Interview

BEASTS

Faire exister la musique en dehors des circuits classiques


Jeudi 10 avril 2025

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est le premier projet solo d’Antoine Romeo (ex-run SOFA
run SOFA


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). Le premier album « The Shearing » sort, dans quelques jours, le 18 avril 2025. Mélange de punk, noise, rap et de doom, BEASTS
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propose une musique viscérale et sans compromis, avec une palette sonore qui va du Charleroi meurtri des années 90 à la Sardaigne affamée de l’après-guerre.
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n’est pas présent sur les réseaux sociaux ni sur les plateformes de streaming. Le projet ne se contente pas de proposer de la musique. Il remet en question notre rapport à l’écoute et à la musique.
Antoine nous explique tout cela.




Bonjour Antoine. J’espère que tu vas bien. Merci de prendre le temps de répondre à nos questions. Peux-tu te présenter et présenter BEASTS
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en quelques mots ?

Salut Isabelle, je vais super bien aujourd’hui avec ce grand soleil, merci. Merci à toi de prendre le temps ! BEASTS
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, c’est mon premier projet solo, ça parle de mes racines, de mon héritage familial et ça me permet surtout d’exprimer tout ce que j’ai sur le coeur. Un peu comme une thérapie.

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est ton premier projet solo après run SOFA. Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer seul ?

La fin de run SOFA
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pour moi ça a été comme mourir un peu. L’impression que plus de 10 ans de ma vie étaient partis en fumée, en un claquement de doigt. Ça a été très difficile à avaler, même si c’était le bon choix et un mal nécessaire. BEASTS
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, c’est la vie après la mort donc. C’est le projet auquel je me suis accroché pour survivre à tout ça et ça s’entend.

Le nom ''BEASTS'' (qui signifie bête immonde, bête féroce) évoque quelque chose d’assez brutal, presque provocateur. Pourquoi ce choix ?
Brutal comme la société dans laquelle on évolue, oui. C’est venu très naturellement, j’avoue. Un des morceaux que j’avais écrit portait ce nom et très vite ça a fait l’unanimité au sein des gens qui m’entourent. Cela reflète parfaitement la nature de ce projet qui est avant tout une grande introspection. Les bêtes symbolisent le bien ou le mal, cette ambiguïté m’intéresse beaucoup. Il ne faut pas oublier qu’avant tout on est des animaux nous aussi !

Ton premier album « The Shearing » sortira le 18 avril 2025 sur les labels Rockerill Records et La Base ASBL. Que peut-on déjà en savoir ?
L’album comporte 7 titres et il est dédicacé à ma grand-mère décédée en 2024. Elle s’appelait Caterina Carai et c’était une légende vivante avec un vécu exceptionnel. Mon dernier lien avec la terre natale de mes parents. Sa disparition est très vertigineuse.

''Cet album, j’ai mis ma vie dedans, mes tripes. Au début je l’ai fait juste pour moi, pour ne pas oublier toutes ces histoires qui sont perdues à jamais, au fur et à mesure que les anciens partent.''

Puis c’est devenu un truc plus collectif, une fois qu’on a commencé à jouer cette musique devant un public. Ça m’a donné envie d’en faire un objet à partager, qui lui aussi me rappellera toujours les étapes par lesquelles je suis passé ces dernières années.



Peux-tu nous parler de ton processus de composition et d’enregistrement ? Travailles-tu seul ou avec d’autres musiciens/artistes ?
Je cherche beaucoup seul dans mon coin. J’accumule des riffs de basse d’un coté et des mots de l’autre. Je m’inspire de ce qui m’entoure, des gens comme des lieux, des histoires que j’ai entendu depuis mon enfance aussi et qui, à force d’être répétées, sont devenues des espèces de mythes sacrés. Toutes ces histoires que l’on raconte dans nos familles d’immigrés mais qu’on entend presque jamais à la télé ou dans les livres. Une fois que j’ai accumulé assez de matière et que j’ai une idée plus précise d’où je veux aller, alors je montre ça aux autres et on laisse les choses se passer.
Il y a quelque chose de très organique dans ce premier album que j’espère garder pour la suite.

Y a-t-il des influences ou des artistes qui ont guidé ton projet ?
Pleins, bien sûr. J’ai tellement écouté de trucs différents que tout est là en moi. J’y pense plus trop, ça fait partie de qui je suis, on va dire.
Dernièrement j’ai été choqué par un groupe comme Show Me The Body que j’ai eu la chance de voir dans un petit club à Gand, il y a quelques années. Il transcende le truc, ce n’est plus juste des notes car les membres du grupe mettent leurs vies entières dedans. Il y a un truc libérateur dans cette musique qui te transporte. Ça m’a fait réfléchir à ce que ça signifiait réellement pour moi tout ça, d’investir autant de temps et d’énergie là dedans, de faire des sacrifices, etc.

L’aspect visuel est souvent clé dans un projet solo. Quelle place accordes-tu à l’esthétique et à l’image de BEASTS
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?

