Interview

HONEST HOUSE

C'est la qualité de la musique, l'authenticité et la relation humaine qui existent derrière qui nous motivent!


Jeudi 30 décembre 2021

Il y a plus de quinze ans apparaissait le collectif/label HONEST HOUSE
HONEST HOUSE


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au sein de la scène liégeoise. En dépit de bientôt deux ans de douches froides successives qui s'abattent sur la musique live et les spectacles vivants, cette aventure fondée sur la passion et les amitiés partagées s'exprime toujours honorablement. En témoignent la récente organisation d'un concert anniversaire quelque peu hors du temps et une vingt-deuxième sortie pour le label. En se penchant récemment sur leur nouveau projet Delwood
Delwood


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, SMA a saisi l'occasion de revenir sur l'escapade HH avec les frères Dubois, deux de ses membres fondateurs.




Bonne nouvelle, Honest House
Honest House


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sort encore des disques...

Greg: Et oui, c'est vrai. Delwood
Delwood


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est la vingt-deuxième sortie du label.
Ju: Il n'y avait plus rien eu depuis le split album Taïfun
Taïfun


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/Holden Goldmund, un groupe hollandais, sorti fin 2018.

Vous aviez abandonné l'idée?
Ju: Non, mais il n'y a pas eu d'actualité pour les groupes toujours associés au label, dont le catalogue s’est quelque peu réduit au fil du temps.
Greg: Il faut rappeler qu'Honest House est un label en autoproduction dont le modèle économique a essentiellement consisté pendant des années à servir des bières durant les fêtes du 15 août à Liège pour pouvoir faire un peu de mécénat culturel. On a bien accès aux aides ponctuelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Province de Liège, mais sortir des disques de rock indé reste bel et bien pour nous en grande partie du DIY.

Greg, c'est un peu toi Monsieur Honest House non? Aux lectrices et lecteurs éloignés, tu peux expliquer l'état d'esprit et la façon dont votre collectif promeut la musique? C'est quoi le moteur de votre implication?
Greg: Disons que j'ai porté beaucoup de choses, mais nous sommes bien un collectif et l’avis des autres compte autant que le mien. Il y a deux volets dans HH: le label et l'organisation de concert. Cette dernière activité a pris le pas de façon générale sur la sortie de disques. C'est vrai qu'on en a sortis en majeure partie pour nos groupes, même si on est allé voir ailleurs avec Casse Brique
Casse Brique


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, Perils of Penelope
Perils of Penelope


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, Traffico
Traffico


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, les débuts d’It It Anita
It It Anita


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ou encore Benoît Lizen
Benoît Lizen


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qui est un folkeux et aussi la démonstration que c'est la démarche artistique qui nous anime plutôt qu'un style musical. C'est la qualité de la musique, l'authenticité et la relation humaine qui existent derrière qui nous motivent. Un groupe n'est pas une fin en soi. Nous ne nous battrons jamais pour garder un bon groupe à partir du moment où la relation humaine ne suit pas. On ne se dit jamais qu'on va faire du pognon sur un disque, on se dit juste qu'on va soutenir un groupe dont la musique vaut la peine. Et en plus, il y a des potes dedans. Donc, c'est génial.

Plus de quinze ans pour Honest House. Quels regard et enseignements sur l'aventure?
Greg: Une grande aventure humaine, forcément musicale, qui nous apporté énormément de satisfactions. Elle rassemble des passionnés de musique qui vont partager plusieurs coups de cœur avec le public et découvrir des groupes de tous horizons. Malgré tout, on a quand même fait jouer de sacrés trucs en quinze ans!



