Reportage

The Divine Comedy : Dantesque !

Bruxelles (Cirque Royal), le 30-01-2017

Mercredi 8 février 2017



Quitte à me faire lyncher par une partie de la gent métalleuse, d’ordinaire lectrice assidue de ces pages, je prends le risque… Après tout, on ne vit qu’une fois ! Et de vous laisser méditer sur cette phrase de Frank Zappa : « L’esprit est comme un parachute, il ne peut fonctionner que si il est ouvert ». C’est dans la peau de l’éclectique de service et en qualité d’amoureux de bonne musique que j’enfilais une nouvelle fois ma casquette de reporter pour Shoot Me Again. Rendez-vous était donc pris avec The Divine Comedy
The Divine Comedy


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… Après six ans d’absence, le dandy nord-irlandais Neil Hannon était de retour sur les routes européennes avec un onzième album (« Foreverland ») fort en chansons délicieusement fantaisistes, à l’image de leur créateur loin de toute modernité, mais qui gardent une saveur tout particulièrement élégante et excentrique. Retour sur le concert donné au Cirque Royal la semaine dernière par celui qui a su redonner à la pop anglaise un romantisme classieux, des orchestrations luxuriantes mais aussi et surtout un humour subtil et une autodérision assumée…


C’est une foule des grands soirs qui se presse aux portes de notre Cirque Royal national. Il faut dire que notre hôte du jour sait recevoir avec élégance et ce dès le premier morceau. Les musiciens prennent possession de la scène devant un immense backdrop à l’effigie du dernier album. C’est alors que Neil Hannon, toujours seul maître à bord de son projet, débarque en costume de Napoléon Bonaparte afin d’entamer How Can You Leave Me On My Own, première preuve d’un sens de l’humour… impérial ! Une première ode à l’être aimé jouée au piano et qui contraste avec la dureté de l’uniforme. Dès le début du spectacle, The Divine Comedy
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époustoufle par ses chansons riches en arrangements orchestraux complexes à l’instar du fort bienvenu Napoleon Complex au charme lyrique et aux percussions gonflantes pour lequel Hannon ouvre sa mappemonde géante pour en sortir un verre de vin rouge qu’il déguste avec délectation sous les applaudissements du public. On bondit ensuite vingt ans en arrière et l’on reste dans cette thématique « française » avec la douce The Frog Princess et son amusant passage reprenant l’introduction de La Marseillaise. « Quel jour sommes-nous aujourd’hui ? Lundi ?! Mmmmh ça c’est dur ! Pensons au week-end ! » s’amuse Neil Hannon avant d’enchaîner avec un morceau bien britpop de fin de siècle, Bernice Bobs Her Hair aux chœurs groovy pour lequel la guitare acoustique est de sortie. Un autre instrument également propre au son « Divine Comedy » n’est autre que l’accordéon présent sur le morceau suivant introduit en ces termes (et en français s’il vous plaît) : « Les fascistes progressent, ils doivent être combattus ! Faisons un pacte ». Il s’agit bien entendu de The Pact dont les sons pourraient rappeler un long métrage de l’âge d’or de Disney (on pense ici aux carillons).



