Reportage

Black Label Society : Grand-messe du heavy metal

Anvers (Trix), le 31-03-2018

Dimanche 15 avril 2018


À ma gauche, à ma droite, devant, derrière : du cuir, des barbes, du cuir, de la bière, encore du cuir. Pas de doute possible, c'est bien à un concert de heavy metal tout ce qu'il y a de plus traditionnel que nous sommes venu assister ce soir. La salle du Trix accueille les américains de Black Label Society
Black Label Society


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, emmenés par le charismatique Zakk Wylde. Dans le public, au moins une personne sur deux arbore fièrement le logo du groupe. Un crâne et des lettres gothiques qui me renvoient à mon premier Graspop où, encore jeune et innocent, je m'étonnais du nombre de gens qui faisaient partie de cette intriguante et mystérieuse société dont le nom m'était alors inconnu. Je ne porte toujours pas le t-shirt de circonstance, mais maintenant je sais au moins qu'il ne s'agit pas d'une secte. Quoique, à bien y réfléchir.

Sur scène, bien à l'abri derrière un immense rideau noir estampillé Black Label Society, les premiers gémissements de guitares s'élèvent et couvrent les rires gras du public. Le type à côté de moi illustre sa motivation en hurlant le poing levé. Sacré coffre. Je note au passage le tatouage sur son avant-bras : la guitare de Zakk Wylde entourée de flammes. Il faut pouvoir l'assumer. J'éprouve un furtif sentiment d'admiration pour le bonhomme. L'extinction des lumières me ramène à la raison de ma présence : une bonne dose de heavy metal US.

Le silence qui suit les cris du public est brisé par les premières notes d'un mashup de « War Pigs » de Black Sabbath et « Whole Lotta Love » de Led Zeppelin signé Wax Audio. La transition se fait naturellement vers le riff d'intro de « Genocide Junkies », qui ouvre la setlist de ce soir. Le rideau tombe pile au moment où la basse se joint à la fête, révélant les musiciens dos à un impressionnant mur d'amplis et, bien caché derrière sa barbe, ses cheveux longs, sa guitare noir et blanc et son pied de micro garni d'une croix latine et de plusieurs crânes, le seul et unique Zakk Wylde. À partir de là, les titres s'enchaînent... et se ressemblent. « Funeral Bell », « Suffering Overdue », « Bleed for Me », « Heart of Darkness », la recette est toujours la même : voix rauque, gros riffs, soli et son bien lourd. Quant à la présence scénique, ça reste malheureusement très statique : à part le guitariste et le bassiste qui s'échangent leurs places respectives et le chanteur qui monte de temps en temps sur les retours, ça ne bouge pas des masses. Mais qu'importe. Tout ce qu'on veut, c'est de la sueur, de la bière et du gros son. Pas forcément dans cet ordre. Et, pour le coup, on est servis. Il faudra attendre « Suicide Messiah » pour que l'ambiance monte d'un cran. Le public reprend le refrain en chœur et continue à chanter même après la fin du morceau, sous le regard approbateur de Zakk Wylde. Le groupe enchaîne avec l'excellent « Trampled Down Below », le premier titre de la soirée tiré du dernier album en date Grimmest Hits, immédiatement suivi de « All That Once Shined » et « Room of Nightmares » du même opus.

Mais Black Label Society, ce n'est pas que de la musique de bourrin. La preuve avec cette seconde partie de concert inaugurée par l'arrivée sur scène d'un immense piano à queue noir de jais dont le couvercle est évidemment orné du logo du groupe. Zakk Wylde reste à la guitare pour le solo de « Bridge to Cross », puis s'installe au clavier pour les trois titres suivants : « Spoke in the Wheel », « In This River » et « The Blessed Hellride ». C'est peut-être très beau, mais ça fait long. J'en profite pour faire un détour par le bar et jeter un oeil au stand merchandising. On y trouve de tout ! Les t-shirts et les pulls débordent des cartons. Fasciné, j'observe un type s'acheter un mug et le caresser amoureusement en retournant vers la salle. Je repense à ce documentaire de l'anthropologue Sam Dunn, Metal: A Headbanger's Journey, dont la conclusion était en somme que les métalleux cherchent à satisfaire un sentiment d'appartenance. Dans ce contexte, le merchandising est l'accessoire indispensable et Black Label Society, comme d'autres, l'a très bien compris et décline sa marque sous toutes les formes possibles et imaginables.

Retour au gros son avec « A Love Unreal », un autre très bon morceau du dernier album, suivi de « Fire it Up », « Concrete Jungle » et « Stillborn », qui clôturera la soirée. Le groupe donne tout pour cette fin de set : ballons gonflables géants, canons à fumée et, surtout, un solo de guitare long de plusieurs minutes au beau milieu de la foule. Zakk Wylde fait étalage de son talent dans une sorte de kamasutra du guitariste et termine avec les dents dans les cordes façon Jimmy Hendrickx. Mais un truc me chiffonne : pourquoi ne pas utiliser un système sans fil si on prévoit un solo au milieu de la salle ? Est-ce parce qu'il a une dent contre ses roadies et prend son pied à leur compliquer la tâche ? A-t-il peur de disparaitre dans la foule sans ce filin de secours ? Ou bien est-ce une histoire de complexe d'infériorité qu'il essaie de compenser avec un câble de plusieurs dizaines de mètres ? Quoi qu’il en soit, si l’on en croit le nombre de smartphones pointés sur le mec, l’exercice plaît manifestement au public. Sur scène, les musiciens profitent du fait que le solo monopolise l’attention pour se laisser aller et se lâcher un peu avant d’être rejoints par Zakk pour clôturer la soirée. Avant de quitter la scène, ils prennent le temps de saluer et remercier chaleureusement le public. Zakk, debout sur les retours, applaudit la salle, se frappe le torse des poings, se signe et jette un regard vers le plafond. La grand-messe est terminée. Amen.
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