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15 ans de SMA – Reshma : ''le choix des mots est très important''

Mardi 24 décembre 2019

Reshma, tu es la dernière recrue dans l'équipe, fraîchement arrivée il y a quelques semaines. En te présentant, tu nous as notamment indiqué avoir une approche romanesque dans tes articles. Peux-tu nous en dire un peu plus à ce sujet ?

En effet ! J'en profite pour exprimer encore ma joie d'avoir intégré votre équipe. Je m'y sens très bien! Pour ce qui est de l'approche romanesque, je dirais qu'ayant fait des études de littérature et linguistique, je baigne dedans depuis plus de 10 ans. J'ai d'ailleurs commencé l'écriture par des nouvelles. Je suis très sensible à ce style et j'ai envie de le retranscrire dans mes chroniques. Pour mes live reports, mon but est de retranscrire mon aventure que le lecteur se sente immergé, comme s'il y était. J'aimerais qu'à travers mon expérience, le lecteur puisse figer ses émotions dans sa mémoire. C'est prioritaire au final ; le ressenti. Il est très important bien sûr de connaître l'artiste et de pouvoir parler des morceaux joués, de replacer les musiciens dans leur parcours, de décrire le set objectivement, mais, en fin de compte, le corps et l'esprit se souviennent des vibrations et des émotions. Il ne faut pas les négliger. Je n'ai pas envie que mon lecteur se sente largué par un texte trop froid.

J'imagine que dans ce registre d'écriture, tu dois avoir quelques sources d'inspiration... quelles sont-elles ? Tu comptes à ta manière refaire vivre l'âme de de Hunter S. Thompson sur Shoot Me Again ?

C'est drôle, Hunter S. Thompson a été, et est toujours, ma plus grande source d'inspiration dans ce que je fais maintenant. J'ai découvert son travail dans mon adolescence et j'ai consommé frénétiquement ses écrits, qui ont totalement bouleversé ma manière de voir les écrits de retranscription. J'en suis totalement fan ! Cela me flatte de pouvoir être comparée à lui et, bien sûr, en toute humilité, j'espère pouvoir continuer dans sa lignée.

Dans mes autres inspirations, je pense à Nathalie Sarraute, Albert Camus, et Boris Vian entre beaucoup d'autres. Des auteurs de la fin du XXe qui ont bousculé énormément de codes littéraires. Dans tous les cas, je pratique un rapport d'inclusion. Il faut que ceux qui me lisent se sentent invités dans une aventure, et non exclus par un texte purement factuel.

Dans notre webzine, on essaye d'être le plus objectif possible. Or, dès qu'on met des mots sur des faits ou sur une passée, c'est nécessairement devenir subjectif. Comment gères-tu a ta manière ce grand écart ?

Ah, le grand dilemme ! Je pense qu'une objectivité totale est impossible. Cependant, dans mes inspirations citées précédemment et dans ma manière d'écrire, j'essaye de rendre les faits nus. L'émotion passe par l'atmosphère dans laquelle j'ai été plongée et que j'essaye de retranscrire. Je décris l'ambiance globale, l'entrain du public. Je passe aussi à la première personne pour décrire mes émotions sans en faire un argument d'autorité. J'introduis succinctement une phrase ou deux sur mon ressenti pour rajouter ma patte. Je pense sincèrement que le prisme de l'écrivain peut être présent sans tordre l'objectivité des faits. Dans ce cas-là, le choix des mots est très important, dans mes études de linguistique, j'ai beaucoup travaillé sur la force des mots et comment ceux-ci peuvent impacter le message que l'on veut faire passer. C'est très délicat.

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