Interview

JOE SATRIANI

Vendredi 7 juin 2013


©Rudy De Doncker

SMA : Quelles sont tes impressions par rapport à cette tournée mondiale et plus spécialement après tes deux derniers concerts donnés à Paris et à Bruxelles ?

Joe Satriani
Joe Satriani


Clique pour voir la fiche du groupe
:
Cette tournée a très bien commencé au mois de mai en Turquie à Istanbul et cela ne cesse d’aller de mieux en mieux. Notre équipe est en quelque sorte assez nouvelle puisque Marco (ndlr : Marco Minnemann à la batterie) et Bryan (ndlr : Bryan Beller à la basse) nous ont rejoint Mike (ndlr : Mike Keneally – guitare et claviers) et moi. Chaque concert est une sorte de révélation sur notre manière de fonctionner en tant que groupe et de ce que l’on peut faire sur les morceaux. C’est juste vraiment occupé à prendre de l’ampleur. Les concerts que l’on a donnés à Paris il y a deux jours (Ndlr : le 3 juin) et à Bruxelles hier (Nldr : le 4 juin) étaient totalement différents pour nous. Nous étions très excités et sommes arrivés sur scène en étant réellement heureux d’être là.

SMA : Qu’as-tu pensé de la salle du Cirque Royal où tu as joué hier à Bruxelles ?

J.S. :
C’est un endroit vraiment fantastique. J’y ai déjà joué quelques fois et j’aime y revenir. J’aime le fait que le public soit en arc de cercle. Même si il y a plus de 2000 personnes dans la salle on est vraiment proche d’elles et on voit bien tout le monde. Ça donne toujours une impression d’intimité. Tu peux jouer devant 1200 personnes, si la salle est rectangulaire la majeure partie du public est au fond et tu ne vois personne. La salle d’hier soir ressemble un peu à au Royal Albert Hall de Londres en plus petit. Là tu peux y mettre des milliers de personnes, mais elles sont toutes proches les unes des autres. Donc ce sentiment-là est simplement génial.


©Rudy De Doncker

SMA : Hier soir le concert que tu as donné à Bruxelles n’était qu’en places assises. Aimes-tu réellement jouer devant un public assis ?

J.S. :
Tu sais, il y a certaines chansons que tu joues qui sont vraiment mieux devant un public assis. C’est plus confortable. Hier soir, les gens étaient vraiment installés confortablement. Au Grand Rex à Paris, c’était pareil. Les gens étaient installés bien confortablement dans leurs sièges et ont vraiment profité du concert. Maintenant il y a toujours un moment durant le concert où tu as envie de voir le public se lever et réagir. Quand tu es musicien, tu peux jouer dans n’importe quel type de salle mais tu ne sais jamais dire si le public préfère être assis ou debout. Tu ne dois jamais les laisser décrocher. Tu dois juste donner tout ce que tu peux donner et les laisser décider eux-mêmes de ce qu’ils veulent faire.

SMA : L’un de tes premiers jobs était professeur de guitare. Quelle est selon toi la meilleure qualité que l’on doit avoir pour être un bon prof de guitare ?

J.S. :
(rires) Mon premier job c’est guitariste. J’ai commencé à enseigner la guitare un an seulement après avoir commencé à en jouer. Les gens m’ont ensuite demandé de leur donner des cours. Je suis un peu tombé là-dedans par accident. Tu sais, je n’ai pas eu beaucoup de boulots différents dans ma vie et je ne crois pas que jouer de la guitare en soit réellement un. C’est plutôt une sorte d’aventure. Lorsque j’étais adolescent, enseigner était un bon moyen pour moi de me cultiver moi-même. J’ai beaucoup appris de mes élèves. Mon premier étudiant était Steve Vai
Steve Vai


