Reportage

Static-X : retour en 1999

Anvers (Trix), le 06-10-2019

Mercredi 9 octobre 2019

Les trombes d'eau qui tombent du ciel ce dimanche sur l'autoroute donneraient presque l'impression de traverser un portail temporel. Pour un retour en 1999. Année de sortie du premier album de Static-X
Static-X


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, Wisconsin Death Trip, précurseur à bien des égards dans le milieu metal des années 90 et parmi les albums fondateurs du metal indus. On file en effet en direction d'Anvers pour un concert qui vise non seulement à fêter les 20 ans de cet album, mais aussi et surtout à rendre hommage au regretté leader du groupe, Wayne Static.


Pour l'occasion, le groupe s'est reconstitué autour du line-up original – Tony Campos à la basse, Ken Jay à la batterie et Koichi Fukuda à la guitare, complété par la présence d'un chanteur anonyme derrière le pseudonyme de Xer0 dont on a hâte de découvrir la prestation[1]. La tournée est aussi un outil promotionnel pour préparer la sortie d'un album composé à partir de morceaux enregistrés du vivant de Wayne Static mais jamais publiés et de matériel retrouvé encore récemment dans ses archives personnelles. Mais il faudra faire preuve de patience : la sortie de ce Project Regeneration est prévue pour le 29 mai 2020. En attendant, le groupe nous fait l'honneur d'un détour en Belgique en emmenant dans ses bagages les Américains de Dope
Dope


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, SOiL
SOiL


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et Wednesday 13
Wednesday 13


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. On regrette que Devildriver
Devildriver


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ne soit pas de la partie comme c'était le cas pour la tournée US.



Première surprise de la soirée (parce que je ne m'étais pas renseigné, soyons honnête) : les concerts auront lieu dans la salle Trix Club, et pas dans la grande salle. De quoi s'assurer plus facilement une salle comble pour certains, de quoi offrir une performance intimiste pour d'autres. Du haut de mon mètre 75, c'est certain, la configuration en pente de la salle principale me manquera cruellement. Les écrans du fond de scène affichent déjà le logo de Dope
Dope


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sur fond de drapeau américain. Très vite, le groupe entre en scène et annonce la couleur après un « Blood Money » sans concession : « We all know we're going to hell tonight, right? How many of y'all wanna go to hell with us, Belgium?! » Alors c'est ça qui nous attend ce soir, un voyage en enfer à la rencontre de Wayne Static ? Count me in. De leur propre aveu, ils jouent aujourd'hui pour la première fois en Belgique (!) et la courte setlist se compose donc essentiellement de leurs titres les plus connus, avec en tête le très attendu « Die Motherfucker Die » et leur reprise de « You Spin Me 'Round (Like a Record) », « the stupidest song of all times », pour finir de chauffer un public déjà nombreux.

SOiL
SOiL


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prend la relève après une intro qui sample, entre autres, Rob Zombie
Rob Zombie


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. Au cas où on ne l'avait pas encore compris : c'est bien une soirée 100 % metal indus qui nous ramène 20 ans en arrière. Le groupe enchaine les titres avec efficacité et continue de chauffer doucement l'audience. Un gars s'impatiente, demande bruyamment la chanson suivante entre deux morceaux, et le chanteur le remet gentiment à sa place : « Not now. Now it's story time for the next 15 minutes. » Et il se lance dans un petit laïus pour rappeler les deux raisons qui nous rassemblent tous ce soir : passer un bon moment et se remémorer Wayne Static. Notamment avec la chanson suivante, « Give It Up », sur laquelle il avait posé sa voix à l'époque. Le set approche doucement de sa fin, mais le chanteur nous offre encore un beau moment en descendant dans le public avec son pied de micro pour interpréter « Halo ». Avant qu'une reprise, encore une, de « Black Betty » cette fois, ne vienne conclure un deuxième set bourré d'énergie.

