Reportage

Currents ou le Metalcore dans toute sa splendeur

Anvers (Trix), le 23-02-2024

Jeudi 29 février 2024



Il arrive que des groupes gravissent les échelons rapidement sans que l’on s’en aperçoit. C’est exactement ce qui m’est arrivé avec Currents
Currents


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. Que ce soit en Europe et surtout aux États-Unis, on ne peut nier que la formation du Connecticut a méchamment grandi ces dernières années. Se retrouvant sur toutes les affiches tendances jusqu’à devenir un nom que tous les fans du genre connaissent parfaitement. Bien que cette montée en puissance soit, tout de même, à relativiser et intrinsèque à la scène Metalcore, il n’en reste que le chemin parcouru force le respect. Avec trois albums au compteur et autant d’EP, les Américains ont su prouver de quoi ils étaient capables. Cette première tournée de 2024 marque donc un tournant important car c’est, également, la première fois que Currents
Currents


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traverse l’Europe en tant que tête d’affiche. Avec ce nouveau statut obtenu, il me tardait de voir si le groupe avait les épaules assez solides pour tenir ce rôle. Le rendez-vous belge était initialement donné au Kavka Zappa mais face à un engouement exponentiel, la date est déplacée à quelques kilomètres de là au Trix Club qui affiche au final, lui aussi, complet.



Sur les coups de 19h, les lumières s’éteignent afin de laisser place à Sentinels
Sentinels


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qui ouvre cette soirée. J’avais hâte de retrouver les Américains que je n’avais plus vus depuis mai 2022 dans cette même salle et alors en première partie de Fit For An Autopsy
Fit For An Autopsy


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. Le line up est un peu différent de la dernière fois car, entre temps, Josh Hardiman (chant) a quitté le groupe à cause de problèmes de voix. Il a été remplacé en octobre dernier par Kenny Stroh et, dans la foulée, la formation en a profité pour sortir un nouvel EP nommé Limbo. Appréciant fortement le timbre de voix de l’ancien chanteur, j’appréhendais légèrement la prestation du jour. Néanmoins, je ne vais pas être déçu ! La setlist tourne majoritairement autour de leur excellent dernier album Collapse By Design (2021) comme en témoigne l’introduction sur « Embers » suivi de « To Wither Away ». Sentinels a comme spécificité de proposer un Metalcore Progressif bourré de changements rythmiques et de riffs saccadés.

Le public est loin d’être compacte et les nombreuses interpellations du chanteur n’aboutiront pas. D’ailleurs, celui-ci est plutôt charismatique et reprend parfaitement le rôle de son prédécesseur. On enchaîne, ensuite, avec « Nomadic » et « Glitch » du dernier EP que je trouve bien plus efficace en live qu’en version studio. Mon moment phare du concert est, sans aucun doute, l’exécution de « Albatross » que j’adore particulièrement et dont les breaks me transpercent comme jamais à chaque fois. Le groupe termine son set de 30 minutes par « Inertia » avant que le chanteur ne se fasse agresser sur scène par une personne en kimono. J’avoue être resté complétement bouche bée et dans l’incompréhension face à cette scène lunaire mais je comprendrai plus tard qu’il s’agissait d’un membre d’un autre groupe, venu troller (ça va être l’un des fils rouges de la soirée). Au final, Sentinels
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a assuré un show d’une grande qualité et j’espère vite le retrouver lors d’une prochaine tournée.



Bon, on ne pouvait pas passer à côté mais il est temps de parler du cas : Oceans Ate Alaska
Oceans Ate Alaska


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. Si vous êtes fans de la formation ou bien que vous vous intéressez à la scène Metalcore en général, vous avez plus que probablement entendu parler du récent drama qui entoure les Anglais. Fin du mois de janvier, James Harrison (le chanteur originel qui avait déjà quitté le groupe en 2016, avant de revenir en 2020) annonçait se retirer de la formation pour la seconde fois, suivi par le guitariste Adam Zytkiewicz. James expliquera, à travers un long message posté sur les réseaux, qu’il régnait une ambiance négative et néfaste au sein du groupe à base de masculinité toxique, de problèmes financiers et de divergences créatives. Bref, cette annonce est arrivée comme une bombe et a divisé les fans quant à l’avenir des Anglais (d’autant plus que Jake Noakes, qui avait repris le poste de frontman entre 2017 et 2020, a rejoint l’avis de son comparse). Dans le même temps, Oceans Ate Alaska
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a, de son côté, balancé un nouveau morceau intitulé « Endless Hollow » avec Joel Heywood (ex-Silent Screams
Silent Screams


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) au micro et a confirmé que l’aventure se poursuivait. C’est le genre d’histoire dont on préférerait se passer dans la scène mais qui commence tout doucement à devenir monnaie courante malheureusement.

