Interview

X MAKEENA

Jeudi 29 avril 2010

Pourriez-vous faire un bref historique de X MAKEENA
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et de son parcours…


Nico: X Makeena
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est un projet de longue date !! On a commencé il y a maintenant presque dix ans ! Au début le projet était un duo basse / machines, de musique électronique instrumentale, sur lequel se sont vite greffés Says et Vicking les deux Mc's du groupe, et Karlton, qui incarne beaucoup des créatures qui peuplent notre show, a rejoint les troupes juste après... Nous avons eu très vite de bons retours quant à la mise en scène originale pour ce genre de musique et l'énergie globale du projet et ça nous a motivé à continuer dans ce sens là pour la suite. L'équipe s'est ensuite agrandie avec nos techniciens son et lumière, qui nous ont vraiment aider à mettre le spectacle en place, et Xavier notre manager, qui a pris en charge le côté production du disque et du spectacle, afin de nous permettre de travailler de manière indépendante et en autonomie...



Vous êtes restés fidèles à Foutadawa depuis le début. Quel est le lien, semble-t-il si fort qui vous unit ?

Nico: Nous avons eu la chance de rencontrer tout le crew de Foutadawa dès nos débuts à Rennes, notre ville d'origine... A l'origine Foutadawa était une structure montée pour lancer et accompagner le groupe Percubaba
Percubaba
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et lui donner une indépendance maximale, et au fil du temps, c'est devenu un collectif de groupes indépendants et autoproduits. L'idée de ce collectif est d'apprendre et de permettre aux groupes à trouver une autonomie artistique et financière, loin du monde des grosses maisons de disque qui traitent et vendent la musique comme n'importe quel produit, de manière industrielle, à grand coups d'investissements promotionnels et de marketing... Cette une structure qui possède à la fois des studios de qualité pour pouvoir travailler et enregistrer des albums et surtout une équipe talentueuse et engagée, souhaitant produire de la musique différemment, intelligemment, en accord avec ce que défendent les groupes... On voit tellement de groupes avec des textes engagés qui signent avec des labels ou des majors qui vendent la musique comme on vend de la bouffe pour chien ...





Derrière l’œil, est votre troisième album… Il a un énorme son. Comment avez-vous travaillé ? Etait-ce différent que pour les précédents ?

Nico: C'est vrai que cet album est beaucoup plus posé et plus puissant que les précédents. A chaque nouveau disque , on en apprend énormément sur le travail de composition et de traitement du son et pour Derrière l'oeil , on avait une vraie volonté d'épurer chaque élément musical pour gagner en puissance et en lisibilité. Le fait d'avoir ralenti le tempo , sur certains morceaux dubstep par exemple , nous a ouvert de nouvelles portes en terme de dynamique sonore , en cherchant des sons qui avaient le temps et l'espace pour se développer , on était loin de la frénésie propre aux morceaux drum n' bass avec des tempos autour de 200 bpm ! Il y a également eu un gros boulot collectif depuis nos débuts pour arriver à une meilleure qualité sonore , ça fait très longtemps que nous sommes accompagnés par Madfab de Zf Prod et Choupi du studio P.A.N , et ils nous ont vraiment appris au fil des ans à comprendre et à travailler sur la dynamique du son , de la composition au choix des instruments , des micros , autant pour le live que pour les disques. Pour le dernier album , nous avons notamment fait le choix de faire un mastering beaucoup moins fort et agressif que la moyenne des productions actuelles , afin de gagner en subtilité et en musicalité et de ne pas cautionner la "baston sonore" qui existe actuellement ( cf Loudness war à explorer sur le net pour les intéressés ). Il faut donc tourner son bouton de volume pour apprécier , comme on le faisait avant !!!



Comme à chaque fois, quelques invités sont présents sur votre troisième album. Je pense même que certains ont déjà collaboré avec vous. Pourriez-vous nous les présenter ?

