Interview

CONTROL (BE)

Mercredi 8 juin 2011

1) Salut Olivier, toi et ton groupe vous êtes les dignes ambassadeurs en Belgique de Joy Division, comment vous vous êtes décidé à monter ce groupe ?

Chacun de nous est venu à la musique de Joy Division par une voie différente et à une période différente: certains sont des fans depuis leur jeunes années, avec New Order notamment, d'autres l'ont découvert plus récemment. C'est Romain, notre bassiste (et leader vénéré) qui a eu cette idée de "cover band" il y a bientôt deux ans. Il a lancé une annonce sur le web ou a demandé à certains de ses amis, sans deviner qu'ils accrocheraient de cette manière au projet. Pour ma part, lorsque j'ai lu l'annonce, j'ai foncé! Venir d'Arlon pour répéter à Liège chaque semaine ne me faisait pas peur.

2)Qu'est-ce qui vous plait dans Joy Division ? Qu'a-t-il de plus qu'un autre groupe ?

Ce qui nous plait c'est cette atmosphère indescriptible que l'on ressent lorsqu'on écoute JD. Aucune autre musique ne ressemble à celle-là. Bien sûr, on aime d'autres groupes, d'aujourd'hui ou de l'époque, mais JD, ça reste une atmosphère particulière. Il y a évidemment le son, les paroles, l'esprit, ce mélange de punk et de coldwave... Mais ça reste difficile à définir. On ressent quelque chose de particulier, une rage, une profondeur, au crépuscule de quelque chose.

3)Quelles sont pour toi les difficultés en tant que coverband ?

Choper "l'esprit" JD. On s'en fait tous une idée, bien entendu. Mais on essaye de creuser cette voie-là, on se documente, on est décidé à aller périodiquement à Manchester... Mais cet "esprit" se définit aussi à force de jouer ensemble. Mais le plus gros piège serait de tomber dans la caricature non plus. On ne veut pas faire un groupe d'imitation. Enfin, il y a aussi la difficulté de trouver des scènes parce que certains lieux ne prennent pas de "cover band" par principe, ou préfèrent des reprises de groupes ou chanteurs plus "courants".

4)Qu'avez vous pensé du film "Control" de Anton Corbijn ?

On l'a revu ensemble récemment, avant de jouer, lors d'une soirée spéciale à Arlon, en présence de Nathalie Curtis, la fille du chanteur. Ca nous a un peu cassés avant de monter sur scène. On voit ce type emprisonné, bourreau de ses proches et de lui-même mais en même temps si seul... On s'est rendu compte combien ce film était plombé par ça. Mais le film invite aussi à l'empathie pour Curtis, tout en ne donnant raison à personne, et certainement pas à lui. C'est d'ailleurs impossible. On a été également impressionné par le décor de ces années-là; ça devait être très dur de s'en sortir mentalement.

5)Jouer et donner la même intensité que Ian Curtis ça doit pas être facile ? Qui a cette lourde de tâche dans le groupe ?

C'est Nico, et je t'assure qu' il nous fait peur des fois! :-) On est bien conscient qu'effectivement ce n'est pas facile. Mais ce projet est envisagé comme une exploration: on ne sait pas ce que ça va donner au bout. On avance ensemble, avec rigueur, dans cette recherche d'intensité, on essaye d'en délimiter les contours, puis de l'investir avec ce que nous sommes, sinon, ça fait "caricature". Il y a de toute façon ces 30 années qui nous séparent de la fin de JD. Nous sommes donc condamnés à essayer d'atteindre cette intensité avec cette distance - "touching from a distance", comme le livre de Deborah Curtis. Je dirais qu'on l'envisage un peu comme de la musique classique: si tu joues une oeuvre classique, c'est parce qu'elle permet d'accéder à quelque chose, ce qui y a mis le compositeur, ce que tu en reçois, l'idée que tu t'en fais. Notre démarche est d'être fidèles au son et aux arrangements de JD pour reprendre ce chemin, un peu comme l'orchestre suit une partition annotée par le compositeur. Au bout, il y aura, on l'espère, le gouffre de cette énergie unique de JD.

6) Peux tu me présenter les autres membres, avec leurs influences ?

Il y a Nico, le chanteur. Musicalement, il vient plutôt du grunge même si on le surprend parfois à piquer ma guitare pour jouer du Flamenco ou du blues. puis il y a Pat, le claviériste et patriarche. Il a vu pas mal de groupes New wave ou Coldwave mais a roulé sa bosse dans quelques groupes métal. On le soupçonne aussi d'avoir joué dans Front 242 (rire). Marco est notre batteur et ami de longue date de Nico. Il a aussi écouté pas mal de grunge mais est aussi ouvert à l'électro. Enfin, Romain, notre bassiste, plutôt versé dans le rock rétro ou la soul. Pour ma part, je dois avouer que j'ai toujours été fan des Beatles et de Joy Division (depuis plus de 20 ans). Je suis également grand adepte de la scène britpop et shoegaze des année 90, en gros de tout (ou presque) ce qui vient d'outre-manche, et plus on approche de Manchester, mieux c'est ! ;o)

7) Quels sont vos projets à court terme ?

On arrive pour l'instant à jouer une fois par mois et dans de chouettes endroits, la plupart du temps. On aimerait trouver quelques dates sur Bruxelles et en Flandre également. Ce projet doit encore murir et la route à découvrir devant nous est encore longue... et c'est tant mieux !

8)Quel est votre sentiment de jouer avant The Business ?

Ca nous fait plaisir de jouer avant un groupe anglais. On a été un peu surpris quand on nous a proposé ça.

9)Pour ce concert, changerez vous votre façon de faire ?

Je ne crois pas qu'on va changer le style en fonction de ce concert. Comme chaque fois, on verra comment l'énergie prend, en fonction de la réactivité du public. Ca peut être très différent selon les personnes présentes: selon les soirs, on a déjà senti un recueillement attentif tout comme des chants façon stade de foot. A voir donc...

10)On arrive à la fin de cette interview, alors quand peut on vous voir prochainement ??

On sera le 18 juin au Dark Cats à Mons, puis le 12 août au Donkey Rock Festival de Sélange. Ce n'est pas tout près pour les Liégeois! La première date à Liège sera au concert avec The Business

The Business