Article

PopKatari : 15 ans d’aventures musicales underground à Liège

Jeudi 13 février 2025

Dans un mois, le 15 mars, PopKatari fête son quart de siècle au Reflektor.
PopKatari c’est une quinzaine de bénévoles passionnés qui se bougent le cul pour faire vibrer la musique underground dans les quatre coins de Liège. Le collectif a permis à des groupes comme Protomartyr
Protomartyr


Clique pour voir la fiche du groupe
, Emma Ruth Rundle
Emma Ruth Rundle


Clique pour voir la fiche du groupe
, Pile
Pile


Clique pour voir la fiche du groupe
, Dilly Dally
Dilly Dally


Clique pour voir la fiche du groupe
, etc. de donner leur premier concert en Belgique. Et l’histoire ne fait que commencer.
Hadrien Panelli nous explique tout ça et revient sur quelques anecdotes assez dingues.




Salut Hadrien ! Peux-tu présenter PopKatari en quelques mots pour ceux qui ne connaissent pas (encore) ?
Oui, nous sommes quelques amis musiciens de Liège. Le nom du collectif vient de l’émission « Pascal, le Grand Frère » que nous regardions entre potes pour nous amuser le vendredi soir, vers 2008. A ce moment-là, Victor et Quentin passaient des nuits à composer de la musique électronique sur Ableton. Leur projet s’appelait The Night et pour sortir leurs albums, ils ont créé le web label PopKatari. Quand on a décidé de commencer à organiser des concerts, on a gardé ce nom qu’on aime beaucoup car il évoque des bons souvenirs et qu’il sonne vraiment bien.

Qui se cache (avec toi) derrière PopKatari ?
A la base, il y a quatre amis : Victor-Emmanuel (Bleeds, Government), Guillaume (Whitelake, Eosine
Eosine


Clique pour voir la fiche du groupe
), Quentin (Qen, The Night) et moi (Down To Dust
Down To Dust


Clique pour voir la fiche du groupe
). Au cours des 15 dernières années, une bonne dizaine d’amis sont venus nous aider. Il y a eu Fanny pour les photos et vidéos pendant 4 ans et aussi Léa Bizzarri et Mattias Devroye plus récemment. Ma femme, Claire, est toujours disponible pour cuisiner pour les groupes. Les potes proches, François, Thibaut, Pierre, Olivier, ont donné pas mal de coups de main pour que nos évènements puissent avoir lieu.

Vous êtes tous bénévoles, j’imagine ?
Oui, bien sûr. Le bénévolat est dans notre ADN. Personne n’a jamais gagné le moindre euro grâce au projet.


Crédit photo : PopKatari

Comment fonctionnez-vous au niveau financier ? Vous êtes soutenus/reconnus ?
Nous ne sommes pas reconnus et ne recevons aucune aide. Tout est fait sur fonds propres mais depuis quelques années, la priorité est donnée aux collaborations afin de minimiser les pertes potentielles. Plusieurs concerts ont été organisés en collaboration avec d’autres collectifs (JauneOrange, Mark It Zero, Insert Name Festival) ou des salles (Reflektor, La Zone).

Comment est née l’ASBL il y a 15 ans ? Quelles étaient les motivations initiales ?
Il y a tout d’abord une envie très forte de faire des rencontres dans le monde de la musique underground, de mieux comprendre l’envers du décor (salles de concerts, studios, labels) et également de créer des liens afin de jouer davantage de concerts avec nos différents projets musicaux.

Quels ont été les premiers projets ou événements marquants dans l’histoire de PopKatari ?
En 2011, après mon Erasmus en Écosse, j’ai eu envie de faire venir le chanteur Withered Hand (découvert à Edimbourg) à Liège. Son concert au Live Club a été une première révélation. Il a fallu 3 ans pour que le nombre de concerts organisés augmente réellement. Le moment clé est peut-être l’été 2014 avec le concert de Protomartyr
Protomartyr


Clique pour voir la fiche du groupe
à la Péniche Inside Out. Nos premiers concerts étaient plutôt orientés musique rock indé et pop rock puis en 2015, le metal est arrivé avec une première collab avec Mathieu de La Zone et le show des New-Yorkais de Pyrrhon
Pyrrhon


Clique pour voir la fiche du groupe
.


