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15 ans de SMA - Panda : ''il ne faut pas prendre le lecteur pour un pigeon''

Lundi 16 décembre 2019

Ta manière d'aborder la musique sur SMA se fait davantage par les live-reports. Pourquoi ? Quelles règles te fixes-tu dans l'écriture de ce type d'article ?

Personnellement, je trouve qu’il n’y a pas mieux que l’expérience du live pour capter et ressentir toute l’essence d’un artiste ou d’une formation. Dans un concert, on ne peut pas tricher, ou du moins si on le fait, cela va très vite se remarquer. C’est dans ce genre d’évènements que l’on va tout de suite observer si l’artiste assume pleinement son œuvre et surtout s’il est capable de la restituer dans des conditions complètement différentes du confort du studio, une petite mise en danger en quelque sorte…

Bien entendu, en plus de la qualité musicale et du soin apporté au son, j’ai toujours accordé une grande importance au visuel, à l’attitude et à la prestance scénique. Je fais des concerts à un rythme soutenu depuis une petite dizaine d’années et je me plaisais à parler de mes expériences sur divers forums (coucou au passage aux copains du Forum français du Graspop) et blogs.

Quand Shoot Me Again a lancé une offre de recrutement en février 2016, j’ai donc sauté sur cette occasion qui me permettait d’être lu par un plus grand nombre de lecteurs et de passionnés. Si j’aime aborder la musique par les live-reports, c’est parce que ce type d’article peut permettre justement de combiner à la fois plusieurs rubriques : description des morceaux joués à la manière d’une chronique, compte-rendu du concert d’un point de vue factuel, article de fond pour aller un peu plus loin et donner certaines informations intéressantes sur un groupe un peu moins connu sans oublier quelques photos de la team photographes du webzine pour agrémenter le tout. Et pour finir, c’est toujours agréable de pouvoir échanger et avoir les avis d’autres personnes présentes par l’intermédiaire des publications Facebook.

Pour répondre à ta deuxième question, il y a un point tout à fait crucial et important qui doit compter avant tout lorsque l’on écrit un article, que ce soit une chronique, un live-report ou autre : l’honnêteté intellectuelle. Il ne m’arrivera jamais de dire des gentillesses uniquement pour faire plaisir à tel groupe ou telle organisation ; tout comme la méchanceté gratuite et l’acharnement médiatique envers une formation que je n’apprécie guère ne font pas partie de mon approche journalistique. Je n’ai d’ailleurs aucune prétention de ce côté-là puisque je suis bibliothécaire-documentaliste de métier. J’essaie tout simplement de rendre compte le plus fidèlement possible de ce que je vois et observe durant les quelques heures, parfois minutes, qui défilent au cours de la performance.

Ensuite, je pense qu’il ne faut pas prendre le lecteur pour un pigeon. Combien de fois n’ai-je pas entendu ce genre de réactions à l’évocation de ma fonction de reporter : Oh de toute façon, écrire un live report, c’est facile, tu causes du groupe en deux-trois mots, tu tapes la setlist, tu dis si t’as aimé ou pas aimé et le tour est joué !. Voilà bien une chose à laquelle je m’y refuse totalement. Ce serait d’ailleurs la meilleure manière de perdre un lectorat, ou du moins de ne pas en gagner. J’essaie de rédiger mes papiers comme je voudrais les lire sur d’autres webzines ou magazines en les agrémentant de références, d’anecdotes, de petites notes humoristiques afin que le tout soit le plus agréable possible.

L’utilisation d’un vocabulaire varié est importante et c’est peut-être une des plus grosses difficultés de cet exercice : comment ne pas se répéter et ne pas être trop redondant ? J’ai conscience d’être parfois un peu trop emporté dans mon élan passionné et de ne pas aller directement droit au but mais j’aime à penser que les gens qui nous lisent préféreront toujours un article détaillé et sincère plutôt qu’un déballage de faits sans grand intérêt où ils n’apprendront pas grand-chose et qu’ils pourront toujours lire ailleurs sur d’autres plateformes.

Un live-report n'est-il pas composé que d'appréciations subjectives ?

La subjectivité prend toujours une grande place dans ce genre d’article, dès le moment où on choisit le concert que l’on va chroniquer. Ensuite, s’il est certain que c’est sa propre perception que l’on va d’avantage développer, il est également très important de rendre compte de l’appréciation générale de l’ensemble du public. Il m’est arrivé à plusieurs reprises d’être convaincu par un artiste dont le concert n’avait pas vraiment emporté l’adhésion du public tout comme l’inverse existe aussi : un concert qui m’a semblé complètement raté mais dont le public avait pleinement apprécié le contenu. Quoiqu’il en soit, je reste toujours convaincu par l’adage « deux avis valent mieux qu’un » et qu’il est nécessaire de faire preuve de la plus grande objectivité possible.

T'est-il déjà arrivé de sortir d'un concert et de te dire : mais qu'est-ce que je vais pouvoir raconter ?

Oh que oui, et pas qu’une fois ! Certes, l’angoisse de la page blanche existe mais c’est d’autant plus compliqué quand il ne se passe pas grand-chose de très excitant sur scène… Un moment mémorable à ce sujet m’est arrivé en janvier de cette année : je me rends au concert de Mortiis

Mortiis