Reportage

The Devil Wears Prada : L'art de concilier le passé et le présent

Anvers (Trix), le 15-02-2025

Samedi 22 février 2025



Quand on pense à The Devil Wears Prada
The Devil Wears Prada


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, on pense inévitablement à une période passée et souvent décriée du Metalcore. Mais si ! Rappelez-vous d’il y a un peu plus de 15 ans où les mèches Emo, les skinny jeans, les riffs chug en veux-tu en voilà et les breakdowns à outrance donnaient naissance à ce qu’on a appelé le « Myspacecore ». Une scène souvent moquée et reniée par la communauté Metal pour son côté juvénile et sa fâcheuse tendance à pousser toutes ses caractéristiques à l’excès. Durant cette période florissante, tout un tas de groupes ont explosé et façonné les goûts (plus ou moins cringe) d’une génération entière, ce fut le cas de Asking Alexandria
Asking Alexandria


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, Bring Me The Horizon
Bring Me The Horizon


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, Blessthefall
Blessthefall


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ou encore We Came as Romans
We Came as Romans


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pour ne pas tous les citer. Je suppose que la nostalgie a une part de responsabilité là-dedans mais, je garde une attache et un amour tout particulier pour cette scène qui aura été véritablement une révélation lors de mes premiers pas dans l’adolescence.

Si je reviens sur ces souvenirs contextuels, c’est justement, comme vous l’aurez compris, car The Devil Wears Prada
The Devil Wears Prada


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a été l’un des représentants phares du « Myspacecore » et a grandement contribué au succès du genre à l’époque. Depuis, le groupe a connu un grand nombre d’évolutions ; passant d’un Metalcore un peu goofy à des sonorités plus sombres, jusqu’à drastiquement diminuer sa brutalité pour arriver à un Post Hardcore autant lumineux que triste. Un virage stylistique qui a su prendre son temps et qui a suivi un cheminement qui semblait, au fur et à mesure, totalement logique et prévisible. Dès lors et comme souvent dans ce cas de figure, la question qui revient sans cesse est la suivante : comment concilier son héritage du passé avec sa forme présente, tout en conservant une identité cohérente ? Et bien, c’est justement ce que nous allons essayer de décortiquer ce soir.



Après plusieurs passages dans nos contrées, ces dernières années, comme première partie de luxe pour Wage War
Wage War


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et Landmvrks
Landmvrks


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, il était plus que temps pour les Américains de nous proposer un véritable show en tant que tête d’affiche. Et quoi de mieux pour marquer le coup, qu’une tournée fêtant, en quelque sorte, les 20 ans de la formation (en quelque sorte car rien n’a été annoncé dans ce sens). Pour les accompagner dans ce voyage à travers l’Europe, nous retrouvons en première partie des groupes modernes et en adéquation avec les changements stylistiques récents (Senna
Senna


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et Kingdom of Giants
Kingdom of Giants


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). De plus, SeeYouSpaceCowboy
SeeYouSpaceCowboy


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, qui devait normalement être de la partie, a dû annuler sa venue suite à un drama (oui encore un dans la scène) qui a poussé la chanteuse, Connie, à quitter le groupe. Ce sont finalement les Australiens de Ocean Grove
Ocean Grove


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qui sont choisis comme remplaçants de dernière minute. Bref, maintenant que tout est contextualisé, dirigeons-nous vers ce qui va être notre lieu d’accueil pour le soir, à savoir le Trix Club qui affiche complet.



