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Les frères Vissol part 1: Remettre Bruxelles sur la carte européenne du metal extrême !

Mercredi 7 avril 2021

Bassiste et chanteur (Dehuman
Dehuman


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), Andrea, 29 ans, est un musicien qui se bouge le cul pour entretenir et soutenir la scène metal de Bruxelles. Il a partagé avec nous quelques souvenirs de tournées et d’orgas. Il a aussi parlé de ses nouveaux projets musicaux et de celui d’organiser un festival de heavy/black/death metal à Bruxelles avec Killtown Bookings, dès que la chose sera possible. Il invite tout un chacun à être solidaire de la scène !



Crédit photo: Emilie Foudelman

Hello Andrea. Quel est ton tout premier souvenir avec la musique ?
C'était il y a 25 ans, je devais avoir quatre ou cinq ans et mesurer un mètre, autant dire que je ne m’en rappelle plus vraiment. Mais il semblerait que j’ai vu un gitan jouer du violon, ce qui m’a complètement médusé. C’est à la suite de cette expérience que j’ai demandé à mes parents pour en jouer et que mon aventure musicale a débuté avec un violon entre les mains, un instrument que j’ai joué jusqu’à mes quinze ans. En terme de ressenti, je pense avoir ressenti de la joie, en tout cas c’est une émotion qui revient souvent lorsque je joue ou écoute de la musique.

Quelle a été ta formation musicale ? comment as-tu appris ?
Le death metal, depuis ces 12 dernières années (rires) ! Mais j’ai commencé par une formation classique : académie, solfège et du Bach. Ensuite est venu le tour de la basse que j’ai débuté vers quatorze ans à la suite de deux ans de cours de batterie. J’ai pris des cours pendant quelques années et puis j’ai continué en autodidacte. Maintenant, j’ai la chance que mon ami d’enfance Lou Indigo (Triagone
Triagone


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, ex Dehuman
Dehuman


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et Vibrion
Vibrion


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) est prof de guitare et rédacteur de méthodes ce qui me permet de me garder à jour.

Comment se porte Dehuman
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? Vous êtes assez discrets pour le moment.

Disons que Dehuman
Dehuman


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est en mutation. Après une activité relativement intense, tout le monde a dû reprendre ou commencer ses activités professionnelles et musicales. Bien que nous ayons eu de belles opportunités, cela n’était pas suffisant pour en faire notre profession. Ou du moins pour dépasser le stade de revenu de survie, cumulé à un rythme de concerts relativement élevé. A ce jour, nous ne sommes pas encore parvenu à nous mettre d’accord sur les prochaines étapes de manière à tenir compte des envies de chacun.

Tu as fait plusieurs tournées en Europe et en Amérique du sud avec Dehuman. Est-ce important pour un groupe de s’exporter ? Est-ce que cela augmente sa notoriété ? Son professionnalisme ? Son expérience ?
En effet, nous avons eu l’occasion de faire une tournée de 3 semaines au Brésil et au moins une dizaine de tournées européennes (y compris Balkans, Turquie, etc.) dont notre plus longue de 32 concerts avec Sadistic Intent durant laquelle nous avons parcouru plus ou moins toute l’Europe.
Je pense que ce qui rend un groupe professionnel c’est tout d’abord la qualité et l’honnêteté de sa musique, puis viennent les processus organisationnels mis en place par les membres du groupe et de son équipe. Bien entendu, les tournées permettent de s’exporter, de faire découvrir le groupe et de vendre des disques, du merchandise et de se faire payer des cachets. En somme, les tournées permettent aux musiciens de gagner leur vie. Néanmoins, un groupe sans crédibilité jouera dans des salles vides et ne vendra aucun disque.
Par rapport à l'export, c’est-à-dire jouer en dehors de son pays, vu le nombre relativement restreint de fan de metal qui se trouvent sur un territoire national (en proportion à d’autres musiques actuelles tel que l’électro, la pop ou le rap exemple) il est selon moi essentiel qu’un groupe de metal cherche à avoir une portée internationale.