Avec BEASTS
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, j’ai une approche très différente de mes projets passés visuellement parlant. Je ne veux pas apparaître dans les clips, je n’ai pas de réseaux sociaux, pas de photos de presse, etc. Je ne veux plus que mon image soit mise en scène comme ce fut souvent le cas dans le passé. J’en ai marre de ce culte de la personnalité, je préfère rester loin de ça.

Tu as une démarche de communication assez originale. Tu as pris la décision de boycotter les réseaux sociaux et les plateformes de streaming. Tout d’abord, pourquoi cette décision ?
Il y plusieurs choses qui rentrent en compte, je pense. D’abord, d’un point de vue tout à fait personnel, les réseaux sociaux m’angoissent. Plus le temps passe, plus je les trouve toxiques.

''D’autre part, d’un point de vue professionnel, il m’était insupportable de m’imaginer devoir suivre les volontés d’algorithmes conçus par des Elon Musk & co.''

Les plateformes de streaming, pourquoi faire ? Je gagne 3700 fois plus en vendant une cassette à un concert que quand une personne stream mon album sur Spotify. C’est un modèle auquel je ne crois plus. Encore une fois, des algorithmes qui poussent tout le monde à faire la même chose.



Ensuite, comment envisages-tu la diffusion et le partage de ta musique ?
C’est une vaste question mais l’idée c’est de faire les choses beaucoup plus localement et surtout à plus petite échelle. On fait une édition limitée de K7 et on les vend à notre concert aux gens qui sont sur place. Puis on fait quelques casquettes en DIY et pareil on profite du prochain concert pour essayer de les vendre, etc. On sort complètement du digital donc c’est un processus qui, à son tour, devient créatif et expérimental. C’est un peu le reflet de la musique qu’on a mise dans le vinyle, si tu veux. Il faut se poser, réfléchir et surtout essayer des choses, prendre des risques, sûrement se planter. Comme dans la musique elle-même.

Quid de ta rémunération en tant qu’artiste indépendant ? Faire de la musique alternative voudrait-il dire ne pas « gagner (suffisamment) d’argent » ? La musique doit-elle rester un hobby bénévole et non un travail rémunéré ?
C’est une très bonne question ça ! A vrai dire, je n’en sais rien (rire).On fait tous ce qu’on veut/peut.
De mon coté, je ne vois pas comment il est possible de rester intègre tout en ayant un objectif commercial.

''L’argent et l’art cela ne va pas ensemble, selon moi. Et dès qu’il y a de l’argent en jeu ou des attentes commerciales, ça fout la merde d’un point de vue artistique.''

Quand tu commences à te dire qu’il te faut 28 titres par album parce que ce sera plus rentable sur les plateformes de streaming, là il y a un gros problème. Enfin bon, c’est un sujet complexe dont on pourrait discuter pendant des jours entiers (rire). Rien n’est tout blanc, rien n’est tout noir. Ce sont des questions que je me pose tous les jours et auxquelles je n’ai pas encore toutes les réponses !

D’où est venue cette idée du panneau d’affichage itinérant ? Est-ce un clin d’œil aux anciennes méthodes de promotion ou une critique des campagnes marketing ultra ciblées d’aujourd’hui ?
Franchement je n’aurais jamais imaginé un jour trimbaler deux bâches de 15m² chacune derrière ma voiture, pour être honnête avec toi. Cette idée est venue de la nécessité de se rendre visible sans utiliser les réseaux ou les plateformes de streaming. C’est encore une fois pour la « survie » du projet qu’elle existe.



Tu dis que ''La façon dont un auditeur va découvrir ta musique est aussi importante que la musique elle-même.'' Peux-tu développer cette idée ?
Oui, je suis convaincu de ça. Tout le monde se souvient des conditions dans lesquelles on a découvert un artiste qui nous a marqué, avec qui on était et où ! Je pense qu’une démarche artistique doit être totale, à 360 degrés, et que la forme est aussi importante que le fond.

Penses-tu qu’aujourd’hui la musique doit forcément être engagée ?
Oui et non. Je ne pense pas qu’il y ait de règles. Je pense sincèrement qu’aucun acte n’est apolitique, dans la vie de tous les jours ou dans la musique. On est les produits de notre environnement (entre autres choses) et donc, quand on prend la parole sur quoique ce soit, c’est forcément déjà un acte « engagé ».

''Pour moi la musique c’est avant tout un média hautement sociologique, si je peux dire ça comme ça. Même les morceaux les plus whatthefuck racontent un truc sur notre monde d’humains, notre société, etc.''

Personnellement ce qui me touche le plus c’est la musique qui a une dimension sociale importante mais cela ne m’empêche pas d’écouter d’autres trucs aussi de temps en temps.

Que peut-on attendre de BEASTS
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dans les prochains mois ? Concert, collaborations, tournée ?

Une chouette release party à la maison au Rockerill le 29 mai prochain ! Puis des concerts un peu partout et beaucoup de moments de partage !

Le mot de la fin ?
Merci d’avoir pris le temps, c’est très précieux. A bientôt.
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AUTEUR : Isabelle
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière ve...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en ju...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....

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