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Featuring : l’art de se mêler

Jeudi 17 avril 2025

Feat (featuring) : Participation d'un artiste sur un ou plusieurs titres d'un autre artiste.

Plus qu’une simple collaboration, les featuring sont souvent le fruit de connexions authentiques entre artistes animés par une même passion, une même rage créative. Ces alliances façonnent des titres uniques, repoussent les frontières des genres et renforcent l’esprit de communauté. Qu’est-ce qui motive ces artistes à s’unir (ou pas) ? Coup de projecteur sur ces collaborations.



L'alchimie des voix et des intentions

Francesca Morello (RYF
RYF


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) a collaboré avec Moor Mother
Moor Mother


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sur le titre « Blue » présent sur son dernier album. « Je l’ai rencontrée il y a quelques années, se souvient Francesca. Nous partagions la scène du club Bronson à Ravenne (Italie). Nous sommes entrés en contact et quand j’ai enregistré « Deep Dark Blue », j’ai pensé que ce serait génial d’avoir sa voix sur le titre « Blue ». Sa contribution textuelle est parfaite et le résultat m'a littéralement époustouflé. Chaque fois que je l'écoute et que j'entends sa voix greffée sur la musique, je ne peux m'empêcher de sourire. »
Francesca ajoute que les collaborations ont toujours existé. Elle les considère comme une façon spontanée de faire de la musique avec un autre point de vue. C’est aussi un cadeau de la part d’amis ou de personnes avec qui elle est connectée.

Le morceau « Ablaze » de Pvrs
Pvrs


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est un feat avec Baldur d'Arkangel
Arkangel


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. « Cela s’est mis en place très simplement, explique Jean-Pierre Mottin. J’avais envie d’une voix criée sur « Ablaze ». J’adore la voix de Baldur. Je lui ai proposé le morceau, il a bien aimé et il a accepté de collaborer avec nous. Étant donné qu’on avait déjà composé le morceau, on est resté fidèle à notre vision, même si automatiquement la vision de l’artiste avec qui on décide de collaborer a un impact sur le résultat final. L’intention est purement artistique, même si bénéficier de la fan base d’un groupe comme Arkangel
Arkangel


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est un gros plus pour un groupe en développement comme Pvrs
Pvrs


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. »

Un autre intérêt du featuring soulevé par JP est le fait de se confronter à une autre vision. Un groupe passe parfois des mois enfermés dans un local sans avoir aucun recul. Le fait de partager une partie de son travail avec d’autres artistes apporte un nouveau souffle et quelque chose de différent.



Pour Romano Nervoso
Romano Nervoso


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(Giac Taylor), le feat s’est déroulé avec François (Shanker), son pote avec qui il collabore souvent, sur le titre « The Road less traveled ». Pour ce faire, Romano a dû s’adapter au style de Shanker et apprendre à rapper, en italien. « Le texte a été relativement facile à écrire, se souvient-il. Ça a été un peu plus dur à chanter. Je reste quand même fidèle à ce que je fais étant donné que ça parle de trucs macabres, de film d’horreur, de mort, etc. ça restait quand même à mon image. Si j’avais dû chanter de l’amour ou ce genre de trucs, peut-être que je ne l’aurais pas fait mais là, la musique et l’atmosphère m’intéressaient. Je me suis adapté mais ça reste fidèle à mes convictions mortuaires (rire). »
C’est une collaboration humaine et un essai pour voir si je savais rapper et chanter différemment. Un autre intérêt était de se mettre en danger.

Esteban a réalisé plusieurs feat dans ses différentes formations. Hispÿn
Hispÿn


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avec Déhà
Déhà


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sur le morceau « Empress Falling ». Un feat sur scène en Grèce de VaathV
VaathV


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avec le groupe Eirini. Esteban a aussi fait un feat vocal sur Candid Empire au Magasin 4, etc. L’intérêt pour Esteban est de partager et de mélanger les personnalités artistiques. « Maintenant, dit-il, ça peut aider à gagner en visibilité car tu vas aussi te rapprocher des fans de l'autre artiste. Mais ce n'est pas l'objectif, plutôt une conséquence. En général ça apporte une plus-value pour les artistes et aussi pour les fans. Genre en concert, quand tu as un feat exclusif, je trouve ça toujours excellent ! Je continuerai d'office de bosser avec Déhà
Déhà


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car on arrive à sortir des trucs incroyables ensemble. On a un groupe ensemble Hymn of Hoarfrost
Hymn of Hoarfrost


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. L’un n’empêche pas l’autre. »


Entre hommage et stratégie


Un featuring peut aussi avoir une dimension plus profonde. Daniele Rini explique que son projet Maysnow est ouvert aux collaborations externes depuis sa création en 2016. Dédié à Mimmo Angelini, un ami de Daniele décédé prématurément, Maysnow a accueilli dans plusieurs chansons de nombreux artistes qui ont connu Mimmo. Notamment Daniel Cavanagh (Anathema
Anathema


