Retour chronologique sur ce dont on ne vous a pas (ou peu) parlé en 2017
Mercredi 24 janvier 2018
Chers lecteurs, vous n’imaginez pas la difficile vie de chroniqueur chez Shoot Me Again. Chaque mois, les nouvelles sorties affluent par dizaines vers nous autres, pauvres webzines, bien en peine quand il s’agit de les chroniquer toutes. Certes, la chronique classique a perdu de sa valeur sur le terrain de l’immédiateté du streaming, de Youtube et consorts; mais les labels (pour ne citer qu’eux) attachent encore une certaine importance à cet exercice réfléchi et analytique que constitue la chronique de disque.
Dans le même temps, il nous a semblé intéressant de jeter un coup d’œil dans le rétro et de revenir sur des albums parus en 2017, que nous n’avons pas chroniqués, et qui auraient pourtant mérités d’être cités davantage que dans quelques news ou live reports, que ce soit en raison de la notoriété des groupes concernés ou de la qualité même de l’album en question.
Revenons alors au tout début de l’année 2017, lorsque Code Orange
Code Orange
sortait son brûlant Forever, un album remarqué jusqu’à ses lointains pairs (Phil Anselmo, Max Cavalera…) et qui a contribué à faire décoller la carrière du groupe toute l’année durant (support de Gojira
, festivals…) jusqu’à cette étonnante pub sur le fameux Times Square de New York… Une année assez incroyable quand on y repense pour les anciens Code Orange Kids
revenait discourir sur la scène tout à fait traditionnelle du Heavy avec un Healed by Metal bien classique et pas forcément hyper bien accueilli, même par les fans du genre. Un album, un groupe, qui pousse une question : a-t-il évolué en moins bien, enfermé dans son style épique, ou avons-nous (nous étant les fans de Heavy, oui il en reste) évolué ? Le succès parallèle de groupe comme Eternal Champion
Eternal Champion
(The Armor of Ice, quel album) donne une première réponse, complétée par les récentes prestations live de Grave Digger
régalait ses fans avec The Grinding Wheel. Un groupe toujours présent, à peine renouvelé (Jason Bittner, ex Shadows Fall
Shadows Fall
, est arrivé à la batterie) et à la fanbase toujours impressionnante. On peut presqu'en dire de même pour Six Feet Under
Six Feet Under
, la qualité en moins sur ce Torment dont on ne sait plus trop maintenant par qui il a été écrit (Jeff Hughell parait-il). C’est que Matt Barnes s’est fait une spécialité à recruter chaque année ou presque un nouveau songwriter pour assouvir ses envie de lyrics gore, et rester dans l’actualité Metal quitte à gommer au passage toute tentative de lien entre les albums de SFU.
En mars, plusieurs grosses sorties montraient que l’année musicale 2017 démarrait enfin. Ainsi, mes chouchous de Darkest Hour
Darkest Hour
revenaient à leur Death mélo / Metalcore identitaire (Godless Prophets & the Migrant Flora) après un album éponyme très mal reçu par les fans en 2015 en raison d’un revirement stylistique mélodique aigu. Pour ma part, je salue le retour de compos telles que The Last of the Monuments mais je m’interroge sur ce nouveau volteface d’un groupe qui a l’air un peu paumé dans son époque, alors qui n’a pas rencontré le succès qu’il aurait dû avoir dans les années 2000.
(In Dark Places), toujours avec Louis Gauthier au chant déplorent les fans de l’école Root of all Evil ou Scatter the Ashes. Pourtant l’album, entre Sludge et Core, est loin d’être inintéressant et a le mérite de refaire parler d’un groupe qu’on a surtout envie de revoir sur scène.
vous évoquait quoi déjà ? Un nième groupe de Deathcore aussi générique que dispensable non ? Pétri d’influences Gojira
Gojira
maintenant ? Vraiment ? The Great Collapse surprend en effet par son songwriting, clairement influencé par les Français. Une aubaine pour un groupe qui suscita la curiosité sur les festivals d'été.
? Je confonds toujours les deux pas vous ? Tant pis pour The Shadow Archetype, que l’on a complètement loupé.
