Chronique

MINISTRY
AmeriKKKant

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Nuclear Blast

9 pistes
Sorti le 09-03-2018


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Jeudi 28 juin 2018

Cinq ans, c'est long. On ne l'attendait plus ce nouvel album de Ministry
Ministry


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. Il faut dire que ce n'est pas la première fois que le groupe fait patienter les fans de la sorte. Il avait aussi fallu attendre une demi décennie pour Relapse, le peu convaincant successeur de The Last Sucker. Et que, considérant l'état de délabrement physique qu'a pu connaitre celui qu'on appelle amicalement Uncle Al, c'est déjà un miracle qu'il tienne encore debout à presque 60 piges. Mais le bonhomme a des ressources insoupçonnées et, après s'être remis du décès de son ami et acolyte guitariste Mike Scaccia, il s'est remis au boulot pour sortir AmeriKKKant sur Nuclear Blast en mars dernier.



AmeriKKKant, donc. Tout un programme. Déjà plus prometteur que celui de son prédécesseur From Beer to Eternity et ses airs de blague potache. Quand on met côte à côte la discographie de Ministry et la liste des présidents américains en fonction sur la même période de temps, on se rend rapidement compte que les meilleurs albums du groupe correspondent à l'ère Bush. Puis qu'il y a comme un coup de mou pendant la présidence d'Obama. Et puis, Trump. Et AmeriKKKant et ce facepalm de la Statue de la Liberté sur fond d'apocalypse. Coïncidence ? Non, évidemment.

« We will make America great again. » C'est sur cette phrase que s'ouvre l'album. Tout en douceur. Violions et distorsions. Et c'est parti pour 48 minutes de Trump-bashing. En commençant par « Twilight Zone », un morceau de pur indus long de 8 minutes bourré de samples de discours de Trump. Ce n'est heureusement pas le seul sujet de l'album, même si le reste n'est pas plus réjouissant : extrême droite (« Antifa »), fake news, guerres (« Wargasm »), ... Un portrait de l'Amérique actuelle avec tout ce que ce que ça sous-entend de déprimant. Mais on aurait tort de s'en tenir au discours : AmeriKKKant, c'est surtout le retour des samples et des basses qui font le son si particulier de Ministry. Au diable les structures popisantes, les mélodies électro et les refrains entêtants des albums précédents ! Des riffs aussi hargneux que répétitifs, des cris rauques, un rythme endiablé soutenu par une basse épileptique – il y a là tout ce qu'il faut dans un album de Ministry. « TV 5-4 Chan » en est l'exemple parfait : un interlude de 49 secondes de délire indus. Pour le reste, on ne peut pas dire qu'un morceau en particulier tire son épingle du jeu. L'ensemble est assez homogène et on peut regretter qu'il répète une recette éprouvée. Pourtant, on ne boude pas son plaisir à l'écoute de l’album.

Ceci étant, ça reste difficile de juger de la qualité d'un album de Ministry tant c'est atypique. C’est un bordel sans nom, mais c’est justement ce qui fait sa spécificité. Ça ne s'écoute pas pour se détendre. Ça ne se met pas sur une playlist de soirée pour l'ambiance. Ça pousse à rouler comme un sauvage en bagnole. Ça fait à la limite office de fix d'adrénaline quand le besoin s'en fait ressentir. Mais on ne peut pas dire que ça soit agréable à écouter au sens commun du terme. AmeriKKKant n'est sans doute pas le meilleur album de Ministry, mais il comblera les fans et a le mérite d'exister pour ce qu'il est : la preuve qu'Al Jourgensen, l'Alien, est toujours vivant et qu'il y a encore sur cette planète des artistes qui refusent de se conformer à quoi que ce soit. Ministry est de retour – merci, Uncle Al. Et s'est trouvé une nouvelle cible de choix – merci, Donald.



Tags : Ministry, Nuclear Blast, Industrial,
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