Justement, quelles fiertés d'avoir réalisé?
Ju: Motorpsycho
Motorpsycho


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au Reflektor. Un rêve de gosses.
Greg: Pour nous, c'est un groupe culte. On ne pensait d'ailleurs pas que ce serait un jour possible. Et c'était une belle rencontre avec eux.
Ju: Le côté rassembleur qui perdure, cette façon de se voir et de communier autour de la musique.
Greg: Nous sommes des potes et cela reste dans l'ADN du projet.
Ju: Même si l'énergie se concentre différemment en vieillissant, la passion subsiste, elle évolue, loin d'être tarie. Quand on y songe, cela reste une aubaine de pouvoir toujours se retrouver ensemble devant un groupe et se prendre une bonne claque.
Greg: Nous avons aussi invité The Redneck Manifesto
The Redneck Manifesto
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et Geoff Farina (Karate
Karate


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) parmi les artistes importants. Il y eut également cette très belle date à l'An Vert autour de Rudy Trouvé, en groupe avec Tape Cuts Tape, et son expo de peinture. Lui et la scène anversoise représentent beaucoup pour nous, ainsi que pour Delwood
Delwood


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, notre groupe actuel. Cette scène a marqué notre culture musicale, de dEUS
dEUS


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à Gore Slut en passant par Dead Man Ray.
Ju: Nous avons aussi beaucoup soutenu Mutiny On The Bounty
Mutiny On The Bounty


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en les faisant jouer en Belgique, dès 2006, leur première à l’étranger. C'est un groupe qui a quand même fait par la suite des centaines de dates et mériterait d’être davantage connu.

Qu'auriez-voulu (ou rêvé) faire jusqu'ici que vous n'avez pu?
Ju: Beak. Ca reste une envie forte, on va les faire jouer, on y arrivera...
Greg: C'est un groupe génial, avec le batteur de Portishead
Portishead


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, qui développe une musique nourrie d'un univers fort. On est allé les voir cette année lors du festival flamand à Leffingeleuren près de la mer du Nord.
Ju: Pour ma part, j'aimerais aussi inviter un groupe comme Do Make Say Think
Do Make Say Think
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( Constellation records , le label de Godspeed You! Black Emperor
Godspeed You! Black Emperor


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). Mais, c'est assez difficile car ce sont des gens qui tournent assez peu.
Greg: Avec le temps, nous sommes aussi dans l'état d'esprit de ralentir le rythme pour proposer de temps à autre un groupe plus conséquent. L’air de rien, c’est quelque chose une organisation de concert. Cela demande du temps, de l’énergie, et nous avons déjà pas mal donné.

Justement, après tout ce temps et les évolutions, Honest House
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a-t-il encore la volonté et les moyens de jouer son rôle dans le paysage musical belge? Comment envisagez-vous l'avenir?

Greg: Si l'on s'en tient à ce que je viens dire, ce serait juste se faire plaisir en invitant des groupes qui joueraient vraisemblablement de toute façon sans nous. Mais là où nous voulons toujours tenir notre rôle, c'est en allant à la rencontre de groupes émergents qui trouvent dans ce type d’orga une façon d'être diffusés.


Frank Shinobi (groupe HH) au Muziekodroom à Hasselt en 2015

Et qu'est-ce qui vous a tapé dans l'oreille récemment?
Ju: J'ai flashé récemment sur Avalanche Keito, un trio avec le guitariste de Facteur Cheval
Facteur Cheval


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et de Zorg, qui joue avec un chanteur burkinabé bien déjanté et un batteur complètement déchaîné. Ils ont littéralement foutu le feu au dernier Micro Festival. Il faut voir si nous pourrons réunir les conditions pour les proposer prochainement. Dans un autre registre, j'ai découvert Paard
Paard


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, un trio gantois très intéressant avec un vibraphoniste et qui évolue dans un registre jazz/hip hop.
Greg: Personnellement, ces dernières années, je me suis un peu distancié de ma drogue habituelle et du rock. Je suis allé vers des trucs comme Badbadnotgood
Badbadnotgood


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, GoGo Penguin et d’autres formations un peu plus jazzy telles que Portico Quartet par exemple. Chez nous, on pourrait citer sur cette scène John Ghost, que l’on vient de faire jouer, ou Nordmann, des groupes flamands de calibre. À Liège, The Brums a aussi explosé dans un registre similaire.