Arrive alors enfin ce début de printemps marqué par le Emperor of Sand de Mastodon
Mastodon
, groupe devenu maintenant absolument énorme et qui pourrait se permettre à peu près tout ce qu’il veut, sauf qu’il propose surtout des albums incroyables de qualité. Suivra d’ailleurs l’EP Cold Dark Place plus tard dans l’année, sur la même lignée.
(Bloodlust) qui revient déjà à la charge après le Manslaughter de 2014 pour un résultat que les fans du rap-metal à la Ice-T n’espéraient pas à ce niveau. 2017 nous ferait d’ailleurs presque croire en un revival du genre avec évidemment la parution du premier format long des Prophets of Rage
Prophets of Rage
(pas dégueu mais manquant quand-même des épices Da Rocha et de vrais hits) et la création du projet Powerflo
Powerflo
comprenant dans son roster rien moins que Sen Dog (Cypress Hill), Roy Lozano (Downset
et Christian Olde Wolbers , que l’on ne présente plus !
Deux plus petites sorties pour conclure ce mois de mars : le Death de Replacire
Replacire
(Do Not Deviate), qui fit forte impression aux USA mais qui m’a laissé de marbre, alors que le Woe to the Vanquished de Warbringer
Warbringer
montrait toute la vigueur d’une scène Thrash jamais à terre et d’ailleurs joliment mise à l’honneur quelques semaines après lors d’une tournée folle furieuse en compagnie de Havok
(Slime and Punishment) effectivement bien punitif mais qui pose logiquement la question du distinguo de plus en plus ardu entre les groupes de ce cher Tony Foresta avec Iron Reagan
Iron Reagan
.
Curieusement, on retiendra du mois d’Avril des sorties plutôt sombres. D’abord, la confirmation des espoirs placés en Necrowretch
Necrowretch
(Satanic Slavery), ou comment jouer du Death old school en 2017 peut finalement vous faire sonner frais. Citons ensuite le nouveau Firespawn
Firespawn
(The Reprobate), passé relativement inaperçu considérant son line-up et qui mérite pourtant un certain intérêt, au-delà des membres du groupe, avec cet album dans la lignée du genre mais presque plus créatif que ce qu’un Entombed A.D.
Entombed A.D.
nous a proposé dernièrement.
Tant qu’à faire, continuons dans le Death avec God Dethroned
God Dethroned
(The World Ablaze) qui concrétise donc son retour avec cet album tout à fait dans la continuité de ses travaux précédents et plutôt à l’aise dans l’exercice de l’assemblage de riffs marquants et de soli trempés dans l’acier.
A l’opposé, Ulver
Ulver
, eux, se sont bien éloignés de leur Black Folk des débuts et sortent avec The Assassination of Julius Caesar un album typé, à ne pas mettre entre toutes les mains mais accrocheur et planant. D’ailleurs en parlant d’album à ne pas mettre entre toutes les mains on placera quand-même ici deux faux pas à ne pas écouter du tout avec le 8 d’Incubus
refait parler de lui avec Trumpeting Ecstasy, et cette fois visiblement au-delà de sa scène d’origine. On les reverra en 2018, faites-moi confiance. Et un groupe qu’on aimerait revoir plus souvent maintenant c’est le Nargaroth
Nargaroth
du niveau de celui qui nous a pondu le fameux Era of Threnody cette année. Certes curieusement influencé par des groupes à la Mgla
s’est complètement réinventé sur ce superbe album, très maitrisé, un des meilleurs de la scène Black paru cette année.
Qui dit mois de Juin dit le début de la saison estivale et donc une certaine envie d’écouter de la musique vitaminée à la 88 Fingers Louie (Thank You for Being a Friend) qui fête cette année son grand retour avant quelques concerts attendus en festival (dont une bien bonne perf au Ieperfest).