L'immense logo vert de Wednesday 13
Wednesday 13


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affiché par l'écran en fond de scène éclaire la salle d'une étrange lumière qui nous donne un premier goût d'Halloween avant l'heure. On imputera l'attente un peu plus longue aux longues séances de maquillage qu'a nécessité le look des membres du groupe. Si les membres du groupe emmené par Wednesday 13 lui-même sont affublés d'un maquillage similaire jouant sur les teintes de noir, blanc et vert fluo, le chanteur débarque sur scène tout de noir vêtu, le visage camouflé et coiffé d'un chapeau agrémenté d'un masque. Le truc est tout simple, mais le résultat est au rendez-vous : ça lui donne un look de créature dégingandée d'autant plus perturbant qu'il semble du coup chanter par la gorge quand il porte le micro à sa bouche. Tout au long du set, il changera régulièrement de look. De quoi livrer un show très visuel, malheureusement un peu à l'étroit sur la scène du Club. Les titres s'enchainent et se ressemblent assez, mais ce n'est pas là qu'est la priorité du groupe. Le show et l'ambiance, par contre, convainquent tout le monde. Les premiers rangs ont droits aux premiers remous des pogos et la sécu a droit aux premiers slams. Let set d'une dizaine de titres, parmi lesquels « Necrophaze », « Get Your Grave On » et « Prey for Me », se clôture une fois de plus sur une reprise : « I Love to Say Fuck ».

Les heures passent, la nuit est tombée depuis longtemps. On approche du terme de notre voyage temporel jusqu'en 1999. Sur l’écran de la scène, une intro animée laisse apparaitre petit à petit le logo de Static-X
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. Les membres du groupe arrivent sur scène sous des applaudissements nourris, on ne distingue que leur silhouette – et le résultat est saisissant : avec un masque blanc et une perruque qui imite sa coiffure, le chanteur Xer0 a exactement la même silhouette que Wayne Static. On pourrait croire qu’il est revenu d’entre les morts. C’est perturbant, pour ne pas dire glauque, et ça le reste jusqu’à la fin. Le set s’ouvre sur « Bled for Days » et les titres s’enchainent avec une régularité qui colle parfaitement à la musique du groupe : dure, froide, mécanique. « Wisconsin Death Trip », « Fix », « Love Dump ». La setlist intègre l’album WDT dans son intégralité (ou presque) et fait la part belle aux productions de la première heure avec également plusieurs morceaux de Machine. Chaque morceau a droit à une animation différente sur l’écran, c’est plutôt bien fait. Le public est déchaîné, sue et accompagne Xer0 sur presque l’intégralité des paroles. Quant à Tony et Koichi, ils sont visiblement ravis d’être là – on imagine que le sentiment est partagé par Ken, mais on ne le distingue pas d’ici. On aura droit en tout et pour tout à trois morceaux en dehors de WDT et Machine, dont un « Destroy All » sans éclat qui ne rencontre pas beaucoup de succès. Le set débordant d’énergie positive touche finalement à sa fin après quelques mots en mémoire de Wayne Static, et se clôture sur l’excellent « Push It » qui laisse tout le monde K.O.

Le groupe a manifestement su retrouver toute la fougue des débuts dans cette nouvelle configuration. On n’a plus qu’à patienter jusqu’à la sortie de Project Regeneration et, peut-être, un autre passage en Belgique pour la tournée promotionnelle. Avec en prime, qui sait, peut-être de nouvelles compositions originales une fois que l'audience aura adopté Xer0 ?



[1] Au moment de publier le report, on apprend que l’identité de Xer0 a été révélée à cause d’un tatouage mal dissimulé. Il s’agirait en fait de Edsel Dope, du groupe Dope
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. Ce qui, au regard de la soirée, semble logique : il a une voix fort similaire et la programmation de Dope
Dope


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en toute première partie lui laissait suffisamment de temps pour enchaîner avec le concert de Static-X
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