Chronique

JELLO BIAFRA WITH THE MELVINS
Never Breathe What You Can't See

Samedi 27 novembre 2004

C'est avec une certaine fébrilité que j'ai attendu cet album. D'abord, parce qu'un album des Melvins reste un événement et ce malgré une déjà très longue carrière et discographie, car ils parviennent toujours à surprendre. Ensuite parce que la précédente et récente collaboration des Melvins, avec Lustmord, ne m'a pas séduite. J'avais besoin d'une autre dose. Enfin parce que cette nouvelle collaboration se fait avec un personnage incontournable de la scène punk, également grand artiste : Jello Biafra, ancien chanteur des Dead Kennedys et grand manitou du label Alternative Tentacles.

Pour cette occasion, les malfrats ici présents se sont rebaptisés de manière assez ironique : Osama McDonald, Jon Benet Milosevic, George W McVeigh et Saddam Disney. Et ils ont bénéficié de la complicité de Adam Jones, guitariste de Tool, pour la moitié de l'album également.

L'album démarre très fort, en trombes, de manière percuttante et bien évidemment, la voix inimitable de Jello Biafra fait mouche immédiatement. C'est donc très punk (ça vous étonne ?). On pense aux Dead Kennedys mais aussi à Lard (Jello Biafra et Mr Ministry) sans le coté indus, pour le coté massif de cet album. Tous les titres (textes et musiques) sont signés Jello Biafra avec ou sans Buzz Osborne. C'est donc pas pour rien !

"Islamic Bomb", avec sa rythmique angoissante et crescendo, nous parle de menaces terroristes, d'attentats islamistes, d'armes de destruction massive, de bombes atomiques. En nous plongeant dans un sentiment d'insécurité, ce morceau, avec beaucoup d'ironie, nous explique comment la politique a pu nous manipuler, créant soi-même ce sentiment d'insécurité mais tout en déplaçant l'auteur. Le communisme d'abord et maintenant, au tour de l'orient.

Tout l'album est trempé dans ce bain de l'engagement politique et de l'esprit critique. Si une bonne connaissance de l'anglais sera nécessaire, une mise à jour de l'actualité et de la politique américaine est également indispensable pour saisir la pertinence des propos.

Cela parle de présidence, de guerre, de pétrol, de complot, d'espionnage, de terrorisme religieux (et pas nécessairement celui qu'on croit)... bref de tout ce qui a un rapport au pouvoir.

L'album est vraiment très bien : agressif, corrosif, engagé, direct mais pas simpliste. Il friserait presque la perfection si "The Lighter Side Of Global Terrorism" et "Caped Crusader" qui sont des très bons titres en soit, n'apportaient pas un soupçon de lassitude par leur manque d'idées nouvelles par rapport au reste de l'album.

Fort heureusement, "Enchanted Thoughfist" redonne un coup de fouet et "Dawn Of THe Locusts" termine l'album en apothéose avec le titre le plus inspiré par le style des Melvins.

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