Clique pour voir la fiche du groupe
. Il était tellement talentueux que j’ai dû travailler encore plus dur pour rester meilleur que lui. Mais après deux ans ce n’était plus possible (rires). C’était réellement une belle leçon de vie. Les jeunes élèves progressent vraiment très vite. En apprenant les techniques de jeu très tôt, on les maîtrise pour le restant de sa vie. Ensuite le reste du développement est plus en interne, plus musical sur le plan intellectuel. On peut analyser la manière dont notre esprit se comporte en faisant de la musique. Les qualités techniques d’un élève s’apprennent durant les trois premières années et ce que j’ai appris quand j’enseignais. Etant adolescent, la majorité de mes élèves m’ont vite rattrapé car je ne jouais finalement que depuis un an. Finalement ça a plus été une expérience musicale que des cours.
Quelques années plus tard quand je jouais avec The Squares je me suis rendu compte que je devais vraiment me concentrer sur le fait de donner toutes les options possibles à mes étudiants et créer un environnement dans lequel ils auraient la possibilité de faire leurs choix. C’est ce qu’on a fait avec des gars comme Kirk Hammet (Metallica
Metallica


Clique pour voir la fiche du groupe
), Alex Skolnick (Testament
Testament


Clique pour voir la fiche du groupe
), Larry LaLonde (Primus
Primus


Clique pour voir la fiche du groupe
),…

SMA : C’est l’esprit alors la meilleur arme pour être un bon prof de guitare ?

J.S. :
Tu dois être patient et surtout être ouvert. Par exemple Alex Skolnick et David Bryson (Counting Crows) étaient deux élèves extrêmement talentueux, mais tellement différents l’un de l’autre au niveau de la personnalité. Mais ils écrivent leur musique et jouent maintenant depuis des années et sont appréciés par des millions de personnes. Donc tu dois apprendre à accepter les individualités et analyser comment leur apporter l’information dont ils ont besoin.


©Rudy De Doncker

SMA : Je crois que tu as décidé de réellement devenir guitariste à la mort de Jimi Hendrix. Que serait-il arrivé s’il n’était jamais mort ?

J.S. :
(rires) Oh je crois qu’on aurait tous été très chanceux de pouvoir écouter plus de morceaux de lui. Je pense que je serais astrophysicien ou un truc dans le genre (rires).

SMA : J’espère que ça arrivera le plus tard possible, mais que penses-tu qu’il se passera à ta mort ? Crois-tu que des milliers de personnes se consacreront à la guitare comme tu l’as fait à la mort de Hendrix ?

J.S. :
(éclat de rires) Je crois que tous les gens qui sont dérangés par ma musique feront la fête, ça c’est sûr. C’est drôle, je ne me suis jamais considéré de cette manière. Quand je regarde en arrière je n’ai pas l’impression d’être différent des autres. Je me suis toujours concentré sur le présent et sur comment je pourrais donner le meilleur pour les gens qui m’entourent parce que je suis vraiment convaincu qu’il y a quelque chose après donc je ne suis pas inquiet pour ce qui suivra.


©Rudy De Doncker

SMA : Hier soir tu as joué la quasi-totalité de ton nouvel album, Unstoppable Momentum. Comment ressens-tu les réactions du public par rapport à cet album ?

J.S. :
Le feedback est vraiment bon. Je pense que le fait de jouer avec des nouvelles personnes a donné un petit truc en plus à ce disque. Enregistrer avec Chris Chaney a apporté quelque chose de nouveau. De même en live, jouer avec Marco et Bryan, qui représentent la nouvelle génération, a réellement donné une grande énergie. Ils ont tous ajouté une nouvelle influence qui au final est très dynamique. Bryan est plus du genre Metallica tandis que Marco est un batteur très progressif. L’énergie qu’ils apportent est incroyable. Je pense que l’on joue 10 des 11 morceaux du nouvel album. Habituellement quand on commence une tournée on joue un peu de tout, les premières semaines de cette tournée, on a joué les 11 morceaux du disque et très lentement on a adapté notre setlist en fonction des réactions du public. Quand on est sur scène pendant un peu plus de deux heures, parfois on doit adapter la setlist et jouer un morceau plus connu, mais dans l’ensemble les réactions par rapport à Unstoppable Momentum sont excellentes. Mais j’en reviens au line-up, cela fait longtemps que je ne me suis plus senti aussi bien sur scène. Je suis relax, comme occupé à surfer sur une vague parfaite et ça contribue aussi au fait que les réactions du public soient bonnes.

SMA : Que signifie le titre de l’album ?

