Reportage

Lokerse Feesten 2018 : on révise nos classiques

Lokerse Feesten
Lokeren (Grote Kaai), le 05-08-2018

Mercredi 26 septembre 2018

Depuis une petite dizaine d'années, l'organisation des Lokerse Feesten a pris le pli d'inclure dans son impressionnante programmation un metal dag et d'ainsi réserver l'affiche le temps d'une soirée à une poignée de groupes de metal internationaux. Une prise de position qui, même si elle doit certainement sa récurrence à sa viabilité commerciale, a le mérite de faire une place dans une offre grand public à un genre de plus en plus relégué aux scènes spécialisées. Or les Lokerse Feesten, c'est avant tout une longue tradition populaire à Lokeren et une fête de ville comme une autre avec ses carrousels et ses croustillons. Première conséquence : sous le soleil accablant de ce dimanche d'août, grands-parents et petits-enfants croisent une horde de métalleux aux abords du site dans un échange de regards circonspects. Deuxième conséquence : l'affiche reste très mainstream et joue la carte de la sécurité avec des groupes dont la réputation n'est plus à faire.

Diablo Blvd
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, At The Gates
At The Gates


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, Hatebreed
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, Steel Panther
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, Gojira
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, Judas Priest
Judas Priest


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et Brides of Lucifer
Brides of Lucifer


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. L'affiche du metal dag de cette édition 2018 a de quoi plaire, on se devait donc d'être de la partie. On regrettera juste la programmation de Fleddy Melculy le mardi soir, alors qu'elle nous semblait plus cohérente pour ce dimanche.



Diablo Blvd

On arrive malheureusement trop tard sur le site que pour assister à la prestation des Anversois de Diablo Blvd
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. C'est d'autant plus dommage que, pas plus tard que fin juin, le groupe annonçait un split pour la fin de l'année. Ça aurait été une belle occasion de leur dire au revoir, mais on pourra encore se consoler avec un dernier concert d'adieu à l'Ancienne Belgique.



At The Gates

Quand on débarque finalement dans l'enceinte du site, auquel les bâches décoratives donnent un look indus plutôt réussi, At The Gates
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a déjà lancé les hostilités et les amplis crachent le death metal traditionnel qui fait la réputation du groupe. At The Gates, c'est ce groupe qui existe quasiment depuis ma naissance et qui, avec In Flames et Dark Tranquillity, a façonné le death metal mélodique que j'écoute encore aujourd'hui. Et pourtant, alors que j'ai très vite accroché à In Flames et Dark Tranquillity quand j'ai découvert leur univers, au point de remonter le temps et finir par apprécier leurs premiers albums, plus radicaux, je ne suis jamais parvenu à apprécier pleinement la musique d'At The Gates. Et c'est pas faute d'avoir essayé ! Et d'essayer encore à chaque nouvelle sortie. Le set est carré, efficace, mais manque de relief. Les titres s'enchaînent et se confondent. « We don't like death metal, intervient Tomas Lindberg, le chanteur. We love death metal! » Un cri du cœur qui trouve écho chez les fans des premiers rangs, tandis que le reste du public, en partie assommé par la chaleur, applaudit sans conviction. Le mec qui sort la lance incendie pour rafraîchir l'assemblée après le concert sera limite plus chaudement applaudi, c'est dire.



Hatebreed

Après une référence death metal, la scène accueille une référence punk hardcore : Hatebreed
Hatebreed


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. Et autant le death metal en plein soleil, c'est pas très raccord, autant le hardcore semble toujours à l'aise sur les festivals d'été. À moins que ce ne soit le charisme de Jamey Jasta qui donne cette impression cette fois-ci ? Le frontman, affublé de son éternel bandana porté très bas sur le front, est clairement dans son élément quand il s'agit de chauffer un public de festival. Tous les trucs sont bons, du traditionnel appel aux applaudissements pour les autres groupes à l'affiche aux enchaînements tellement efficaces entre les morceaux qu'on choisit volontairement d'oublier que tout ça est mis en scène. « I think you know what time it is, dit-il après le premier morceau. It's circle pit time! » Et le public de se lancer dans le premier circle pit de la journée dès l'intro de « Proven ». On décernera le prix de la transition la plus kiffante à celle de « As Diehard As They Come »: après avoir remercié le public pour son engouement, le frontman enchaîne avec un « Welcome to the crew. It's official, you are now... as diehard as they come! », repris en choeur par des fans chaud bouillants. Il faut dire que la setlist est un beau cadeau avec des classiques comme « Destroy », « Live For This » ou « I Will Be Heard », qui vient conclure la prestation des Américains après une dernière punchline pour la route : « We are Hatebreed. You are awesome. » Ce soir, Hatebreed a confirmé son statut de référence du genre. Rendez-vous à l'AB en décembre pour le prochain épisode dans le cadre de l'European Apocalypse Tour où Hatebreed partage l'affiche avec Kreator
Kreator


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, Dimmu Borgir
Dimmu Borgir


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et Bloodbath
Bloodbath


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– rien que ça.



