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Comment Patricia Lee est devenue Patti Smith

Vendredi 18 mars 2011



En 2010 est sorti « Just Kids » sorte d’autobiographie retraçant la vie de Patricia Lee Smith et sa relation avec Robert Mapplethorpe photographe visionnaire dont l’œuvre sera ultra-controversée.
La première biographie en français sur Smith parait en 2010 également et « Dream Of Life », film de Steven Sebring qui suivi l’artiste durant onze ans fête ses 4 ans.

Et puis c’est l'une des mes artiste préférée, donc, je ME DEVAIS de tracer un petit portrait de cette grande dame, poétesse, mère, photographe, chanteuse, écrivaine, humaniste...

Elle nait à Chicago après la 2ème guerre mondiale et vite une enfance tour à tour normale, tour à tout difficile car elle tombe malade sans cesse.
Elle passera beaucoup de temps alitée à cause des grippes, oreillons, varicelle et autre rougeole, mais c’est dans cet espace, seule, entendant les autres enfants jouer dehors, qu’elle tombe amoureuse des livres, littéralement.
Elle les dévore, entre la prière-elle est issue d’un milieu très croyant-et son amie Stéphanie qui décèdera d’une leucémie, chose qui la marquera très fort.

L’adolescence est un peu ingrate, elle pousse d’un coup et ne ressemble ni a une fille ni à un mec. Elle se plonge alors dans le rock and roll, « le statut adolescent en 1961 ». Déjà elle dessine, elle écrit même si elle n’est pas douée.

Après sa scolarité elle entreprend des études pour devenir institutrice, chose qui ne la motive guère mais, c’est ça ou l’usine. Et l’usine elle y passera ! D’où le fameux « Piss Factory » qui sera sa vengeance, mais…chaque chose en son temps.
Elle tombe enceinte à 19 ans, par accident ; l’avortement est inconcevable et elle mènera sa grossesse à terme.
Impossible pour elle d’être mère, le « père » de 17 ans n’étant même pas au courant de la situation elle confiera sa fille à un couple voisin portant le même nom : « Smith »



Virée de la fac à cause de sa grossesse elle se fait embaucher dans une usine et pour s’évader, lit « Les illuminations » de Rimbaud. Ce simple geste sera à l’origine d’une de ses chansons les plus rageuses, comme je disais plus haut ; « Piss Factory »
Elle se fait pincer un jour en train de lire Rimbaud au lieu de travailler et se fera humilier par sa chef ; la tête plongée dans les toilettes…dont la chasse n’avait pas été tirée…

Au printemps 1967 elle fait le point et décide de tenter New York. Profondément confiante en son destin, persuadée d’être un jour une artiste ou la muse d’un artiste, elle fait son baluchon et quitte sa famille pour la Grosse Pomme.
Déconvenue immédiate, elle n’y trouve pas de travail ni de logement, dort dans les parcs et sur les bancs publics, son carnet de note en poche.

Evidemment elle n’a pas un franc, son billet pour NYC lui a couté tout ce qu’elle avait mais son amour pour Rimbaud grandit de plus en plus, elle en devient presque obsédée et quelque part, il la pousse à écrire, à devenir poétesse.
Voila, elle a trouvé ; elle sera « une » poète et fera tout pour y arriver.
Elle parcourt la ville avec son cv quasi vide à la recherche de n’importe quel job pour pouvoir manger, se fait embaucher dans un resto indien et se fera virer trois heure après pour avoir renversé une assiette de veau sur un client !
En attendant, épuisée, elle se ballade dans l’East Village où l’atmosphère est plus qu’enfumée et psychédélique mais elle ne comprend rien à tout ça.
Elle n’avait pas conscience de tout ce qui se tramait chez cette jeunesse là, la sienne ayant été faite de livres du XIXème et de prières ! Mais elle sentait « un truc dans l’air », que « quelque chose allait se passer ».

Soulagée de se faire embaucher dans un grand magasin de Manhattan au rayon bijouterie, elle y verra entrer un jour, un grand type qu’elle reconnait immédiatement ; c’est lui qui lui qui a partagé son repas alors qu’elle crevait de faim quelques semaine plus tôt ! C’est Robert Mapplethorpe.
C’est le début d’une sublime histoire d’amour qui ira au-delà le l’homosexualité de Mapplethorpe et qui durera jusqu’à la mort de ce dernier dans les années 80.



Il s’installent très vite ensemble, elle dessine beaucoup, lit énormément avec lui, ils découvrent les derniers albums de Dylan, découvrent la poésie Beat, récitent et re-récitent William Blake…Lui est profondément marqué par son éducation judéo-chrétienne et cela se ressent énormément dans ses premiers dessins et créations.
Il veut être peintre, elle veut être poétesse.
Il sera un des plus grands photographes du XXème siècle.
Elle sera la plus grande punk-rockeuse du XXéme siècle.