Vitamines toujours, mais davantage houblonnées, Tankard
Tankard
sortait, toujours dans la bonne humeur, de quoi alimenter ses prochains concerts avec un One Foot in the Grave au titre presque peinant pour lui, seul membre du big 4 du Thrash allemand à ne pas avoir cessé ses activités à un moment donné de son histoire.
réalise la passe de trois avec Fear Those Who Fear Him, pas aussi marquant que Splinters et A Fragile King, signe peut-être que le concept s’essouffle déjà. Essoufflés aussi, les Suffocation
Suffocation
attendus de pied ferme depuis le très bon Pinnacle of Bedlam mais qui cette fois s’enferment dans un album trop plastique et vite oublié (of the Dark Light). De la même scène ou presque on retiendra peut-être davantage le dernier Dying Fetus
Dying Fetus
paru à la même époque (Wrong One to Fuck With) même si on reste évidemment dans un style ultra répétitif. Tant qu’à faire, citons aussi le Broken Hope
Broken Hope
(Mutilated and Assimilated) aux vocaux toujours sponsorisés par les meilleurs marques de débouche évier.
Alors, histoire de s’aérer un peu, le nouveau Iced Earth
Iced Earth
(Incorruptible), plus varié, assure encore 2-3 hits qui passeront crème en concert (Black Flag, The Veil… ) Y’a pas à dire, le recrutement de Stu Block était quand-même une sacrée bonne pioche !
L’histoire retiendra peut-être que le mois de Juillet vit la parution du dernier Decapitated
Decapitated
, qui fit bien moins parler de lui en comparaison des gros titres liés à cette histoire de viol qui sera jugée début 2018. Et parlant de décapité, citons Alice Cooper
Alice Cooper
qui, avec Paranormal, montre des signes de grande vitalité, toujours rassurant en ces temps où nos rockstars sont décimées les unes après les autres. Dans la catégorie vieux de la vieille qui tiennent encore la forme on sera tenté d’y ajouter aussi Accept
Accept
(the Rise of Chaos), le regard toujours tournée vers l’avenir.
J’avais fondé beaucoup d’espoir en Axis Mundi, le nouveau Decrepit Birth
Decrepit Birth
, quatrième format long des Californiens mais proposé 7 ans (!) après l’excellentissime Polarity. La déception n’en est que plus grande devant cet album qui ne cherche qu’à être brutal, au détriment de la fine technicité d’autrefois…
Terminons l’été avec un mois d’aout ultra chargé qui va nous emmener vers la rentrée de septembre bien plus rapidement que prévu. D’abord, Der Weg einer Freiheit
Der Weg einer Freiheit
confirme tous les espoirs placés en lui par
Season of Mist
en sortant un des albums Black de l’année (Finisterre), superbement écrit et maitrisé et diablement bien défendu sur les planches quelques semaines après.
se rappelle au bon souvenir des fans de Death Doom avec le très lourd Profane Nexus, tandis que The Haunted
The Haunted
ne se rappelle au bon souvenir de personne avec ce Strenght in Numbers peu inspiré. Et en matière d’inspiration Venom Inc
Venom Inc
nous aura bien surpris : on attendait un Avé aussi old shcool que les concerts livrés par la bande à Mantas and co. Au lieu de ça, on se retrouve avec un contenu qui frise le Rammstein
dont on était sans nouvelle mais qui confirment en avoir encore largement sous le pied avec ce Razorgrind expéditif (on ne demande pas mieux de toute façon) tandis que, plus au Nord, Leprous
Leprous
confirme avec Malina. Les Norvégiens n’ont de toute façon cessé de monter ces derniers mois, à la faveur des excellents Coal et The Congregation, mais aussi de superbes prestations live.
. Incompréhensible Josh Homme qui est allé se perdre avec un Villains aux confins d’une prod ultra édulcorée, pour un album qui tombe complètement à côté. Heureusement qu’il nous reste Paradise Lost
Paradise Lost
pour remettre les pendules à l’heure avec l’excellent Medusa, dans la ligné du déjà très bon The Plague Within, le côté immédiat en moins, la profondeur en plus.
Une profondeur que ne connait plus vraiment Arch Enemy
Arch Enemy
(Will to Power) : toujours efficace, toujours armés de riffs sensationnels, mais qui donnent des compos par trop visitées et un album au final dispensable, ce qui ne sera surement pas le cas des prestations live à venir sur scène. Une scène investie, dans un autre genre ou presque, par Sepctiflesh pour fêter la sortie de Codex Omega lors du dernier Fall of Summer (rip). Un album qui reprend peu ou prou la recette des précédents, sans marquer plus que cela au final d’ailleurs.
