Article

''Le fait que mon travail plaise à Gojira m'a permis de faire quelque chose d'atypique''

Mercredi 28 juillet 2021

Samedi, nous avons pris un verre avec Charles De Meyer, au See U* à Bruxelles. Son nom et son visage ne vous disent peut-être rien. Pourtant, le bruxellois a réalisé les clips « Born For One Thing » et « Amazonia » de Gojira
Gojira


Clique pour voir la fiche du groupe
, sortis début 2021. Il nous explique comment il a travaillé avec les frères Duplantier et comment il a vécu cette aventure inoubliable !
Il aborde aussi son projet musical « The Chuck » qu’on pourra découvrir tout prochainement.



Crédit photo: moi

Salut Charles. Peux-tu te présenter pour celles et ceux qui ne te connaitraient pas?
Je m'appelle Charles De Meyer, j’ai 42 ans, je suis réalisateur et travaille dans les effets spéciaux (vfx). Pluridisciplinaire, musicien, belge, bruxellois et gantois d'origine (de la ville de Gand).

As-tu fait d'autres clips pour d'autres groupes/musiciens? Lesquels?
J'ai eu la chance de faire plusieurs clips pour Amon Tobin
Amon Tobin


Clique pour voir la fiche du groupe
, Raveyards
Raveyards


Clique pour voir la fiche du groupe
, Circa Waves, mais aussi pour Brutus
Brutus


Clique pour voir la fiche du groupe
, Deetron et d'autres.

Comment se retrouve t-on à produire des clips pour Gojira
Gojira


Clique pour voir la fiche du groupe
?

Mario (Duplantier) m'a contacté sur Instagram, parce qu'il avait vu un clip à moi il y a 8 ans! Il s'agissait de ''Remember'' de Raveyards
Raveyards


Clique pour voir la fiche du groupe
, groupe mené par mon frère François. Il s'est présenté de manière particulièrement humble, au point que j'ai cru à une erreur. En rencontrant les deux frères, je me suis rapidement rendu compte à quel point ce sont des crèmes. Une constante avec les metalleux j'ai l'impression (rires)!

Comment s'est passé la préparation et la réalisation des 2 clips?
A la base, il était question de ne faire qu'un seul clip, celui pour « Born For One Thing ». J'ai eu la chance de pouvoir parler directement avec Mario et Joe. Avant que je ne me lance dans l'écriture du scénario, ils m'ont volontairement peu briefé pour me donner champs libre. Le seul impératif était d'avoir une partie narrative ainsi qu'une partie avec le groupe, parce que c'était le clip qui allait annoncer leur nouvel album.
Je suis parti des paroles, ce thème sur la peur de mourir, et ai imaginé cette poursuite, symbolisant cette émotion universelle. D'une part, le personnage qui change d'apparence tente de suggérer cette idée, mais c'est pourtant le gardien qui courre à sa perte. La pierre que cette personne avale fait référence à l'alchimie, mais aussi aux drogues, souvent des tentatives de refuge à notre sort.
Pour le lieu, je trouvais qu'un musée d'histoire naturelle montrerait d'avantage notre étrange relation à la mort. J’ai très vite pensé au Musée d'Afrique Centrale à Tervuren, près de Bruxelles, avec ses superbes galeries de marbre et ses animaux empaillés.

Qu’en ont pensé les membres de Gojira
Gojira


Clique pour voir la fiche du groupe
?

L'idée leur a plu, et nous sommes partis avec une petite équipe de 4 personnes filmer le groupe dans le Sud-ouest de la France. Il n'a d'ailleurs été question de faire le deuxième clip que peu de temps avant notre départ. Le groupe avait prévu de faire un clip pour « Amazonia » et avait besoin de quelqu'un pour le filmer. Ils m'ont demandé si on voulait bien prendre un jour de plus pour faire ça. Nous sommes donc restés trois jours sur place: un jour de repérage puis un jour par morceau, dans deux décors complètement différents. Tout d’abord dans la salle de concert Atabal à Biarritz pour « Amazonia », endroit important pour le groupe où nous avons pu tourner in extremis grâce à François Maton. Ensuite, au château d’Arcangues pour « Born For One Thing » qui a servi de musée pour le groupe. Le courant est super bien passé avec eux, ces deux jours étaient vraiment inoubliables, malgré toutes les mesures covid à respecter! Nous avons alors organisé le tournage à Bruxelles pour la narration de « Born For One Thing » et j’ai monté le clip pour donner l’impression au mieux que les deux lieux ne faisaient qu’un à l’écran. A la fin de ce tournage, ils m'ont proposé de réaliser l'entièreté du clip pour « Amazonia ».
On est passé par plusieurs idées. Il était même question de partir filmer au Brésil mais la deadline a eu raison de nous. Nous avons du coup pris contact avec plusieurs vidéastes qui avaient tourné des images dans la région pour les monter sur les images du groupe tournées à l’Atabal. C’est grâce surtout aux sublimes images de Vincent Moon et de son projet Hibridos qui documente les hybridations des peuples et traditions au Brésil que ce clip a pu prendre des allures de Koyanisqaatsi.


