Reportage

Sparks : Étincelants, les frangins !

Bruxelles (Ancienne Belgique), le 16-09-2017

Mardi 3 octobre 2017



Les fratries dans l’Histoire de la Musique ne manquent pas. La liste pourrait même être longue : Everly Brothers, Allman Brothers Band, les frères Wilson (The Beach Boys), Davies (The Kinks
The Kinks


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), Fogerty (Creedence Clearwater Revival), Asheton (The Stooges
The Stooges


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), Gibbs (Bee Gees), Young (AC/DC
AC/DC


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), Van Halen
Van Halen


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, Reid (The Jesus And Mary Chain
The Jesus And Mary Chain


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), Gallagher (Oasis) et on en passe ! Pour ces derniers, difficile d’admettre que l’entente est toujours au beau fixe. Dans de nombreux cas, l’égo a souvent pris le dessus sur le lien fraternel. Mais il est une paire de frangins qui n’a jamais aussi bien fait preuve de symbiose créatrice qu’aujourd’hui : les Sparks
Sparks


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! En effet, Ron et Russell Mael confirment qu’après quarante-cinq ans de carrière le feu sacré brûle toujours. Arrivé avec une fraîcheur insolente dans les plus grandes heures des années glam, faisant notamment le bonheur de l’émission Top of The Pops (pour les nostalgiques), le duo n’aura de cesse d’expérimenter sa musique mêlant humour et esthétisme classique, virant synthpop et new wave au tournant des 80’s avant de revenir à une pop colorée empreinte d’ironie et de sarcasme croustillants. Et c’est avec « Hippopotamus », nouvel album d’un exotisme époustouflant, que le groupe signe son grand retour. La chance, car il s’agit bien de cela, d’accueillir les frères Mael revenait à l’Ancienne Belgique en ce week-end de septembre, le dernier de l’été, pour une soirée intemporelle !


Une soirée intemporelle, disions-nous… Bien moins que la première partie laissée entre les mains de Mister Goodnite, dont l’avenir nous apprendra qu’il sera le claviériste live des Sparks
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quelques minutes plus tard. C’est sur le coup de 20h que débarque Tyler Parkford, batteur de Mini Mansions que l’on a pu voir en première partie de Royal Blood
Royal Blood


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dans cette même Ancienne Belgique en 2015. L’homme entre en scène de manière hésitante dans un costume on ne peut plus passé de mode. Sapé à la manière d’un Andy Kaufmann des années 2010, il sort un disque vinyle de sa pochette, le place sur une platine disposée à ses côtés et empoigne un micro dont le fil s’emberlificote autour de sa seconde main. C’est ainsi que le bonhomme pose sa voix sur cette mélodie crépitante en jouant quelque peu au crooner caricatural. Ambiance karaoké chez Tonton Marcel au programme pendant une petite demi-heure. Bien que le gaillard ne chante pas trop mal au demeurant, on a du mal à comprendre la pertinence de l’affaire et c’est sous de très polis applaudissements qu’il prend congé d’un parterre grossissant mais pas pour autant convaincu.



21h00 pétantes ! C’est l’heure ! On lance l’intro et de jeunes musicos accompagnant la célèbre fratrie entrent en scène -affublés de tricots récupérés au Ministère de la Marine- avant l’arrivée des maîtres. Ron, l’aîné, veste à lignes, cravate assortie et pantalon bouffant se place derrière son clavier. Russell, son cadet, bermuda et chaussures clinquantes est déjà surmotivé contrastant avec la froideur de son grand frère. Toujours aussi stoïque et le regard noir perçant, ce dernier entame What The Hell Is It This Time? Déjà, la salle se réchauffe jusqu’à atteindre des températures bien plus élevées avec le diptyque Propaganda/At Home, At Work, At Play. Les jeunes loups postés à l’arrière de la scène poussent déjà les deux papys dans des retranchements glam et envoient une salve énergique dont on se délecte sans modération. Une démonstration d’opéra rock ! Russell Mael se met en danger avec sa voix de fausset sur Good Morning avant un imparable When Do I Get To Sing ‘My Way’ à faire rougir Giorgio Moroder de jalousie. Les doigts de Ron nous rassurent bien vite sur le fait que leur propriétaire n’est pas frappé par un sort de pétrification tant l’homme reste impassible sur ce qui se passe autour et devant lui. Le charmant et émouvant Probably Nothing, qui évoque délicatement le sujet difficile de la perte de mémoire liée à l’âge, précède un sujet extrêmement plus léger avec Missionary Position. Des titres certes remplis de pop kitsch mais joués avec une telle fougue électrifiée qu’ils en paraissent nerveux. Et ce n’est pas le surréaliste Hippopotamus qui viendra nous contredire. On s’ennuie légèrement pendant Sherlock Holmes mais le groupe se reprend rapidement avec Dick Around, impressionnant de maîtrise aussi bien instrumentale que vocale : de grandes spirales mélodiques scandées à un rythme effréné (on vous conseille d’ailleurs le clip qui vaut son pesant de cacahuètes ! Spoiler : il y a des chats !!!).



