Reportage

Botch : Math-moi ça une dernière fois, fieu !

Bruxelles (Botanique), le 15-03-2024

Lundi 18 mars 2024



Vendredi dernier, le Botanique s’est payé le luxe d’enregistrer un retour très attendu dans la sphère metal. Et non, il n’est certainement pas question de Slayer ici mais bien des légendes du mathcore américain Botch
Botch


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, invitées à venir fouler la scène de l’Orangerie plus de 20 ans après leur mise en sommeil. L’occasion parfaite pour de nombreux nostalgiques de se remémorer les grandes heures de ce cador de la scène hardcore mais également une opportunité unique pour les quelques jeunots présents de découvrir toute l’intensité de ces rythmiques destructrices en live. Un comeback qui, d’après les dires de la formation de Tacoma, ne devrait pas voir apparaître un nouvel album pour autant mais qu’importe ! Retour sur cette incroyable performance qui pourrait bien être la dernière en Belgique…


Place tout d’abord à une première partie bien dense avec les Américains de Great Falls
Great Falls


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qui font plutôt dans le post-hardcore à tendance noise avec de bonnes grosses incursions sludge. On ne peut pas dire que la formation de Seattle sera gâtée au niveau du son (surtout en ce qui concerne la guitare) mais celle-ci va s’évertuer à nous embarquer dans de sombres méandres à l’aide de riffs anguleux et d’une basse aussi punitive que radicale. La voix douloureuse de Demian Johnson, signe avant-coureur d’un chaos imminent, transperce l’atmosphère avant un enchevêtrement de sons tumultueux et déroutants. Le groupe alterne entre changements de tempo et envolées complexes jusqu'à l’explosion sonore. Pour un trio, ça cogne sévère et le bassiste Shane Mehling paraît aussi énervé qu’un pingouin débarqué en plein désert. Il fracasse son instrument avec intensité et l’on n’est pas étonné d’apprendre que le bougre s’est déjà cassé le bras lors d’un concert passé. Mention spéciale également au batteur Nickolas Parks, impressionnant de maîtrise surtout dans le maniement des cymbales. Les trois larrons proposent un show cohérent qui s’articule autour de rebondissements époustouflants, de phrasés d’accords dissonants et de structures aussi tortueuses que des serpents piégés dans un sac. Leur dernier album « Objects Without Pain » est paru en septembre dernier et l’on ne peut que conseiller d’y jeter une oreille voire même les deux ! Un show plus que satisfaisant pour une mise en bouche corsée à souhait !



C’est désormais l’heure d’accueillir comme il se doit Dave Knudson, Dave Verellen, Brian Cook et Tim Latona qui ont donc décidé de rallumer la flamme deux décennies après l’avoir éteinte au sommet de leur popularité. Si leur premier album « American Nervoso » (sorti en 1998) avait déjà laissé entrevoir une tourbillonnante déclaration de folie amplifiée, leur second effort paru l’année d’après (« We Are The Romans ») sera d’emblée considéré comme l’un des albums de hardcore les plus emblématiques et les plus influents de tous les temps. À l’instar de leurs compatriotes de Converge
Converge


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, The Dillinger Escape Plan
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ou encore Vision of Disorder
Vision of Disorder


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, ils auront laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de leur discipline. Un engouement qui ne diminuera certainement pas malgré leur séparation. Au moment même où les membres de Botch
Botch


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s’en iront créer Minus the Bear
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ou encore Russian Circles
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, l’essor du partage de la musique en ligne combiné à la popularité croissante de la musique underground à l’échelle mondiale inciteront une pléthore de formations à dépoussiérer leurs guitares et à revenir sur le devant de la scène.