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) avec qui l’expérience était un peu plus qu’un featuring.
Daniele précise : « Avec Cavanagh, c'était légèrement différent. Nous parlons d’un musicien que nous n’hésitons pas à définir comme un génie et qui a laissé une marque indélébile dans notre expérience musicale. Dans « Another Chance », Daniel était plus qu’un featuring pour nous, on dirait un co-producteur, puisque nous avons écrit la chanson à quatre mains. Sur certaines choses, nous lui avons fait confiance et nous nous sommes laissés agréablement porter par ses intuitions. »
Quant à la diffusion des featuring sur Internet, Daniele pense que c’est à la fois une bénédiction et une malédiction. Une bénédiction car cela permet de toucher un nouveau public. Par exemple, grâce aux réseaux sociaux, il a vendu plusieurs disques aussi bien en Europe qu’aux États-Unis. « C'est aussi une malédiction, poursuit-il, car cela vous oblige à prendre soin de votre image d'une certaine manière et à être aussi un peu un personnage, donc l'intérêt se déplace de la proposition artistique au produit. »



Les Bruxellois de Smokebomb
Smokebomb


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ont eux fait un feat avec Jahred de (Hed) PE
(Hed) PE


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sur le morceau « 2gether » issu de leur dernier album. Un titre que le groupe joue en live en invitant d'autres chanteurs. Dernièrement, au Magasin 4, c’est Antho de Project: Ill
Project: Ill


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qui a a posé un couplet à la place de Jahred.
« Tant que les artistes mettront en avant le projet artistique et les relations humaines, explique Tan, les collaborations musicales auront toujours un sens. Spécialement dans nos scènes undergrounds. Les technologies d'enregistrement nous permettent de ne plus devoir se retrouver dans le même studio pour collaborer donc cela devient plus simple. Même s'il est plus chouette de pouvoir passer une journée ensemble à créer et enregistrer (rire). »
Tan me raconte une anecdote lors de la sortie de l’EP « The Smoke Of Bomb To Come » où figure le feat avec Jahred. Spotify a retiré l’album, après deux semaines, sans jamais donner d'explication. Tan a cependant une petite idée pour expliquer cette situation. Le feat ayant fait un grand nombre d'écoute, les ''listeners'' ont augmenté de façon exponentielle. « Spotify a sans doute cru que l'on trichait en payant des écoutes et nous a ''shadowban'', ajoute Tan. Cela a un peu plombé notre sortie et, après deux mois sans explications, nous avons dû remettre l’EP comme une nouvelle sortie. Depuis, nos écoutes plafonnent assez bas. »



Un souffle nouveau

D’autres musiciens n’ont pas (encore) fait de featuring et leur avis sur le sujet est aussi intéressant.
Damien Polfliet est en train de terminer le quatrième album de Tars
Tars


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et l’idée d’un featuring ne lui déplait pas. Selon lui, cela devrait se faire dans un processus artistique et avoir du sens. Il poursuit : « Pour l’instant je n’ai pas encore le titre sur lequel je verrais un featuring. Une collaboration artistique est toujours bénéfique, en termes de créativité, mais aussi de rencontre, que ce soit, avec d’autres artistes ou des gens du milieu, de la programmation et des concerts ou encore du management. » Damien a plusieurs idées d’artistes avec qui il aimerait travailler, dans un studio ou à distance. La technologie le permet mais, ajoute Damien, la rencontre humaine reste très importante dans ce genre de processus créatif.

Du côté de Lost In Between
Lost In Between


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, on n’a pas encore eu non plus l’occasion de réaliser un featuring. Ce n’est pas une décision volontaire, l’opportunité ne s’est simplement jamais présentée. « Si un projet de featuring devait se concrétiser, explique Amira, ce serait le fruit d’une vraie réflexion. On veillerait à ce qu’il soit en phase avec notre univers, autant sur le plan musical que sur celui des valeurs que l’on souhaite transmettre. On imagine un travail main dans la main, dans un esprit d’échange, de respect mutuel et d’ouverture. » Amira pense, qu’au-delà de l’ouverture à un nouveau public, une collaboration pourrait aussi enrichir la manière de composer du groupe. Elle donnerait peut-être l’occasion au groupe d’explorer d’autres approches, de sortir de sa zone de confort, tout en restant fidèle à sa ligne artistique. Ce serait, pour Amira, une belle occasion de donner un souffle nouveau à leur musique.

Chez Sawaro
Sawaro


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, la porte du featuring n’est pas fermée non plus mais il doit être juste, avoir du sens et être issu d'un partage créatif ou d'une rencontre intéressante dans le processus créatif. Dimitri Bardunov m’explique qu’il n'est pas dans la philosophie du groupe de faire un featuring pour suivre le mouvement ou par intérêt parce que tel ou tel artiste est plus connu et pourrait apporter quelque chose. « Sinon on en aurait déjà fait, dit-il. Faire un featuring pour cocher la case, ou pour la fame, ça n'aurait pas de sens, précise Dimitri. La collaboration doit être un plaisir, et non une stratégie de gain en célébrité. Si les choses se font naturellement sans chercher à provoquer l'évènement à tout prix, en restant intègre, avec notre propre identité, alors tout aura du sens et sera en phase. »

En conclusion, les featurings dessinent des ponts entre univers et sensibilités artistiques, qu’ils naissent d’un hasard de scène, d’un coup de cœur artistique ou d’une envie de sortir de sa zone de confort, Ils prouvent que la musique est avant tout une affaire d’échanges, de regards croisés et de vibrations communes. Dans un monde où tout va vite, ces collaborations prennent le temps de la rencontre. Et si, au fond, le featuring était la plus belle preuve que l’art se construit à plusieurs ?
Et vous qu’en pensez-vous ? Aimez-vous quand les artistes se mélangent ? Quand votre groupe préféré fait un feat avec un autre ?

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AUTEUR : Isabelle
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière ve...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en ju...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....

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