Interview

EXUVIATED

''rien n'est jamais figé dans le temps''


Vendredi 11 octobre 2019

2009-2019 : Exuviated
Exuviated


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fête ses dix ans. Après une décennie, cette formation originaire de Marche-en-Famenne s’est soigneusement, à force de volonté et de travail, taillé un costume de groupe incontournable en matière de death en Wallonie. Bien que ce style lui colle à la peau, Exuviated
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n’en fait pas pour autant une exclusive et se plaît à muer, à évoluer, à se transformer. On a voulu dresser un petit état des lieux avec son vocaliste, Jean-Philippe Sonnet.



Exuviated prend forme en février 2009, avec la sortie de son premier EP intitulé An Era’s Condemned. Cela t’est-il à l’époque passé par l’esprit que dix ans plus tard, ce groupe pourrait toujours exister?

Jean-Philippe : Non, on n’avait pas réfléchi aussi loin… En 2009, on avait juste en tête d’enregistrer un petit EP et voir où cela finirait par nous emmener. On n’aurait jamais espéré à l’époque que dix ans plus tard, on serait toujours là !

Peux-tu revenir sur les motivations qui ont fait naître la formation ?

J-P : C’était en 2007, Exuviated
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est né sur les cendres d’un autre groupe qui s’appelait Dumb Rising. On faisait déjà du metal à l’époque, mais il y avait beaucoup d’influences. On partait un peu dans tous les sens…. L’idée de départ était alors de se recentrer sur un death mélodique, un style qui était commun à tous les membres de l’époque. C’était le style qui nous parlait le plus. On a donc changé de nom et on est reparti sur un concept neuf. On peut dire que Dumb Rising nous a servi d’échauffement, aussi bien au niveau des compositions que sur scène. Sans oublier l’aspect humain, tisser des liens entre nous… Avec Exuviated
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, on est alors vraiment parti avec un projet musical plus précis et plus ciblé!

Tant qu’à évoquer les premiers de la formation, peux-tu également nous rafraîchir la mémoire quant à l’origine du nom Exuviated
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?


J-P : Ça provient d’un terme scientifique, l’exuviation. C’est ce qui détermine la mue. Plus précisément, c’est le moment lorsqu’un insecte sort de sa carapace. La carapace qui dès lors se vide et n’est plus que l’ancienne forme de l’insecte s’appelle l’exuvie. Exuviated, c’est donc celui qui a mué, celui qui a changé de peau. On a voulu retenir ce phénomène pour notre groupe : un concept d’évolution permanente, où rien n’est jamais figé dans le temps. Le temps a sans cesse un effet sur les choses, tout est en perpétuelle rotation, en mouvements constants.

… finalement un concept qui s’applique aussi à Exuviated
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: le groupe est né de la volonté de se recentrer musicalement, tout en ne cessant par la suite d’évoluer. La dernière grosse mue en date étant celle de votre dernier EP, Deliquescence


J-P : C’est vrai… on a sorti quatre opus sur ces dix dernières années et ils sont tous différents, ils ont tous leur personnalité. Si le groupe pouvait durer cent ans, on aurait encore certainement de nombreuses phases de transformation devant nous.



Mais revenons-en à vos débuts : vous sortez donc un premier EP en 2009, puis trois ans plus tard, en 2012, vous êtes déjà sur les planches du Wacken Open Air en Allemagne. C’est plutôt rapide comme ascension pour un groupe…

J-P : Disons que quand on a sorti en 2011 notre premier album, Morpheus Orphan, on a postulé à gauche et à droite. L’idée était d’essayer de sortir de la Wallonie et de commencer à jouer en Flandres. En fait, le concours qui nous a permis de jouer au final au Wacken, c’était d’abord une belle occasion pour nous de jouer en Flandres! On a eu l’occasion de s’imposer là-bas et de repartir avec quelques dates de concert au nord du pays et puis évidemment de sortir de Belgique, en jouant au Wacken. On avait déjà eu l’occasion de jouer un peu auparavant à l’étranger, notamment en Allemagne lors d’une tournée avec Dark Tranquillity
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. On en a fait une aussi avec Six Feet Under
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et Illdisposed
Illdisposed


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, en 2010. Assez vite, on a vite voulu sortir un peu de Belgique afin de voir comment notre son allait était perçu ailleurs.

Ce qui n’empêche que depuis dix ans, une grosse majorité des concerts que vous faites on lieu en Wallonie. Est-difficile pour un groupe wallon d’aller jouer en Flandres?