Crédit photo : PopKatari

Comment le collectif a évolué depuis sa création ?
Il nous a fallu quelques années pour parvenir à trouver un rythme. Au début de l’aventure, ce n’était pas si simple de trouver un lieu pour organiser nos concerts mais assez rapidement les « managers » de salles ont vu qu’on pouvait programmer des artistes de qualité et les portes de la plupart des salles liégeoises nous ont été ouvertes.

« La clé, c’est de rencontrer les différents opérateurs car par e-mail, on ne sait pas qui tu es et on te fait moins vite confiance. »

Aujourd’hui, on a la chance de bien connaître les personnes responsables des salles et ça simplifie tout.

Comment choisissez-vous les artistes sur vos affiches ?
Il y a deux situations possibles. Soit il y a une forte envie de programmer un groupe en particulier (ex. Sumac
Sumac


Clique pour voir la fiche du groupe
, Pile
Pile


Clique pour voir la fiche du groupe
, Celeste
Celeste


Clique pour voir la fiche du groupe
, Portrayal of Guilt
Portrayal of Guilt


Clique pour voir la fiche du groupe
, Yautja, Mike Krol) et je lance les démarches pour faire en sorte qu’un show s’organise tôt ou tard, soit je reçois des propositions des agences de booking ou directement de certains groupes qui veulent passer par Liège. Quand un groupe me plaît et que je pense que le public local pourrait apprécier leur concert, j’essaie de trouver le bon lieu pour organiser la date.

Quelle place occupe PopKatari dans le paysage culturel et musical liégeois/belge ?
Je crois qu’on n’est pas vraiment identifié par le public liégeois. Les salles (Reflektor, La Zone, KulturA., le Hangar) nous connaissent mais ça ne va pas au-delà. Par contre, j’ai la conviction que sans nous beaucoup d’excellents groupes underground ne seraient pas passés par Liège. Des artistes comme Helena Deland, Vera Sola, White Lung
White Lung


Clique pour voir la fiche du groupe
, Mannequin Pussy
Mannequin Pussy


Clique pour voir la fiche du groupe
auraient certainement joué à Bruxelles ou Anvers si PopKatari n’avait pas insisté pour qu’ils jouent à Liège. Je crois d’ailleurs qu’on ne les reverra plus chez nous et que c’était des occasions uniques.

« C’est clairement une fierté d’avoir contribué à mettre Liège sur la liste des villes belges où tu peux voir des artistes vraiment importants qui vont avoir un beau parcours en Europe et ailleurs. »

La grande majorité des groupes programmés par PopKatari connaissent une vraie carrière musicale avec des albums encensés par la critique, des tournées internationales et des concerts dans des festivals prestigieux. Chaque année, on programme des groupes qui jouent au Roadburn par exemple.


Crédit photo : PopKatari

Je voudrais revenir sur les collaborations. Tu disais que c’était pour minimiser les pertes mais y a-t-il d’autres intérêts ?
Les collabs, c’est le top quand tu travailles avec d’autres bénévoles qui ont la même passion que toi. C’est toujours plus simple quand on peut faire la promo d’une date à plusieurs et qu’on est plus nombreux le jour du concert. On se partage les tâches (entrées, courses, préparation des repas, rangement) et si le public n’est pas au rendez-vous, on partage les pertes. C’est la meilleure formule car à plusieurs, on est plus fort et on peut aussi se permettre de prendre de plus gros risques.

Ce n’est pas toujours hyper simple et confortable d’être un organisateur de concerts. Il y a beaucoup de concurrence, beaucoup de groupes, etc. Quels sont, selon toi, les défis principaux d’un organisateur aujourd’hui ? Comment y faire face ?
Le défi, c’est de faire en sorte que les salles où on organise puissent maintenir des bonnes conditions d’accueil. En gros, si un lieu est déficitaire ou ne bénéficie pas de suffisamment d’aide, il va devoir supprimer des avantages ou augmenter ses tarifs et cela devient plus compliqué pour les organisateurs indépendants et bénévoles de proposer des belles dates.

« Personnellement, j’espère pouvoir continuer à faire vivre la scène underground à Liège en attirant des groupes émergeants qui me fascinent. On a énormément de chance d’avoir des super lieux à Liège. »
On doit absolument les protéger et leur donner de la visibilité notamment en proposant une programmation « pointue ».


