Les anciens racontent souvent l'histoire de cet homme qui, pour son petit-déjeuner, dégustait lentement une énorme glace parfum chocolat puis, tandis que la froide substance onctueuse cherchait à l'intérieur de ses joues à vivre un savoureux moment encore, attrapait une pleine poignée de chips aux piments pour l'enfourner aussitôt dans sa bouche toujours froide. L'homme n'en mourut pas. On dit même qu'il recommença parce qu'il aimait ça ! Cette légende incroyable et sans morale, sponsorisée par Ben & Jerry et Lay's, semble avoir parcouru rapidement tous les continents pour sévir récemment en Océanie. Les australiens de Plyers
Plyers
, spécialisés en boucans en tous genres, sortent un premier album, Clear, dont les cinq titres donnent une explication de texte musicologique de l'histoire de cet homme aux improbables goûts culinaires matinaux.
Ça commence avec Microwave, qui étire, neuf minutes durant, un électro-drone progressif et élégant qui convoque quelques cordes de guitares et des percussions éparses pour épaissir le long tapis sonore imitant le didgeridoo, si cher aux aborigènes. Le climax est atteint autour des sept minutes et l'on s'attend, tout naturellement, à une « descente », à une évaporation des effluves sonores vers la résolution d'un silence final. Mais... Mais que nenni ! Restent quatre-vingts secondes. Quatre-vingts malheureuses secondes avant la fin du titre... Et là, la surprise du chef : un coup de cymbale et Plyers
Plyers
dégurgite subitement un brûlot post-punk / post-hardcore, sauvage croisement entre Circle Jerks
époque Canada Songs. Une rythmique tantôt sèche, tantôt chaotique ; des vocaux tantôt criés, tantôt hurlés ; quarante années de rébellion musicale résumées en quatre-vingts secondes d'urgence. Et tandis que l'on se demande encore pourquoi on a fait la connerie de boire une grande lampée de coke light alors que traînaient encore trois ou quatre pastilles Mentos dans notre bouche, c'est déjà Healing qui enchaîne. Titre post-métal qui n'est pas sans rappeler les expériences sonores de Wreck And Reference
Wreck And Reference
; c'est noisy, grésillant, syncopé... deux minutes durant. Puis ça gratte jusqu'à la fin du titre façon intro de The Rain Song de Led Zep. Healing ou l'imprévisibilité renversée.
Cette fois, c'est certain, on ne se fera plus avoir. Dernier titre, Highpoint, et son intro électro-noise. Climax, loops sur la crête... cymbale et hop ! deux minutes d'un post-hardcore d'excellente tenue. Mais cette fois, on s'y attendait. La surprise prévisible...