouer le Head Like a Hole de Nine Inch Nails ( !) et un Outshined émouvant, hommage à Chris Cornell. Mais évidemment, c'est bien le duo I Wanna Rock / We're Not Gonna Take It qui remporte le plus de succès, nouveaux arrangements à la clé. Un concert vraiment très sympa livré par l'ami Dee, et taillé pour la Main Stage du Graspop. Pouvait-il en être autrement ?
Frustration quand tu nous tiens... Même en coupant court au concert de Dee Snider évoqué ci-dessus, impossible d'aller voir Amenra sans rater Alcest. Et la qualité de Kodama ainsi que les retours élogieux des concerts donnés depuis sa sortie donnent évidemment fort envie de préférer se rendre au Metaldome pour Alcest. Un Metaldome d'ailleurs joliment aménagé (j'avoue ne plus avoir beaucoup de souvenirs de la version 2016), garnis de superbes lights et d'un écran/projecteur du plus bel effet. Alcest, emmené par ce poète de Neige, transporte son public cinquante minutes durant, en dépit d'un son basse/batterie bizarrement réglé en début de set (défaut heureusement réglé au fur à mesure). Kodama et ses sublimes nappes de mélodie prennent une nouvelle ampleur live, les anciens morceaux viennent apporter un contrepoint bienheureux, et Alcest met sa petite claque à tout le monde, en toute simplicité. Et quel succès... Comme quoi les metalheads savent aussi apprécier ces moments de douceur.
Que toute personne prétextant que « de toute façon, Europe, à part The Final Countdown, ils ont rien fait d’autre hein ! » soit damnée sur le champ ! Car non, mes enfants, le combo suédois est fort loin d’avoir montré toutes ses capacités à la sortie de cet opus légendaire il y a maintenant 31 ans. Il l’avait d’ailleurs démontré lors d’un splendide show donné à l’Ancienne Belgique en novembre dernier. Joey Tempest et sa bande débarquent sur la MS 1 et d’emblée dégaine avec un War Of Kings bien lourd et menaçant avant d’enchaîner sur un frénétique Hole In My Pocket. Moment amusant ensuite avec Rock The Night pendant lequel les Nordistes s’amusent à y insérer des passages de Du Hast de Rammstein ainsi que de Superstition de Stevie Wonder. On devra malheureusement quitter le groupe en cours de show pour présenter nos adieux les plus sincères à The Dillinger Escape Plan mais nous avons pu constater une nouvelle fois que Europe ne mérite certainement pas de rester cantonner à son album fétiche des 80’s. (Panda)
Dillinger donc… Et quelle acclamation ! Et quel son ! Faire sonner correctement The Dillinger Escape Plan n'est pas chose aisée, mais ô miracle, le Metal Dome rend divinement justice à nos Américains fous en les dotant d'un son limpide et de lights superbes. Quelle claque ! Alternant ses moments de folie et ses mélodies typiques, Dillinger va tout faire pour nous faire pleurer jusqu'au bout son retrait (enfin, juste pour quelques années on est bien d'accord ??) en nous balançant une setlist quasiment parfaite : Farewell Mona Lisa, Prancer, Black Bubblegum, Milk Lizard, Panasonic Youth, 43% Burnt... tous les hits sont là et la plupart des albums représentés.
La Main Stage 2 accueille dans la foulée l'un des shows événement d’Emperor, jouant Anthems to the Welkin at Dusk en entier à l'occasion de rares dates estivales. Alors, si le choix de placer les Norvégiens juste avant Rammstein peut déconcerter, nul doute que je n'allais pas bouder mon plaisir, ainsi que les nombreux fans ayant dévalisé le stand de merch (au passage, quelle galère pour acheter ne serait-ce qu'un t-shirt !) durant la journée. La setlist ne réserve évidemment aucune surprise, mais les fans sont conquis dès l'entrée de Ihsahn, Samoth et Trym Torson (assurant impeccablement la batterie et vu chez Ceremony ou Enslaved) dès l'intro Alsvartr (The Oath), d'abord sur bandes, puis reprise live. Charismatiques en diable et commandant à l'envie cornes du diable, les Norvégiens déclenchent sans peine moult sourires de satisfaction dans le public de la Main Stage 2... tout en provoquant l'effroi des fans de Rammstein réservant déjà leur place devant la Main Stage 1. On y reviendra.