J-P : Je dois dire que maintenant, on a de plus en plus d’occasions d’aller y jouer, car on a accumulé les contacts au fur et à mesure des années. Mais soyons honnêtes, ça reste quand même toujours compliqué. Tu sais, on a joué à Berlin avant de jouer à Bruxelles! En Belgique, ce n’est pas évident de se produire. Il faut absolument avoir des contacts. En Wallonie, on commence à avoir fait le tour. À Bruxelles, il y a toujours des possibilités, mais il y a beaucoup de va-et-vient dans les organisations… En dix ans, ce sont rarement les mêmes personnes. Et en Flandres, on commence à se bâtir un petit réseau avec des groupes et certains organisateurs. Après, comme je le disais, ça ne reste pas évident pour un groupe d’aller jouer en dehors de sa région, de s’exporter. Et c’est le même pour les groupes flamands qui n’ont pas les contacts pour venir jouer en Wallonie… C’est comme une entreprise : si veux que ça tourne, il faut se bouger en permanence. Il faut toujours battre le fer. En France, c’est parfois plus simple : c’est la même langue. Ici, en Belgique, on ressent quand même parfois un peu le côté communautaire.

En parcourant votre discographie, un détail m’a intrigué : votre dernier album, Last Call to the Void, était signé chez Spinal Records . Par contre ensuite, votre dernier EP est quant à lui sorti en autoproduction. Qu’est-ce qui vous a motivé à le sortir sans label?

J-P : On s’est vite rendu compte qu’être distribué, c’est bien, mais ça n’a pas une valeur ajoutée énorme. L’essentiel de notre communication, de nos échanges et de nos ventes en merchandising, ça se fait lors des concerts. C’est en accumulant les dates de concert qu’on finit par bien vendre, aussi bien en termes de cd que de t-shirts. Donc, en dehors du fait de pouvoir être pendant un mois présent dans les rayons de la Fnac ou de chez Mediamarkt… (silence). Bon, ça rapporte quand même quelques ventes, mais loin de ce qu’on peut faire en étant sur la route. Et ce n’est pas qu’en termes de pognon. C’est aussi au niveau de la diffusion de la musique et de promotion. Le web et les réseaux sont assez développés aujourd’hui que pour pouvoir se passer d’une distribution en bonne et due forme. Pour ce nouvel EP, ça ne nous a donc pas paru vraiment nécessaire d’être signé sur un label, surtout qu’on avait décidé d’évoluer dans nos compositions. C’est le changement le plus marqué dans notre histoire. On avait donc envie à nouveau de tâter le terrain et de revenir vers quelque chose de plus DIY. Et puis, c’était aussi un petit challenge pour nous : après dix années, avons-nous acquis assez d’expérience que pour faire vivre cet EP sans avoir un distributeur particulier? Mais ça ne veut pas dire non plus qu’on ne retravaillera plus jamais avec un label…



Tu évoques un changement sur le fond, au niveau musical, mais on peut également le sentir sur la forme. Ce dernier EP n’est en effet que le premier sur une série…

J-P : Le concept est censé tenir en trois phases. Ici, c’est la première, Deliquescence. On en revient comme à nos premiers jours sur cette idée de cycle, de temps à reconquérir. Ce sont nos fondements. On voulait aborder ici la phase descendante. Si on voulait comparer ça à une saison, ce serait celle de l’automne. C’est la phase où la vie s’arrête, où elle se met au ralenti, avant une hibernation puis finalement, une éventuelle renaissance.

À t’entendre, je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec la société actuelle qui, petit à petit, semble s’éteindre si de profonds changements ne sont pas opérés. Le contexte actuel vous aurait-il influencé dans ce choix?

J-P : J’essaie toujours dans mes textes et mes compos de rester le plus abstrait et le plus métaphorique possible, afin que ce type de parallèle puisse s’installer. Mais effectivement, on peut faire un lien! Comme on peut aussi simplement le rapporter au cycle d’une année ou au cycle des saisons. Mais ce lien avec la société est évidemment quelque chose qui m’inspire. Je considère que rien n’est acquis : ce n’est pas parce que notre société tourne comme elle tourne aujourd’hui que ça va continuer encore longtemps comme ça… Rien n’est éternel! Il y aura du changement à un moment ou à un autre. On ne va peut-être pas pour autant vers l’apocalypse, mais les choses évoluent en permanence, on ne peut pas le nier. Une chose est sûre : on est dans une ère de changement.

Si je suis ton raisonnement, la phase d’hibernation est censée sortir d’ici la fin de l’année…?

J-P : Disons qu’on va faire le point à ce sujet au début du mois de janvier 2020. On s’est mis au vert quelques jours cette année et on en a profité pour composer un morceau. C’était juste après la sortie de Deliquescence. Cette version doit maintenant être remaniée et réécoutée. Et puis pour tout le reste, ce sera planifié dans le courant 2020.



Souffler ses dix bougies, c’est l’occasion de jeter un œil dans le rétroviseur et de se prêter au jeu des souvenirs. Quels sont ceux qui t’ont le plus marqué?