L’ambiance est tout naturellement au beau fixe et les sourires se lisent sur les visages de l’assemblée pendant un délirant Scandinavian Design, énième démonstration de splendeur et de changements de rythme évoquant le Sparks
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ancestral avec des moyens modernes. Petite touche ‘à la française’ pour enchaîner avec Edith Piaf (Said It Better Than Me) et ses « Je ne regrette rien » à l’accent amerloque mais truculent avant de se prendre une dose de guitares bavantes sur Never Turn Your Back On Mother Earth. On assiste alors aux plus belles heures du cabaret avec I Wish You Were Fun auquel on a envie de répondre par un énorme OUI ! Le répétitif My Baby’s Taking Me Home, pour lequel Russell énonce pas loin de cent fois le titre, nous énerve légèrement. Mais c’est de bonne guerre car arrive ensuite l’énorme et détonant The Number One Song In Heaven. Pendant la partie instrumentale, c’est à la stupéfaction générale que Ron Mael se lève, retire sa veste qu’il plie soigneusement sur le rebord de son piano, s’avance et entame alors une danse des plus loufoques contrastant à nouveau avec le calme olympien qu’on lui connaît. La foule est en délire, les musiciens sont chauds comme la braise et ce morceau pourtant bien ancré dans la synthpop prend des allures de rock explosif ! On est encore loin du tremblement annoncé par l’intro du tube interplanétaire qu’est This Town Ain’t Big Enough For The Both of Us à la batterie martiale et aux riffs glam gargantuesques. Les mots manquent pour décrire la déflagration observée. La foule sautille à la moindre accélération. Du grand art live tout simplement… Hospitality On Parade est envoyé avant un rappel des plus soutenus. Et c’est avec joie que l’on accueille Johnny Delusional issu du projet FFS rassemblant Sparks
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et Franz Ferdinand
Franz Ferdinand


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. Le show se termine pour de bon, à notre grand regret, avec Amateur Hour aux guitares viscérales, autre perle de l’album « Kimono My House ».



Les acclamations sont dignes d’une remise d’Oscar pour les deux frères dans cette Ancienne Belgique surchauffée. Russell prend la parole et adresse un chaleureux « Bruxelles, vous êtes FORMIDABLES !». Grand amateur d’art, on sait le duo particulièrement épris de l’univers belge et bien sûr surréaliste, un peu à son image finalement. C’est d’ailleurs à Bruxelles qu’ils ont enregistré deux albums. Ron prendra ensuite le micro afin de rendre hommage à son public mais surtout à leur ami Marc Moulin, membre fondateur de Telex
Telex
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et décédé en 2008, avec qui ils ont souvent collaboré.

Ce soir, Sparks
Sparks


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a signé un retour glorieux et inventif. Artistes aux multiples facettes, les frères Mael ont démontré, s’il fallait encore le faire, toute la pertinence, le génie et surtout la singularité d’un groupe tel que le leur sur scène et ce, à l’approche de leur cinquante ans de carrière. Félicitations à ces précurseurs de l’electro-rock qui n’ont certainement pas fini d’étonner ! Music Needs Sparks To Bright Again… !



Remerciements à l’Ancienne Belgique !

Photos live : Jean-Pierre Vanderlinden
(Merci !)

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AUTEUR : Panda
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, pas...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...

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