« Je vois mal des groupes de metal faire une carrière uniquement dans leur pays et vivre de leur musique sans être massivement subsidiés. »

L’export est aussi une chose excitante, le metal ne subit pas la barrière de la langue et il y a des fans de metal dans à peu près chaque pays et donc des opportunités partout dans le monde.
Musicalement parlant, les tournées et les concerts réguliers permettent au groupe de développer sa cohésion et d’améliorer la qualité technique de ses prestations scéniques. Donc oui, dans tous les cas, cela professionnalise le groupe, au moins musicalement.

Tu as aussi eu l’occasion de faire une tournée avec le groupe de death metal français Mercyless
Mercyless


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, en tant que musicien de session ainsi qu’un show avec Evil Invaders
Evil Invaders


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en Colombie. Des moments plutôt sympas, j’imagine. Tu sais nous raconter ?

Jouer avec Mercyless
Mercyless


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et Evil Invaders
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a été une belle expérience car cela m’a permis de jouer avec des amis. En terme de voyage, avec Evil Invaders
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en Colombie nous sommes restés moins de 48 heures, ce qui nous a donné relativement peu de temps pour visiter les lieux. Avec Mercyless
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, j’ai joué dans beaucoup de villes/salles ou j’avais déjà été.

« Faire des tournées est à chaque fois une expérience intense physiquement mais plaisante. Tu n’as pas forcement le meilleur rythme de vie, tu dors (très) peu et ne mange pas forcément très équilibré. Aussi contrairement aux idées reçues tu n’as pas beaucoup l’occasion de faire la fête. »

Il faut se réveiller et partir à l’heure pour respecter la feuille de route, charger et monter/démonter le matos, vendre tes disques durant le show, préserver tes forces et tes cordes vocales, etc. Après, tu es en environnement de concerts 100% du temps et ce avec des amis donc ça reste une ambiance de relative détente et de plaisir.


Crédit photo: Emilie Foudelman

Quels sont tes projets, tes envies pour le futur ?
J’ai toujours été fan de speed et heavy metal et au début du confinement, comme à peu près tous les musiciens que je connais, j’ai eu un rush de créativité et qui m‘a permis de composer un mini album sur lequel je travaille actuellement. Nous devrions commencer à travailler dessus avec mon frère très prochainement. Sinon je compose toujours du death metal et j’espère enregistrer une démo d’ici peu. Deux projets que je voudrais concrétiser en 2021.

« Sinon en terme d’envie, une fois les eaux moins troubles, j’aimerais travailler sur un festival de heavy/black/death à Bruxelles avec Killtown Bookings.»

Justement, tu es aussi organisateur de concerts. Avec Undercore BXL Asbl, puis A Thousand Lost Civilization et actuellement avec Killtown Bookings. Pourquoi as-tu eu envie de passer de l’autre côté de la barrière ? Qu’est-ce que cela t’apporte ?
En fait passer de l’autre côté a été plus une nécessité qu’autre chose au départ, et ce pour répondre à un état de fait. En 2009, lorsque j’ai débuté à organiser des concerts en Belgique la scène locale (surtout celle francophone) était tournée vers le hardcore, le metal traditionnel (heavy, thrash, death, black) était mort. Mis à part les concerts de groupes internationaux en Flandre (et des fois au Magasin 4) il ne se passait pas grand-chose de metal underground en Belgique et à Bruxelles.
De manière très DIY, j’ai commencé à organiser des concerts à Bruxelles (avec Pierre et Julien de Undercore BXL) pour qu’une scène metal extrême reprenne un peu vie et que les groupes locaux puissent commencer à jouer des concerts dans leur ville. C’est au même moment que Jerry a commencé avec Knack les Headbangers night et qu’il a lancé Detest Records (label spécialisé en death metal). Detest Records et Undercore BXL ont été, selon moi, les orgas qui ont relancé le metal à Bruxelles après quelques années moribondes. Undercore a existé pendant trois, quatre ans durant lesquels nous avons organisé un à deux concerts par mois (au cercle de droit de l’ULB, au DNA et au Magasin 4) et un Festival en Wallonie, le Momignies Extreme Fest, qui a vécu quatre éditions.