Un regard particulier sur l'évolution de la scène rock indépendante francophone, belge et sur la façon dont la scène liégeoise s'y inscrit?
Greg: Diffuser ce type de culture ma paraît plus difficile qu'avant...
Ju: Parce que le public ne se renouvelle pas, on voit très peu de jeunes autour de la vingtaine.
Greg: Je n'ai pas de regard sur les autres villes, mais même s'il y a toujours des organisations à Liège comme Mark It Zero, Popkatari, Silenceless (qui vient de manifester son désir d’arrêter l’orga de concert à ce que je sais)... les lieux de diffusion comme le Carlo Levi ou Inside Out ont disparu. Il ne reste plus que La Zone, KulturA ou Le Hangar pour organiser un concert, alors que Reflektor est plus gros. J'ai donc cette impression que l'univers s'est retreint pour l'organisation et la diffusion du rock indépendant.
Ju: Plus largement à propos de la scène alternative belge, j'ai parfois le sentiment qu'il n'y a pas assez de place laissée à des groupes émergents. On voit souvent les mêmes groupes tourner sur les plateaux proposés.
Greg: Mais est-ce que ça n'a pas toujours été le cas? On peut aussi se dire que certains groupes ont pris de l'ampleur ces derniers temps, je pense à The Guru Guru
The Guru Guru


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, It It Anita
It It Anita


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, La Jungle
La Jungle


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... qui alignent une série hallucinante de dates, et ce n'est tout de même pas rien. C'est peut-être un peu bateau, mais il y a toujours ce facteur inexplicable par rapport à quoi va marcher quand et pour qui.

Vos regards sur les temps présents/le rapport de notre société à la culture?
Ju: Je vois ce qui constitue la culture comme une réserve d'oxygène complètement nécessaire, inévitable, trop peu mise en avant et même reléguée dans des contextes si anxiogènes. Alors que la nécessité de respirer la musique me suit quotidiennement, comme pour tant d'autres êtres humains. Et cela vaut pour toute expression culturelle.
Greg: Par rapport à la musique, l'économie de plate-forme pose aussi des questions. Cette consommation, qu'on n’évite pas non plus, s'avère un reflet de la société. Quelque part, c'est très facile d'avoir un compte Spotify et d'aller y chercher tout ce qu'on veut. Mais cela accroît le danger que l'objet culturel soit assimilé à de la consommation courante sans conscience de sa valeur. C'est une question prégnante face à ce à quoi nous assistons, que ce soit le covid ou le dérèglement climatique. C'est à-dire une surconsommation de notre planète dans toutes ses composantes qui nous pousse plus que jamais à réinterroger notre rapport aux choses. La culture nous le permet, mais cela passe aussi par la remise en question de notre rapport à la culture. Amenons le public à comprendre qu'elle a un prix. C'est souvent un débat avec des divergences que nous avons au sein du collectif. Certains trouvent que le prix des entrées sont trop chères, mais nos activités se passent plus ou moins à perte. Il faut pouvoir affirmer que la création a de la valeur, au même titre que l'investissement bénévole. Et cela vaut pour tous les pans de la société.
Ju: Il ne faut pas être gêné de demander 10 euros à partir du moment où tu peux le défendre et le justifier. On vient de faire jouer Oiseaux-Tempête
Oiseaux-Tempête


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pour 12 balles l’entrée, autant dire rien.


Oiseaux-Tempête lors des quinze ans d'Honest House le 11/12/2021
© Jérôme Hubert


Une réflexion particulière, un mot à ajouter, à partager aux lecteurs de SMA?
Ju: Merci de vous intéresser à la culture alternative, c'est important!
Greg: Continuez à être curieux et ne vous laissez pas miner par les temps qui courent, allez vers les salles et soutenez les gens de terrain, les organisations, les groupes. À force de ne plus vivre, on va mourir. Dressons-nous contre toute forme de paranoïa, entretenons la vie comme nous savions si bien le faire il y a deux ans.
Ju: Ne restons pas trop chez nous à regarder Netflix. Il y a toujours des organisations et des salles de concert qui se battent et existent.
Greg: Et surtout, restez honnêtes (avec clin d’œil de circonstance!)

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