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Monter des barricades pour mieux résister...

Interview de Christain...

Jeudi 22 avril 2010

Les barricades ont pour but de freiner et résister aux passages de grandes troupes organisées. Chouette définition trouvée sur le net, qui correspond bien à l'asbl Barricade située dans le quartier de Pierreuse à Liège...
Rencontre avec Christian, un des collaborateurs de Barricade...

1)Salut Christian, tu fais partie de l'asbl Barricade, peux tu nous parler de ses objectifs ?

Notre Barricade est plurielle. S'y cottoient des amoureux du livre, des expérimentateurs socio-culturels de tous poils, des GACeurs, des Linuxiens, des cyclistes quotidiens, des conteurs, des théâtreux, des animateurs de radio, des musiciens, des plasticiens, des gauchistes, des anarchistes, des féministes...
Et s'il fallait définir l'objectif principal de l'asbl, je paraphraserais le philosophe Jacques Rancière en disant qu'il s'agit de participer à faire émerger « des formes d'organisation de la vie matérielle de la société qui échappent à la logique du profit; et l'existence de lieux de discussion des intérêts collectifs qui échappent au monopole du gouvernement savant ».

2) Quel est son historique ?

L'asbl est née en 1996. Elle a pleinement participé à l'émergence et au développement du mouvement altermondialiste à Liège. Barricade était d'ailleurs une des associations à l'origine de la Coordination « D'autres mondes », le forum social à la liégeoise, qui a rassemblé jusqu'à une centaine d'organisations associatives et syndicales.

En 2003, le propriétaire des locaux que nous louions rue Pierreuse a décidé de mettre en vente son bâtiment. Bien entendu, l'asbl n'avait pas du tout les moyens de l'acquérir et le risque était grand de voir disparaître l'asbl. De nombreux habitants du quartier se sont alors mobilisés pour créer une société coopérative à finalité sociale dont l'objectif serait d'acheter le bâtiment pour le mettre à la disposition de l'asbl. Depuis, cette coopérative, qui s'appelle « Les Tournières » (www.lestournieres.be) a pris pas mal d'ampleur : elle continue d'acquérir et de rénover des bâtiments ou terrains en vue de les mettre à la disposition de publics spécifiques, d'associations et de collectifs impliqués sur le terrain social, culturel, environnemental, de l’insertion professionnelle, du logement, de l'économie, de l'économie sociale et de l'éducation permanente..

Depuis 2005, notre asbl est reconnue par la communauté française comme organisation d'éducation permanente, ce qui a permis de stabiliser quelques emplois. L'éducation permanente, à ne pas confondre avec la formation professionnelle continue, vise à favoriser l'analyse critique de la société, la stimulation d'initiatives démocratiques et collectives, le développement de la citoyenneté active et l'exercice des droits sociaux, culturels, environnementaux et économiques dans une perspective d'émancipation individuelle et collective.

3) Vous vous présentez comme un foyer d'alternatives et de résistance aux idées dominantes, mais quelles sont justement
les idées dominantes sur lesquelles tu as le moins d'indulgence?

Nous sommes relativement allergiques à tous les systèmes de domination, qu'ils soient économiques, sexuels, ou socio-culturels. En particulier, le système capitaliste et le patriarcat ne sont pas du tout notre tasse de thé. Cela dit, nous ne passons pas notre temps à organiser des manifestations. Nous préférons nous consacrer à expérimenter d'autres manières de vivre, plus solidaires et démocratiques, plus lucides aussi.

4) Barricade est un lieu où l'on peut trouver pas mal de choses (formations, débats, livres), peux-tu nous en dire plus ?

Il y a tellement de choses différentes qui se déroulent à Barricade que c'est parfois difficile de les présenter de manière simple et structurée... Outre notre café-librairie qui propose à la vente des livres neufs et d'occasion, on peut trouver à Barricade un GAC (Groupe d'Achat Commun de produits alimentaires locaux, bio et de saison), un espace public numérique, une liberthèque, une revuethèque, des tables de conversation féministe en anglais, des ateliers Linux et logiciels libres, des conférences-débats, des soirées littéraires, des expositions, des spectacles. Nous publions également un mensuel, le Pavé dans la Mare.
La meilleure manière d'appréhender toute cette diversité, c'est probablement de venir l'expérimenter...

4bis) Quels sont vos objectifs pour cette année?

