Article

La rétrospective black metal 2020 de SMA

Dimanche 20 décembre 2020

Il y a déjà un an que je concluais l’année en soulignant que 2019 avait été faste pour le black metal. Si j’avais su ce que nous réservait 2020, j’aurais modéré l’emploi du qualificatif employé.

Pour ne pas changer nous avons manqué de temps pour nous pencher sur l’ensemble des productions de black metal qui auraient mérité au minimum quelques lignes pour en parler. Afin de nous faire pardonner, et nous devons l’avouer par crainte d’un jugement dernier à l’occasion de la fin du monde qui viendrait à résonner comme la finale d’une année chaotique, j'ai été chargé de retenir 12 albums que je ne suis pas près d’oublier. Le but poursuivi par cette rétrospective est principalement de mettre en lumière des sorties qui seraient passées sous le radar de certains d’entre vous. Il ne s’agit pas d’une sélection reprenant le “meilleur” du black metal de 2020, mais de 12 albums qui m’ont apporté un peu de noirceur réconfortante au fond de mon cœur ; le meilleur étant pour la fin, les deux derniers qui seront cités sont mes coups de cœur noir de l’année.

…And Oceans - Cosmic World Mother -11 titres - 47 min.

L’honneur d’ouvrir le bal revient à And Oceans

And Oceans

Clique pour voir la fiche du groupe

qui peut se targuer d’avoir sorti de sa semi-retraite le collègue Guillaume. Bien que le line-up a été versatile au fil des saisons qui pimentent la vie d’And Oceans

And Oceans

Clique pour voir la fiche du groupe

, on peut retenir en synthèse la présence des membres fondateurs Timo Kontio et Teemu Saari ainsi que l’arrivée de Mathias Lillmåns (Finntroll

Finntroll

Clique pour voir la fiche du groupe

) au chant.

La formation finlandaise revient à son premier amour, à savoir le black metal symphonique. Après une incursion il y a quelques temps dans l’univers de la musique électronique et industrielle, ces éléments sont dorénavant exploités en filagramme au profit de leur black metal symphonique d’origine. La filiation avec les débuts de Dimmu Borgir

Dimmu Borgir

Clique pour voir la fiche du groupe

est évidente, mais la sensibilité mélodique qui se dégage de Cosmic World Mother n’est pas pour autant sans nous remémorer Shylmagoghnar

Shylmagoghnar

Clique pour voir la fiche du groupe

. Parfait travail d’équilibrisme entre les diverses expérimentations faites au long de la carrière d’And Oceans

And Oceans

Clique pour voir la fiche du groupe

, l’œuvre démontre que la mélodie peut resplendir sans prendre le pas sur la lourdeur.

Gaerea – Limbo - 6 titres - 51 min.

Tout comme celle d’And Oceans

And Oceans

Clique pour voir la fiche du groupe

, la dernière production de Gaerea

Gaerea

Clique pour voir la fiche du groupe

est sortie sous le label Season of Mist et les deux ont été chroniquées par SMA en 2020. Décidément, le label français est bien souvent gage de qualité, peu importe le genre promu.

Avec le son rarement étouffé de Limbo, les portugais nous embarquent dans un cheminement transcendantal aux frontières du black metal dépressif. En arrivant à nous écorcher l’âme sans surjouer son interprétation, Gaerea

Gaerea

Clique pour voir la fiche du groupe

cumule les excès de rage d’un hypersensible. Le voyage est souvent long et tortueux, mais verse aussi dans l’urgence avec la piste Urge où la rage et la nervosité prennent le dessus sur la sensibilité. Et dire qu’il ne s’agit ici que d’un résumé de l’écoute de Limbo, sans encore avoir eu l’opportunité de découvrir son interprétation en concert. Quand on connaît l’importance consacrée au visuel par le groupe, nous aurions presque envie de dire que ce n’est que le commencement…

Vengeful Spectre - Vengeful Spectre – 6 titres – 36 min.

Le temps est venu de rechercher du dépaysement. Pour ce faire, quoi de mieux qu’un voyage dans les contrées de la province de Guangdong (Chine) à la découverte des mystérieux Vengeful Spectre

Vengeful Spectre

Clique pour voir la fiche du groupe

dont l’identité des membres demeure inconnue.

L’album éponyme de Vengeful Spectre

Vengeful Spectre

Clique pour voir la fiche du groupe

propose un black metal mâtiné de folk metal. N’espérer pas profiter de la chaleur du folk metal pour vous réchauffer, les chinois sont plutôt dans genre à verser dans une musique froide et puissante. Les instruments traditionnels apportent cette couche de folk qui illustre la douceur de la campagne chinoise dont la plénitude serait interrompue par des violents orages incarnés par les assauts brutaux de guitares. Ce premier album est rempli de désespoir et d’angoisse, sentiments exprimés avec une férocité qui ne laisse pas indifférente.

Havukruunu – Uinuos Syömein Sota - 8 titres – 46 min.