Maintenant que le contexte récent est posé, que penser de la prestation du soir ? Et bien qu’elle a mal commencé ! En effet, une fois les premières notes de « Metamorph » lancées, il commence à y avoir des problèmes de micro. Celui-ci se coupe à plusieurs reprises et pousse le chanteur à se rabattre sur celui d’un des guitaristes. Les problèmes techniques se poursuivront légèrement sur le titre suivant, « Paradigm » avant d’être réglés une bonne fois pour toutes (du moins pour OAA). Avec toutes ces embûches, l’ambiance est au plus bas, bien que les morceaux fracassent comme jamais. Afin de réveiller le public, Joel décide de venir chanter au milieu de la fosse lors de « Hansha ». Ce sont d’ailleurs les chansons de l’album Hikari (2017) qui recevront les plus grosses acclamations. Le Metalcore Progressif d’Oceans Ate Alaska
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repose beaucoup sur l’utilisation de samples atmosphériques et sur un jeu de batterie complexe qui fonctionnent du tonnerre.

La formation joue, ensuite, l’expéditive « New Dawn » suivie de la géniale « Nova » venant toutes les deux de l’album Disparity (2022). Les breakdowns sont hyper efficaces et font bouger les quelques mosheurs qui se donnent à fond. Finalement, le concert se termine par « Escapist » après 26 petites minutes. Durant la chanson, les membres des autres groupes viendront troller, encore une fois, sur scène en déplaçant les cymbales et en portant l’un des guitaristes sur leurs épaules. Un peu dommage de ne pas retrouver des titres de Lost Isles (2015) dans la setlist comme « Vultures and Sharks » par exemple. Cependant, ce fut un show réussi et maîtrisé. De son côté, Joel gère bien ses parties et a même tendance à davantage utiliser le growl, même lors des lignes normalement en scream. On peut donc dire que cette nouvelle ère d’Oceans Ate Alaska
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a réussi son premier test, maintenant reste à voir pour combien de temps ?



Après s’être pris des gros breakdowns et de la violence en pleine tronche, il est temps de sortir les mouchoirs et de laisser aller nos émotions en compagnie de Being as an Ocean
Being as an Ocean


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. A l’image des autres formations du soir, nous allons avoir droit à un changement de chanteur. En effet, Joel Quartuccio (chant crié) est resté au pays pour s’occuper de sa famille et n’a donc pas su participer à cette tournée. Alors qu’on pouvait s’imaginer tout un tas de remplaçants de choix, les Américains ont surpris tout le monde en contactant la frontwoman Djamila Azzouz du groupe anglais Ithaca
Ithaca


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. N’accrochant pas spécialement à ce dernier, je me suis demandé si Djamila allait réussir à dégager autant d’émotions vocalement que Joel. C’est ce que nous allons voir ! Tout d’abord, il faut que j’avoue ne pas être sensible au Post Hardcore / Melodic Hardcore de Being as an Ocean
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. Certaines chansons arrivent à me plaire mais je trouve l’ensemble un peu mou. Je ne demande donc qu’à être surpris. Une fois les artistes en place, le concert peut débuter. Malheureusement, il commence difficilement car les problèmes de micro sont toujours là. Il faudra encore attendre 2-3 morceaux avant que les grésillements et les coupures soient de l’histoire ancienne. Les Américains ont sorti début du mois, leur dernier album Death Can Wait que j’ai pris le temps d’écouter avant de venir. Nous allons justement retrouver trois chansons dans la setlist (« Death Can Wait », « Flesh and Bone » et « The Fullness of My Being ») que je trouve bien plus entrainantes en live qu’en version studio.

Depuis le début de la performance, le public est en feu et chante à tue-tête les différentes paroles. Je dois bien être l’un des seuls à ne pas les connaître. Un titre que j’attendais énormément est « Thorns » que j’affectionne particulièrement grâce à son ambiance de fin du monde et ses basses ultra puissantes. Cependant, je vais rester sur ma faim car les samples sont peu mis en avant, détruisant tout l’effet recherché. Également, je pouvais m’y attendre mais nous allons avoir droit à un speech remplit d’amour et de soutien qui sera chaudement applaudi par l’ensemble de la salle. Le guitariste n’a, d’ailleurs, pas arrêté de nous dire qu’il nous aimait durant toute la performance. Sinon, c’est véritablement lors de « The Hardest Part is Forgetting Those You Swore You Would Never Forget » (c’est long !) et lors du final « This Loneliness Won’t Be the Death of Me » que le public devient fou et saute dans tous les sens (comme le guitariste qui finit par se jeter dans la foule). Durant « Flesh and Bone », les membres des autres groupes ont fait leur apparition en mangeant des raisins tels des romains en arrière-plan et Joel Heywood est venu chanter quelques paroles. En somme, malgré mon manque d’intérêt, j’ai tout de même passé un bon moment et Djamila a fait honneur à son rôle de remplaçante. Un concert feel good qui sert de repos avant l’assaut final.