J.S. :
Le titre du disque est à propos de moi, à propos de mon excitation de jouer de la musique depuis mon enfance. J’avais 5 ou 6 ans quand j’ai entendu les Rolling Stones
Rolling Stones


Clique pour voir la fiche du groupe
et je voulais déjà faire du rock’n’roll bien puissant. Ça n’a jamais réellement changé. J’ai juste évolué au fil du temps en me mettant de nouveaux défis. Avec l’âge j’ai juste pris plus de valeur ajoutée en travaillant toujours plus. Donc le titre de l’album reprend un peu cette idée, un moment qui ne cesse de grandir et de grandir mais qui ne s’arrête jamais au fur et à mesure que je vieilli. Ça représente quelque chose que tu ne peux pas arrêter et qui devient de plus en plus grand, de plus en plus fort et de plus en plus intéressant au fil du temps.


©Rudy De Doncker

SMA : Tu as fréquemment tiré ton inspiration de la science-fiction. Quels sont les éléments qui t’ont inspiré lors de la conception de cet album ?

J.S. :
Le but était de créer des morceaux complémentaires, mais assez différents des uns des autres afin de créer une expérience intéressante pour l’auditeur. Les morceaux sont très exaltants, mais également assez sombres si j’en crois les commentaires de certains de mes amis. Pour ce disque je ne me suis pas vraiment inspiré de science-fiction, mais plutôt de certains faits de vie. Pour moi la science-fiction est une sorte de reconnaissance de la réalité. Je crois que la plupart du temps les gens sont dans un monde imaginaire parce qu’ils pensent que la réalité est là où ils vivent. Mais quand on y réfléchi on est simplement des organismes qui vivent sur une planète qui flotte dans l’espace et personne ne sait où l’on est. Il y a plein de choses que l’on ignore par rapport au système solaire, aux galaxies. Donc pour moi la science-fiction est quelque chose qui provient de l’esprit et donc de la réalité. La science-fiction est un peu comme le sont les religions, issues de notre esprit. Et notre vie est assez courte pour que l’on commence à penser à ce qu’il y a après. Le présent est important car cela affecte d’autres personnes.



SMA : Sinon qu’en est-il du G3 et de Chickenfoot
Chickenfoot
Clique pour voir la fiche du groupe
?

J.S. :
Nous sommes occupés à travailler au prochain G3. On recherche deux artistes, mais ce n’est pas facile de combiner les agendas de tout le monde et de trouver des personnes d’accord de jouer ensemble (rires). Donc on verra ça pour 2014. Pour Chickenfoot, Sammy (Ndlr : Sammy Hagar) et moi nous nous voyons souvent et nous commencerons sûrement à écrire ensemble un de ces quatre. Mais je crois qu’il a un album solo qui doit sortir en septembre et donc il fera sûrement quelques concerts à la suite de ce disque. Donc peut-être qu’en décembre on se mettra au travail ensemble.

SMA : Tu as déjà joué partout dans le monde, mais je crois que c’est toujours très particulier quand tu te rends au Japon. Peux-tu me dire ce qui différencie le fait de jouer au Japon qu’en Europe ou qu’aux Etats-Unis ?

J.S. :
Les Japonais sont juste différents de par leur culture qui est unique. Il y a des années, j’ai vécu à Kyoto pendant 6 mois et je m’y suis vraiment bien senti. J’y ai d’ailleurs encore pas mal d’amis. J’aime vraiment ce pays, sa culture esthétique et sa gastronomie. Donc pour ces raisons je ne me sens jamais comme un étranger au Japon même si quand j’y suis, je ressemble vraiment à un étranger pour les Japonais (rires). J’ai été en tournée au Japon avec Mick Jager et ensuite avec ma propre équipe…

SMA : Et avec Deep Purple
Deep Purple


Clique pour voir la fiche du groupe
aussi…

J.S. :
… oui juste avec Deep Purple aussi. Et ça s’est toujours super bien passé. On espère y retourner pour quelques dates ainsi qu’en Corée en 2014. On est vraiment occupé à essayer de planifier une tournée en Asie.

TU AS AIME ? PARTAGE !
Google +
Twitter
Facebook
Whatsapp
E-mail
E-mail
Google +
Twitter
Facebook

► COMMENTAIRES

Tu dois être connecté pour pouvoir commenter !

Soit en deux clics via Facebook :

image

Soit via l'inscription classique (mais efficace) :

image

► A VOIR ENSUITE