Je viens de mentionner le Pavé dans la mare. Jusqu'il y a peu, il s'agissait d'un simple -mais chouette- bulletin de liaison, qui nous permettait de rendre compte de la vitalité de notre centre culturel. Cette fonction de bulletin de liaison conserve tout son intérêt, mais progressivement nous tentons d'y amener du contenu rédactionnel, dans des numéros spéciaux thématiques. Le dernier en date (mars 2010) s'intitulait « Progressistes de tous pays, qui lave vos chaussettes ? ». Le prochain, à paraître en juin, aura pour thème : « Qui veut la peau des agriculteurs ? ». Pour en revenir à ta question, notre objectif est de poursuivre dans cette voie, et d'améliorer tant la forme que le fond de nos publications.

5)Lors de vos actions, et de tes observations sur le terrain quelles sont les urgences sur lesquelles il faut rapidement agir ?

L'urgence est une maladie de notre époque, très liée à l'économisme ambiant : la gestion à flux tendu, le « just-in-time » etc. Nous essayons de développer une autre rapport au temps, de prendre le temps de la réflexion et de l'action. À l'urgence, nous préférons la persévérance.

6)Que pourrais tu proposer aux lecteurs qui seraient intéresses par vos actions ?

De passer nous voir pendant les heures d'ouverture de notre café-librairie (lundi au samedi de 13h30 à 18h30) ou à l'occasion des activités organisées dans nos locaux. Il est possible de s'abonner à notre lettre d'information électronique, à notre mensuel, le Pavé dans la mare, ou encore de consulter l'agenda sur notre site web. Pour plus d'infos, rendez-vous sur http://www.barricade.be, ou contactez-nous directement : ou 04 222 06 22.

7) Parle nous de l'équipe qui compose Barricade ?

C'est une équipe mixte composée de salariés et de bénévoles. Les salariés s'occupent principalement de la gestion de l'asbl ainsi que de l'organisation et de l'animation des activités d'éducation permanente. Notre librairie « Entre-Temps », qui est un projet d'économie sociale à vocation non lucrative, ne pourrait s'en sortir sans l'aide d'un groupe motivé de bénévoles, qui s'implique de diverses manières : tenue des permanences, préparation et tenue de stands lors de nombreux évènements (une trentaine par an) organisés par nos partenaires associatifs et syndicaux. D'autres groupes tels que le GAC sont entièrement autogérés.

8)Comment pourrais tu définir pour ceux qui ne le connaissent pas le quartier de pierreuse, où vous vous trouvez..?

Ce quartier se situe juste à l'arrière du Palais de justice, mieux connu sous l'appellation de « Palais des Princes Évêques ». Il n'y a pas si longtemps, on pouvait encore voir une partie du quartier depuis la Place Saint Lambert. Mais depuis la construction des annexes du Palais, « la justice a mis Pierreuse à l'ombre », comme disent les habitants du quartier.
À la base, Pierreuse était un quartier très populaire de Liège, où vivaient principalement des mineurs. Il a connu récemment – à l'instar d'autres quartiers de Liège- un phénomène de gentrification et n'est plus tout à fait aussi « populaire » qu'avant. Cela dit, la vie associative et culturelle y reste particulièrement développée, grâce notamment au Comité de quartier, à La Casa Nicaragua, à la Maison des jeunes du Péri, à la Ferme de la vache (CPAS de Liège) et bien sûr à Barricade.

9)Quels seraient tes coups de gueule en ce début d'année 2010 ?

Nous sommes fort préoccupés par l'évolution actuelle des pratiques de la Sabam, qui semblent de plus en plus intrusives, pour ne pas dire abusives. À tort ou à raison, un nombre croissant de centres culturels alternatifs et de radios locales se sentent victimes d'un système qui reconnaît à peine leur existence et leurs droits. De plus en plus d'artistes se demandent à qui profite de système de gestion des droits d'auteurs en vigueur et se posent des questions sur l'intérêt de s'inscrire à la Sabam.

Nous sommes en train de lancer un groupe de réflexion et d'action avec la CLIC (la Centrale liégeoise d'informations culturelles - http://offoff.unblog.fr) sur ce thème : à qui profite le droit d'auteur ? Vous pouvez d'ores et déjà apporter vos témoignages, questionnements et propositions à Ludo de la CLIC au 0496.77.33.69 ou à l'adresse .offoff. Une première réunion, ouverte à toutes et tous, se tiendra à Barricade le mardi 6 juillet dès 19h. Nous communiquerons bientôt plus d'infos à ce sujet dans notre lettre d'information électronique, à laquelle il est possible de s'inscrire sur le site http://www.barricade.be

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