« Notre objectif a réellement été de faire la promotion de la scène locale belge sous une forme éclectique, c’est-à-dire de mélanger les styles au sein du metal. C’est ensuite que je me suis un peu plus « spécialisé », lors de collaboration avec Leslie et A Thousand Lost Civilization avec qui nous avons continué à organiser des concerts et festival de black metal et quelques fois de death metal. »

Parallèlement à ça, j’ai continué à organiser des tournées pour Dehuman ce qui m’a conduit à collaborer avec Daniel de Killtown Bookings qui m’a ensuite proposé de travailler avec lui pour organiser des tournées européennes de death metal pour des groupes internationaux et plus particulièrement des USA. En fait, peu à peu, organiser des tournées et des concerts est devenu mon métier. Néanmoins, cela va faire trois ans maintenant que je ne suis plus organisateur à temps plein.



En Belgique, dans le milieu alternatif, est-ce que c’est plus facile d’être un musicien ou un organisateur ?
Je pense que dans la vie rien n’est facile mais également que rien n’est impossible. Certes certaines personnes viennent d’un milieu plus favorisé, avec plus de chance de départ que d’autres, mais de manière générale il faut travailler et être rigoureux pour atteindre ses objectifs. Donc musicien ou organisateur le chemin est parsemé d’embuches mais c’est possible d’en vivre (ou d’en survivre). Pour répondre à ta question, je ne pense pas que l’un ou l’autre soit plus facile ou plus difficile. Certainement, je pense qu’il est possible de plus rapidement gagner sa vie comme organisateur que comme musicien, mais en tant qu’organisateur il y le risque très présent de perdre, en un lapse de temps très rapide, beaucoup d’argent.

Quel regard portes-tu sur la scène alternative/underground bruxelloise ?
C’est une question difficile car je suis le fruit de la scène bruxelloise et j’ai toujours essayé de la faire vivre ou du moins y contribuer. J’ai organisé mon premier concert à Bruxelles à à peine dix-huit ans et ma première tournée européenne à vingt ans, exportant mon groupe bruxellois et puis d’autres. Donc d’une certaine manière j’ai toujours voulu qu’on porte un regard sur Bruxelles, la scène bruxelloise et belge. Avec Undercore BXL nous essayions de toujours avoir un groupe de chaque région de la Belgique à l’affiche. Plus tard, à la fermeture du DNA, avant de me concentrer uniquement sur l’organisation de tournées européennes, j’ai continué à organiser quelques concerts de grind/punk/noise à la Casa Latina (un bar congolais Matongé qui avait été le seul à accepter mes propositions) afin d’essayer de maintenir le scène underground vivante à Bruxelles.

« Mais que dire mis à part que la scène alternative manque de salles de concerts intermédiaires, d’acteurs professionnels (managers, agence booking, presse, studio, etc.), de médias à plus ou moins grande échelle, de groupes et de fans. »

Néanmoins, Bruxelles reste une plaque tournante avec d’énormes potentialités, une ville dans laquelle peuvent se retrouver les fans de musique alternative de toute la Belgique et des pays frontaliers.

Tes endroits préférés à Bruxelles (pour sortir, se balader, boire, manger, acheter de la musique, etc.)?
Pour sortir, pendant des années notre QG a été le DNA et le centre-ville de manière plus générale. Sinon, j’aime bien mon quartier de la place Flagey et Fernand Coq, aller aux Marolles et à Plasky pour sortir manger et boire un verre.
Pour acheter des disques, depuis mon adolescence je vais chez Elektrocution et Arlequin. Depuis peu, j’ai découvert une petite boutique de puces qui vend aussi des disques, dans une rue qui fait la jonction entre rue haute et la place Rouppe, ou je trouve pas mal de disques des 70s et quelques rarities de metal.

Si tu veux ajouter quelque chose, n’hésite pas !
Merci pour cette interview et votre engagement et ce depuis de nombreuses années. En prenant votre exemple, j’encourage tous vos lecteurs (surtout les plus jeunes) à se motiver à supporter la scène d’une quelconque manière, que ce soit en achetant des copies physiques de LPs/CDs, en allant aux concerts (quand ils recommenceront) et surtout en organisant et participant à l’organisation de concerts !!! Si l’on veut que la scène continue à vivre il faut s’en donner les moyens et y contribuer, pas rester assis dans son canapé ou au bar et se plaindre (même si se plaindre reste le sport préféré des bruxellois) !!!

Quelle belle conclusion! Merci!

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AUTEUR : Isabelle
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière ve...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en ju...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....

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