Chronique

BRIQUEVILLE
Quelle

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Pelagic Records

8 pistes - 58'14
Sorti le 02-10-2020


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Samedi 21 novembre 2020

Avec une régularité métronomique, B R I Q U E V I L L E
B R I Q U E V I L L E


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a fait paraître son troisième album début octobre, sur le label allemand Pelagic Records .

Première surprise : l'opus comporte un titre cette fois, Quelle, qui ne livre cependant guère d'indications sur le contenu et pose finalement plus de questions qu'il n'apporte d'éléments de réponse. Quant à la photo illustrant la pochette, elle est tout aussi énigmatique.

Seconde surprise : le tracklisting est composé de huit pistes, tandis que leurs deux premiers efforts discographiques n'en comportaient respectivement que quatre et trois. Seule la numérotation de VIII à  XV de ces huit Aktes laisse à penser que le quintet de Temse reprend les choses là  où il les a laissées sur son précédent opus.

La corne de brume qui retentit en ouverture de l'Akte VIII surprend - et ce n'est rien de le dire ! - d'autant que l'avertissement se prolonge durant de longues minutes et ne disparaît qu'à l'issue d'une phrase introductive ponctuée d'une ligne de basse et de ce qui s'apparente au son d'une cornemuse. B R I Q U E V I L L E
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lance alors les hostilités et annonce la couleur : la cinquantaine de minutes à venir s'égrènera sous le sceau du lourd, du massif et du sombre. Rien de surprenant de la part d'une formation qui est connue pour développer depuis ses débuts un doom metal quasi-exclusivement instrumental. Et, pourtant, on sent déjà que le groupe a évolué, notamment dans la manière de traiter son sujet : un côté droit-au-but qu'on ne lui connaissait pas, une production plus claire, un son plus limpide également.

L'Akte IX agit comme la pièce complémentaire d'un mouvement en deux temps et enfonce le clou : ni le temps ni l'humeur ne sont au beau fixe, ce que nous confirment encore quelques sonorités bluesy étonnantes mais particulièrement bienvenues, qui renvoient à l'univers tourmenté d'un David Lynch.

Puis vient l'Akte X et ses presque quinze minutes. La pièce consistante de l'album se déploie en trois phases qui voient le collectif mettre en sons l'aridité, l'âpreté, la rudesse, au travers d'une scène sonore d'une profondeur de champ rare. Entre bruitages cinématiques, méditation ambient tissée de motifs jazz-prog et guitares acérées, le quart d'heure s'écoule sans qu'on ne s'en rende compte et on arrive au bout du périple avec la certitude qu'il faudra renouveler l'expérience plusieurs fois pour l'apprécier pleinement.
En attendant, B R I Q U E V I L L E
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livre ici sa composition la plus ambitieuse à ce jour, probablement la plus aboutie aussi.

L'Akte XI surprend, avec sa mélopée orientaliste suspendue à un rythme chaloupé qui évoque bien plus un paysage de steppe balayé par les vents que le Houtland noyé sous la pluie. Pas de doute, le combo Flamand a décidé d'ouvrir sa palette artistique et de fouiller au-delà de la ligne d'horizon dessinée par ses deux précédents opus.

Pour la petite histoire, la calamité qui se répand depuis fin 2019 a surpris le groupe en plein enregistrement de Quelle, contraignant les musiciens à poursuivre le travail individuellement, chacun de son côté. Un mal pour un bien en l'occurrence, puisque, de leur aveu même, cette isolation forcée les a en fait conduits à affiner leurs compositions et à explorer des pistes qu'ils n'avaient pas envisagées initialement. Il y a donc au moins un groupe pour lequel cette pandémie n'aura pas été un désastre total.



