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Les Nuits Eclectiques et 15 ans d'Eklektik Guys

Jeudi 14 avril 2022

Acteurs incontournables de la scène underground dans le sud du pays, les Eklektik Guys reprennent les commandes pour Les Nuits Eclectiques ces 16 et 17 avril à Marbehan après deux années de silence précédées d'une satanée peste porcine! Autant dire que nous avions soif de les faire parler à travers Fx, un des porte-voix du collectif.

Comment allez-vous après deux ans à suer des seaux entiers sous vos masques et de tolérance des haleines fétides?
Nous sommes comme des gamins privés de bonbons depuis deux ans et qui passent devant une confiserie. On sait qu'on va se gaver comme jamais de décibels, de bières et de sueur. On sait aussi que les lendemains seront difficiles, mais on préfère le déni sur ce point. On a fait un grand feu de joie avec nos masques dégueulasses et on s'est racheté une tenue propre pour enfin accueillir les copains et les copines. Certains on même pris une douche.

En quinze ans, il semble que les Eklektik Guys se sont imposés comme acteurs incontournables de la scène musicale dans le sud de la Belgique. De quelle(s) volonté(s) est née la création de l'asbl, qui est à l'initiative?
Nous sommes avant tout un cercle d'amis fans de musique. Tout part du constat que notre milieu rural est un quasi désert musical. On a voulu sortir des soirées ''années 80'' et des bals de village avant tout pour nous et aussi pour nos fidèles ami.e.s qui sont encore là aujourd'hui. Les membres du collectif ont changé au cours des années, certains sont partis, d'autres sont arrivés, mais l'esprit est resté le même: des copains et de la musique.

Eklektik mais pas fourre-tout, je dirais. Quelle est votre ligne de conduite?
On ne se fixe aucune barrière par rapport au choix musical et aux styles. Nous ne sommes pas étiquetés festival math rock ou hardcore, nous fonctionnons au coup de cœur. C'est peut-être de là que vient notre éclectisme, car chacun vient avec ses idées, ses propositions. On analyse ensemble, mais il n'est pas nécessaire d'avoir un consensus. On aime valoriser à la fois les groupes locaux qui cherchent du temps de scène dans des conditions professionnelles et d'autre part faire venir des pépites d'un peu plus loin.
Notre péché mignon c'est quand même de faire venir un groupe juste avant qu'il explose et qu'on ne puisse plus se le permettre. C'est arrivé par exemple avec Amélie Lens ou Lysistrata

Lysistrata

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. Si en plus de ça on peut être un tremplin pour les groupes locaux, alors notre mission est remplie.

Et ces Nuits Eclectiques, comment ont-elles vu le jour? Quel est le moteur du festival et quel regard portez-vous sur son évolution?
D'annulation en annulation, nous avons continué à nous réunir en espérant que la culture musicale reprendrait ses droits. L'idée est de garder un esprit artisanal, très DIY, mais l'équipe s'est professionnalisée pour surprendre le public au niveau de la programmation et de la scénographie. Depuis quelques années, on se surprend à tenter des choses de plus en plus audacieuses au niveau de la scénographie et c'est un peu devenu notre marque de fabrique. Le but durant deux jours est de faire oublier à notre public qu'il est dans une salle de sport un peu moribonde. Ça peut aller de la vieille console de jeux vintage en libre-service jusqu'à des fresques d'artistes de la région.

Quels sont les groupes et moments forts à l'affiche cette année?
Nous sommes très heureux de revoir Jean Jean

Jean Jean

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car c'est un coup cœur unanime de l'équipe. Les apparitions de Madmadmad, Psychontic Monks et Snapped Ankles

Snapped Ankles

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seront également des moments forts du festival, mais pas que. Notre DJ set de clôture le samedi est toujours un grand moment de n'importe quoi mi-nostalgique mi-ridicule, mais toujours amusant. Peu de gens s'en rappellent mais ils ne l'oublieront jamais.

Que diriez-vous aux personnes qui hésitent (ou à d'autres qui découvrent l'existence des Nuits Eclectiques) pour les faire venir jusqu'au Bois des Isles?
On leur dit que c'est dans un écrin de verdure revitalisant bénéficiant de toutes facilités modernes (gare, WC, pompe à bières, repas chaud), qu'une équipe de joyeux lurons les accueillera afin de leur faire passer un week-end inoubliable pour une somme d'argent dérisoire. Pour une quinzaine d'euros (genre 17€ en prévente jusque samedi midi) vous pourrez découvrir une quinzaine de groupes dont certains sont des pointures internationales. Peut-on faire moins cher? Le public gaumais est chaleureux comme aucun autre, l'ambiance est conviviale et un photomaton immortalisera ton état d'ébriété si on arrive à retrouver le foutu câble.

Il semble que vous posez un regard sur la Culture et l'activité culturelle en territoire rural et que vous tentez de répondre à certains besoins au-delà de la musique...
De plus en plus, on voit fleurir des collectifs et des personnes qui ont la volonté de proposer des alternatives comme l'Entrepôt d'Arlon avec Les Aralunaires, Les Hallucinations collectives, le collectif Square, Beauraing is not Dead, les soirées Red Bacon, le Out of the Crowd pour ne citer qu'eux. C'est une excellente chose, l'idée fait son chemin et ces initiatives montrent que finalement, nous ne sommes pas aussi isolés qu'on pourrait le croire.

Après avoir traversé l'Ardenne ou la frontière française et une fois arrivé en Gaume, niveau rock et dérivés j'ai l'impression qu'il existe un état d'esprit particulier, propre à votre région et difficile à réduire en quelques mots. S'il est une histoire commune, comment la qualifier? Vous y raccrochez-vous?
Franchement, on n'en a aucune idée. Il y a eu une grosse scène rock/punk/hardcore autour des années 2000 dans notre région. Elle s'est progressivement essoufflée, mais j'imagine que d'une manière ou d'une autre, elle a dû influencer ce que nous sommes devenus aujourd'hui.

Un souvenir, une anecdote marquante à propos des Nuits ou d'autres organisations Eklektik Guys?
Ce qui se passe au Bois des Isles reste au Bois des Isles.

À quand les Eklektik Girls?
On n'a jamais été contre l'idée, mais aucune ne pourrait nous supporter plus de 10 min. Plus sérieusement, on a toujours dans l'idée de faire un festival exclusivement féminin au niveau de l'affiche.

Au-delà du présent, vous espérez encore quelque chose du futur?
Il n'y a plus rien à espérer du futur. C'est foutu. Mais si on peut continuer à aller droit dans le mur en s'amusant et en écoutant de la musique avec des copains et des copines, alors on prend.

Un dernier (mot) pour la route?
Merci (nous sommes bien élevés)!

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