, et son petit florilège tiré de Left Hand Pass : Chronic Breed, In Battle There Is No Pot, Effigy of the Forgetful, j’en passe et des meilleures. Voilà qui suffira à attiser une certaine curiosité cette fois encore…
connait un regain de créativité depuis 2-3 albums, et ce Cryptoriana – The Seductiveness of Decay le confirme à nouveau avec à nouveau les compos de Marek 'Ashok' Šmerda qui se détachent clairement du lot, notamment en raison de ce petit feeling heavy vraiment pas dégueu et qui convient tout à fait au groupe de Dani le vampire.
Toujours dans le Black (?), Satyricon
Satyricon
avait beaucoup fait parler de lui avec son éponyme, trop éloigné de ses origines pour les fans old school et pourtant si réussi. Deep Calleth Upon Deep reprend à peu près les mêmes ingrédients, pour un résultat peut-être moins accrocheur, moins immédiat, et qui risque de ne contenter aucun des deux camps.
(Love From With the Dead) a repris également les ingrédients de son plutôt bon éponyme, et se permet le luxe de réussir là où Electric Wizard
Electric Wizard
(Wizard Bloody Wizard) se vautre un peu cette année, c’est dire. On remarquera d’ailleurs la pochette de ce dernier, assez hideuse, mais pas autant que l’horrible cover du Kadavar
Kadavar
(Rough Times) au contenu pourtant bien meilleur que cette pochette ne le laisse présager.
(Thrice Woven) plutôt réussi et qui nous rappelle un groupe qui était peut-être en avance sur son temps finalement.
Avec le mois d’octobre viennent des groupes habitués de la section chronique. The Black Dahlia Murder
The Black Dahlia Murder
d’abord avec un Nightbringers qui nage toujours en plein mélodeath, sans que l’on aperçoive la ligne de flottaison pour Trevor and co, toujours un peu coincé dans ce style et condamné au mode bis repetita. Enslaved
Enslaved
ensuite qui poursuit la formule entamée depuis Axioma Ethica Odini mais qui cette fois va peut-être trop loin : c’est beau, c’est super chiadé mais au bout d’un moment c’est too much. Un écueil dans lequel tombe aussi Ne Obliviscaris
Ne Obliviscaris
avec son Urn foisonnant mais clairement moins marquant que son prédécesseur.
n’en finit plus les allers-retours stylistiques et revient cette fois à son Metalcore à succès (The Sin and the Sentence) et a pour l’occasion exhumés les growls qu’il avait enterré sur l’horrible Silence in the Snow. C’est sûrement mieux ainsi, mais jusqu’à quel niveau pourront-ils vraiment aller ?
Autre groupe perdu, Veil of Maya
Veil of Maya
avec ce False Idol tellement loin de [id] que ça en est déprimant. D’ailleurs l’année se termine, avec du Annihiliator fidèle à sa formule (for the Demented), du Cannibal Corpse
qui nous emmène en plein hiver (Kong Vinter), où l’on retrouve cette formule Black un peu rock chère à Hoest mais aussi des compos peut-être trop longuettes cette fois. Et en terme de compos chiadées on attendait aussi le retour (enfin) de The Faceless
The Faceless
entre deux tournées annulées, avec à la clé un In Becoming a Ghost bien troussé mais pas encore suffisamment digéré pour en parler sereinement.
En fait, ça se bouscule même au finish puisque Glassjaw
Glassjaw
(oui, Glassjaw !!) nous sort un album venu de nulle part (Material Control, ou comment perdre 20 ans d’un coup ou presque) tandis que Morbid Angel
Morbid Angel
nous assène un album venu de la prod ultra compacte de leur pote Erik Rutan (Kingdoms Disdained).
Après une telle indigestion, autant se perdre quelques formats courts : les EP – façon teasing – de Venom
(Puncturing the Grotesque) nous permettent alors de terminer cette année 2017 pas inintéressante musicalement parlant mais pas folichonne non plus.
Gageons que 2018 nous secouera bien davantage !
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