On retrouve la guitare acoustique pour le lancinant To The Rescue et son long passage instrumental, un bijou de pop dont seul Hannon a le secret. Un petit verre de vin et un The Certainty of Chance au final inquiétant plus tard, notre dandy en profite pour s’éclipser et se changer. Il nous revient en costard cravate et chapeau melon sans oublier le parapluie typiquement british. Tout ceci est évidemment loin d’être innocent puisque le band entame The Complete Banker, premier morceau de l’album « Bang Goes The Knighthood » (2010) suivi tout de suite après du morceau éponyme durant lequel Neil Hannon s’inquiète de la fumée s’échappant des spots lumineux : « Vous êtes sûrs qu’il n’y a pas le feu ici ? ». C’est alors Generation Sex et ses extraits de « La Dolce Vita » qui recueillent tous les suffrages, la foule applaudit dès l’intro du morceau et de nombreuses personnes se lèvent afin d’entamer quelques pas de danse pendant ce sautillant passage où Hannon court d’un bout à l’autre de la scène muni d’un tambourin. Arrive enfin un moment d’intensité extrême : les musiciens entament Our Mutual Friend, véritable chef-d’œuvre de six minutes, autant au niveau du texte que de la musique qui le place désormais au panthéon des plus grands performers de leur époque. Il flotte en suspension, dans un brouillard sublime mais est bien trop malin pour se vautrer dans un romantisme noir à la complaisance facile. Notre homme tire le fil de son micro, descend de scène et feint de perdre conscience au milieu des escaliers des premiers gradins. Pendant de longues secondes, les autres membres du groupe se demandent ce qu’il se passe, leur leader vivant sa chanson comme si sa vie en dépendait. Un véritable monologue d’une rare beauté et à la théâtralité saisissante.



Retour sur scène ensuite pour une nouvelle séance de rafraîchissement mais cette fois, Hannon est encore plus généreux qu’à l’accoutumée puisqu’il propose à son band de nombreux alcools et breuvages tout droits sortis de sa mappemonde. On installe alors deux chaises hautes au milieu de la scène et Lisa O’Neill, chanteuse folk irlandaise chargée de la première partie du concert, est invitée à interpréter le délicieux duo Funny Peculiar. « Voici une très très très longue chanson dépressive ! ». Les rires du public ne se font pas attendre et A Lady of A Certain Age, magnifique réflexion sur le passage du temps, est jouée. Que ceux qui doutaient encore que Neil Hannon n’est pas un des plus grands auteurs-compositeurs de la planète n’ont qu’à se manifester… Un moment cocasse arrive ensuite sur la chanson suivante, Songs of Love. En plein milieu du morceau, notre chef d’orchestre fou demande à stopper la musique : « On va s’arrêter là et faire quelques chœurs ensemble, j’en ai envie ! Improvisons ! ». Bon dieu, que ce type est génial ! Le concert prend alors des allures de pop joyeuse et rythmée avec les morceaux At The Indie Disco où le Cirque Royal tout entier se lève d’un seul bon pour danser de plus belle, le solide Becoming More Like Alfie ou encore Something For The Weekend. Le groupe nous sert alors National Express aux relents twist avant de quitter une première fois la scène. Le rappel, à l’image du groupe, est dantesque ! Hannon laisse tomber la veste pour Assume The Perpendicular joué par-dessus les frappements rythmés de la foule. L’heure de gloire finale revient à l’album « Promenade » daté de 1994 avec deux morceaux emblématiques. D’une part, A Drinking Song (pas besoin d’en dire plus) où nous avons une nouvelle fois droit à une ultime et irrésistible remarque : « Arrêtez de vous balancer ainsi ! Vous allez me rendre malade ! » et l’incontournable classique par excellence Tonight We Fly.



Oh oui, Mr. Hannon ! Nous avons volé ce soir ! Et toutes griffes dehors, votre humour salvateur a prouvé, une nouvelle fois, une élégance d’esprit devenue bien trop rare par les temps qui courent. En abordant des styles musicaux qu’on ne célèbre guère au siècle de Beyoncé (ballade champêtre, valse, le Broadway des années 40), The Divine Comedy
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et son illustre représentant aura eu sans doute à cœur de se désolidariser de son temps. Et pour notre plus grand plaisir, ce fut une cinglante réussite ! Un accueil royal pour l’Empereur de la pop baroque…



Remerciements au Botanique et au Cirque Royal

Photos : Pierre Dauwe et Alexia Mathieu (Merci beaucoup !)

https://www.flickr.com/photos/e1006au12/

https://www.facebook.com/AlexiaMathieuPhotoProject/?fref=ts

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AUTEUR : Panda
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, pas...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...

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