Chronique

KERMESZ À L'EST
Octophilia

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Autoproduction

9 titres
Sorti le 28-04-2023


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Lundi 1 mai 2023

Groupe atypique par excellence, qu’il foule une scène, une rue pavée, une péniche ou une pelouse en décomposition juste après le passage de la kermoszyclette, KermesZ à l’Est
KermesZ à l’Est


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ne cesse de marquer les esprits en Belgique et au-delà. Lorsque ses huit musiciens déploient leur panoplie d’instruments (cuivres, bois, cordes, percussions…) et leur attirail visuel aussi improbable que monstrueusement saillant, se niche une véritable boulimie créative et sonore en toile de fond. Ce besoin incontrôlé se nourrit de la musique klezmer et balkanique de leurs débuts (2008), gonflée progressivement au gré des rencontres et de l’apport de nouveaux membres aux backgrounds diversifiés.

Aujourd’hui, cette bande taillée pour la scène débarque avec Octophilia, son second long format tout frais sorti du studio KOKO Records et mixé par Thibaut Schouters. Les neufs titres segmentés sortis en autoproduction sous forme de CD digipack sont disponibles via le groupe (ou le Bandcamp). Depuis RDS-202 il y a trois ans en passant par Junkz (collaboration avec La Jungle
La Jungle


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) sorti au début de cette année, en dehors de ses prestations tous terrains, KermesZ à l’Est
KermesZ à l’Est


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a expérimenté comme jamais pour faire glisser dans sa musique de nouveaux éléments. Il y a bien sûr l’énergie punk et l’ivresse balkanique qu’on lui connaît, mais aussi le baroque et le math-rock, le metal et le free-jazz, l’Afrique et le reggae, le manouche et le ska, la transe et l’électro. On vous passe même la touche funky présente sur Trilock Part II Strong car le plus fort se trouve dans un ensemble savamment orchestré.

De quelque bord que vous soyez, approchez, n’ayez crainte. Passablement agitée, l’entrée d’Azerian Dub – Pt 1 s’avance progressivement vers un reggae dub « from out of space » révélant son côté enchanteur. Si ce n’est que la menace rode un pas plus loin et qu’on finit écrasé dans un état extatique, alors que la deuxième partie nous plonge dans une épopée qui convoque le diable, les dieux du métal et des beats obscurs. L’atmosphère typiquement sautillant de Kakoschizm fait parler la bête, prête à bondir sur sa proie, qui nous emporte vers un final digne des meilleurs cartoons crust-punk.



Ici l’Azerbaïdjan, là-bas la Grèce et la Roumanie, KermesZ est bien à l’Est mais compose, détourne et arrange librement. Véloce dans ses enchaînements. Son neuvième membre, Octto (présenté sur la pochette), crie-t-il au loup? Alors vient la Prophecy. Désenchantée, l’entrée sonne comme une merveille en prélude d’une renaissance hallucinante sur les cendres de l’apocalypse post-industrielle. Et que dire de Lullysion, adaptation d'une pièce baroque classique de Jean-Baptiste Lully, d'abord travaillée pour interagir dans une pièce de Molière, dont le texte écrit et gravement déclamé par Olivier Chaltin (un filon non exploité jusque-là) nous invite à faire parler les méduses multicolores présentes dans nos têtes. La fête peut commencer!

Aussi survitaminé que maîtrisé de long en large, Octophilia s’impose par son écriture et sa composition hors du commun pour atteindre une complexité détonante et une cohésion qui nous prouvent que la rencontre de styles marqués, parfois aux antipodes, peut se retrouver sublimée en une identité forte repoussant les frontières au mépris des conventions. Surveillez ce qui se trame près de chez vous, ces gars-là ne pédalent pas dans la choucroute, ils n’arrêtent pas de grimper !
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