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La face cachée de Shoot Me Again 2.

Interview de Frederic Brichau.


Mercredi 9 juin 2010

Voilà la deuxième interview d'un des membres de Shoot Me Again. Frederic Brichau, surnommé La Machine, car il chronique, poste ou photographie à une vitesse à foutre des complexes au plus rapide des TGV.
Acharné de concerts et de musiques alternatives, il nous donne ici, ses impressions sur lui, la musique, et sur ce qui le sensibilise...

Place à lui...




1) Salut Fred tu es un des acteurs les plus actifs de Shoot Me Again, peux tu nous expliquer ta passion pour la musique et principalement pour la musique alternative ?

Ça n'est pas ce qu'on pourrait appeler un choix. C'est venu progressivement. Comme tout le monde, à mes débuts, j'écoutais les trucs qui se vendaient le plus, dont tout le monde parlait. J'ai donc commencé par m'intéresser musicalement à quelques courants plus durs parce que c'est ce qui sonnait le mieux pour moi. Au fur et à mesure mon oreille s'est adaptée ou affinée et j'ai ensuite été intéressé par des courants musicaux ou des groupes que je n'aimais pas particulièrement au départ ou que je découvrais.

J'ai commencé à écouter de la musique à une époque où internet n'était pas dans les chaumières et où la musique était finalement moins accessible surtout en terme de découverte. Le Cd allait bientôt pointer son nez chez les disquaires pour situer un peu le dinosaure que je suis. Donc ce qu'on faisait, c'était des K7 qu'on se filait entre potes. On se prêtait aussi les quelques magazines ou fanzines papiers qu'on se trouvait. On enregistrait Rock à Gogo pour se faire des compilations, et on achetait avec nos petits sous les disques vinyles que les potes n'avaient pas pour pouvoir à plusieurs avoir une bonne discographie. Puis on se retrouvait chez l'un ou chez l'autre pour s'écouter les disques.

Il y avait aussi une chanson, un air qui me trottait dans la tête un peu inconsciemment, enfoui quelque part dans mon cerveau. Une chanson que j'ai du entendre très jeune... très très jeune même qui a refait surface le jour où j'ai découvert ce que c'était... par hasard. Ce fût un déclic ! Iron Man de BLACK SABBATH
BLACK SABBATH


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.

Tout doucement, un peu comme une compétition saine entre nous, on était tout le temps à la recherche de découvertes. On multiplait les trajets jusqu'à Bruxelles, on passait notre journée chez les disquaires. Je suis allé à Londres aussi plusieurs fois, rien que pour dénicher certains disques à bons prix. La première fois, c'était un voyage scolaire et je suis revenu avec je ne sais combien de kilos de vinyles.

Habitant dans une petite ville, nous avions le discobus de la médiathèque qui passait chez nous. Nous y étions inscrits. C'était aussi une mine à l'époque. Un système qui souffrait évidemment beaucoup moins de la concurrence du net et qui pouvait se permettre justement d'aller plus dans le culturel en tout genre que d'investir dans le commercial pour tenter de survivre. J'étais tellement bon client que j'ai fini par y travailler plusieurs années comme collaborateur extérieur. Le pied, je pouvais écouter une tonne de disques gratuitement !

C'est donc comme ça que je suis tombé dans la marmitte de l'alternatif. Un besoin presque maladif de découvrir, d'aller de l'avant et de ne pas me contenter uniquement de ce qui passe à la radio. Et aujourd'hui du côté de la radio, on peut dire que la situation s'est en plus dégradée. Et vu que les meilleures découvertes se font dans l'alternatif... tu comprends pourquoi j'ai pris cette orientation. Je dis que les meilleures découvertes se font dans l'alternatif pour deux raisons. La première est par définition, si on peut dire. Dans le mainstream tout le monde connait (sauf moi, je me rends compte aujourd'hui), donc ce n'est plus une découverte. Ensuite parce qu'en règle générale, dans l'alternatif, pour le groupe, il y a moins de pression mercantile et de rentabilité. L'artiste est par conséquent plus libre dans son expression et ses choix.