Très loin des poncifs du genre (l'accoutrement des gaillards n'évoque en rien le Black), mais concentré, Emperor va s'efforcer de faire revivre l'un de ses albums mythiques (« are you ready to sing anthems ? » nous demande Ihsahn), un exercice-figure de style presqu'imposé de nos jours mais qui prend une certaine saveur lorsqu'on a affaire, comme ici, à une pièce maitresse qui influence encore de nos jours le style qui l'a vu naitre. D'autant plus quand on parle d'un style redevenu plus récemment à la mode (cf toute la vague post Black). Alors certes, le son des guitares n'est pas parfait, mais Ihsahn se rappelle à notre bon souvenir de chanteur Black de premier ordre et l'enchainement des titres fait son petit effet. On retiendra aussi la fin du set, ponctuée notamment de deux extraits d'In The Nightside Eclipse avec I Am The Black Wizards et un Inno a Satana, réclamé à cor et à cri par une partie du public et consacré par Ihsahn à la liberté d'aller aux concerts, sans peur. Impérial, le groupe laisse cette impression tenace d'avoir vécu un truc à part alors même que le concert s'achève à peine.
La fin du concert d'Emperor délivre donc une grande partie du public massé depuis longtemps devant la Main Stage 1 d'une forme de punition auditive. Ne l'oublions pas, Rammstein fait partie de ces groupes au succès incommensurable et drainant avec lui un public dit « mainstream » qui aura eu du mal à comprendre le pourquoi du comment du positionnement d'un combo Black avant leur groupe fétiche. Tant de raisons peuvent expliquer la chose (désidérata des deux groupes respectifs entre autres) mais une chose est claire : le public de Rammstein se compose ce soir de plusieurs catégories : les ultras du groupe venus essentiellement (exclusivement ?) pour eux, les fans de Metal bien contents de voir enfin exaucé leur rêve d'un Rammstein tête d'affiche, et enfin ceux qui n'ont jamais beaucoup aimé le Metal Indus des Allemands et qui demandent potentiellement à être convaincu. Oui il y en a, c'est justement mon cas ! Certes, j'appréciais avant ce concert quelques hits évidents des Teutons, mais j'étais surtout curieux de voir leur spectacle « en vrai ». Je ne suis évidemment pas le seul : la plaine de Dessel est envahie comme jamais. Dès le compte à rebours (les GSM sont déjà de sortie...), le festival entre clairement dans une autre dimension tant la stature de Rammstein en impose.
Alors certes, on retrouve le show type de Rammstein que l'on connait déjà sans le savoir (les feux d'artifice, la scène à étage, le canon à étincelle, les ailes lance-flammes, j'en passe, vous connaissez ces artefacts mieux que moi), mais le rendu live reste sidérant. Plus que des musiciens, les Allemands sont de véritables artistes, plongés dans leur univers (Till est presque flippant à ce niveau) et exaltant cette sensation de communion scène/audience. On peut toujours ergoter sur la setlist (bonne au demeurant) ou sur le public (pas super folichon et qui n'aime a priori pas vraiment se faire bouger) ; ce soir le Graspop a droit à un show de tête d'affiche, un vrai. J'en ressors complètement converti, c'est dire la réussite de ce concert.
Je ressors aussi complètement lessivé de cette très longue journée mais pleinement satisfait des concerts de cette belle entame, naviguant à loisir entre les différents genres représentés aujourd'hui. Un premier jour costaud qui appelle une suite à l'avenant...
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