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''Je crois fermement que nous sommes plus forts ensemble que séparés.''

Lundi 11 mars 2024

Le film Skunk de Koen Mortier est actuellement présenté, en avant-première, dans différents cinémas de Belgique. Il raconte l’histoire de Liam, un adolescent qui grandit dans une famille où la drogue et la violence règnent en maître. La bande originale de Skunk est signée Amenra

Amenra

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et on retrouve à l’affiche un certain Colin H Van Eeckhout (CHVE

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) qui joue le rôle du père de Liam.
On a discuté avec Colin de ce rôle de père violent, de la musique d’Amenra

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qui habille le film, d’engagement sociétal et de la rencontre entre ces univers.

Crédit photo: Basile Rabaey

Bonjour Colin, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. La première est un peu bateau : comment as-tu obtenu un rôle d’acteur dans Skunk?
À un certain moment, j’ai reçu un appel téléphonique du réalisateur Koen Mortier. Apparemment, un de ses collègues l’a orienté dans ma direction, disant que je pouvais peut-être correspondre pour le rôle. Nous nous sommes rencontrés à Gand. Il m’a expliqué le rôle des pères et m’a raconté l’histoire de Liam. Il m’a dit aussi que le film était basé sur un livre de Geert Taghon. J’ai adoré tous les travaux précédents de Koen et j’ai su que j’allais le faire. Je me sens connecté avec sa façon farouche et obstinée de plonger la tête la première dans l’obscurité, sans craindre d’entamer un dialogue avec des sujets qui ne sont pas toujours faciles. C’était comme si nous avions déjà scellé le marché avec nos yeux. J’ai lu le livre et je savais que ce serait quelque chose avec laquelle je pourrais éventuellement m’en sortir.

Comment t’es-tu préparé à jouer le rôle d’un père violent ?
Au fil des ans avec Amenra, je me suis habitué à ''basculer l’interrupteur'' en mode sombre, ou peu importe comment tu le dis.

« Je n’ai aucun problème à canaliser la frustration ou à puiser dans mon moi le plus sombre. »

J’y suis habitué depuis les concerts. Du moins, c’est ce que je sais maintenant. Aux premiers jours de tournage, c’était encore une supposition.
Une fois que tu as lu le livre et que tu connais l’objectif et celui que ton rôle ou ton personnage a dans le film, tu essayes simplement de donner le meilleur de toi-même. Honorer son essence. Les gens avaient besoin de me haïr avant tout. Je devais toujours être une menace imminente. Une bombe à retardement. C’est là que les discussions avec Koen et les répétitions rendent les choses aussi claires que possible. En tant que réalisateur, Koen a bien expliqué l’intention de chaque scène, et c’était l’objectif principal. Que l’intention que chaque scène devait incarner soit là, par tous les moyens.
J’ai eu de la chance avec Sarah et Thibaud (ndlr : les acteurs qui jouent la mère de Liam et Liam). Ils étaient si parfaits que ça a presque rendu les choses faciles. Nous avions tous cet état d’esprit de guérilla et nous y allions à fond. C’était extrêmement physique et nous étions blessés et battus partout.

Est-ce une expérience que tu as appréciée ?
J’ai beaucoup aimé l’ambiance sur le plateau. C’était très intimidant de voir tous ces acteurs talentueux avec une expérience réelle autour de moi, mais d’une manière qui m’a facilité la tâche, pour pouvoir surfer sur leur vague. Il y a énormément de personnes impliquées pour les lumières, la caméra, le maquillage, les costumes. Tu ne veux tout simplement pas décevoir qui que ce soit. Tu essayes simplement d’être à ton meilleur niveau et de contribuer au mieux de tes capacités. Je serai éternellement reconnaissant à Koen d’avoir pris ce risque avec moi et de m’introduire dans ce tout nouveau monde.

Le film est très dur, très clash et porte des messages forts sur l’enfance et les réalités des travailleurs sociaux. Qu’est-ce que ces thèmes évoquent en toi ?
Je suis assistant social, donc j’ai étudié ce monde de différentes façons. Et dans un passé lointain, j’ai travaillé dans la réadaptation psychiatrique. D’une certaine manière, je « connaissais » ce monde. Pourtant, dans ce film, je ne suis pas du côté des travailleurs sociaux et des preneurs de soins. Je suis la raison du déclin des personnes. Mon fils dans le film. Je veux dire que Koen a réussi à peindre ce tableau correctement.