Ça ne surprendra personne mais si tout le monde est là ce soir, c’est bien pour Currents
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. Il n’y a qu’à voir le nombre de fans arborant des t-shirts à leur effigie pour comprendre qu’ils sont attendus et appréciés. Je commence d’ailleurs à ressentir le sold out car le devant de la scène se remplit grandement et il devient même difficile de bouger. A peine les lumières tamisées que la foule entre en délire lorsque les membres se présentent face à elle. Sachant que c’est la tournée promotionnelle de leur merveilleux dernier album The Death We Seek (2023), le concert s’ouvre par « Living in Tragedy ». C’est fou de voir que l’album est déjà connu de tous car le refrain est chanté par toute la salle en délire. Le Metalcore presque progressif du groupe regorge de passages atmosphériques qui se mélangent à la perfection à des moments intenses (notamment avec du blast beat). Et en parlant de moments intenses, voici « Vengeance » et ses sonorités inquiétantes qui activent un pit instinctivement. La setlist est plutôt bien pensée avec ensuite, « Remember Me » qui permet aux mosheurs d’un peu souffler. Je ne le dirai jamais assez mais Chris Wiseman (guitare et tête pensante du groupe) est un compositeur extraordinaire qui arrive, que ça soit avec Currents
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ou encore davantage avec Shadow of Intent
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, à proposer des compositions singulières qui ne déçoivent que très rarement.

Après avoir voyagé dans le dernier album, il est temps de revenir un peu en arrière avec un enchaînement entièrement repris de l’excellent The Way It End (2020). Ainsi, aussi bien « A Flag to Wave », « Monsters », que « Better Days » ou encore l’incroyable « Kill the Ache » ne laissent pas une seule seconde de répit à un public complétement conquis. Brian Wille (chant) est en forme et ses quelques brèves interventions ne ralentissent en aucun cas la dynamique présente depuis le début. Seule survivante de l’EP I Let the Devil In (2018), « Into Despair » continue dans la même veine que ses prédécesseuses et ce n’est certainement pas « Apnea » de l’album The Place I Feel Safest (2017) qui viendra casser l’ambiance. Que du contraire, son break final est repris en chœur avant que le pit n’implose littéralement. Le temps passe excessivement vite et on ne voit pas les morceaux défilés devant nous. « Shattered » finira le voyage dans le temps avant de revenir sur The Death We Seek avec notamment le titre éponyme. Ce dernier est violent et son atmosphère générale aussi bien sombre que lumineuse, passe mielleusement dans mes oreilles. Après une bonne heure de show, Currents
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termine par « So Alone » et « Unfamilliar » qui seront, une nouvelle fois, repris par toute la salle. Que dire de plus de ce concert qui a été juste incroyable ? La setlist aura vraiment été aux petits oignons et le public aura été révolté du début à la fin. Le son n’aura pas faibli une seule seconde et les musiciens auront prouvé qu’ils sont bien une valeur sûre en live.

Je terminerais par dire que je plains les malheureux qui n’ont pas su se déplacer ce vendredi soir mais il est fort à parier qu’on retrouvera vite les Américains dans nos régions. Une prestation 5 étoiles qui a tout pour propulser le groupe vers de nouveaux sommets. En tout cas, c’est tout ce que je lui souhaite.

Remerciements à Kinda pour l’invitation.
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AUTEUR : Maxime
Après avoir fait son stage de musicologie au sein du webzine, Maxime, fervent lecteur de chroniques, décide de prolonger l'aventure en rejoignant of...
Après avoir fait son stage de musicologie au sein du webzine, Maxime, fervent lecteur de chroniques, décide de prolonger l'aventure en rejoignant officiellement l'équipe en tant que rédacteur. Fan de breakdown et de pit bien énervé, il aura grand plaisir à te faire découvrir les scènes Metalcore et Deathcore (et bien plus) sous toutes leur...
Après avoir fait son stage de musicologie au sein du webzine, Maxime, fervent lecteur de chroniques, décide de prolonger l'aventure en rejoignant officiellement l'équipe en tant que rédacteur. Fan de breakdown et de pit bien énervé, il aura grand plaisir à te faire découvrir les scènes Metalcore et Deathcore (et bien plus) sous toutes leurs formes....
Après avoir fait son stage de musicologie au sein du webzine, Maxime, fervent lecteur de chroniques, décide de prolonger l'aventure en rejoignant officiellement l'équipe en tant que rédacteur. Fan de breakdown et de pit bien énervé, il aura grand plaisir à te faire découvrir les scènes Metalcore et Deathcore (et bien plus) sous toutes leurs formes....
Après avoir fait son stage de musicologie au sein du webzine, Maxime, fervent lecteur de chroniques, décide de prolonger l'aventure en rejoignant officiellement l'équipe en tant que rédacteur. Fan de breakdown et de pit bien énervé, il aura grand plaisir à te faire découvrir les scènes Metalcore et Deathcore (et bien plus) sous toutes leurs formes....

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