Interview

CONVERGE

Jeudi 29 novembre 2012

Comment vas-tu ?

Jacob Bannon : Je vais bien. Je suis en train de me réveiller là. On est un peu en hibernation quand on est en tournée. Notre journée ne commence que maintenant à peu près (Ndlr : il est 17h30). Après le soundcheck, on essaie de se réveiller. Notre journée est retournée. Les matinées deviennent des soirées quand tu tournes beaucoup. Mais on va bien.


Converge
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existe depuis une vingtaine d'années. As-tu remarqué des différences dans la scène d'alors et de maintenant ?


J.B. : Pour être honnête, je ne prête pas tant d'attention que ça à la communauté en général en musique. Je suis plutôt introverti. Je me focalise juste sur ce qu'on fait dans le groupe et cherche à progresser, à évoluer en tant qu'artiste et dans le groupe, à m'améliorer. Une chose qui est différente de beaucoup d'autres groupes qui existent aujourd'hui, je pense, est notre histoire. On était des mômes quand on a commencé. J'avais treize-quatorze ans quand j'ai commencé à écrire pour ce groupe. On ne savait pas se servir de nos instruments, on n'avait aucune idée de ce qu'on faisait. On aimait juste écouter du punk rock, metal et hardcore et on voulait y contribuer d'une certaine façon. Les choses étaient très simples. Avec le temps, les choses ont plus pris vie et on a évolué et fait les choses différemment. Et c'est tout ce qui m'intéresse. La communauté va toujours changer. Les groupes qui sont populaires ou les modes qui vont et viennent. On agit et on existe indépendamment de ces choses. Ce flux continu dans la communauté de la musique ne nous affecte pas vraiment. On n'est pas influencés par ça. La scène n'est pas si différente. C'est simplement un public avec qui on essaie de communiquer. Je suis sûr que beaucoup de choses ont changé, et qu'il y a d'autres sortes de groupes qui sont devenus populaires, mais on ne s'y intéresse vraiment pas.



© John Gallardo


Tu étais très jeune quand tu as commencé. Est-ce que tu penses que tu seras un jour trop vieux pour jouer de la musique agressive ?

J.B. : Oh oui, c'est sûr ! Il y a un moment où je ne nous vois plus être en colère et ayant envie de créer de la musique abrasive et agressive. Mais je pense que la musique doit évoluer avec nous. Une fois que la musique diffère de ta vie, alors tu sais que tu ne joues pas de façon honnête. Tu joues quelque chose de déguisé. Tu joues juste un rôle. Notre musique est très réelle et nos morceaux sont très personnels. Donc si on voulait commencer à aller dans une direction et évoluer jusqu'au point où on se sentirait juste vieux et déconnectés, on ne serait plus un groupe. Je ne voudrais jamais jouer de musique qui ne soit pas véritable. Je pense que l'une des forces de notre approche en tant que groupe a toujours été qu'on joue de la musique honnête et personnelle. Donc si on ne sentait plus ça, si on ne ressentait plus cet éventail d'émotions en vieillissant, on arrêterait.
Pour moi personnellement, je pense que mon corps me lâchera avant mon envie de faire de la musique agressive. Parce que physiquement, c'est très dur de faire ce qu'on fait. Ça exige beaucoup de voyager et de t'immerger dans ce genre d'environnement en permanence. Tu es toujours blessé d'une certaine façon. Il y a toujours quelque chose qui se passe et dix ou vingt ans de blessures persistantes du fait de jouer de la musique... C'est beaucoup, tu sais. Beaucoup de groupes qui ont fait ça brièvement et ont arrêté parce qu'ils ne le supportaient pas. Donc je pense que c'est ça qui va nous ralentir avant quoi que ce soit d'autre. Ça et les responsabilités de notre vie hors de la musique. Parce qu'on a tous des choses qu'on fait en dehors du groupe aussi.


Le line-up est resté le même depuis douze ans. Quel est votre secret ?

J.B. : Je ne sais pas. Je pense que le respect mutuel en est un. Un bon sens de l'humour est aussi un élément clé, ne pas se prendre trop au sérieux. On est comme une famille. On se respecte et on s'aime tous, un peu comme des frères s'aiment et s'inquiètent des autres. On ne passe pas tout notre temps ensemble en dehors du groupe. On respecte nos frontières mutuelles. Je pense que c'est vraiment important. Quand on crée et écrit de la musique, on respecte les forces que chacun amène à la table. Par exemple, Kurt est un compositeur et guitariste génial et il a beaucoup d'idées mais il a fort besoin de mise en forme et Nate est très bon pour ça. Donc il fait un boulot fantastique quand on se réunit en suggérant des nouvelles directions avec les idées qui sont sur la table. Les gars me laissent seul en général pour développer mes idées pour les visuels et les paroles. Et Ben est un batteur génial qui apporte une tonne de talent et qui parfois change la direction d'un morceau. Comprendre où sont les forces et ne pas se marcher sur les pieds. On a beaucoup d'attentes vis-à-vis des autres et on est toujours satisfaits. Je pense que c'est plusieurs éléments clés qui sont la raison qu'on est comme ça depuis longtemps. Il y a aussi une certaine vision. On sait ce qu'on veut. On veut créer un groupe dans lequel on est bien, et qu'on voudrait voir en tant que fans de musique. C'est juste ce qu'on fait. Heureusement, on a bon goût pour ça en général.


