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Un cauchemar devenu réalité

Ce matin je me suis réveillé en sueur. J’ai fait un cauchemar ! C’était horrible, laissez moi vous raconter.


Vendredi 29 octobre 2010

7h00. Mon réveil me sort de mon sommeil, au chaud sous ma couette. C’est la radio qui me tire du lit. D’habitude, je mets la sonnerie stridente et stressante. Allez savoir pourquoi, hier soir j’ai du me tromper dans les boutons et c’est la voix de Jacques Depierpont que j’entends en ouvrant les yeux. Il annonce le prochain titre en donnant l’heure : Raining Blood de SLAYER
SLAYER


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. C’est bien agréable de démarrer la journée de cette façon, cela met de l’entrain.

J’allume la télé et regarde la rediffusion du journal télévisé d’hier soir que j’ai comme à chaque fois loupé. On nous parle du braquage dont THE OCEAN
THE OCEAN


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a été victime en Espagne par un faux douanier. Rien au niveau de la politique belge aujourd’hui… ça change ! Ah si ! Elio Di Rupo doit rencontrer Bart De Wever pour discuter du refinancement de la recherche scientifique contre les maladies orphelines. Ils ont l’air de bien s’entendre. Ça fait bizarre.



Je vais prendre ma douche. D’habitude, je mets un bon cd, mais là, intrigué, j’allume la radio. Bien oui, j’ai un poste dans ma salle de bain ! Il y a une interview d’ULTRAPHALLUS
ULTRAPHALLUS


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sur Pure Fm pour vanter le volume 17 des compilations Massacrés Belges. Après ça, ils nous passent ADOLINA
ADOLINA


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. J’essaie Radio Contact, puis Nostalgie. Sur Nostalgie c’est Ace Of Spades de MOTORHEAD
MOTORHEAD


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. Sur Contact, ils semblent avoir fait leur spécialité avec les groupes Punk parce qu’après THE EXPLOITED
THE EXPLOITED


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, on a eu droit à GBH
GBH


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et les BERURIER NOIR
BERURIER NOIR


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.

Il faudra que je pense à acheter le journal en partant travailler parce qu’il me semble que quelque chose ne tourne pas rond.

Je débranche ma voiture de l’éolienne plantée au fond de mon jardin. Comme 97% de la population, je me préoccupe de l’écologie. Je croise mon voisin. Je le salue et comme il a un sac avec lui, je lui demande s’il va au tennis. Parce que mon voisin est un pensionné actif. Il me répond étonné qu’il va à son cours de guitare comme chaque semaine. Aujourd’hui, ils doivent apprendre les tablatures de Spiral Shadow de KYLESA
KYLESA


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. Interloqué, je monte dans la voiture et me mets en route pour Namur.

Je m’arrête comme promis pour acheter le journal. Je prends le premier venu, dans les grandes lignes, ils traitent tous des mêmes sujets. Il y a un dossier sur l’insécurité lors des tournées des groupes. Un article qui fait écho à la mésaventure de THE OCEAN
THE OCEAN


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, et à grands renforts de témoignages, on nous dénombre les vans vandalisés et les instruments volés.

Je croise plein de vieilles Pontiacs, de vieilles américaines, quelques courageux qui se déplacent en vélos customisés, 3 chauffeurs à la coupe iroquoise bigarrée, 4 bananes de 15 centimètres et une dizaine de chevelus ainsi que quelques personnes de la gente féminine au look Pin-ups ou en cuir plutôt gothique. Et il y a encore ce gosse mal élevé qui me lève un doigt à l’arrière d’une voiture en me dépassant.

À l’entrée de Namur, il y a des bouchons. Je mets la radio pour comprendre ce qu’il se passe. Une manifestation a débuté. Pas de chance pour moi, elle passe sur mon trajet et elle me met en retard. J’arrive enfin à proximité du boulot. Je me trouve une place pour me garer et je croise la manifestation. Un bon millier de red skins déambule contre le racisme. Quelques dizaines de contre-manifestants en cols et cravates sont également présents. La police fait tampon. Elle est sans doute là pour que la manifestation ne dégénère pas. D’ailleurs, ils ont l’air en pourparler avec les deux clans. En y regardant de plus près, je me rends compte que la discussion avec les hommes en bleu possède des airs bon enfant. Carrément oui ! La police distribue du café aux manifestants.

Mais qu’est-ce qui se passe ici ????

Je salue mes collègues et je me rappelle que l’une d’entre elles allait à Forest National hier pour un concert. Poli et avec un semblant d’intérêt, je lui demande comment ça s’est passé. « C’était génial » « Le son était puissant et le show d’AMEN RA
AMEN RA


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était incroyable » « Cela faisait trois mois que le concert était complet ». Notre discussion est coupée par un cri… suivi de rires. Ma responsable a failli éborgner une autre de mes collègues avec ses bracelets cloutés à la Kerry King. L’autre les trouve trop jolis et veut les mêmes. Elle lui demande où elle les a achetés.