J-P : Mes souvenirs les plus marquants, ça reste quand même toujours ceux dans les festivals comme le Wacken ou lors de ces dates de tournée un peu partout en Europe, que ce soit avec Suffocation
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, Six Feet Under
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ou encore Cattle Decapitation
Cattle Decapitation


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. À côté de cela, il y a aussi de très bons souvenirs lors de petits fests ou encore lors de concerts à la maison. C’est sûr que le stress et l’intensité scénique ne sont pas les mêmes, c’est différent quand tu es face à un public que tu connais. Tu te sens un peu plus chez toi. Mais ce que je retiens toujours de ces dix années, c’est tout le travail que ça a engendré. Ce n’était pas rien que de créer ce groupe et de sortir ces différents albums et EP’s! Toutes les rencontres qu’on a pu faire, tous les fruits que ça a engendrés. C’était très riche! Si c’était à refaire, je le referais évidemment volontiers! On ne ferait en tout cas pas tout de la même façon, car on apprend de ses erreurs…

Tu penses à quoi quand tu évoques des erreurs?

J-P : Oh il n’y en a pas une en particulier, mais tu n’évites pas toujours ces moments de flottement où tu te dis : merde, si on s’était un peu plus décarcassé à ce moment-là, peut-être que… Ou alors : si on avait privilégié telle ou telle collaboration plutôt qu’une autre, ça aurait pu tourner autrement. Ce sont des petites erreurs à gauche et à droite que sans doute tous les jeunes groupes font… et qu’on ne referait plus aujourd’hui!

Et puis dix ans pour un groupe, c’est aussi une intense expérience au niveau relationnel…

J-P : Avec Cédric, on est les deux seuls survivants, les deux membres fondateurs à encore faire partie du groupe. Maintenant Renaud est là depuis avant Last Call to the Void, il est arrivé juste après Morpheus Orphan. C’était donc aux environs de 2013-2014. Ça fait donc aussi déjà pas mal de temps qu’il est là. Après, c’est vrai qu’au niveau des bassistes, il y a eu un certain roulement. Certaines personnes ont, avec le temps, eu d’autres priorités avant le groupe. Chez Exuviated
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, il y a toujours eu une certaine exigence et une certaine rigueur qui sont demandées… tout le monde n’est pas nécessairement prêt à faire tous les sacrifices demandés. Et il n’y a pas de soucis avec ça, on n’a pas d’ennemis et on ne s’est mis personne a dos pour autant!

À t’entendre, en résumé, on peut donc dire que tu te sens prêt à signer pour dix ans de plus?

Oui, bien sûr… mais sans doute pas dans les mêmes conditions! On vieillit aussi donc à un moment, tu as quand même envie d’un peu plus de confort. Mais bon, comme je l’ai dit, on a appris pas mal de choses en dix et on sait ce qu’on doit faire pour que tout roule mieux et que ça nous bouffe moins l’existence par moment!

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Copyright dernière photo : La Jusquiame Noire
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AUTEUR : Sekhorium
Chargé de communication dans le secteur culturel et journaliste à ses heures perdues, Pierre explore les méandres du Metal depuis maintenant près ...
Chargé de communication dans le secteur culturel et journaliste à ses heures perdues, Pierre explore les méandres du Metal depuis maintenant près de 20 ans. Privilégiant les sensations au détriment de la raison, il recherche sans arrêt de nouvelles formations qui viendront titiller les cinq sens. Si vous le croisez en concert, vous le trouve...
Chargé de communication dans le secteur culturel et journaliste à ses heures perdues, Pierre explore les méandres du Metal depuis maintenant près de 20 ans. Privilégiant les sensations au détriment de la raison, il recherche sans arrêt de nouvelles formations qui viendront titiller les cinq sens. Si vous le croisez en concert, vous le trouverez certainement dans la fosse, voire face aux barrières quand le show s'avèrera intense. Plus qu'un style musica...
Chargé de communication dans le secteur culturel et journaliste à ses heures perdues, Pierre explore les méandres du Metal depuis maintenant près de 20 ans. Privilégiant les sensations au détriment de la raison, il recherche sans arrêt de nouvelles formations qui viendront titiller les cinq sens. Si vous le croisez en concert, vous le trouverez certainement dans la fosse, voire face aux barrières quand le show s'avèrera intense. Plus qu'un style musical, le Metal est devenu est philosophie de vie....
Chargé de communication dans le secteur culturel et journaliste à ses heures perdues, Pierre explore les méandres du Metal depuis maintenant près de 20 ans. Privilégiant les sensations au détriment de la raison, il recherche sans arrêt de nouvelles formations qui viendront titiller les cinq sens. Si vous le croisez en concert, vous le trouverez certainement dans la fosse, voire face aux barrières quand le show s'avèrera intense. Plus qu'un style musical, le Metal est devenu est philosophie de vie....

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