Reportage

John Mayall, un jeune homme de 80 ans

Bruxelles (Ancienne Belgique), le 22-03-2014

Mercredi 26 mars 2014



Un samedi soir de mars comme beaucoup d'autres samedi soirs sur cette grande artère qui coupe le centre-ville en deux, un bus occupe la place de parking devant le 110 du boulevard Anspach. C'est un vieux bus blanc, un modèle qui date certainement d'il y a plus de 20 ans. Ou s'il est récent, c'est un bus sacrément vintage car il a l'air d'avoir déjà bien roulé. Ça change des bus cinq étoiles qui stationnent d'habitude devant l'Ancienne Belgique. La mention "sold-out" ne défile pas sur le prompteur installé devant la salle, ça aussi c'est presque inhabituel pour ce temple de la musique. Pourtant ce soir-là, l'AB accueillait une légende. Un mec discret à la discographie kilométrique. Il est 19h30. On entre dans le hall, on passe les portiques. Il n'y a pas encore grand monde dans le bar principal. Et pourtant, à gauche de l'entrée, là où les groupes mettent habituellement leur merchandising, un vieux type aux cheveux blancs se tient debout, la main sur une mallette pleine de disques. C'est John Mayall.

Avant de voir Le John et ses Bluesbreakers monter sur scène, le public présent dans la salle a droit à ce qu'on appelle un first act de qualité. Derrière The Ligthnin' Guy, se cache Guy Verlinde, un pei né le 22 mars 1976 du côté de Bruges.Cette année-là, John Mayall avait déjà sorti plus d'une vingtaine de disques. Même si notre Guy national s'est vu décerner le prix du meilleur bluesman belge en 2011 et qu'il a déjà de nombreuses lignes à son cv, comme par exemple avoir ouvert pour des gars comme B.B. King ou Otis Taylor, fouler la scène avant John Mayall le jour de son anniversaire, c'est plutôt cool! D'ailleurs l'homme avoue qu'il n'a jamais eumeilleur cadeau! Sans blague... Armé de sa guitare et d'une valise en guise de grosse caisse, le bluesman désormais gantois impressionne et s'ose à quelques soli d'harmonica ou de "kazoo" (guimbarde). Une standing ovation bien méritée.

Presque pas le temps de discuter que l'homme à la crinière blanche comme neige qui vendait ses disques tout benoîtement quelques instants plus tôt à l'entrée fait son apparition sur la scène. Depuis 1963, le bluesman anglais arpente les routes du monde entier avec son band: Les Bluesbreakers. Un nom derrière lequel se sont cachés de bien grands musiciens comme par exemple Eric Clapton ou Mick Taylor (The Rolling Stones
The Rolling Stones


Clique pour voir la fiche du groupe
), pour n'en citer que deux parmi les plus célèbres. Avec une formation qui change régulièrement Mayall renouvelle sans cesse les musiciens qui l'accompagnent comme en atteste cette cuvée de Bluesbreakers qui date de 2010. En plus de Mayall au chant, aux claviers, à la guitare et à l'harmonica, on retrouve Rocky Athas à la guitare, Jay Davenport à la batterie et Greg Rzab à la basse, connu entre autre pour avoir été le bassiste de Jimmy Page.



Si nos Bluesbreakers semblent un tantinet endormis, ce qui au final ne sera qu'une impression, ils suivent à la lettre le rythme imposé par Papy Mayall. A 80 ans, l'increvable bluesman s'offre une tournée mondiale en guise de cadeau d'anniversaire, une cadence qui fait dire aux plus pessimistes que Mayall a besoin de sous et qu'à 80 ans l'homme à la discographie élastique ne serait plus qu'un vieux débris. Certes Mayall ne saute plus dans tous les sens et a son petit parolier bien fixé sur son Roland, mais force est de constater qu'il fait partie de ces grand-pères qui font de la résistance. Le blues, il a ça dans le sang et c'est ce qui le tient debout. Dans la salle on peut d'ailleurs en entendre plusieurs qui signeraient bien des deux mains pour être comme lui au même âge.

Avec une setlist qui nous fera voyager à travers à toutes les époques de sa carrière, John Mayall, qui interprétera notamment un extrait de son tout premier disque, ne laisse pas de place à l'imprévu. Dans la salle une jeune femme l'interpelle et lui demande de jouer la "chanson avec le crocodile". L'intéressé ne semble plus se souvenir de cette chanson et s'en tire par une pirouette en se demandant pourquoi il a écrit autant de chansons... La demoiselle, qui faisait sans doute allusion à "Crocodile Walk" sorti en 1965, devra finalement se contenter de ce que notre papy blues nous avait programmé ni plus, ni moins. De toute façon le set proposé par Mayall et ses Bluesbreakers était loin d'être ennuyant. Car derrières leurs mines endormies les Bluesbreakers ne le montrent pas trop, mais ils s'amusent autant que le public, en témoignera l'énorme solo de basse que nous balancera Greg Rzab. De son côté notre papy Mayall est loin d'afficher un profil sénile comme certains auraient pu le croire. A 80 ans John Mayall a bien entendu une voix qui a un peu perdu en intensité, mais l'homme a encore toutes ses facultés et possède encore un souffle de jeunot comme en atteste la splendide interprétation de "Room To Moove" qu'il nous livrera en fin de set.

Ovationnés comme il se doit, Le Mayall et ses Bluesbreakers quittent les planches. Il est 22h40, John a dépassé l'horaire et les roadies s'affairent déjà au rangement. Le rideau à moitié relevé, John et ses musiciens reviennent sur scène pour un dernier morceau. Pas le choix, quand John a décidé, il a décidé! On ne refuse rien à un jeunot de 80 ans, surtout quand il souffle ses bougies. Le rideau redescend et cache à nouveau les entrailles de l'AB, on rebranche son piano et c'est reparti! Quelques minutes plus tard s'en est bien fini. A peine sorti de la salle, un attroupement se forme autour du merchandising. Le vieux monsieur qui vendait ses disques en début de soirée est déjà derrière son comptoir occupé à signer des autographes et à serrer des pinces. A ce rythme là, c'est sûr, il nous donnera rendez-vous dans dix ans pour ses 90 printemps...
TU AS AIME ? PARTAGE !
Google +
Twitter
Facebook
Whatsapp
E-mail
E-mail
Google +
Twitter
Facebook

► COMMENTAIRES

Tu dois être connecté pour pouvoir commenter !

Soit en deux clics via Facebook :

image

Soit via l'inscription classique (mais efficace) :

image

► A VOIR ENSUITE