Interview

ULTRAPHALLUS

Nous sommes arrivés en studio avec 4 morceaux exactement et après à partir des grandes lignes, nous avons essayé de développer


Vendredi 21 janvier 2011



ULTRAPHALLUS
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affiche 6 années au compteur, commençons par faire un bilan de votre parcours.


P : L’évolution se fait petit à petit, et en même temps, c’est très stable. C’est-à-dire que chaque chose évolue de manière régulière, à savoir un album tous les deux ans plus ou moins. Malgré des changements au niveau du line up, c’est beaucoup plus cohérent maintenant, plus affiné comme l’album. Le groupe est plus à l’aise maintenant. C’est un constat vraiment intéressant de se rendre compte qu’après trois albums, nous sommes solides. Je pense que c’est le principal de l’évolution du groupe de pouvoir constater cette stabilité. Même si c’est toujours un peu dans l’autoproduction, dans la débrouille, nous nous sentons soutenus, en plus par un label anglais qui va nous permettre de jouer quelques dates là-bas. C’est vraiment très positif. Et surtout nous commençons à nous rendre compte que nous avons sorti un très bon album. Nous sommes tous très contents.



Riot Season est un label anglais. Quelles sont les conséquences quand on signe sur un label anglais ?

X : Pour le moment, je n’y vois que du positif. Cette signature se fait à une échelle humaine. Je ne sais pas si derrière Riot Season il y a une personne ou une équipe, je pense qu’il est tout seul parce que ça se gère par un rapport direct. Moi je ne savais pas ce que c’était, sortir un disque sur un label, directement on voit un truc très officiel, mais non, c’était juste de la discussion avec un deal hyper clair. Pour le moment, je ne vois absolument aucun obstacle, aucune contre-partie contraignante d’avoir trouvé un label.



Le fait que le label soit anglais pour un groupe belge, qu’est-ce que ça a comme implications ?

X : Déjà comme vient de le dire Phil, on a l’opportunité de jouer quelques dates là-bas, avec HEY COLOSSUS
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, qui est du même label. Pour le reste, je ne sais pas trop ce que ça change si ce n’est peut-être au niveau de la couverture médiatique. Le label a déjà sorti quelques gros trucs comme ACID MOTHER TEMPLE ou TODD
TODD
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, donc ça doit aider à ce que l’album soit écouter, à faire savoir qu’il existe. En autoproduction, à la limite, il y avait des gens de notre entourage lointain qui apprenaient seulement après un an, que nous avions sorti un disque. Être sur un label, ça donne un peu plus de visibilité.



Sowberry Hagan, votre nouvel album est annoncé comme un tournant dans la carrière du groupe, je suppose qu’il s’agit plus qu’une phrase promotionnelle et que cela va au-delà de la simple signature sur un label…

P : En effet, le fait qu’on soit sur un label ne change pas grand chose sur le fond. Déjà au moment où nous avons enregistré, le tournant était amorcé. Nous avons voulu changé d’ingé son, on s’est un peu cassé la gueule à ce niveau là. Il a fallu revoir nos méthodes et on s’est quand même retrouvé avec la même personne au mixage, Rhoo (THE EXPERIMENTAL TROPIC BLUES BAND
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), mais nous avons vraiment forcé les choses pour avoir une totale liberté sur la composition et sur ce qu’on voulait entendre sur l’album. Nous sommes arrivés en studio avec quatre morceaux exactement et après à partir des grandes lignes, nous avons essayé de développer. C’était un processus très naturel qui va très bien à ULTRAPHALLUS
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. Pouvoir se lâcher complètement et être dans une liberté musicale et créatrice essentielle.





C’est un peu votre côté expérimentation d’arriver avec quatre titres finis et les grandes lignes…

P : En fait c’est pas vraiment expérimental parce que les idées sont déjà « écrites », après on essaie des choses, mais ce n’est pas totalement expérimental dans le sens de voir ce qui ressort de ce qu’on essaie. Il y a quand même une cohérence sonore et autour du disque.

X : Ça serait de l’expérimentation, si on avait fait ça de manière réfléchie et consciente. J’ai plus l’impression que nous sommes entrés en studio en étant ouverts à ce qui pouvait se présenter. Du coup, il n’y a pas eu de souci de cohérence. C’était plus on va essayer quelque chose et peut-être que nous étions plus en confiance à ce niveau là. L’album est ce qu’il est, moi, j’ai plus eu l’impression de le découvrir lorsqu’il a été fini. Du début à la fin, il forme un tout que je trouve cohérent alors qu’à la base, c’était peut-être ce qui me faisait le plus peur.

P : Peut-être là où nous avons fait de l’expérimentation par rapport aux autres albums, c’est que sur ces derniers nous avions sept ou huit morceaux où tout était vraiment établi, tandis que pour celui-ci, nous ne savions pas comment cela allait se terminer. Nous avions les grandes idées, nous avons dû élaguer pas mal, il reste encore des idées sur le côté. Mais au final, nous avons essayé de recentrer les choses pour qu’elles forment un tout. Nous avons eu beaucoup de temps aussi, ce qui nous a permis de peaufiner, de faire ressortir les idées principales.





Cela veut-il dire que les personnes du studio ont bénéficié d’une totale liberté pour vous présenter le résultat fini ?

