Reportage

Ultra Vomit à Liège : soirée entre potes

Liège (Espace Georges Truffaut), le 10-11-2018

Mardi 20 novembre 2018

Quinze jours après la dixième édition de la Guerre des Gaules, l’organisation du Durbuy Rock Festival nous faisait la promesse d’une soirée d’anthologie avec une date sold-out pour célébrer cet anniversaire qui verrait défiler sur scène Romano Nervoso
Romano Nervoso


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, No One Is Innocent
No One Is Innocent


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, Tagada Jones
Tagada Jones


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et Ultra Vomit
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. Soit beaucoup d’action et de sueur en perspective. Alors, promesse tenue ?



Le début des concerts n’est pas prévu avant un quart d’heure que déjà on commence à se sentir à l’étroit dans l’entrée de l’Espace Georges Truffaut. L’endroit a une configuration étrange avec son hall-bar et sa salle de spectacle au sous-sol. Et comme la salle n’est pas encore accessible, le peu d’espace disponible à l’intérieur est vite saturé. Ça s’entasse et ça prend une bière en attendant l’ouverture des portes. Puis une deuxième. Et une troisième. De quoi se mettre dans l’ambiance tandis qu’on procède aux derniers réglages au sous-sol. De toute façon, on est là jusqu’au bout de la nuit, qu’est-ce que c’est trente minutes de retard ? Quand finalement on nous laisse entrer dans la salle, on découvre un espace étonnamment grand parfaitement adapté pour des concerts. Une pépite au cœur de Droixhe, sans doute le quartier le plus méprisé de Liège ; c’est la première bonne surprise de la soirée.

Quelques minutes plus tard, les lumières s’éteignent et une douce mélodie italienne s’élève des enceintes. Adriano Celentano chante « Prisencolinensinainciusol » (à en croire Shazam, du moins), puis les musiciens de Romano Nervoso
Romano Nervoso


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entrent en scène le temps d’une intro avant d’être rejoints par le frontman qui débarque en brandissant un panneau de signalisation « La Louvière ». Tout est dit : c’est parti pour quarante-cinq minutes de spaghetti rock straight out of La Louvière. Son look est toujours le même : lunettes noires, veste en cuir et legging couleur or à paillettes… et, ce soir, une béquille qui limite malheureusement ses mouvements. Ça n’empêche pas le groupe de nous servir un rock garage de qualité qui bénéficie de l’excellente acoustique de la salle. Les basses sont rondes, la batterie incisive et les notes de guitare légères — l’organisation n’avait pas menti en vantant sur l’événement Facebook les qualités de la salle ! Après une salve de titres qui parviennent à faire bouger quelques têtes, Romano Nervoso
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conclut sur « In the Name of the Lord », se signe et bénit le public avec sa béquille. « Brothers and sisters, alleluia ! »



Les Français de No One Is Innocent
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sont des habitués des scènes de la région. Au fil des ans, ils ont fait le tour des centres culturels et on les a souvent vus devant un public aussi clairsemé que mou. À des kilomètres de ce qu’ils méritent, donc. On est d’autant plus heureux de pouvoir les accueillir comme il se doit ce soir : une salle déjà comble pour une soirée sold-out et une ambiance digne de notre cité ardente ! Après seulement trois morceaux, le public saute déjà spontanément sur place et il faut se résoudre à ouvrir les issues de secours pour faire baisser la température. « Ah, ça commence à sentir bon ! » s’exclame Kemar, le chanteur, avant d’enchaîner sur le morceau « Ali (King of the Ring) » issu du dernier album Frankenstein. À partir de là, c’est le bordel intégral. Le texte de « Djihad Propaganda », le riff de « La peau » : on a l’essence de No One Is Innocent. Et que dire de cette reprise de « Bullet in the Head » de Rage Against The Machine ! L’ambiance monte encore d’un cran quand le groupe invite Nico des Tagada Jones
Tagada Jones


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à les rejoindre sur scène pour « Charlie », puis les Tagada Jones au complet pour « What The Fuck ». On assiste — ou plutôt, on participe à une vraie fête entre potes. Quelle énergie ! Quel concert ! Quel début de soirée !