« Beaucoup de gens du secteur social sont venus nous dire à quel point ils étaient heureux que le film soit une représentation exacte de ce qu’ils ont parfois à faire. »

C’est ce qui rend ce film si puissant et nécessaire au point qu’il est une véritable révélation. Un document pour témoigner qui vous donne un moyen d’examiner comment ces gens doivent parfois travailler et vivre dans les conditions les plus difficiles.

Le film montre également les difficultés rencontrées par le secteur de l’aide à la jeunesse. L’engagement sociétal est-il important pour toi ?
Oui. Je ne travaille peut-être pas activement dans le secteur social maintenant, mais d’une certaine manière, à travers notre musique et notre art, il semble que nous soyons toujours en mesure d'''aider'' les gens qui semblent être perdus parfois. Restaurer une sorte de foi ou d’espoir. Laissez-les voir la lumière dans les ténèbres, comme nous disons souvent.

« Nous vivons à une époque où je crois vraiment qu’il est plus important de répandre la chaleur et d’avoir de l’empathie pour les autres. »

Je crois fermement que nous sommes plus forts ensemble que séparés. Offrir de l’aide est si gratifiant, l’argent ne peut pas acheter le sentiment d’un cœur chaud.

Comment la bande originale a-t-elle été créée? Comment ça fonctionne ? On te donne le scénario pour t’inspirer?
Donc, au début, tu obtiens des références, des musiques d’autres groupes... mais cela change assez souvent parce que la direction d’un film change au fil du temps. Tu ne peux pas tout savoir dès le départ. On a continué à travailler sur cette bande son parce qu’on savait qu’on pouvait le faire, nous sommes faits pour cette merde. L’atmosphère et les émotions, c’est ce que nous traitons. Après le tournage, nous pouvions commencer à écrire de la musique sur des scènes réelles et les intentions des scènes. Koen avait parfois l’idée géniale de faire le contraire de ce que la scène demandait visuellement. Il a fait des choix de génie tout au long du film, à mon humble avis.
Pendant le tournage, il est venu à un concert acoustique d’Amenra à la Toneelhuis d’Anvers. Koen m’a envoyé un texto par la suite et a dit que c’était comme ça qu’il voulait que ça sonne. Alors nous sommes allés dans cette direction.

Comment la musique et l’univers d’Amenra

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peuvent-ils résonner avec ce film ? La douleur et la mélancolie ne sont-elles pas les points communs ?
En effet, d’une certaine façon, Koen ne craint pas l’obscurité, c’est aussi la façon dont nous travaillons.

« L’obscurité est notre argile, la tristesse et les sujets difficiles nous inspirent. Ce film est extrêmement brut et sans compromis mais il a réussi à tisser une sorte de beauté dans cette obscurité. »

Avec l’acteur principal, Thibaud Dooms, de l’espoir a été installé dans cette obscurité. Et c’est un monde que nous connaissons trop bien.

Sur le plan personnel et artistique, souhaites-tu t’ouvrir à d’autres disciplines que la musique ?
Je l’ai toujours fait et je le ferai sûrement encore. Il y a tellement de façons différentes et de formes d’art différentes que je peux utiliser pour raconter mon histoire.

As-tu des choses à annoncer sur l’un de tes projets?
J’ai mon projet solo CHVE

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qui va annoncer une nouvelle sortie très bientôt sur Relapse records. Nous avons tellement de sorties qui sont terminées et sur lesquelles nous travaillons. Pour Amenra

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, nous avons la bande son de Skunk qui sortira le 15 mars. D’autres sorties suivront. Amenra

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existe depuis 25 ans cette année et nous ne prévoyons pas d’arrêter. Nous sommes tous plus motivés que jamais.

La BO de Skunk s'écoute ici: https://amenra.bandcamp.com/album/skunk

Merci à Pierre Vangilbergen pour les échanges autour du film.

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