Alors que les premiers fans investissent les lieux petit à petit, le premier groupe de la soirée, Senna
Senna


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, prend place sur scène. Cette formation, originaire de Mannheim en Allemagne, m’était presque totalement inconnue avant ce soir, n’ayant eu vent que de sa signature chez Sharptone Records quelques années auparavant. Afin de nous mettre directement dans le bain et de nous présenter leur musique, les Allemands ouvrent par la rayonnante « Lavender » issue de leur premier EP, A Moment of Quiet (2022). Musicalement, je me retrouve face à un Post Hardcore dans sa forme la plus moderne et aux accents progressifs. Une approche à la mode pour le moment et qu’on retrouve énormément dans la nouvelle scène allemande comme chez Avralize
Avralize


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ou Accvsed
Accvsed


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. Pour se démarquer légèrement de ses compères, Senna
Senna


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met en avant un jeu de guitare en slapping qui me fait penser à ce que proposent Polyphia
Polyphia


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ou Unprocessed
Unprocessed


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(en moins technique tout de même).

Tous ces éléments donnent une dimension good vibe et extrêmement lumineuse aux compositions. J’en ai pour preuve les morceaux qui suivent : « Rain » et « Blackout » provenant du futur nouvel album, Stranger to Love, prévu pour le mois de mai. Depuis le début, le public est assez réceptif et a l’air de pleinement apprécier ce qu’il voit et entend sur scène. Dans le but de prolonger la bonne énergie mais aussi de nous rappeler que nous sommes à un show de Metalcore, le groupe va délicatement hausser le ton avec un « High Note » aux refrains entêtants et au breakdown remuant. Après presque 28 minutes, Senna
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clôture son set par la langoureuse « Rosehip » et sous des applaudissements chaleureux. Je ne pense pas me tromper en disant qu’ils viennent, sans aucun doute, de se faire de nouveaux fans. Mission réussie pour eux et un bon début de soirée qui annonce du positif pour la suite.



Si ce premier arrêt était déjà une bonne surprise, j’étais loin de m’imaginer ce qui allait suivre ! En effet, place maintenant aux Australiens de Ocean Grove
Ocean Grove


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que je n’ai jamais vu et même si j’ai suivi les dernières sorties assidument, bizarrement, je n’ai jamais réussi à adhérer au délire. La faute à une composition trop classique, bien qu’efficace des chansons. Pourtant, comme vous allez le voir (ou plutôt le lire), ça va être tout le contraire en live. Si vous ne connaissez pas le groupe, ce dernier va vous faire voyager 20 ans en arrière avec son Nu Metal hyper catchy. D’ailleurs, pour commencer sur les chapeaux de roues, la bande de Melbourne débute par la géniale « Fly Away » qui n’a laissé personne indifférent, notamment grâce à ses refrains repris facilement par la foule. Avec sa casquette retournée et son énergie débordante, le chanteur me fait penser à un Fred Durst survitaminé qui aurait, s’il avait été dans le public, participer au chaos de Woodstock en 1999. Cette énergie contaminante ne va, d’ailleurs, pas quitter la salle durant l’entièreté de la performance.

Sans grandes surprises, avec un nouvel album (Oddworld) sorti l’année dernière, une grande partie de la setlist va lui être dédié. Que ce soit sur « Cell Division », « Raindrop » ou encore « My Disaster » durant laquelle nous aurons même droit à un wall of death, les fans sont en feu et sautent presque machinalement dans tous les sens. Afin de nous donner un petit moment de répit, Ocean Grove
Ocean Grove


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joue la très Deftonesque « Last Dance » avec ses mélodies mélancoliques. Le paroxysme des comparaisons avec les vieilles gloires du Nu Metal est atteint sur le dernier morceau, « Junkie », dont les complets ne sont pas sans rappeler un certain Limp Bizkit
Limp Bizkit


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… Que dire de plus de cette prestation qui aura été une grosse surprise pour ma part et qui m’aura marqué par son énergie totalement folle. Good job, mate !