Ils n’échappent donc pas à la règle et force est de constater qu’ils ont bien eu raison puisque, malgré un prix de ticket loin d’être donné (entre 34€ et 40€ selon les préventes), le public a massivement répondu présent ! On ne peut que sourire dès l’arrivée de Chauncey The Cat, cette mascotte inquiétante, quelque part entre taxidermie ratée et peluche défraîchie, posée sur une tête d’ampli et dont l’effigie orne les t-shirts de la tournée. L’attente est à son apogée lorsque les lumières de l’Orangerie se tamisent et que les gaillards de Botch
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pénètrent sur scène, prêts à se déchaîner comme de beaux diables. On nous balance d’entrée To Our Friends in the Great White North qui a l’effet d’un premier bon gros coup de pied dans les c*******. Tel un ouragan sonore, ils entament leur set avec une énergie débridée, envoyant des riffs de guitare ciselés et des rythmes syncopés qui font frémir l’assemble. Au beau milieu du passage le plus calme, Dave Verellen nous avertit gentiment : « Take Care of Each Other ». À vos ordres, chef ! On continue dans un registre « badass style » avec Mondrian Was A Liar, fracassant enchaînement qui vire véritablement ‘metal’ et on prie tout ce qu’on peut pour que les épileptiques s’en sortent indemnes à l’issue du show tant les effets stroboscopiques sont imposants.



Enfilade de ‘tubes’ ensuite avec John Woo pour lequel l’ami Dave à la moustache proéminente fera tomber la casquette à plusieurs reprises, Japam et ses riffs pop punk bouillonnants ou encore ce Framce aux accords répétitifs à vous rendre dingo mais qui rappellent également que Dave Knudson est un sacré guitariste. Un des grands highlights du show n’est autre que cet Oma viscéral, joué dans l’urgence et pour lequel le batteur Tim Latona vient subtilement instaurer une douce accalmie au piano, tout en maintenant une tension palpable. Une tension qui ne faiblit pas avec Thank God For Worker Bees et son intro éructée par le bassiste Brian Cook. Entre les morceaux, Verellen est loin d’être le plus taciturne et son enthousiasme se veut communicatif : « Désolé, mais on se fait vieux, on a besoin d’une petite pause » nous dira-t-il avant de proposer un tout nouveau morceau (One Twenty Two) aux influences post-metal prononcées. Un membre du public en profite pour se faire un petit stage diving pépère tandis que notre frontman entretient sa forme physique à l’aide de petits sautillements pendant un Vietmam à l’essence stoner rafraîchissante.

« Qui parmi vous nous a déjà vus auparavant ? Mais non, je ne parle pas de la semaine dernière, mais lors de notre venue il y a des années d’ici ! » demande-t-il à la foule hilare. Il ajoute : « C’est vraiment très spécial de revenir après tout ce temps, merci du fond du cœur pour votre présence ! » avant que l’intro si caractéristique de Transitions From Persona to Object ne se fasse entendre. La guitare nous hurle des mélodies discordantes et la batterie martèle un rythme hypnotique, créant une symphonie cacophonique que seuls les adeptes du mathcore peuvent pleinement apprécier, chaque coup de caisse claire frappant les cœurs de l'auditoire et chaque riff s'insinuant dans les recoins les plus sombres de l’esprit : c’est tout simplement magistral ! Et que dire de la suite et ce Hutton’s Great Heat Engine à l’intro frénétique mais dont le court passage tout en retenue est scandé par le public entier : « It’s so quiet here… ».



Un maigre rappel plus tard et voici qu’une ligne de basse lente et triste se fait entendre… Pas de place au doute : c’est bien l’envoûtant Afghamistam qui entre en scène. Un chant murmuré, un motif de piano délicat, une guitare plaintive et une batterie qui ne va jamais au-delà d’un doux galop avant que l'enfer ne se déchaîne une toute dernière fois pour la doublette finale. C. Thomas Howell as the ‘Soul Man’ bougrement chargée en groove (cette basse ronflante, miséricorde !) et Saint Matthew Returns to the Womb dont les abus de pédales d’effet résonnent encore et toujours dans les esgourdes de l’assemblée.

À la hauteur de sa réputation, Botch
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a proposé une performance immersive et sensorielle saisissante. Un magnifique chaos, où chaque morceau semblait résonner avec une intensité renouvelée, grâce à la confiance forgée au cours de deux décennies d'expérience supplémentaires. Il incarne à lui seul la rigueur, l'impact et la générosité que l’on attendait d’un tel emblème du hardcore !

Chapeau bas, messieurs !

Remerciements au Botanique

Photos : Aurore Belot
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AUTEUR : Panda
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, pas...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...

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