Patti et Robert emménagent au Chelsea Hôtel, lieu de tous les possibles, de tous les vices, de tout le bouillonnement du moment. Ils arrivent à louer une toute petite chambre en laissant leurs portfolios en gage, ce que le patron refusera tout d’abord.
Ils déménagent ensuite car l’espace manque à Robert pour travailler et le fric leur manque cruellement. Il ira jusqu’à se prostituer mais pas seulement pour gagner de l’argent, c’est une expérience qu’il doit faire. Homosexuel refoulé depuis des années, ce « mal » le tenaille de plus en plus et, c’est par ce biais qu’il se trouvera.
Patti en est malade, quand elle le voit « partir le soir » mais sent que quelque chose le ronge et, tout au long du chemin qui amènera Mapplethorpe à l’homosexualité assumée et acceptée, elle sera à ses côtés.

Ils s’aiment profondément et tous les deux ont peur de se perdre, mais elle se rend compte que physiquement il a trouvé sa voie même si sentimentalement c’est elle qu’il aime depuis des années. Elle vit des relations avec Sam Shepard, Tom Verlaine du groupe Television, lui rencontre Sam Wagstaff, collectionneur, fou d’art et de photographie et âge de 25 ans de plus que lui.

Sam et Robert vivront un amour immense, l’un apportant à l’autre ce qui lui manque, se complétant parfaitement. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le « trio » Smith-Mappelthorpe-Wagstaff fonctionne très harmonieusement ; ce n’est pas un trio classique, ils ne couchent pas tous les trois ensemble ! mais immédiatement Sam adopte Patti et vice versa.
Robert se lance enfin dans la photo après des années à dessiner, peindre, tenter de vendre ses œuvres par tous les moyens. Patti sera son premier modèle.



En attendant, il est lancé, poussé et soutenu financièrement par Wagstaff mais ne cesse de harceler Patti pour qu’elle chante. Ca ne la tente pas du tout et elle s'acharne sur ses carnets.
Elle ne s’est jamais vue dans un groupe de rock.
A ce moment, à la fin des sixties elle écrit pour des magazines rock ; Circus, Rolling Stones, Crawdaddy ; évidemment elle prend Baudelaire comme modèle car il a signé les plus grandes critiques d’art et de littérature du XIXème.
Ca lui plait mais elle est frustrée, Robert lui propose de lui trouver une lecture, un lieu où elle pourrait exploiter ses textes.
En attendant, grâce à son boulot de chroniqueuse elle rencontre des personnes intéressantes, dont un certain Lenny Kaye qui l’a touchée par sa façon chaleureuse d’écrire sur la musique.

Lenny travaille alors dans le bas de la ville en tant que vendeur dans une vieille boutique de disques, mais on y trouve tout. Elle passe souvent à la boutique et quand les clients sont rares, ils passent leurs disques préférés et dansent dans le magasin !
C’est le début d’une longue amitié et surtout de sa carrière de chanteuse.

Robert, pendant ce temps, n’oublie pas sa promesse et parle d’elle à Gérard Malanga, personnage hypnotisant de la Factory de Warhol, Factory qui est d’ailleurs en plein essor à ce moment avec la création du Velvet Underground.
Malanga fait une lecture à St.Mark’s Church et accepte que Patti fasse sa première partie.

Cet événement sera décisif pour la suite de la carrière de l’auteur de l’immense Horses, album clef, album magique empli de rage, de rêve, d’espoir et de liberté dont je reparlerai plus loin.

Bref, Smith doit se préparer et va trouver Lenny Kaye se souvenant qu’il gratte un peu ; elle lui demande « Tu serais capable de faire le bruit d’un accident de voiture avec ta guitare électrique ? » il réponds : « oui, sans aucun problème »
Kaye accepte donc de l’accompagner ce 10 février 1971, elle a 25 ans.
La soirée est exceptionnelle, complètement électrisée, Patti dédie ce moment à Rimbaud, ainsi qu’à tous les « criminel » de Caïn à Genet dira elle.
Ce soir là elle prononcera pour la première fois les vers commençant le poème « Oath » et qui seront maintes fois répétés au cours de sa carrière « Jésus died for somebody’s sins but not mine. » Le début de Gloria

Suite à cette soirée, elle sera bombardée d’offres de tous les côtés, on peut dire que…c’est parti !
Plusieurs lectures auront lieu, dédiées officiellement ou plus souvent officieusement à ses « maîtres », ceux qui l’inspirent ; de Jim Morrison à Bob Dylan qu’elle adule en passant par Wiliam Burrough, géant de la beat génération.
Elle sent qu’avec Lenny, ils peuvent construire quelque chose mais quoi ? comment ?
Ils pensent à un piano pour les accompagner dans leur structure musicale, ils décident d’entrer dans un style plus rythmique grâce aux poèmes pour leur permettre à tous deux de mieux improviser.
L’audition de Richard Sohl, 19 ans seulement se passe à merveille, il peut tout jouer.

