Reportage

Entre magie et poésie

Courtrai (Schouwburg), le 26-09-2020

Lundi 28 septembre 2020



Six mois après l’apparition de la pandémie liée au Covid-19, des concerts commencent à reprendre. Certes, les conditions ne sont pour le moment plus les mêmes : on est assis et le masque reste de rigueur. Mais ne cachons pas notre bonheur de pouvoir — enfin?! — vivre et ressentir la musique en live. Et ce soir, c’est à Courtrai que ça se passe, du côté du théâtre. Amenra
Amenra


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joue à la maison et propose non pas un, mais deux sets acoustiques (la mémoire de notre webzine, Fred, nous susurre à l'oreille que c'est au même endroit que la formation aurait donné son premier concert acoustique, en 2009). Il est vrai que pour des raisons sanitaires, le nombre de places est fortement limité. Histoire de ne pas encore accumuler plus de frustrations dans ce quotidien perturbé, le set est donc dédoublé. Les performances sont enchainées l’une à la suite de l’autre, juste le temps de désinfecter entre chaque prestation. Tout rappelle que la menace virale est toujours présente, mais la Culture s’adapte, se réinvente et passe au-dessus.


À l’accueil du théâtre, on prend nos noms et une employée nous fait pénétrer à l’intérieur des lieux. «Un théâtre à l’italienne avec un dôme en verre. Magnifique.», explique Isabelle. On est en effet deux de chez Shoot Me Again à être là ce soir, prêt·es à confronter ou à compléter nos avis respectifs. Au pied des sièges et des gradins recouverts de tissu rouge satiné sont disposées en rond des chaises prie-Dieu. En périphérie sont installés des sièges, par bulles de deux, trois ou quatre. Le public prend place petit à petit. Sous une lumière à présent tamisée, les artistes font leur entrée, dans le silence. Levy Seynaeve est remplacé à la basse par Maarten Kinet, bassiste de la formation entre 2006 et 2012 et qui rejoint la configuration acoustique du groupe depuis 2014. Femke de Beleyr est également présente, assurant des backings vocals ainsi que des parties au violon. Il règne dans la salle un profond silence. Non pas de ces silences pesants et angoissants, mais bien celui propice au recueillement, à la méditation et à la contemplation.

Par chance, je me trouve très proche du groupe, à moins de trois mètres du batteur, Bjorn Lebon. Isabelle est également très bien placée, à un jet de pierre. Face à moi est assis Colin H. Van Eeckhout, une épaisse barbe lui mangeant le visage. Avec ses longs vêtements de couleur sombre et son air imprégné, le vocaliste fait de plus en plus penser à un mystique. Les regards des musiciens se croisent, toutes et tous semblent prêt·es, Bjorn démarre la prestation en effleurant les cymbales de ses balais munis de brins de métal.

«Les notes s’enchainent, les morceaux aussi, personne n’applaudit avant la fin de la dernière chanson», indique Isabelle. Il est vrai que le public est très respectueux de la performance donnée ce soir. Comme bien souvent lors des shows d’Amenra
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, le silence fait partie intégrante de l’expérience. Et aujoud'hui, il est d’or. On excusera l’appareil photo qui fera crépiter son flash à quelques reprises ainsi que la porte grinçante du 2e étage qui aurait bien mérité un petit coup d’huile dans ses charnières. Il règne au sein du groupe une osmose aussi délicate que palpable. Chacun·e s’observe discrètement du coin de l’œil afin de veiller à ce que l’unité musicale se perpétue tout au long des 70 minutes du set. Il arrive que les sensations prennent à la gorge, que les frissons courent sur les avant-bras, que l’esprit petit à petit s’apaise et ne fasse plus qu’un avec toutes les personnes rassemblées.

«Au niveau des émotions, c’est assez étrange. Je n’ai ressenti ni la lourdeur, ni la violence, ni la souffrance, ni la puissance des concerts amplifiés d’Amenra
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. J’ai plutôt ressenti ici de la poésie, du calme, de la délicatesse et de la plénitude. Mais bizarrement, à la fin du concert, je me sens dans le même état qu’après chaque show: remuée, perturbée. Comme si, Amenra
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me touchait à tous les coups, peu importe le chemin emprunté.
», confie Isabelle. Je ne peux que me ranger de son côté. Quiconque a déjà assisté à un set d’Amenra
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pourra tenter d’expliquer cette curieuse sensation d’avoir vécu un moment intense, telle une tornade qui vous rincerait de l’intérieur tout en parvenant à aligner le cœur, l’âme et l’esprit. Une purge spirituelle et émotionnelle par la musique.

Les concerts étant plutôt rares ces temps-ci, on a décidé qu’on remettrait le couvert le mois prochain, le 23 octobre pour être précis. Cela se donnera à l’Eden, le Centre culturel de Charleroi. Chaque concert d’Amenra
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étant une expérience unique, on vous confiera à nouveau nos ressentis à l’occasion du passage des musiciens au Pays Noir. Pour les plus distrait·es d’entre-vous, on ne vous cachera pas que les deux shows prévus ce soir-là sont également déjà complets. Et d’ailleurs, à ce sujet, Isabelle me fait signe qu’elle voudrait transmettre un message : «Comme vous pouvez vous en rendre compte, on a vécu un très bon concert, un moment magique… Et donc, si quelqu’un·e veut m’inviter, qu’il·elle n’hésite surtout pas…?!». Vous l’aurez compris, Isabelle ne s’y est pas prise à temps…

Setlist : Aorte – Razoreater – Les lieux solitaires – Het Dorp – Parabol – Diaken – The Dying of Light – Wear My Crown – Kathleen – Ritual – Ehre – A Solitary Reign – To Go On And Live With Out – The Longest Night - Deemoed
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AUTEUR : Sekhorium
Chargé de communication dans le secteur culturel et journaliste à ses heures perdues, Pierre explore les méandres du Metal depuis maintenant près ...
Chargé de communication dans le secteur culturel et journaliste à ses heures perdues, Pierre explore les méandres du Metal depuis maintenant près de 20 ans. Privilégiant les sensations au détriment de la raison, il recherche sans arrêt de nouvelles formations qui viendront titiller les cinq sens. Si vous le croisez en concert, vous le trouve...
Chargé de communication dans le secteur culturel et journaliste à ses heures perdues, Pierre explore les méandres du Metal depuis maintenant près de 20 ans. Privilégiant les sensations au détriment de la raison, il recherche sans arrêt de nouvelles formations qui viendront titiller les cinq sens. Si vous le croisez en concert, vous le trouverez certainement dans la fosse, voire face aux barrières quand le show s'avèrera intense. Plus qu'un style musica...
Chargé de communication dans le secteur culturel et journaliste à ses heures perdues, Pierre explore les méandres du Metal depuis maintenant près de 20 ans. Privilégiant les sensations au détriment de la raison, il recherche sans arrêt de nouvelles formations qui viendront titiller les cinq sens. Si vous le croisez en concert, vous le trouverez certainement dans la fosse, voire face aux barrières quand le show s'avèrera intense. Plus qu'un style musical, le Metal est devenu est philosophie de vie....
Chargé de communication dans le secteur culturel et journaliste à ses heures perdues, Pierre explore les méandres du Metal depuis maintenant près de 20 ans. Privilégiant les sensations au détriment de la raison, il recherche sans arrêt de nouvelles formations qui viendront titiller les cinq sens. Si vous le croisez en concert, vous le trouverez certainement dans la fosse, voire face aux barrières quand le show s'avèrera intense. Plus qu'un style musical, le Metal est devenu est philosophie de vie....

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