Bien que Kingdom of Giants
Kingdom of Giants


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soit un groupe relativement connu dans la scène Metalcore, on a tendance à oublier qu’il a vu le jour en 2010 ! En même temps, c’est véritablement depuis la sortie de leur quatrième album, Passenger (2020), que les Américains ont pris du galon et ont pu prétendre à un nouveau statut. Certes, ils sont toujours coincés dans cette catégorie que j’appelle la Division 2 du Metalcore mais, à force de se retrouver sur une pléthore de grosses tournées comme c’est le cas pour le moment et depuis quelques années, je suis prêt à parier que leur promotion dans la ligue principale est plus que jamais proche. Mais pour cela, il faudra encore attendre au moins un album de qualité, si pas deux. Bref, à ce moment de la soirée, on commence tout doucement à ressentir l’effet du sold out avec une fosse de plus en plus compacte et qui semble excitée que ça commence. Justement, pour ouvrir les hostilités, le groupe a choisi « Asphalt » qui est également le titre d’ouverture de son dernier EP, Bleeding Star (2024).

Fortement influencé par les scènes modernes mêlant éléments électroniques et gros riffs sous accordés, Kingdom of Giants
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propose un Metalcore entraînant et accessible grâce notamment à des refrains qui sonnent très « pop ». Que ce soit « Night Shift » ou « Blue Dream », on nage en plein dans ces caractéristiques pour le plus grand plaisir des spectateurs. Bien évidemment, la formation sait aussi se montrer plus hargneuse comme sur l’excellente « Wasted Space » ou encore « Smoke » dont les breakdowns sont d’autant plus percutants en live qu’en version studio. Sur scène, je n’ai vraiment rien à redire, tous les membres produisent une copie plus que parfaite. Je suis d’ailleurs étonné par la justesse du chanteur qui, en plus de nous montrer de quoi il est capable vocalement, viendra participer au pit lors de « Sync ». Après un « Bleach » que j’adore particulièrement, le groupe terminera sa prestation par « Wayfinder » dont je ne comprends pas trop la hype. Un très bon moment dont je n’attendais pas spécialement grand-chose mais, qui aura réussi à me surprendre positivement, une fois encore.



Je ne vais pas vous le cacher mais mon rapport pour ce qui est du live avec The Devil Wears Prada
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est un peu compliqué. J’ai eu la chance de les voir à deux reprises avant ce samedi froid de février (au Graspop 2013 et 2017) et j’ai toujours été déçu par la qualité du son qui ressemblait, à chaque fois, à une bouillie qu’on ne vous servirait même pas à la cantine. Du coup, j’appréhendais légèrement la prestation du soir, même si le fait que ce soit en salle cette fois-ci, pouvait me rassurer sur ce point. Sur les coups de 21h30, les lumières s’éteignent et une musique inquiétante accompagne les cris des fans qui sont déjà surmotivés. Dès les premières notes de guitare, tout le monde reconnait le riff introductif de « Mammoth » et, sans surprise, fait exploser la fosse quand la batterie entre en jeu. Franchement, je ne pense pas qu’ils auraient pu faire mieux pour lancer leur set. En seulement quelques secondes, l’intensité a grimpé en flèche et elle n’est pas prête de retomber car on enchaîne avec « Watchtower » provenant de leur dernier album en date, Color Decay (2022), qui fonctionne super bien.

Comme vous allez le voir, la setlist est extrêmement bien construite et va nous faire alterner entre des vieilleries qui font toujours plaisir avec les récentes nouveautés. En parlant de vieilleries, nous allons avoir droit, ensuite, à « Danger: Wildman » puis à « Born to Lose » qui nous poussent à l’intérieur d’une DeLorean, direction la fin des années 2000. Que ce soit ce riffing si particulier ou la voix stridente de Mike Hranica (chant crié), on replonge dans l’âge d’or du groupe. Je n’y avais jamais vraiment porté attention (bien que ça semble logique) mais avec l’utilisation plus récurrente du chant clair sur les dernières sorties, j’ai l’impression que Jeremy DePoyster (chant clair et guitare) est davantage mis en avant, aussi bien dans les compos que sur scène et obtient presque le statut de frontman. Cette analyse se ressent dans les chansons qui suivent : « Salt » et son côté très lumineuse, « Broken » et ses errances dépressives et enfin, « Ritual » et son rythme ultra entrainant. Petit point noir du concert, l’exécution du morceau « Reasons » qui est à la base, une collaboration avec l’artiste Excision (Dubstep) mais qui est joué, ce soir, sans les éléments électroniques. Déjà qu'au départ, je le trouve inintéressant au possible mais là, c’était encore pire.