Je me dis qu’il faut que je me change les idées et je tape sur l’ordinateur http://www.lazone.be pour me dégoter un concert ce soir. La Zone annonce pour tantôt, dans ses entrailles CALI et un concours de Slam. Pas la poésie, mais bien le jeter dans le public dont, à en croire le texte écrit sur le site, CALI en est le digne inventeur.



Ça en est de trop ! Je me connecte à Shoot Me Again en me disant qu’enfin je vais retrouver un monde normal. Je commence par le forum, je devrais retrouver la réalité. Il y a des petits jeunes habitués du café Le Smile, qui s’énervent parce qu’ils en ont marre de se retrouver dans un café où ils ne peuvent que boire des bières. Ils veulent des concerts avec leurs groupes fétiches. Ils râlent parce qu’au Smile, on y passe continuellement FRANK SHINOBI
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, LE COUP DU PARAPLUIE
LE COUP DU PARAPLUIE


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, THE LAST ROW
THE LAST ROW


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et RAMON ZARATE
RAMON ZARATE


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.

Un autre topic annonce les dates du Carlo Lévi. Une discussion autour de la programmation est amorcée. D’un côté, les organisateurs ne comprennent pas les gens, leur manque de curiosité face à une programmation différente. De l’autre, quelques-uns ne semblent pas connaître les artistes programmés : JOHNNY HALLIDAY, LARA FABIAN, MADONNA, U2, CALOGERO et consorts.



Il y a aussi cet autre topic où on veut défendre la qualité artistique face à la fréquentation. On y pense que les seuls artistes dignes de ce nom sont ceux qui s’inscrivent dans un circuit bien précis. En gros qu’il n’y a pas d’intérêt dans ce que font des groupes comme CELESTE
CELESTE


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, MILLIONS OF THEM
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, KINGTERROR
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, BATTLE OF WOLF 359
BATTLE OF WOLF 359
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… qui remplissent aisément les grosses salles du royaume. Qu’on ne devrait porter de l’attention qu’aux artistes qui ont une fréquentation restreinte comme PET SHOP BOYS, ELTON JOHN, CHRISTOPHE MAE, KATY PERRY ou M POKORA.

Dans une autre discussion, l’initiateur, lui ne semble que jurer par les étiquettes pour faire sa sélection qualitative. Amateur de musique aux sonorités légères, il ne voudrait entendre parler que d’artistes comme BEYONCE, ZAZIE ou LADY GAGA.

Je commence à avoir chaud et quelques perles de sueur froide ruissellent le long de mon dos. Je vais voir ce que mes petits collaborateurs ont apporté de neuf sur Shoot Me Again.

Pat est allé interviewer la responsable de H&M pour un article sur la mode. Elle nous explique que ça serait bien plus simple si tout le monde s’habillait pareil. Que le but de H&M, c’est de créer un code vestimentaire quasi unique et bon marché pour balayer les différences.

Erik est enthousiasmé par la grossesse de CELINE DION et il nous tient au courant presque jour pour jour avant la naissance des jumeaux. On le sent fébrile d’impatience d’aller photographier les rejetons de la Québécoise.

Nono a posté la chronique du nouvel album de STROMAE. Il encense cette facilité à reproduire continuellement la même recette dans ses compositions. Il glorifie même le copier-coller rudimentaire qui construit ce qui devrait être des hits selon lui.



Bon Satan !!! Mon sang est glacé. Shoot Me Again ne s’intéresserait-il plus aux cultures et musiques alternatives ? C’est alors, avec effroi, que je comprends. Je me suis réveillé dans un monde parallèle. Ce qui pour moi était alternatif est devenu populaire, la norme. Et inversement. Toutes les musiques et cultures qui n’avaient quasiment pas de droit de citer se retrouvent propulsées à la une et les autres dans l’underground.


Tûût Tûût Tûût Tûût

C’est là que je me réveille pour du bon. Cette fois, c’est bien l’alarme de mon réveil, comme j’aime l’entendre, qui retentit. Empli d’angoisses, je m’interroge sur ce monde terrifiant où l’intérêt est porté en fonction de la norme. Où la qualité est attribuée en fonction de la norme. Où les étiquettes ont plus d’importance que le contenu. Où la norme s’oppose à l’anormal pour justifier le bien et le mal, le beau et le laid.

Merde, en y regardant de plus près, je me rends compte que c’est aussi celui dans lequel je vis !
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