Vick : Absolument ! On retrouve Bleubird, un rappeur américain (dans la veine des productions du label Anticon, pour situer un peu l'animal…) qui était déjà présent sur un morceau du précédent album. Il apparaît cette fois sur Masse critique, qui traite du cheminement des différentes énergies qu'on crame pour notre petit confort. Bleubird faisait la première partie de nos dates sur tout le début de la tournée précédente. C'est un mec en or et on espère le retrouver bientôt sur scène. Robert Le Magnifique faisait également une apparition sur l'album précédent, Instinctive dérive, il est revenu poser des scratchs sur Robots in love, un morceau instru sur lequel il a aussi amené sa touche dans la prod. Et enfin, on était content d'accueillir Arm de Psykick Lyrikah sur La fin d'un monde, une sorte de tableau post-apocalyptique sur lequel il a posé sa plume et son flow, un grand plaisir pour nous qui aimons beaucoup son travail (Psykick, mais aussi les pièces de théâtre comme Hamlet et richard III, de la compagnie l'Unijambiste, où l'on retrouve également Robert).



Votre musique développe un genre assez post-apocalyptique ou tout au moins post-post-moderniste. Il y a comme une symbolisation de la confrontation de l’humain face aux machines. Selon vous que peuvent apporter les machines à l’être humain ?

Stefo : C'est vrai qu'on a essayé de développer ces thèmes dans les deux derniers albums et dans le spectacle... C'est un sujet qui nous a toujours passionné et que nous avons découvert grâce aux jeux vidéos, aux livres et aux films de science-fiction... pour la question du rapport à l'humain, c'est un sujet très vastes, nous utilisons les machines quotidiennement pour notre travail artistiques. C'est très pratique car ça permet de monter des projets super complexes. Le développement de l'informatique a permis de démocratiser des outils qui valaient des fortunes jusque-là en hardware... Mais au niveau de notre vie quotidienne, tout est régit par des machines. Un peu trop peut-être ? Cela nous rend très dépendants et vulnérables... Imaginons le désastre si Internet était bloqué ou planté...



Vous vous reconnaissez plus dans le monde de Isaac Asimov ou le celui de Mad Max ?

Stefo : Ces deux visions du future paraissent de plus en plus prémonitoires... Les questions soulevées par Asimov concernant les lois de la robotique (comme le fait pour un robot de ne pas blessser ou tuer un être humain) sont vraiment d'actualité avec l'utilisation des drones autonomes par exemple... La vision d'un futur anarchique où l'essence devient une denrée très convoitée de Mad Max parait assez convaincante de nos jours... Si il fallait trancher, la version Mad Max me paraîtrait la plus probable, même mieux, la version "La route" de Cormac Mc Carthy ! Nous sommes aussi énormément fans des livres de Philip K.Dick et les questions qu'il soulèvent : Ce qui nous différencierait l'humain du robot (Blade runner) ou notre rapport à la réalité...





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, c’est aussi maintenant une prestation scénique théâtrale. La sortie d’un nouvel album signifie un nouveau spectacle, un nouveau décor, de nouveaux costumes. D’où vous est venu l’idée de ce visuel très fort ?


Vick: On recherche depuis le début à faire en sorte de développer au maximum l'univers d'X Makeena
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: tout doit faire partie de cet univers, rien ne doit être laissé au hasard. D'où l'importance de la lumière, de la scenographie, des costumes, des lyrics, des atmosphères qui se dégagent des morceaux; l'ensemble doit être cohérent et c'est ce sur quoi nous travaillons depuis 8 ans avec les gens qui nous aident à nous perfectionner dans ces différents domaines. Les disques s'inscrivent dans cette logique même s'il est moins évident de faire ressortir la totalité de notre univers en audio. Le visuel est quelque chose de vital dans notre approche de la musique et du spectacle, et c'est ce qui nous permet de toucher un public plus large, car même si certains ne se retrouvent pas dans notre style de zique, où dans le côté sombre des morceaux, ils peuvent être touchés par ce qui fait le tout….



Ce spectacle prend quand même une certaine place sur scène. Ce n’est pas trop difficile parfois quand vous arrivez et découvrirez l’étroitesse d’une scène ? Votre show est-il modulable à ce niveau ?