On a à peine le temps de se remettre de nos émotions et, pour une bonne part du public, de se sécher, qu’il est l’heure d’accueillir Tagada Jones
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pour leur set. Dès l’ouverture sur « Envers et contre tous », c’est comme s’il n’y avait pas eu d’intermède : le public se lance illico dans un furieux pogo et la batterie ravageuse de « Peste et choléra » ne fait rien d’autre qu’attiser le feu. Après de rapides remerciements au public pour sa présence et cette soirée sold-out, le groupe enchaîne. Les titres se suivent à un rythme fulgurant qui ne laisse aucun répit à ceux qui ont fait le choix risqué de vivre la soirée dans le feu de l’action. Entendez : dans le pit. Pour introduire « Pas de futur », Nico lance un « Vous avez le droit de foutre le bordel ! » aussi inutile que motivant. Comme on s’y attendait, le groupe invite Kemar de No One Is Innocent
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sur le titre de clôture de leur prestation… sauf qu’on leur annonce alors qu’il leur reste quelques minutes. Juste assez pour se lancer dans deux reprises : un « Ace of Spades » de Motörhead
Motörhead


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et « Territorial Pissings » de Nirvana
Nirvana


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revisités pour l'occasion. La soirée pourrait s’arrêter là que personne ne serait déçu. No One Is Innocent
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et Tagada Jones
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sur la même affiche, c’est un succès assuré. On le savait, mais on l’oublie trop vite. Il faudra les faire revenir.



Tandis que les roadies installent le matos d’Ultra Vomit
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, on fait un détour par leur stand de merchandising pour confirmer qu’ils sont responsables des jeux de mots qu’on a pu apercevoir sur des t-shirts dans le public. Ça promet ! Sur scène, on retrouve les personnages façon Looney Tunes de la cover de Panzer Surprise sur les amplis derrière chacun des musiciens. Les membres du groupe font les balances avec des lunettes noires et un survet’ Ultra Vomit
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qui leur donnent un air très sérieux… qu’ils ne pourront pas conserver très longtemps. Après l’intro de Panzer Surprise, c’est parti pour une heure et demie de gros son et d’humour. Et quand on dit « gros son », ce n’est pas une périphrase : les mecs viennent du grind et prennent un malin plaisir à nous balancer un mur de son assourdissant dans la gueule. Les morceaux sont peut-être courts, mais ils sont diablement puissants. L’avantage est que ça permet d’en caser pas mal sur une setlist. Quant à l’humour, il y a une chose qu’il faut savoir sur un concert de metal parodique : ça parle beaucoup, et ça peut finir par ennuyer certains. Pour autant, ça fait partie du jeu et c’est aussi comme ça que le groupe se met le public dans la poche. Et ce soir, il est particulièrement chaud. On sent que le groupe prend plaisir à être sur scène et les titres se suivent avec une variété bienvenue. Une bonne partie du répertoire d’Ultra Vomit
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est très orientée pipi-caca, et on ne peut pas éviter des titres comme « E-Tron (Digital Caca) » ou le subtil « Pipi vs. Caca », mais la setlist fait heureusement la part belle aux titres plus intéressants du groupe. On a ainsi droit à un featuring plein d’autodérision de Nico de Tagada Jones sur « Un chien géant », mais aussi aux excellents « Kammthaar » et « Calojira » en guise de rappel où le groupe pastiche respectivement Rammstein
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et Gojira
Gojira


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avec beaucoup de justesse. Ils ont peut-être une image de rigolos, mais ce sont surtout de très bons musiciens qui auront su convaincre tout le monde en clôture de cette soirée d’anthologie. Des soirées comme celle-ci, on en veut bien plus souvent ! Et tant pis pour nos cervicales et nos fringues trempées de sueur.

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