X : Si on rentre dans ces détails là, en fait la personne en studio avec nous, pour lui c’était un essai. C’était la première fois qu’il se retrouvait en studio pour enregistrer. Donc ce n’est pas une question qu’on lui laissait de la liberté… On le savait dès le départ, il savait que ça ne serait pas facile pour lui, on le savait aussi, c’est ce qui explique aussi le laps de temps assez long et comme Phil le disait tout à l’heure, c’est ce qui explique aussi qu’il y eut certains remaniements.



Sur votre album, il y a la participation d’Eugène Robinson (OXBOW
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). Comment s’est passé cette participation ?


P : Très naturellement. On savait déjà à la base qu’il collabore beaucoup. Nous avons eu l’occasion de le croiser quelques fois, dont moi tout seul, une fois à Londres. Après nous avons communiqué par mails et là nous nous sommes rendus compte que nous allions jouer à Dour ensemble avant la tournée OXBOW
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HARVEY MILK
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, et je lui ai proposé comme ça de venir chanter sur un morceau. Je lui avais filé un disque et de fil en aiguille ça s’est mis en place. Nous avons choisi Eugène parce que nous voulions un invité de marque. Au niveau logistique par contre ça a été un peu compliqué à première vue. Tout d’abord parce qu’il est un peu évasif dans ses mails. Ensuite parce qu’il fallait, soit qu’il fasse un enregistrement chez lui, avec un micro pourri sans trop savoir au niveau son vers quoi nous allions, soit qu’on lui envoie une piste avec le morceau tel quel… Puis après, on s’est rendu compte que nous avions une date au Magasin 4 ensemble. Nous avons organisé un mini studio au Magasin 4 et il a fait sa prise en un quart d’heure, il m’avait juste demandé d’apporter ce qu’il avait préparé et envoyé avant. Il a fait ça comme un maître. Je lui ai envoyé le disque il n’y a pas longtemps et il est relativement content du résultat.



C’était la première fois que vous collaboriez avec un invité ?

P : Connu comme Eugène oui. Sinon sur chaque album, il y a un ami qu’on a invité. Notamment Vincent Stefanutti (K-BRANDING
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) a joué sur The Clever et joue aussi sur Sowberry Hagan aussi. La prochaine fois, on lui demandera peut-être de faire de la flûte.





Suite aux changements du line up, est-ce que la manière de travailler, de composer a évoluée ?

P : Je dirais qu’on procède de la même manière, mais les choses ont changé naturellement. Je pense déjà que nous sommes devenus meilleurs. Les idées s’affinent. Nous allons beaucoup plus à l’essentiel, maintenant nous faisons plus spontanément ce que nous avons envie de faire.



J’ai cru comprendre en lisant quelques articles et interviews d’ULTRAPHALLUS
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que vous n’étiez pas entièrement d’accord avec la comparaison ou la filiation avec THE MELVINS
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qu’on vous prêtait parfois. Alors, en 2011 comment définissez vous le son du groupe ?


X : Il n’y a pas de démarche consciente d’être ou non catégorisable. Tout dépend aussi à qui on parle. Si je parle avec quelqu’un qui partage des goûts, je peux lui donner quelques pistes avec des noms de groupes qu’on adore et évidemment on adore THE MELVINS
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, mais sincèrement je ne trouve plus de quoi faire la comparaison. Pour le reste, si j’en parle par exemple à mes collègues, je dirais qu’on fait du Rock et vu qu’ils ont une image différente du Rock que moi, j’insiste sur le fait que c’est très bruyant. Pas dans le sens chaotique, qui joue fort, mais bruyant parce qu’on adore le bruit dans le groupe et que le bruit est essentiel dans quasi tous les morceaux. Il y a des couches, des enregistrements, des sons… le bruit est une dimension importante pour ULTRAPHALLUS
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.

P : Il faut se rendre compte aussi qu’il y a énormément d’influences différentes et autres que de la musique dans ULTRAPHALLUS
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. Il y a beaucoup de choses qui nous inspirent. Quand tu commences, tu essaies toujours de définir le groupe, genre « on ferait bien un truc à la NEUROSIS
NEUROSIS


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, THE MELVINS
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, bien lourd », et puis après ça devient naturel. On fait ce qu’on fait. Il est possible que sur le prochain album, on fasse des ballades à notre façon.





On commençait l’interview par un bilan, terminons la avec les prochains objectifs d’ULTRAPHALLUS
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.


P : Ils sont relativement simples. Nous espérons faire des festivals, présenter l’album, tourner autant que possible en tenant compte que nous avons tous des projets musicaux respectifs et des vies différentes, un nouvel album l’année prochaine, voire fin de cette année-ci en fonction de comment nous avançons…

X : En fait, nous aimerions bien faire à la HUSKER DU, sortir trois albums sur deux ans et maintenir cette cadence.

P : C’est vrai qu’on aimerait bien pouvoir créer et créer, mais ce n’est pas toujours facile au niveau du temps. Mais je trouve qu’on s’en sort relativement bien. Il y a quand même un rythme qui s’est installé et on n’a jamais ressenti un énorme temps mort depuis la création du groupe. Il y a toujours un mois où on ne fait rien, souvent la période des fêtes où on se voit moins. En tout cas, les premières reviews de l’album sont assez bonnes, même très positives. On espère que ça va continuer dans ce sens là. J’espère aussi continuer à faire de bons concerts.
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