Crédit photo: moi

Quelle touche personnelle peux-tu amener dans un clip d'une grosse pointure comme Gojira
Gojira


Clique pour voir la fiche du groupe
?

En fait, vraiment beaucoup de choses! Le fait que mon travail leur plaisait m'a vraiment donné toute la place pour faire quelque chose d'atypique, surtout pour « Born For One Thing ».
Pour « Amazonia », pendant sa conception le groupe voulait aussi faire quelque chose de réel et de concret pour aider les peuples d'Amazonie, je ne voyais aucun inconvénient à limiter mon expression personnelle au montage et au choix des images pour illustrer le sujet au mieux.

Qu'est-ce qui t'inspire, au niveau artistique?
Une vaste question en fait (rires). J’aime tellement de choses ! De l’architecture à la typographie, les arts plastiques et bien sûr le cinéma ! Et toute cette musique !

De manière générale, à l'heure d'aujourd'hui (et surtout depuis la crise covid) où la musique s'écoute majoritairement sur des plateformes de streaming, qu'est-ce que l'image peut amener à la musique?
Etant de la génération MTV, j’ai découvert beaucoup de musique par les clips. Du coup, les deux se trouvaient inextricablement liés à mes yeux, le clip comme un complément à la musique. Plus tard, je me suis intéressé aux réalisateurs et je me suis rendu compte des véritables auteurs qui se cachaient derrière ceux-ci. Spike Jonze, Mark Romanek, Chris Cunningham, Jonathan Glazer et Michel Gondry sont parmi ceux qui m’ont donné envie de faire ce métier.
Les meilleurs clips sont pour moi de vraies œuvres collaboratives, avec l’image au service du son bien sûr (cela reste un outil promotionnel musical) mais ou l’un magnifie l’autre. Certains sont tellement forts qu’ils marquent profondément les esprits. J’espère qu’il y aura toujours une place pour ces clips.

Shoot Me Again est dans l'underground, l'alternatif, le DIY. En théorie, en marge de tout ce qui est mainstream. Est-ce que c'est une approche de la culture qui te parle?

J’ai eu souvent pour habitude de faire les choses avec des bouts de ficelles, même numériques ! Donc oui l’aspect DIY me plait toujours. Si je peux réaliser un effet pendant que l’on filme plutôt que derrière un ordinateur, je suis toujours preneur. Mais il est vrai que c’est pratique de pouvoir faire des effets par ordinateur quand on n’a pas le budget pour construire des robots de plusieurs mètres de long par exemple !


Crédit photo: moi

Quels sont les projets sur lesquels tu travailles actuellement?
J’en ai plusieurs dans plusieurs « disciplines », mais celui qui me tient le plus à cœur est mon projet musical, que je couve depuis un moment maintenant.

Pour terminer, peut-on en savoir un peu plus sur ton projet musical ?
Le projet s'appelle « The Chuck », le diminutif de mon prénom, présenté comme une marque. C’est plutôt de la pop (alternative?) fort influencée par la musique électronique (Amon Tobin
Amon Tobin


Clique pour voir la fiche du groupe
, Squarepusher
Squarepusher


Clique pour voir la fiche du groupe
, Chemical Brothers, etc.) le jazz (Dave Brubeck, Stan Getz, etc.) et le rock (Queens of the Stone Age
Queens of the Stone Age


Clique pour voir la fiche du groupe
, Morphine, etc.)
Un premier titre sortira fin septembre 2021, sous forme de remix house fait par mes soins, dans une compilation pour le Buddha Bar. Je prépare en parallèle mon premier EP qui sortira prochainement aussi.


* Anciennes casernes d'Ixelles devenues un lieu d'occupation temporaire qui regroupe une centaine de projets différents issus du monde associatif, économique, culturel, universitaire ou encore éducatif.

TU AS AIME ? PARTAGE !
Google +
Twitter
Facebook
Whatsapp
E-mail
E-mail
Google +
Twitter
Facebook
AUTEUR : Isabelle
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière ve...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en ju...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....

► COMMENTAIRES

Tu dois être connecté pour pouvoir commenter !

Soit en deux clics via Facebook :

image

Soit via l'inscription classique (mais efficace) :

image

► A VOIR ENSUITE