Steel Panther

Tandis qu'on en profite pour se rafraîchir au bar, les roadies s'activent sur scène pour préparer la venue de Steel Panther
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. Ils déroulent une toile sur laquelle le nom du groupe remplace la fameuse enseigne à flanc de colline « Hollywood » et surplombe un strip club entourés de néons qui semble tout droit venu du Sunset Strip. De quoi donner le ton. On a hâte de voir ce que nous réservent les Américains ! C'est qu'ils se sont fait une solide réputation avec un mélange de glam metal et de rock parodique qui ne laisse pas indifférent et déjà cinq albums à leur actif. Quand les lascars débarquent sur scène, le look spandex-boots-bandada-permanente suscite les premiers sourires dans le public. Il faut encore une minute pour entrer dans le bain, juste le temps d'accepter que tout est parodique et doit être pris au second degré. Une fois passé ce cap, on se marre franchement. Si le début du set pâtit d'un son exécrable, la régie corrige le tir après quelques morceaux et nous permet enfin de distinguer les paroles. Et d'en apprécier l'humour graveleux. C'est simple, ça ne parle que de cul. Mais qu'est-ce que c'est drôle ! Pour le reste, le show est millimétré et, s'il se donne des airs d'impro, on réalise vite que tout est mis en scène, jusque dans les moindres détails. Ainsi, quand le micro s'éteint et que Michael Starr, le chanteur, quitte la scène pour en chercher un autre, on se pose la question : est-ce un vrai problème technique ? Mais quand il revient déguisé en Ozzy Osbourne pour une excellente imitation sur une reprise de « Crazy Train », il n'y a plus de doute. Reste à kiffer. Le concert, qui tient plus du spectacle humoristique que de la performance musicale, s'inscrit finalement assez bien dans la programmation du jour en associant le côté classique à un second degré bienvenu.



Gojira

Fini de rire. Des spots à ne plus pouvoir les compter, un écran gigantesque en fond de scène – les signes ne trompent pas : l'heure des monstres français du metal a sonné. Alors que le soleil se couche, la pression monte et la foule se prépare à se prendre une claque monumentale. Enfin, ça, c'est pour ceux qui savent à quoi s'attendre. En ce qui nous concerne, on tient à peine en place... et on perd tout sens de la mesure dès l'intro de l'excellentissime « Only Pain ». Bon, d'accord, on exagère un peu. Mais une chose est sûre, Gojira
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n'a rien perdu de sa puissance caractéristique. Le groupe donne tout ce qu'il a, comme toujours, soutenu par une magnifique scénographie. Si seulement le soleil avait pu se coucher plus rapidement, histoire qu'on ne doive pas attendre les derniers morceaux du set pour profiter du superbe show lumineux ! On entend parfois dire que certains groupes se rattrapent sur le show pour masquer des lacunes musicales, c'est loin d'être le cas pour Gojira. Ça joue vite, fort, mais toujours de manière extrêmement précise. La setlist est variée et couvre l'ensemble de la discographie, en passant du désormais classique « Flying Whales » au tout frais « Stranded ». À l'issue d'une prestation forcément trop courte, on reprend son souffle, et on se dit que, quand même, c'est sans conteste l'un des meilleurs groupes de metal du moment, et on attend déjà avec impatience la prochaine opportunité de voir Gojira en concert.



Judas Priest

Place maintenant à Rob Halford et ses comparses. Le soleil a déserté le ciel désormais sombre de Lokeren qui se prépare à accueillir le show enflammé de Judas Priest
Judas Priest


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. Derrière un gigantesque rideau qui masque la scène, les amplis crachent les premières notes de « War Pigs » de Black Sabbath
Black Sabbath


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. Décidément, c'est presque une soirée à thème. Après une intro à grands renforts d'effets visuels et projections de passages de la bible, le rideau tombe et révèle un décor de scène grandiloquent parfaitement à l'image du groupe. Ça abonde de logos et de flammes, c'est kitch à crever, mais c'est exactement ce qu'on attendait. Le Metal God débarque dans un costume de cuir argenté qui le distingue du cuir noir des musiciens. La première bonne surprise tient à la prestation de Rob Halford : le mec a presque 70 piges, mais on lui en donnerait 20 de moins. Il arpente la scène sans relâche, pousse sa voix dans ses derniers retranchements et monte encore étonnamment haut dans les aigus. Sur les morceaux du dernier album, sa voix en live est encore plus aiguë que sur la version studio ! Chose assez rare que pour être appréciée à sa juste valeur. La setlist, ensuite, propose un bon équilibre entre les incontournables classiques et les morceaux plus récents qui semble satisfaire tout le monde. Il faut dire aussi que le style de Judas Priest est intemporel et que le dernier album en date est excellent, ce qui permet une homogénéité appréciable. Et sinon, j'ai déjà dit que c'était kitch ? On atteint le sommet quand le chanteur débarque au guidon d'une rutilante Harley-Davidson pour interpréter « Hell Bent For Leather ». On frise le ridicule quand il entame le morceau encore assis dessus et s'évertue à la béquiller correctement tout en chantant. Mais qu'est-ce que c'est bon de revoir Judas Priest en pleine forme ! Le line-up n'est plus le même qu'à l'origine, bien sûr, et on doit au moins une partie de la vitalité du groupe à l'arrivée de sang neuf. Pour autant, le groupe n'oublie pas d'où il vient et le public accueille chaleureusement Glenn Tipton lorsqu'il rejoint le groupe pour les trois derniers morceaux du set, qui clôturent un concert mémorable. Halford conclut : « The Priest will be back! »



Brides of Lucifer

Pour des impératifs horaires, on ne pourra pas assister au dernier concert de la soirée. Brides of Lucifer
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est un groupe atypique dans la scène metal : en clair, c'est l'association de musiciens metal et d'un chœur féminin qui reprennent ensemble les classiques du genre. On aurait bien voulu vous parler de leur prestation, mais il faudra vous contenter de cette conclusion : la programmation de Brides of Lucifer pour clôturer ce metal dag 2018 confirme, s'il le fallait encore, le souhait de l'organisation de monter une affiche metal sans prendre trop de risques. Ceci étant, qui ira s'en plaindre ? Encore une fois, et toujours à un tarif très raisonnable, on aura pu voir quelques-uns des plus grand noms de la scène metal à Lokeren ce soir. Et on sait déjà où on sera début août 2019.
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