Peux-tu nous donner quelques moments marquants, pendant ces 15 années ?
Un de mes meilleurs souvenirs est le premier concert de Pile
Pile


Clique pour voir la fiche du groupe
à La Zone en mai 2015. Victor avait découvert Pile
Pile


Clique pour voir la fiche du groupe
en 2013 et je rêvais de les faire venir. J’ai commencé à parler au chanteur par mail et en fouillant sur internet, j’ai réussi à lui envoyer pas mal de contacts pour qu’il puisse monter une tournée. Le tout premier concert du groupe en Europe a eu lieu chez nous et c’est quelque chose de très spécial pour moi. Le groupe avait joué un set de presque 100 minutes et il y avait une vraie euphorie dans la salle. Par après, j’ai eu l’occasion d’aider Pile à trouver une grosse dizaine de dates sur 3 tournées et de les héberger plusieurs fois. Aujourd’hui, ils sont chez ToutPartout qui est une des meilleures agences d’Europe.


Crédit photo : PopKatari

Il y a eu aussi l’idée de célébrer nos 10 ans au Reflektor avec plus de 10 concerts en 2 jours. Il n’y a plus jamais eu autant de groupes en si peu de temps au Reflektor. Ce qui est fou, c’est qu’on n’a pas dépassé les 250 tickets alors qu’on avait un line-up incroyable avec Brutus
Brutus


Clique pour voir la fiche du groupe
, Cocaine Piss
Cocaine Piss


Clique pour voir la fiche du groupe
et Kapitan Korsakov
Kapitan Korsakov


Clique pour voir la fiche du groupe
. Aujourd’hui, les gens se battent pour voir Brutus
Brutus


Clique pour voir la fiche du groupe
. Le deuxième soir, on avait Emma Ruth Rundle
Emma Ruth Rundle


Clique pour voir la fiche du groupe
et Jaye Jayle
Jaye Jayle


Clique pour voir la fiche du groupe
. On a eu la chance de pouvoir filmer deux morceaux de Emma dans les backstages du Reflektor. Ce qui était excellent, c’est que sur la guest du jour, il y avait tous les membres de Oathbreaker
Oathbreaker


Clique pour voir la fiche du groupe
. Quand Evan (Young Widows
Young Widows


Clique pour voir la fiche du groupe
) est venu me trouver pour me faire noter les noms, j’ai complètement halluciné parce que je ne savais pas qu’ils avaient tourné ensemble aux États-Unis.

« Quand je repense à tous les talents qui étaient réunis ce soir-là à Liège, je me dis que l’aventure PopKatari est assez exceptionnelle et mérite d’être poursuivie. »

Une autre anecdote est que j’ai parfois reçu des propositions de booking pour des artistes qui sont devenus littéralement énormes comme Fontaines D.C.
Fontaines D.C.


Clique pour voir la fiche du groupe
et Mitski. J’ai eu un mail perso et j’ai répondu : « non merci. On n’est pas intéressé ». Par contre, pour certains artistes, j’ai tout essayé en sentant qu’ils allaient exploser mais on n’est malheureusement pas allé au bout du deal. Souvent parce qu’un festival ou une grosse salle obtenait l’exclusivité. J’ai une longue liste de groupes pour lesquels les choses étaient bien engagées et puis ça a capoté en dernière minute (ex. Idles
Idles


Clique pour voir la fiche du groupe
, Big Thief, Cave-In
Cave-In


Clique pour voir la fiche du groupe
, Cloud Nothings
Cloud Nothings


Clique pour voir la fiche du groupe
, Gilla Band
Gilla Band


Clique pour voir la fiche du groupe
, Raketkanon
Raketkanon


Clique pour voir la fiche du groupe
, Oneida
Oneida


Clique pour voir la fiche du groupe
, Blacklisters
Blacklisters


Clique pour voir la fiche du groupe
, Speedy Ortiz, Gouge Away
Gouge Away


Clique pour voir la fiche du groupe
, Cloud Rat
Cloud Rat


Clique pour voir la fiche du groupe
, Full of Hell
Full of Hell


Clique pour voir la fiche du groupe
, Bosse-de-Nage, etc.). Le covid nous a également empêchés de faire jouer Lingua Ignota
Lingua Ignota


Clique pour voir la fiche du groupe
, Pelican
Pelican


Clique pour voir la fiche du groupe
, Bell Witch
Bell Witch


Clique pour voir la fiche du groupe
et Regarde Les Hommes Tomber
Regarde Les Hommes Tomber


Clique pour voir la fiche du groupe
. Tout était dealé et prêt à être annoncé.