Ils commencent à répéter en trio au printemps et joueront quelques fois avant d’embrasser la fameuse scène du CBGB, lieu Ô combien culte de l’époque où une multitude de bands feront leurs premiers pas.
Peu de temps après, en hommage à Jimi Hendrix
Jimi Hendrix


Clique pour voir la fiche du groupe
, décédé très peu de temps avant, il décident d’enregistrer leur premier single « Hey Joe », un mélange de l’original et de « slam » à la Smith à l’Electric Lady, LE studio d’Hendrix.
Pour ceux qui ne connaissent pas cette version, elle est facilement trouvable sur You Tube et personnellement je la trouve incroyable.

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L’enregistrement se déroule plus vite que prévu et il leur reste du temps, ils décident donc de faire « Piss Factory »
Elle dessine la pochette avec Lenny, ils baptisent leur label « La Mer » et pressent 1500 exemplaires de la démo. Ils vont ensuite les distribuer eux-mêmes dans les librairies, magasins de disques, pour 2dollars.
La machine est en route, elle enregistre dans la foulée « Horses » son plus bel album à ce jour avec des perles comme « Land » ou "Free Money".
La photo très connue de la pochette la représente apparemment simplement habillée d’un pantalon noir, d’une chemise blanche et d’une cravate noire, elle aussi.
Cheveux en bataille, androgyne, elle intrigue.

Ce look ne la quittera plus, il sera son uniforme, sa signature. Pour ce cliché elle voulait ressembler à Rimbaud, jeter négligemment une veste sur son épaule comme les hommes dans les films anciens, tout était donc très calculé.
Son regard défie le monde, il est interrogateur, hautain, confiant, perdu…tout cela à la fois.
Une pochette aussi simple qui continue de fasciner plus de 30 ans après.



On est en 2011, elle a plus de soixante ans, elle a vécu des drames, de femme, de mère, d’artiste et Steven Sebring a su capter tout cela dans son film génial « Dream Of Life » pour lequel il la suivra durant onze années, sa caméra vissée sur son épaule.


Elle aura un passage à vide de plusieurs années, après avoir perdu d’abord Robert, ensuite Fred (Sonic) Smith son mari et père de ses deux enfants.
C’est Bob Dylan
Bob Dylan


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lui-même qui la fera remonter sur scène pour plusieurs concerts en duo.

En 2007 elle sort « Twelve » un album uniquement composé de reprises, ou plutôt d’adaptations je dirais. Car elle arrive en même temps à transformer complètement une chanson tout en gardant la quintessence de l’originale, prouesse magistrale pour celle qui se bat aussi pour son pays, s’implique, continue à hurler aux jeune de se battre et s’insurge contre Georges W.Bush avec une ferveur que tout politicien devrait lui envier.



Je ne sais comment finir cet article car il ne sera jamais fini…
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AUTEUR : Ludy
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Oyé Oyé! Et bien, me voilà propulsée dans les entrailles de SMA avec plein de gars cool qui font pas peur et surtout plein d'envies à exploiter sur le site! 31 piges, Bruxelloise et comédienne, j'ai été bercée par les grattes de Mark Knopler que mon père écoutait en boucle pendant que je faisais grossir ma môman à vue d'oeil. J'ai toujours aimé la musique. Faut pas demander pourquoi, vous savez bien que ça s'explique pas hein:) Par contre j'ai toujours été très "décalée"; quand Nirvana décollait complètement, j'ava...
Oyé Oyé! Et bien, me voilà propulsée dans les entrailles de SMA avec plein de gars cool qui font pas peur et surtout plein d'envies à exploiter sur le site! 31 piges, Bruxelloise et comédienne, j'ai été bercée par les grattes de Mark Knopler que mon père écoutait en boucle pendant que je faisais grossir ma môman à vue d'oeil. J'ai toujours aimé la musique. Faut pas demander pourquoi, vous savez bien que ça s'explique pas hein:) Par contre j'ai toujours été très "décalée"; quand Nirvana décollait complètement, j'avais 12 ans et j'écoutais Cabrel parce que j'étais encore une petite ado romantique. Je crois que j'ai vraiment écouté...

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