Les quatre membres ont également des projets parallèles...

J.B. : Ouais, on a tous beaucoup de projets parallèles et de choses qui vont dans d'autres directions artistiques. Parce qu'on est tous indépendants. On apporte chacun une large variété d'influences à la table dans notre groupe.
Nate a Doomriders
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par exemple. C'est l'un de ses groupes importants en dehors de ceci, c'est plus orienté rock avec un peu d'influences Thin Lizzy
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là-dedans. Ils ont vraiment développé leur propre truc après deux albums. Il a aussi Old Man Gloom
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qui est le projet de certains de nos amis. C'est un peu plus expérimental.
Kurt est tout le temps en train d'enregistrer et produire d'autres groupes. Mais il trouve également le temps de jouer avec beaucoup d'amis chez lui. Il a enregistré quelques trucs mais ne les a pas sortis. Mais il a fait quelques trucs intéressants.
En dehors du groupe, Ben fait toujours de la batterie, dans All Pigs Must Die
All Pigs Must Die


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, Acid Tiger
Acid Tiger
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, ... Il a joué dans Cave In
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pendant un petit moment aussi.
Et j'enregistre beaucoup de choses tout seul chez moi.
On aime juste faire ce genre de choses. On a tous des personnalités différentes et différentes directions qu'on veut explorer. Mais ça n'altère en rien ce qu'on fait en groupe, ça n'enlève rien à notre groupe. Si ça change quelque chose, je pense que ça amplifie ce qu'on fait parce qu'on est toujours en train de faire de la musique de notre côté, donc une fois qu'on se réunit, on est de meilleurs musiciens et on trouve plus d'idées une fois qu'on est ensemble. On s'améliore en permanence. Une fois qu'on est ensemble, on est meilleurs.



© John Gallardo


Tu es également graphiste et as ton label. Est-ce difficile de trouver la balance pour tout ça ?

J.B. : C'est plutôt difficile je suppose, mais c'est devenu une seconde nature pour moi maintenant tant je le fais. J'aime être occupé. J'aime participer à des choses productives, aider d'autres artistes à être entendus et simplement être quelqu'un de créatif. Tout est lié. Si je bloque sur quelque chose dans un projet, je passe juste à quelque chose d'autre sur quoi je travaille. C'est super, il y a beaucoup de voies que je peux explorer. Mais ouais, c'est beaucoup de boulot. Je travaille beaucoup chez moi. La plupart du temps, j'ai douze à quatorze heures par jour de travail constant, soit à travailler à Deathwish , soit à courir à gauche à droite pour d'autres choses, avec le groupe ou autres. J'ai juste de la chance d'avoir toutes ces opportunités, de pouvoir faire ce que j'aime. Même si c'est difficile, j'aime chaque seconde passée à faire ça.


Qu'espérais-tu quand tu as fondé Deathwish ?

J.B. : Je n'espérais pas vraiment grand-chose. Je n'y pensais pas de cette façon. J'aime juste participer à des choses productives et positives. À l'époque, beaucoup de groupes avec qui on était amis avaient du mal avec les labels avec qui ils travaillaient. Une vieille garde se faisait un peu sortir du monde des labels. Des labels hardcore faisaient signer des contrats de trente pages pour sortir un album à des gamins de dix-huit ans. Ça n'avait pas de sens pour nous. On voulait créer une alternative, une genre de monde différent dans lequel on puisse avoir des accords simples avec des groupes simples et juste aider des artistes créatifs. C'était ça, c'était le seul but et c'est toujours ce qu'on fait.
Je pense qu'on a sorti presque cent cinquante albums à ce jour. Et on a aussi acquis deux autres labels en grandissant. Donc on a quelques centaines de titres qu'on fabrique et distribue. C'est génial. C'est une superbe maison pour beaucoup d'artistes punk rock et hardcore qui sont, selon moi, parmi les plus importants dans le monde.


Tu as ton propre label mais vous travaillez toujours avec Epitaph. Comment ça se fait ? Qu'est-ce qu'ils vous apportent ?