Pour marquer le coup, vous organisez un concert le 15 mars au Reflektor. Que peut-on en savoir ?
Pour les 15 ans, j’ai voulu réunir 5 projets musicaux qui me tiennent à cœur. La tête d’affiche, c’est Peuk
Peuk


Clique pour voir la fiche du groupe
. J’ai découvert ce groupe en 2018 dans un petit bar à Hasselt. Ils avaient joué avant King Fu
King Fu


Clique pour voir la fiche du groupe
(mon ancien groupe avec Greg de Daggers
Daggers


Clique pour voir la fiche du groupe
et Mathieu de la Zone) ce jour-là. Leur batteur, c’était quand même David de Millionaire
Millionaire


Clique pour voir la fiche du groupe
et Elvis Superstar. Pas n’importe qui. En quelques années, le groupe est devenu connu en Flandres et ils viennent de jouer à Werchter et au Pukkel en 2024. Je les ai programmés quatre fois à Liège auparavant et c’est grâce à ça qu’ils nous font l’honneur de revenir. Il y aura aussi les potes de Cere
Cere


Clique pour voir la fiche du groupe
dont le batteur est peut-être mon musicien préféré en Belgique. Les parisiens de Creve Cœur
Creve Cœur


Clique pour voir la fiche du groupe
reviendront aussi après un passage remarqué à la Zone en septembre 2023. Leur bassiste joue aussi dans Parlor
Parlor


Clique pour voir la fiche du groupe
, un groupe qu’on adore et avec lequel Down to Dust
Down to Dust


Clique pour voir la fiche du groupe
a joué plusieurs fois. Il y aura aussi Kocaze
Kocaze


Clique pour voir la fiche du groupe
, le duo dark folk de mon ami Oli Jacqmin et de sa copine Elsa. Ils ont eu l’audace de demander à Ben Chisholm (Chelsea Wolfe
Chelsea Wolfe


Clique pour voir la fiche du groupe
) de produire leur dernier EP et le résultat est bluffant. Et pour terminer, il y aura un live électro de Bleeds (Victor-Emmanuel) avec qui je jouerai des morceaux à la batterie.

Comment vois-tu l’avenir de PopKatari ? Tu as des envies particulières ?
J’espère qu’on pourra fêter les 25 ans et que d’ici-là, il y aura encore plein de belles dates. Nos derniers concerts à la Zone (Mourir début février et Ronker
Ronker


Clique pour voir la fiche du groupe
en décembre) ont été des beaux succès musicaux et humains. Ça donne de la motivation. Oui, j’ai des envies comme par exemple parvenir à faire un sold out au KulturA ou à la Zone… Quoiqu’il arrive, on va continuer à se faire plaisir. Il y a d’ailleurs au moins 3 nouveaux concerts qui seront annoncés prochainement.

Si tu veux ajouter quelque chose, n’hésite pas.
Je voudrais ajouter que les groupes suivants n’existent plus mais nous avons eu le plaisir de les faire jouer (et on ne les oublie pas) : Screaming Females
Screaming Females


Clique pour voir la fiche du groupe
, Buildings
Buildings


Clique pour voir la fiche du groupe
, Trap Them
Trap Them


Clique pour voir la fiche du groupe
, White Lung
White Lung


Clique pour voir la fiche du groupe
, Palm, Priests, Dilly Dally
Dilly Dally


Clique pour voir la fiche du groupe
, Sannhet
Sannhet


Clique pour voir la fiche du groupe
, Muscle & Marrow, etc.


Katari Live Sessions

Emma Ruth Rundle



Pile



Interview White Lung with PopKatari



Popkatarirecords

https://popkatarirecords.bandcamp.com

TU AS AIME ? PARTAGE !
Google +
Twitter
Facebook
Whatsapp
E-mail
E-mail
Google +
Twitter
Facebook
AUTEUR : Isabelle
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière ve...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en ju...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....

► COMMENTAIRES

Tu dois être connecté pour pouvoir commenter !

Soit en deux clics via Facebook :

image

Soit via l'inscription classique (mais efficace) :

image

► A VOIR ENSUITE