A cela, tu ajoutes que je dois avoir fait mon premier concert vers l'âge de 14 ans. Comme à cet âge, c'est un peu plus difficile de se rendre dans les hauts lieux bruxellois... c'était dans ma petite ville avec des groupes du coin ! J'ai adoré et j'ai adoré l'ambiance... pourtant un peu tendue car une bande de nazis avait fait une descente à un concert Hard Core du patelain voisin le même jour et était attendu chez nous (ils ne viendront pas finalement). A cet âge, certains tombent dans la cigarette à l'époque, moi je tombais dans les concerts. Dès que je pouvais, j'allais à ceux-ci. Un plus tard, quand j'allais à Liège m'acheter des fringues, je voyais des affiches annonçant des groupes en concert que je découvrais justement. Ils jouaient dans une salle qui devenait mythique pour moi et où je rêvais d'aller dès que j'en aurais l'occasion : La Zone !




2) Comme je l'avais dit à Erik, un lecteur m'avait demandé qui on était, alors peux tu assouvir sa curiosité ?

Un mec assez banal, plutôt curieux qui n'hésite pas à aller de l'avant pour avoir ce qu'il veut. Quelqu'un qui attache plus d'importance aux actes, aux réflexions et à la cohérence qu'aux apparences.




3) Depuis que tu es dans l'alternatif, j'aurais voulu savoir ton avis sur cette scène ?

Je pense que c'est comme tout ce qui n'est pas figé dans le monde... ça évolue. La scène alternative s'est diversifié énormément et le terme a sans doute (sûrement même) évolué. Je ne ferais pas le réactionnaire qui dit qu'avant ou de son temps, c'était mieux. Je pense que toute évolution amène son lot de nouveautés, de changements positives ou négatives, d'avantages, d'inconvénients.
Je reste attaché au sens du terme, alternatif pour moi ça veut dire différemment. Je pense qu'on peut faire de la musique (et d'autres choses) de bien des manières différentes. Cela peut être dans la composition. Dans la façon de fonctionner. De gérer. De créer. De penser. De la vivre etc...

Ce que je n'aime pas, c'est quand le titre est galvaudé (ainsi que le terme underground). Quand un groupe "pas encore connu" utilise le terme alternatif pour se situer sur un marché mais n'a aucune démarche de ce type. Sa seul volonté est mercantile ou dictée par les règles standards du milieu et de son fonctionnement. Regarde, même MTV utilise dans ses récompenses, une catégorie alternative... Et qui voit-on nominé ? Des groupes à connotation rock (parce qu'avec un peu plus de guitares) émergeant mais faisant sa musique de manière tout à fait conventionnel et remplissant déjà des stades ou un forest national ou même des groupes comme Metallica ... Où est l'alternatif dans un tel schéma ?

Après, je pense que l'alternatif peut-être à différents niveaux. En apparence, la musique peut sembler plus conventionnelle ou populaire mais la démarche peut nous montrer une voie, une pensée, un raisonnement ou une façon de faire différente. Pour moi, ce n'est nullement une question de bruit, de décibels, d'agressivité du son ou ce genre de choses.

L'alternatif évolue d'ailleurs avec son temps aussi. C'est clair qu'en plus de 50 ans, beaucoup a déjà été fait ou dit. Il est plus difficile de sortir des sentiers battus. Que certaines idées peuvent entrer dans une forme d'institutionnalisation ou une acceptation voire une tradition ou une codification régie par des règles. Il ne faut pas nécessairement inclure que le (re)nouveau dans l'alternatif.



4) Tu es un insatiable chroniqueur, mais en plus de ça tu shootes tous les groupes que tu croises, peux tu nous parler de cette passion pour la photo ?

