Le quatorze juillet 2015, à la maison des jeunes «Ginsert» de Genk, Wreck and Reference
Wreck and Reference
venait défendre sur scène (devant vingt-cinq personnes, j'ai compté), dans le cadre d'une très courte tournée européenne, son album Want, considéré par beaucoup comme l'un des meilleurs de l'année 2014.
Alors que sort Indifferent Rivers Romance End, troisième LP du duo californien, il est grand temps de se pencher sur l'un des groupes qui, depuis 2012, réussit à faire obliquer les marqueurs d'un univers musical qui nous est si cher. Wreck and Reference
Wreck and Reference
, c'est Ignat Frege aux drums et Felix Skinner aux chants et à la sampler machine. Point de guitares. Et tout est dit!
Depuis No Youth en 2012, le groupe a régulièrement et étonnement transcendé les codes du rock et du métal, remplaçant guitares et basses par des samples variés (de l'IDM au drone-metal en passant par la noise); de façon tellement brillante que beaucoup estimèrent que Want était le premier album du metal de demain...
Avec Indifferent Rivers Romance End, l'on comprend rapidement que l'évolution reste l'ambition première d'un groupe en perpétuel questionnement métaphysique. Évoluer, certes, mais dans quelle direction?
Ça démarre plutôt bien avec Powders, sombre dialogue sans réponse chanté puis hurlé par Skinner, tenu par la batterie «médiatrice» de Frege. Mais l'on comprend rapidement que, nonobstant la qualité des samples et la cohérence du propos musical, l'envolée tant attendue n'aura pas lieu. L'emportement sonore s'arrête aux vocaux. Et ainsi s'enchaînent les titres, entre une voix claire rappelant celle de Morrissey ou de Robert Smith et une rythmique s'exprimant sur le terrain de jeu de l'electro-pop (Modern Asylum, The Clearing, Liver) et non plus sur celui du post-metal, Indifferent Rivers Romance End siffle trop souvent sur les rythmes acidulés d'une musique facile et sans relief.
Et même si quelques perles laissaient présager une nouvelle tranchée dans la direction «new-post-metal» (Manifestos, Bullwhips), l'ensemble tend, inexorablement, vers un autre univers musical à défricher; celui de la pop tinté d'IDM.
Un album paradoxal: techniquement brillant, intelligent à souhait, qui permet toutes les interprétations, tous les fantasmes quant aux changements à venir, mais qui ne comble les manques que bien rarement. Une déception pour tous ceux qui avaient entendu le messie avec Want.
Mais tout de même, vingt-cinq personnes...
Tags : Electro-pop, IDM, noise
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