Reportage

4 - 1 + 2 = SUUNS v.2021

Bruxelles (Botanique), le 28-10-2021

Mardi 2 novembre 2021



Allez ! on ne va pas se raconter d’histoire, ce concert de SUUNS
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à l’Orangerie du Botanique, on ne le sentait qu’à moitié avant le coup. Ou, plutôt, on l’attendait autant qu’on le redoutait. D’abord parce que The Witness, leur dernier opus en date, est une petite merveille de virtuosité et de subtilité, fruit d’un long et minutieux travail en studio, et on sait très bien que le passage à la scène de compositions très léchées, très produites n’est jamais aisé. De plus, Max Henry a définitivement débranché ses claviers à l’issue de la tournée américaine fin 2018, laissant ses camarades de son poursuivre l’aventure à trois ; or l’homme était un membre fondateur (dans tous les sens du terme) et avait très largement contribué à façonner l’identité artistique du projet SUUNS
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, tout particulièrement en live. Les attaques à l’infra-basse qui laissaient les spectateur.rice.s transi.e.s sur place et les beats casse-vertèbres, c’était lui ! Les intonations Kraut d’une noirceur d’encre, c’était pour large part lui aussi ! Du coup, la question de l’interprétation des titres des quatre premiers albums se pose également et de façon plus prégnante encore. Enfin, on le sait bien : les Montréalais n’ont jamais attiré les foules – et c’est bien dommage ! Mais ceci s’ajoutant à cela et notamment à une situation qui demeure bien morose dans le domaine de la culture, une jauge à 650, ça semblait peut-être un poil ambitieux.

Sur ce dernier point, on est rassurés d’emblée : l’Orangerie n’affiche certes pas complet, mais le parterre est déjà bien garni lorsqu’on passe les portes de la mythique salle du haut de la rue Royale. Et sur les autres points, en l’absence de première partie, on sera rassurés très vite aussi ! Dès l’entrée en scène en fait, sur fond de chant de cigales annonciateur de Third Stream, l’excellente plage d’ouverture de The Witness. Car ce ne sont pas trois, ni même quatre, mais cinq silhouettes qui se profilent dans la pénombre de l’Orangerie. On savait Max Henry indispensable ; son remplacement par un binôme le confirme. Et ce choix s’avère aussitôt totalement pertinent, l’un des deux suppléants s’occupant plutôt des machines, tandis que le second gère les claviers, mais tâte aussi du saxophone et de la flûte.

Ce nouveau dispositif permet au groupe d’aborder sereinement ses dernières compositions, sans avoir à faire de coupe franche ni passer par la case ‘bandes enregistrées’. C’est donc une version de Third Stream très fidèle à l’originale que SUUNS
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présente à un public bruxellois instantanément plongé dans une écoute recueillie. La première demi-heure, intégralement consacrée à The Witness, sera marquée par cette tonalité très appliquée sur scène, très respectueuse côté salle. Ben Shemie et Joseph Yarmush passent alternativement de la guitare à la basse, Liam O’Neill s’en va caresser les peaux d’un set de congas le temps d’un Go to my Head renversant de maîtrise et d’élégance, les deux nouvelles recrues (qui ne nous seront pas présentées) assurent leurs parties avec discrétion et efficacité.


Début de tournée oblige, on perçoit quelques (légers) couacs ici et là, qui semblent plus amuser le collectif qu’autre chose et, surtout, qui n’affectent en rien la qualité des interprétations proposées. Que du contraire même ! Ainsi, lorsque Ben Shemie constate sur Witness Protection que les effets appliqués à sa voix ne sont pas les bons, il oblige le groupe à prolonger l’intro le temps de rectifier le tir et ce sont au final quelques secondes de plaisir supplémentaire qui sont offertes au public du Botanique. C’est ça le live ! Et il ne faut surtout rien changer à ça !

