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Dix ans de Mental, ça se fête!

Rencontre avec Saïd, le présentateur de Mental, l'émission rock metal de la radio flamande bruxelloise FM Brussel.


Samedi 8 novembre 2014



Saïd, ça fait presque 15 ans qu’il parle derrière un micro. Bruxellois jusqu’au bout des ongles et metalhead dans l’âme, c’est tout naturellement qu’il en est arrivé à créer une émission de radio qui parle de la musique et des groupes qu’il aime. C’est dans cette optique que la première de Mental a eu lieu, un jour de 2004, il y a tout juste dix ans. Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas l’émission, Mental c’est le programme "rock extrême" de la radio bruxelloise flamande FM Brussel. Mais attention, si Mental est programmé sur une radio néerlandophone, ce n’est pas pour autant qu’elle ne s’adresse qu’aux Flamands ! Un echte, ça parle les deux langues (et l’anglais aussi !). Résultat Mental se la joue trilingue, du moins par moment. Donc si vous recherchiez un plan langue pour vos soirées d’hiver, ne cherchez plus, c’est tout trouvé !

D’abord programmée un très court laps de temps sur la bande FM, son émission, Saïd la fait maintenant passer par le net. Face à des choix éditoriaux, des affinités musicales et, surtout, dans l’optique de toucher toujours plus de monde, le Metal s’est vu, comme presque partout, relégué au second plan sur les grilles radiophoniques. Mais qu’à cela ne tienne, la musique, tout comme la radio, c’est avant tout une passion et quand on a une passion, on a qu’une seule envie : l’exercer et la vivre par n’importe quel moyen.



Dix ans de radio, d’interviews et de programmation ça laisse quelques souvenirs, mais surtout, ça se fête ! Et quand on s’adresse à Saïd pour lui parler de sa passion, c’est les yeux pétillants qu’il nous répond, tirant sur sa clope et sirotant une bière, attablé au DNA.

Quand tu as créé Mental, est ce que tu pensais que l’émission serait encore au programme 10 ans plus tard ?

"Certainement pas sous cette forme en tout cas. Je fais de la radio depuis 2000 et je ne compte pas arrêter. Maintenant ça aurait pu évoluer différemment et ça aurait pu être sur une autre radio que FM Brussel. Mais au final, je suis content que ça se fasse sur cette radio car FM Brussel c’est un bébé que j’ai vu grandir de la rue Antoine Dansaert à la place Flagey (ndlr : où les bureaux de la radio se trouvent actuellement) et qui maintenant va fusionner avec les autres médias flamands à Bruxelles afin de construire une plus grande structure, donc ça ne peut être que bénéfique. Et l’idée de pouvoir encore être là c’est cool. Même si on n’est pas dans les airs et qu’on passe par le net, on essaye de faire passer la scène belge et bruxelloise à l’avant-plan. On n’en parle pas assez, mais cette scène est vraiment riche et a besoin qu’on parle d’elle car elle reste malgré tout le parent pauvre de la musique en terme de couverture média."



De la web radio, au final ça change quoi ?

"En passant par le web l’avantage c’est qu’on n’est pas cloisonné qu’à Bruxelles. On peut être écouté partout en Flandre et en Wallonie. Il y a aussi un réseau assez large qui se crée. Maintenant les langues qu’on utilise dans l’émission peuvent générer des barrières car on travaille avant tout en néerlandais et en français, même si on fait de temps en temps des interviews en anglais. Mais l’autre problème du net, c’est qu’on y trouve beaucoup de choses, intéressantes ou pas. Au final c’est une chouette plateforme qui ne coûte pas grand-chose pour être utilisée, mais pour se faire connaître le fait d’être dans les airs reste encore mieux pris au sérieux tant par le public que par les groupes eux-mêmes. Donc je ne désespère par d’un jour de pouvoir faire la transition. Maintenant en faisant de la web radio sous la houlette de FM Brussel, ça nous permet de faire un truc de pro avec du matos de pro et de fournir une émission de la même qualité que celles qu’on trouve sur la bande FM."

Si dans les années 80, le rock et le metal étaient fréquemment diffusés, au 21eme siècle les choses semblent avoir fort changé. A l’heure des programmations "aseptisées" et alors que les émissions dédiées à la musique plus extrême se font une à une déplacer aux petites heures de la nuit voire même carrément déprogrammer, est-ce encore facile d’imposer un programme radio dédié au rock ? Bien évidemment, non ! Mais Saïd garde espoir.