Après avoir goûté au versant froid du mariage entre le black metal et le folk metal, l’heure est venue de se frotter à son versant chaud avec le pagan black metal de Havukruunu

Havukruunu

Clique pour voir la fiche du groupe

; les chœurs entonnés avec vigueur ne manqueront pas d’éveiller en vous un feu ardant permanent. Les finlandais nous reviennent, après Havulinnaan (2015) et Kelle surut soi (2017), avec leur troisième long effort en cinq ans Uinuos Syömein Sota. L’héritage de Bathory

Bathory

Clique pour voir la fiche du groupe

et l’excellence réunissent les trois albums autour d’un feu sacré commun.

Lorgnant du côté d’Immortal

Immortal

Clique pour voir la fiche du groupe

, Havukruunu

Havukruunu

Clique pour voir la fiche du groupe

ne manque pas de balancer un riff imprévu qui vous retourne les entrailles. Emotionnel, addictif, parfois expérimental au son des métaux qui s’entrechoquent ou des sonorités sauvages perceptibles en bout de piste, Uinuos Syömein Sota une une pure réussite.

Blackevil - Forever Baptised in Eternal Fire - 9 titres – 45 min.

Après deux productions de pagan/folk black metal, vous avez bien mérité une petite récréation. Le bonbon sucré que je vous réserve est Forever Baptised in Eternal Fire, le second long effort des allemands de Blackevil

Blackevil

Clique pour voir la fiche du groupe

. Son socle black est agrémenté de speed et thrash metal, de quoi attirer l’attention des hérétiques au black metal.

Le feu, Satan et le blasphème constituent le terrain de jeu privilégié de Blackevil

Blackevil

Clique pour voir la fiche du groupe

. Le groupe offre une forme d’accessibilité qui devrait plaire au plus grande nombre. Le chant issu du black se conjugue avec les tempos du thrash ainsi que les riffs et mélodies du heavy metal ; les allemands s’apparentent en quelque sorte à une forme d’Iron Maiden

Iron Maiden

Clique pour voir la fiche du groupe

sataniste et la sauce prend assez facilement. Avec sa noirceur, sa vitesse et son exécution parfaite, pas de doute, le feu éternel des allemands n’est pas près de s’éteindre.

The Committee - Utopian Deception – 6 pistes – 46 min.

Les formations de black qui se cachent derrière des cagoules ne manquent pas et au risque de me rendre coupable d’un délit de sale gueule, il s’agit d’une caractéristique qui a tendance à me rebuter en raison de sa redondance. Quand les concernés s’inspirent en plus de l’œuvre de Mgla

Mgla

Clique pour voir la fiche du groupe

, j’ai déjà envie de clôturer la partie avant même qu’elle commence. Et pourtant, Utopian Deception de The Committee

The Committee

Clique pour voir la fiche du groupe

arrive à endosser le rôle d’exception qui confirme la règle.

Avec ce troisième opus, le black/doom de The Committee

The Committee

Clique pour voir la fiche du groupe

est saupoudré du côté accrocheur de Mgla

Mgla

Clique pour voir la fiche du groupe

; ces derniers, comme dans une certaine mesure Chapel of Disease

Chapel of Disease

Clique pour voir la fiche du groupe

, ne manquent pas et ne manqueront pas à l’avenir d’en inspirer d’autres. Les titres s’enchaînent les uns après les autres pour former un continuum naturel. Avec ses théories du complot dans l’air du temps et son black metal efficace, l’avenir de The Committee

The Committee

Clique pour voir la fiche du groupe

s’annonce sous les meilleurs auspices.

Necrophobic - Dawn of the Damned - 10 pistes – 48 min.

Assez batifolé, direction l’antre du diable de Necrophobic

Necrophobic

Clique pour voir la fiche du groupe

–et non les petits coquins, pas question de sadomasochisme à la liégeoise. Signe du destin, alors que le black et le death sont les deux genres musicaux qui ont le plus retenu mon attention en 2020, Dawn of the Damned des suédois regroupent les deux ; nous étions fait pour nous rencontrer et nous aimer…

Pour une formation née en 1989 –l’année de ma naissance!, Necrophobic

Necrophobic

Clique pour voir la fiche du groupe

impressionne par sa capacité à s’adapter au temps qui passe ; leurs interactions sur les réseaux sociaux sont hilarantes, comme les paroles du titre Mirror Black reprises en cœur par des enfants. Le neuvième long effort des suédois s’impose par sa qualité à l’image du reste de leur discographie. Pour couronner le tout, certaines innovations sont perceptibles, comme avec le final Devil’s Spawn Attack qui s’offre une envolée thrash. Pas de doute, Necrophobic

Necrophobic

Clique pour voir la fiche du groupe

nous enterrera tous.

Raventale - Planetarium II - 8 pistes – 42 min.

Après avoir plonger dans les abysses de l’enfer, je vous emmène vers la Voie lactée avec pour pilote Astaroth Merc, l’alter ego de notre Déhà

Déhà

Clique pour voir la fiche du groupe

national. L’ukrainien impliqué dans plusieurs projets nous revient avec son one-man band Raventale

Raventale

Clique pour voir la fiche du groupe

. Comme son nom l’indique, Planetarium II est le second épisode du concept spatial aux compositions longues débuté avec Planetarium (2017) premier du nom. Entre temps, le bougre en a profité pour s’adonner aux joies du doom funéraire avec Morphine Dead Gardens (2019).