Sans transition, l’enchaînement Fiction Instrument Translate rappelle que, puisque le Canada est à l’ouest et puisque les SUUNS
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sont Canadiens, dès lors… La pression, la température et le sonomètre montent d’un cran, un sérieux cran, en même temps qu’on quitte la beauté ouatée de The Witness. C’est barré, c’est intense, c’est furieux, c’est sauvage désormais et l’implacable Pie IX en rajoute une couche, sous un light-show qui accompagne à la perfection le rythme obsédant des machines et le chant toujours aussi angoissant de Ben Shemie. Le clair-obscur parsemé d’éclairs stroboscopiques révèle un public ondulant en rythme et, l’espace d’un instant, on se surprend à penser que cette fois ça y est : on la retrouve enfin cette émotion si particulière, cette espèce d’alchimie du son qui opère lorsque la scène et la salle fusionnent.

Première pause de la soirée après 9 titres enchaînés sans interruption. Le public en profite pour exprimer tout le bien qu’il pense de ce qu’il vient d’entendre et Ben Shemie remercie, en Français, tou.te.s celles et ceux qui ont fait le déplacement ce soir. Ça fait du bien de se retrouver ! ajoute-t-il encore, une pointe d’émotion dans la voix.

Ultime retour à The Witness avec l’indispensable The Trilogy, manifestement très attendu du public de l’Orangerie. Ce sixième extrait est exécuté avec la même dextérité discrète et ce même souci du détail qui font la carte d’identité du dernier album des SUUNS
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. Illuminé par le chant cette fois très sensible d’un Ben Shemie qui prouve qu’il sait passer d’un registre à un autre, The Trilogy referme la prestation de la même manière qu’elle a démarré : sur fond de chant des cigales.


Rappel prévu autant qu’obligé, et surtout mérité, les SUUNS
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reprennent leur poste et on discerne alors ce son granuleux très caractéristique qui semble comme s’élever des entrailles du Botanique. Se pourrait-il que ? Non, quand même... Et pourtant si ! Le quartet, réduit à trio, réinventé en quintet est bien en train de lancer tranquillement ce qui s’avère être Armed for Peace, le titre qui ouvrait son premier album paru en 2010, l’emblématique Zeroes QC. Version incendiaire, Ben Shemie désarticulé sous son pied de micro, Joe Yarmush le visage masqué par un rideau de cheveux, Liam O’Neill à la lutte avec son drumkit et le public aux abois ou aux anges, on ne sait plus trop. Don’t you be yourself, you are someone else ! Évidemment ! Comment peut-on imaginer en rester là et ne pas enchaîner avec Gaze, comme sur l’album, comme il y a dix ans ? Dans une version nettement plus appuyée toutefois, nettement plus affirmée aussi, notamment au niveau vocal, et avec cet impeccable final en fracas contrôlé, émaillé d’éruptions de saxophone furibard.

Le quintet prend définitivement congé cette fois, à l’issue d’un set de 75 minutes entamé avec les deux premiers titres de son dernier opus en date et bouclé avec les deux premiers titres de son tout premier album. Sans effet d’annonce ni discours autre que musical, les SUUNS
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viennent de refermer leur première décennie d’activité de la plus belle des façons, tout en indiquant qu’il faudra compter avec eux pour la décennie à venir. Message bien reçu, on sera là !
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AUTEUR : Olivier
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le me...
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le metal, le post-rock et le jazz. Il fréquente assidûment les salles de concerts de France et de Belgique, mais il n'hésite pas à passer les frontières et à tailler la route pour assister aux presta...
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le metal, le post-rock et le jazz. Il fréquente assidûment les salles de concerts de France et de Belgique, mais il n'hésite pas à passer les frontières et à tailler la route pour assister aux prestations de ses artistes favoris. Il a rejoint l'équipe en novembre 2020....
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le metal, le post-rock et le jazz. Il fréquente assidûment les salles de concerts de France et de Belgique, mais il n'hésite pas à passer les frontières et à tailler la route pour assister aux prestations de ses artistes favoris. Il a rejoint l'équipe en novembre 2020....
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le metal, le post-rock et le jazz. Il fréquente assidûment les salles de concerts de France et de Belgique, mais il n'hésite pas à passer les frontières et à tailler la route pour assister aux prestations de ses artistes favoris. Il a rejoint l'équipe en novembre 2020....

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