"J’ai un rêve niveau radio que j’aimerais bien voir un jour se réaliser. On juge souvent, à mauvais titre, que le public metal est un public composé de gens bourrus un peu cons alors qu’en général, c’est plutôt le contraire. Les gens qui écoutent cette musique et ses dérivés sont instruits et cultivés. Ils n’écoutent plus la radio car on ne leur en donne plus l’envie ! Ces gens-là veulent deux choses : être informés et écouter la musique qu’ils aiment. C’est pourquoi j’aimerais bien que quelqu’un crée un jour une radio rock/info. Oui, on peut dire que Classic 21 est une radio rock, mais elle ne va pas assez loin dans ce qui se fait actuellement niveau musique. Ce qu’ils font c’est plutôt radio nostalgie rock. Pour moi ils loupent un peu le pourquoi qui a fait que Radio 21 était connue et Rock à Gogo plus encore (ndlr : Rock à Gogo est une ancienne émission animée par Jacques de Pierpont qui était programmée sur Radio 21, devenue maintenant Classic 21). Je pense que le public rock et metal écouterait à nouveau la radio si on lui proposait une radio dans laquelle il peut s’identifier et trouver de l’info de qualité et y écouter la musique qu’il aime."



Mais la radio, c’est avant tout un média proche des gens. Aussi proche, qu’elle n’hésite pas à aller vers eux ! Depuis quelques mois, Saïd quitte donc régulièrement les studios de FM Brussel pour aller poser ses platines et autres tables de mixage dans un lieu mythique de la culture rock bruxelloise, au DNA. Au programme, des shows radio en live !

"Le DNA je le fréquente depuis longtemps et je connais sa réputation. J’y venais régulièrement quand j’étais adolescent lorsque j’habitais le centre. Maintenant ça me fait plaisir de voir que le club revit et offre à nouveau une belle offre de concerts car, après tout, le DNA c’est un lieu mythique où sont passés d’illustres personnages belges et internationaux. Donc pour moi, l’idée de faire de la radio live au DNA c’était quasi une évidence. Même si il n’y a pas grand monde, le fait de s’installer ici et de faire venir des groupes au bistrot histoire de parler dans le micro, ça a une importance capitale et en plus, c’est beaucoup plus sympa que dans le studio !"

Dix ans de Mental et presque quinze de radio en général, ça forge également un regard critique. Alors quand on lui demande quel est le regard qu’il porte sur la scène belge et bruxelloise actuelle, c’est l’optimisme qui l’emporte.

"Je crois qu’internet a fait énormément. Il y a de plus en plus de groupes qui commencent de plus en plus jeunes. Moi quand je vois un jeune groupe qui balance un truc bien foutu tant sur album que sur scène et qui, en même temps est bien organisé, et bien c’est jackpot. Il y a énormément de projets qui vont un peu dans tous les sens et tous les styles dérivés du metal. Je ne vais pas dire que j’aime tout ce qui se fait car ce serait mentir, mais ça fait juste plaisir de voir des gens se bouger le cul et, qui plus est, le faire bien."



Durant toutes ces années, il ne compte plus non plus le nombre de disques qu’il a diffusés et les personnes qui sont passées derrière son micro. Mais il y a des rencontres qui marquent et des moments qui ne s’oublient pas. Que ce soit le "gars de Madé J", comme il dit, qui était un peu saoul, mais dont la musique est super cool ou le jour où il a fait kidnapper Johan Hegg, le chanteur de Amon Amart, après un concert à l’Ancienne Belgique pour qu’il rapplique en studio, quand on lui demande de raconter une anecdote, Saïd ne sait pas par où commencer.

"Quand j’ai commencé j’avais 20 ans et j’étais tout fou de faire une interview de Slayer
Slayer


Clique pour voir la fiche du groupe
. J’ai eu Jeff Hanneman et en descendant du bus j’avais mon appareil photo en main et je vois Dave Lombardo au téléphone. Sans réfléchir, je commence à le prendre en photo. Il a alors commencé à s’énerver donc je me suis barré. Mais le gars du label m’a rattrapé et ma gueulé dessus. C’est ce jour- là que j’ai compris que quand tu te balades en backstage tu ne peux pas te comporter en fan. SI tu veux une photo, tu la demandes, mais y a des règles à respecter. Sinon un autre moment sympa c’est quand j’ai dû poireauter à la gare du Midi avec Zakk Wylde
Zakk Wylde


Clique pour voir la fiche du groupe
(Black Label Society
Black Label Society


Clique pour voir la fiche du groupe
). A l’époque j’étais en stage dans sa maison de disque et il était venu à Bruxelles pour faire des interviews. Mon boss n’avait pas le temps de l’accompagner donc il m’a envoyé attendre le train avec Zakk Wylde et sa femme dans un café. Je ne savais pas trop quoi leur dire (rires)."


Pour en savoir encore plus sur le projet ou pour connaître les jours et heures de diffusions (qui ne sont malheureusement pas fixes): ça se passe sur la page Facebook de l'émission ou sur le site de FM Brussel.
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