Jusqu'alors, les compositions de B R I Q U E V I L L E
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tournaient toujours aux alentours de la dizaine de minutes. Avec l'Akte XII le groupe accroche à son répertoire un titre qui n'excède pas les cinq minutes et dont la structure évoque furieusement le bon vieux format binaire couplet-refrain. Peut-on parler de single pour autant ? Oui et non. Cet Akte XII a, certes, un côté catchy assumé, avec cet accord arpégé particulièrement entêtant et ce refrain rouleau compresseur ; mais il ne fait pas pour autant tache dans la discographie du groupe, loin de là. Dans le contexte de l'album, il est un ressort bienvenu après deux pistes plus aventureuses. Au fil des écoutes, il s'avère surtout être un petit brûlot à l'efficacité redoutable, qui risque d'endommager sévèrement les cervicales lorsque le temps des concerts sera revenu.

Les trois Aktes suivant font la part belle aux ambiances oppressantes teintées de psychédélisme et voient ainsi le collectif replonger dans l'esthétique développée sur ses deux précédents albums, avec toutefois cette acuité, cette volonté d'imprimer les tympans instantanément, ce souci de faire mouche, comme si en adoptant un format plus court le quintet avait également redéfini son essentiel. Quête de l'épure ou volonté de toucher un auditoire plus large ? Chacun-e décidera.

Celles et ceux qui ne jurent que par le premier album éponyme de 2014 et son doom hiératique, décliné en quatre mouvements interdépendants, seront probablement désarçonné-e-s par ce Quelle et ses compositions plus directes - plus accrocheuses diront certain-e-s. Que l'on soit séduit ou non par ce nouvel effort, on saluera au moins le pari artistique pris par le groupe et le risque assumé de dérouter les fans de la première heure. Car même s'il reste maître dans l'art de sculpter des chapes sonores imparables, B R I Q U E V I L L E
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n'hésite plus à nuancer son propos et à faire des incursions dans des styles musicaux peu portés sur les sons saturés, se jouant et s'affranchissant ainsi des normes en vigueur et des schémas éprouvés. De ce point de vue, Quelle est assurément le témoignage d'artistes en totale liberté, déterminés à mener leurs créations là il leur semble bon devoir les mener.

Ce qui impressionne, surtout, c'est cette capacité à entretenir des atmosphères chargées de mystère, cette habileté à esquisser des paysages sonores qui se font et se défont en filigrane d'une brume toujours tenace, et ce sans forcer le trait ni tomber dans la redite. À mille lieux du tout-monolithique et des poncifs d'un genre très codifié, B R I Q U E V I L L E
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façonne un univers singulier, à la puissance évocatrice affirmée. Et si le noir demeure la teinte dominante, c'est davantage le clair-obscur que les ténèbres que la formation semble entretenir désormais.

Avec ce Quelle audacieux, le quintet Flamand a plus que jamais toutes les raisons d'écrire son nom en capitales - et avec un espace entre chaque lettre s'il-vous-plaît ! Un coup de maître qu'on a hâte de découvrir en live !
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AUTEUR : Olivier
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le me...
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le metal, le post-rock et le jazz. Il fréquente assidûment les salles de concerts de France et de Belgique, mais il n'hésite pas à passer les frontières et à tailler la route pour assister aux presta...
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le metal, le post-rock et le jazz. Il fréquente assidûment les salles de concerts de France et de Belgique, mais il n'hésite pas à passer les frontières et à tailler la route pour assister aux prestations de ses artistes favoris. Il a rejoint l'équipe en novembre 2020....
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le metal, le post-rock et le jazz. Il fréquente assidûment les salles de concerts de France et de Belgique, mais il n'hésite pas à passer les frontières et à tailler la route pour assister aux prestations de ses artistes favoris. Il a rejoint l'équipe en novembre 2020....
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le metal, le post-rock et le jazz. Il fréquente assidûment les salles de concerts de France et de Belgique, mais il n'hésite pas à passer les frontières et à tailler la route pour assister aux prestations de ses artistes favoris. Il a rejoint l'équipe en novembre 2020....

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