J.B. : Eh bien, quand j'ai commencé Deathwish , je ne voulais pas que Deathwish soit le label de Converge
Converge


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, un peu comme notre ami Aaron qui possède et gère Hydra Head qui ne voulait pas que Isis
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soit totalement associé à Hydra Head. Il voulait pouvoir se lancer dans d'autres choses. Je pense que c'est vraiment important. D'autres groupes, comme Touché Amoré
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par exemple, ou n'importe quel autre groupe avec qui on travaille, avec Deathwish , on est responsables d'eux et vis-à-vis d'eux. Et je ne voudrais jamais faire passer mon groupe en premier. Je pense que ça créerait un conflit d'intérêts et un drôle d'environnement où on mettrait d'autres artistes en retrait au lieu d'en faire la publicité. Donc Epitaph s'occupent de ces responsabilités pour nous. Deathwish a tout de même des affiliations avec Converge
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pour certaines choses, mais on ne fait pas tout nous-mêmes. Je pense que c'est important. Parce que sinon, on serait juste le label de Converge
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et ça ne serait pas juste par rapport aux autres groupes.



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Est-ce toi qui choisis les groupes que vous signez sur votre label ?

J.B. : C'est un processus démocratique. Parfois, c'est moi qui amène un groupe, d'autres fois c'est Tre, qui s'occupe de Deathwish avec moi, qui amène un groupe ou un projet. Tant qu'on voit tous les deux quelque chose de positif dans les groupes et qu'on est tous les deux d'accord, on y va. Bien sûr, il y a des projets qui sont plus les siens et d'autres qui sont plus les miens. C'est comme ça. On a des goûts différents et des motivations différentes en tant que fans de groupes. Mais on est toujours d'accord sur tout ce qu'on signe.


Y a-t-il des groupes que tu écoutes pour le moment, que tu conseillerais ?

J.B. : J'aime bien notre catalogue. Il est toujours en train de se développer. Je pense qu'il est très varié.
On vient de sortir un album d'un jeune groupe appelé Code Orange Kids
Code Orange Kids


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qui sont très intéressants je pense. Ils me rappellent le genre d'esprit et d'âme que notre groupe a et a toujours eu, ayant une sorte de dévouement au travail intense dans le groupe. Ils sont déjà un groupe comme ça. C'est quelque chose de rare. On ne voit pas des groupes comme ça si souvent qui sont jeunes et veulent juste s'immerger dans la musique, faire des tournées, jouer et créer de la musique et faire ça sans relâche et progresser constamment. Beaucoup de groupes font juste quelques tournées puis sont épuisés. Ou ils font un ou deux albums puis ils réalisent que ce n'est pas pour eux pour quelque raison que ce soit et ils arrêtent purement et simplement. Mais ces gars sont vraiment un groupe comme nous. C'est quelque chose qu'on ne voit pas souvent.
J'aime beaucoup Oathbreaker
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de Belgique. C'est un groupe génial pour qui on a sorti un album. On en sortira un autre à un moment donné l'année prochaine.
Heu, voyons voir... Touché Amoré
Touché Amoré


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sont géniaux. Ils mènent le nouveau chapitre du hardcore émotionnel mélodique qui est apparu depuis les six ou sept dernières années.
J'ai juste de la chance de pouvoir travailler avec ces groupes.


As-tu autre chose à dire ?

J.B. : Non, c'est à peu près tout. Merci à vous pour le temps que vous nous consacrez et merci de vous intéresser à ce qu'on fait. On apprécie ça à sa juste valeur.


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AUTEUR : Elodie
Liégeoise immigrée dans la capitale, Elodie a rejoint l'équipe en 2012 et s'est rapidement imposée comme une rédactrice compulsive en alimentant ...
Liégeoise immigrée dans la capitale, Elodie a rejoint l'équipe en 2012 et s'est rapidement imposée comme une rédactrice compulsive en alimentant abondamment la section 'News' tout au long de la journée. Plus intéressée par la musique sombre que par la pop-punk, elle réalise également des interviews d'artistes dans la confidence, au déto...
Liégeoise immigrée dans la capitale, Elodie a rejoint l'équipe en 2012 et s'est rapidement imposée comme une rédactrice compulsive en alimentant abondamment la section 'News' tout au long de la journée. Plus intéressée par la musique sombre que par la pop-punk, elle réalise également des interviews d'artistes dans la confidence, au détour d'un backstage ou d'un coin de bar. ...
Liégeoise immigrée dans la capitale, Elodie a rejoint l'équipe en 2012 et s'est rapidement imposée comme une rédactrice compulsive en alimentant abondamment la section 'News' tout au long de la journée. Plus intéressée par la musique sombre que par la pop-punk, elle réalise également des interviews d'artistes dans la confidence, au détour d'un backstage ou d'un coin de bar. ...
Liégeoise immigrée dans la capitale, Elodie a rejoint l'équipe en 2012 et s'est rapidement imposée comme une rédactrice compulsive en alimentant abondamment la section 'News' tout au long de la journée. Plus intéressée par la musique sombre que par la pop-punk, elle réalise également des interviews d'artistes dans la confidence, au détour d'un backstage ou d'un coin de bar. ...

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