Planetarium II brille principalement par un travail d’écriture soigné et des lignes de guitares sublimes. La production, peut-être un peu trop propre, pourrait en décevoir certains. Peu importe, fermer les yeux et laissez-vous porter par cette Odyssée de l’espace ukrainienne tout en mélodie et mélancolie.

Anaal Nathrakh – Endarkenment - 10 pistes – 41 min.

Assez planné dans l’espace, on revient sur terre pour se laisser retourner le cerveau avec le black industriel et le grincore d’Anaal Nathrakh

Anaal Nathrakh

Clique pour voir la fiche du groupe

. Le style particulier du groupe n’est pas à laisser trainer dans la première oreille venue mais pour ceux qui y sont sensibles, chaque nouvelle salve envoyée par le groupe est attendue avec impatience.

Endarkenment sera peut-être le choix de ma sélection qui sera le plus discuté, la recette de black industriel/grincore avec supplément de death mélodique -voire de power metal- étant encore et toujours au rendez-vous. Pourtant, la volonté affichée durant 41 minutes de porter l’intensité sur les passages de black et la frénésie mélodique qui s’est emparée d’Anaal Nathrakh

Anaal Nathrakh

Clique pour voir la fiche du groupe

suffisent à mon bonheur. En alliant l’extrême à l’accessiblité, les anglais réuississent un tour de force qui justifie amplement de les positionner dans le haut du panier de 2020.

Afsky – Ofte jeg drømmer mig død - 6 pistes – 45 min.

Avant d’atteindre les sommets avec mes deux coups de cœur 2020, je vous propose un détour par le Danemark rencontrer Afsky

Afsky

Clique pour voir la fiche du groupe

qui nous a ensorcelé avec son black metal atmosphérique surprenant. Pour ne pas changer, il s’agit encore d’un one-man band. Ole Pedersen Luk (Solbrud

Solbrud

Clique pour voir la fiche du groupe

) officie à tous les étages et après le début hésitant Sorg (2018), l’artiste prend pleinement son envol pour nous subjuguer grâce à Ofte jeg drømmer mig død.

Assez classique dans son approche du black metal atmosphérique, ce second opus étonne avec de légères touches de doom et folk. La qualité d’écriture, sublimée par une rythmique sans faille, n’est jamais prise en défaut. S’il fallait retenir une production underground de black en 2020, Afsky

Afsky

Clique pour voir la fiche du groupe

serait probablement un candidat sérieux au titre en raison de l’émotivité et de la justesse dégagées par Ofte jeg drømmer mig død.

Akolyth – Akolyth - 4 pistes – 36 min.

Le premier de mes deux coups de coeur noir de 2020 est le nouveau venu Akolyth

Akolyth

Clique pour voir la fiche du groupe

et son album éponyme d’une noirceur primaire. Impossible de savoir qui se cache derrière le projet ou même son pays d’origine, mais on relèvera avec fierté qu’il a été produit et enregistré à l’Opus Magnum Studios de Bruxelles.

Dorénavant, le nombre de la bête n’est plus 666 mais 9999, en corélation avec les quatre pistes d'Akolyth d’une durée de neuf minutes chacune. Ce premier long effort répand dès les premièrs instants une atmosphère hostille, une obscurité qui étouffe, magnifiées par une production brute. Proche d’un black metal à l’ancienne, rappelant parfois le groove de Darkthrone

Darkthrone

Clique pour voir la fiche du groupe

, sa singularité repose dans une approche quasi rituelle et tortueuse, sans chercher l’expérimentation. Les hurlements torturés ne prennent jamais fin, l’auditeur les subissant sans pouvoir réagir prisonnier de l’effet hypnotique des instruments déformés ; mention spéciale au jeu de batterie dont le rythme change en permanence, gardant nos sens en éveil.

The Spirit – Cosmic Terror - 7 pistes – 41 min.

L’Allemagne est une terre productive de musique metal de qualité et ce n’est pas The Spirit

The Spirit

Clique pour voir la fiche du groupe

qui va déroger à la règle. Leur premier album Sounds from the Vortex (2017) avait marqué les esprits avec son black/death metal mélodique nous rappelant notamment au bon souvenir de Dissection

Dissection

Clique pour voir la fiche du groupe

. L’intérêt suscité était tel que Nuclear Blast l’a réédité. Cosmic Terror continue sur cette lancée prometteuse, mais en affirmant davantage la personnalité des allemands.

Ce second opus dilue la rudesse de son black par des mélodies continuent perceptibles en filigrane, gardant intact la rugosité du récit. Décidément, la recette mélodie et mélancolie fonctionne à la perfection en 2020. Le niveau d’excellence atteint est tel qu’on a l’impression d’avoir pris la machine à remonter le temps pour atterrir en plein milieu des années nonante, à l’époque faste du black/death. On devrait avoir l’opportunité d'apercevoir The Spirit

The Spirit

Clique pour voir la fiche du groupe