Cela a démarré du temps de l'argentique (punaise, je vais vraiment passer pour un dynosaure !!!). Après des années de concert, j'avais envie de montrer (mais j'avais pas encore vraiment les compétences pour) ce que j'allais voir. Une envie de partager et d'inciter les gens à venir. En fait que ce soit pour mon émission radio (arrêtée il y a peu), que ce soit par l'organisation de concerts ou ma participation à Shoot Me Again, c'est toujours le même moteur. Ça m'a permis aussi d'assister différemment aux concerts. De les vivre différemment. De renouveler ma participation.
C'était aussi l'occasion de garder un souvenir.
Maintenant le numérique gagne le marché et le prix se démocratise. C'est à la fois un peu agaçant parce que cela diminue l'impact sur ce que tu peux proposer (une concurrencce) ainsi que des répercutions économiques pour les professionnels (une concurrence déloyale) et un moteur parce que ça te pousse à essayer de te démarquer.
Aujourd'hui, ça m'est difficile d'accepter d'aller un concert sans mon appareil. C'est devenu les lunettes à travers lesquels je vis ce concert.




5) Quelles sont pour toi les difficultés d'un chroniqueur ?

De se contraindre à une certaine objectivité et de se donner le droit en même temps à une subjectivité.
Je pense aussi que l'ouverture d'esprit et la curiosité font souvent défaut chez certains chroniqueurs, qui ne veulent que ce qui les intéressent musicalement ou écrire que pour un registre musical bien fermé. Alors que justement c'est cette ouverture d'esprit, cette remise e, question qui permet de prendre du recul et d'acquérir de l'objectivité.



6) Quels sont tes souhaits par rapport à Shoot Me Again ?

Une longue vie ! Je pense qu'on a beaucoup donné, ça serait donc dommage de voir tout se travail s'effriter et disparaître. A la fois pour son contenu passé mais pour le futur.




7) J'aurais voullu savoir tes meilleures moments musicaux depuis que tu es sur SMA ?

Oufti !!! Ça, c'est corsé ! C'est comme me demander mes meilleurs albums... Je fonctionne à l'humeur et j'ai difficile, en fait je suis incapable, de faire des classements. Des anecdotes (voir question suivante donc), je peux en retrouver mais de là à parler des meilleurs moments... d'autant que spontanément j'aurais envie aussi de dire que ce sont ceux que je vais vivre dans le futur... Je ne m'arrête pas trop sur le passé.

Sinon, je dirais toutes les rencontres que j'ai faites, pourtant je ne suis pas quelqu'un qu'on pourrait qualifier de sociable (mais je me soigne). Depuis le temps, il est rare que je me retrouve dans une salle de concert où il n'y a pas une personne que je connaisse. Que ce soit près de chez moi ou en Flandre ou dans le fin fond d'une campagne !




8) En ayant trainer dans toutes ces salles obscures, tu as sûrement des anecdotes à nous raconter ?

Il y a la fois où, lors d'un festival j'ai failli me retrouver au commissariat parce que je tentais de prendre en photo, la sécurité aidée de la police qui vidait le site de manière peu cavalière.

Les nombreuses fois où j'étais bien saoûl et que j'ai quand même réussi à prendre des photos, alors que j'avais pourtant du mal à ne pas me prendre les pieds...

Dernièrement, j'ai reçu une pichenette bien involontaire d'un chanteur expérimenté pendant que je prenais une photo. Ce qui lui a fait louper une phrase de son texte. Les risques du métier (rires)

Ou encore participer au Circle Pit, appareil photo à la main...


9) J'adore terminer mes itw avec cette question... Quel est ton coup de gueule actuel ?

Il y en aurait tout plein évidemment. Mais je pense que celui du moment et qui me poursuit depuis longtemps, concerne l'affluence aux concerts. J'encourage tout le monde à continuer de faire des découvertes, de profiter d'internet qui aide beaucoup dans ce domaine, mais je voudrais tellement que ça s'accompagne d'un mouvement, d'un déplacement vers les salles de concert (elles ne sont même plus enfûmées d'ailleurs). Nous sommes un tout petit pays (et j'espère qu'il ne va pas encore se réduire), il est aisé de se déplacer aux quatres coins pour y voire de nombreux concerts qui plus est ! Alors, emmenez vos copains si vous n'avez pas envie d'y aller seul(e), mais rendez-vous aussi aux différents concerts qui se passent près de chez, plus loin en fonction de vos envies. C'est bien plus intéressant que de rester dans le café du quartier, ou d'acheter un bac pour le boire sur le parking d'un supermarché ! C'est aux concerts qu'on fait les meilleures découvertes et en bonus, il y a des rencontres dans le monde réel à la clé.

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