Says: C’est vrai qu’au niveau de l’espace sur scène, on a eu quelques difficultés sur les dates de l’automne dernier. On est quand même passé de 4 modules vides à 6 modules équipés de Leds et 3 vides ! du coup, on a mis un peu de temps à maîtriser les manipulations des pratix et on s’est retrouvé parfois sur des plateaux un peu étroits. Quand c’est le cas, on adapte le show à la taille du lieu. On simplifie les manipulations pour ne garder que l’essentiel. 4 pratix restent fixes (en totem de 2x1 m), soit un totem à jardin et un totem à cours. Pour l’avenir, on va travailler sur une « version light » du set qui nous servira pour les tournées à l’étranger lorsque l’on ne peut pas amener avec nous tout le kit de lumières.



Il me semble que X MAKEENA
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est vite programmé en festival. On peut comprendre que votre musique et votre spectacle y trouve effectivement une place privilégiée. Mais en fin de compte, qu’est-ce que vous préférez ? La scène d’une salle ou la scène d’un festival ? L’ambiance feutrée d’une salle ou l’ambiance festive du festival ?


Says: On apprécie les 2 de manière différente. À l’automne et au printemps on joue principalement dans des salles. C’est super intéressant puisque ça nous permet de retourner dans des lieux où l’on a déjà joué mais aussi de découvrir de nouvelles salles qui ouvrent (comme le Silex à Auxerre). On retrouve du monde autant au niveau de l’organisation et du public que des équipes techniques en accueil. Après c’est sûr que jouer en extérieur, sous un chapiteau bondé, ça a un côté estival et festif qui est super agréable quand on est musicien. Donc on attend souvent avec hâte que les beaux jours reviennent pour jouer en festival.



Au Durbuy Rock Festival (7 et 8 mai), vous allez vous retrouver dans une programmation qui fait la place belle aux de grosses guitares et au Metal. Cela ne vous effraye pas de jouer devant une assistance à priori moins acquise ?

Says: On a déjà joué dans des soirées rock/métal, notamment à Valenciennes où on avait clôturé un festival de métal. On n’était pas super confiants au début du set, mais au final ça s’est très bien passé. Nous sommes un groupe de musiques électroniques au niveau de l’esthétique et des sonorités, mais on a une approche du live assez rock n’ roll qui peut permettre à des personnes qui n’écoutent pas ce genre de sons d’apprécier le concert. Personnellement j’aime bien le public métal, peut être de par son côté « sans concession » au niveau commercial et sa recherche de l’extrême lors des concerts.





Sur votre site, j’ai vu que vous étiez allés en Inde. Avez-vous joué là-bas ? Pourriez-vous nous parler de cette expérience ?

Nico: Nous avons eu la chance de faire une grande tournée d'un mois en Inde, précédée par un court séjour sur l'Ile de la Réunion ! Nous sommes donc partis un mois pour 7 dates en Inde ; dans des villes très différentes : Bombay, Delhi, Chennai, Ahmedabad, et Pondicherry. Ce fut une expérience incroyable et un voyage assez déroutant à tous les niveaux, culturel, social, et musical... Nous développons aussi des ateliers musicaux lors de nos tournées à l'étranger, où nous proposons d'enseigner des rudiments de Beat Box et de M.A.O aux musiciens locaux. Cela nous a donc permis de faire de belles rencontres musicales dans les deux sens ; on a ainsi fait des featurings avec un joueur de tablas et une chanteuse traditionnelle lors de nos concerts là bas ... Nous avions déja beaucoup joué à l'étranger ( en Chine, au Québec, en Norvège et dans plusieurs pays d'Asie du sud-est entre autres...) mais ce fut de loin le plus fascinant ...



Après les concerts pour votre dernier album, quel sera le futur de X MAKEENA
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? Allez-vous enchaîner avec les préparatifs du quatrième album ou avez-vous quelques projets plus particuliers ou personnels dans l’immédiat ?


Nico: Nous avons prévu de jouer ce spectacle le plus longtemps possible car il a demandé une mise en place assez longue et ardue, pendant de longs mois de résidence... Nous espérons donc enchainer un maximum de dates en France et en Europe cette année et éventuellement de repartir à l'étranger l'année suivante... Nous allons également essayer de continuer à développer les ateliers musicaux, notamment avec un public jeune car ce sont des expériences très riches et qu'il nous semble important d'éveiller les jeunes esprits assez tôt à ces formes de création, assez innovantes...
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