Pour revenir sur des notes plus enjouées, la deuxième partie du show va prolonger la bonne ambiance qui règne depuis le début, en réveillant comme le dit très bien Jeremy, « tous les zombies dans la salle ». Cette référence n’aura échappé à personne et c’est ainsi que sont joués les titres « Termination » et « Escape » venant respectivement des EP ZII (2021) et Zombie (2010). Assez surpris qu’ils aient mis de côté « Outnumbered » mais cela aura permis de diversifier la setlist. L’une des grandes forces de ce concert aura été, également, les interventions au synthé de Jonathan Gering qui ajoute une dimension encore plus immersive dans l’univers presque spooky du groupe, avec comme point d’orgue la délicieuse « Dez Moines ». Alors qu’on vient de dépasser l’heure de jeu, The Devil Wears Prada
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décide de nous achever de manière crescendo avec d’abord l’émotive « Chemical » puis par la salvatrice « Sacrifice » qui est peut être ma chanson préférée de la formation. Enfin, les natifs de Dayton balanceront « Hey John, What’s Your Name Again? » devant un public exténué mais qui poussera dans ses derniers retranchements pour honorer une performance plus que réussie.

Avec ce concert, The Devil Wears Prada
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nous aura prouvé qu’il a cette capacité de savoir manier l’ensemble de sa discographie sans se perdre, tout en prodiguant une homogénéité remarquable. Ainsi, que l’on soit en face de vieux morceaux ou des nouveaux, les Américains auront réussi ce tour de force qu’est de parvenir à mélanger ses différentes identités lors de l’interprétation de ses chansons. Que ce soit avec la mise en avant du synthé ou le travail sur les ambiances, The Devil Wears Prada
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démontre qu’il ne renie pas son passé, en plus d’accepter sa nouvelle direction. Ne serait-ce pas ça, la plus belle des conciliations.

Remerciements au Trix pour l’invitation.
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AUTEUR : Maxime
Après avoir fait son stage de musicologie au sein du webzine, Maxime, fervent lecteur de chroniques, décide de prolonger l'aventure en rejoignant of...
Après avoir fait son stage de musicologie au sein du webzine, Maxime, fervent lecteur de chroniques, décide de prolonger l'aventure en rejoignant officiellement l'équipe en tant que rédacteur. Fan de breakdown et de pit bien énervé, il aura grand plaisir à te faire découvrir les scènes Metalcore et Deathcore (et bien plus) sous toutes leur...
Après avoir fait son stage de musicologie au sein du webzine, Maxime, fervent lecteur de chroniques, décide de prolonger l'aventure en rejoignant officiellement l'équipe en tant que rédacteur. Fan de breakdown et de pit bien énervé, il aura grand plaisir à te faire découvrir les scènes Metalcore et Deathcore (et bien plus) sous toutes leurs formes....
Après avoir fait son stage de musicologie au sein du webzine, Maxime, fervent lecteur de chroniques, décide de prolonger l'aventure en rejoignant officiellement l'équipe en tant que rédacteur. Fan de breakdown et de pit bien énervé, il aura grand plaisir à te faire découvrir les scènes Metalcore et Deathcore (et bien plus) sous toutes leurs formes....
Après avoir fait son stage de musicologie au sein du webzine, Maxime, fervent lecteur de chroniques, décide de prolonger l'aventure en rejoignant officiellement l'équipe en tant que rédacteur. Fan de breakdown et de pit bien énervé, il aura grand plaisir à te faire découvrir les scènes Metalcore et Deathcore (et bien plus) sous toutes leurs formes....

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