Reportage

The Lemonheads : L'Art de la reprise

Liège (Reflektor), le 09-03-2019

Lundi 11 mars 2019



Les nostalgiques des nineties et les MTV-Kids auront eu une sacrée surprise en apprenant le retour des Lemonheads sur le devant de la scène. En effet, les indie-rockers américains, dévoilés aux yeux du monde grâce à leur réinterprétation de Mrs Robinson de Simon & Garfunkel en 1992, ont décidé de se rassembler autour de leur chanteur/guitariste Evan Dando et ainsi sortir un nouvel album de reprises (« Varshons II ») près de 10 ans après la parution du premier volume. C’est un secret de polichinelle : l’ami Evan n’a nul autre pareil en ce qui concerne la flemmardise de haut niveau. Lui qui a toujours voulu exploiter le strict minimum d’un talent pourtant bien réel en se contentant de surfer (comme à la belle époque) sur ce qui a fait son succès et sa reconnaissance. Voilà pourquoi la bande bostonienne nous revient proposer sa panoplie de covers (et accessoirement quelques morceaux originaux) au cœur d’un Reflektor curieux d’en découdre.

La mise en bouche du soir est assurée par Karl
Karl


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Larsson, tête pensante du groupe Last Days of April, combo scandinave très en vogue dans le milieu post-hardcore de la fin des années 90 avant de migrer vers un style résolument pop et indie à l’aube du nouveau millénaire. Le Suédois, qui se produit donc en solo, entame timidement son set à l’aide d’une guitare acoustique. On soulignera une performance emprunte de poésie et à l’atmosphère intimiste où le barde nordique produira des morceaux de son répertoire personnel (Off The Cliff) ainsi que certaines chansons de sa formation comme Someone For Everyone. Rien de bien neuf sous le soleil pour la poignée de personnes déjà présentes pour écouter attentivement ces mélodies folk mais ce serait faux de dire que l’on a passé un déplaisant moment.



Sur le coup de 21h05, les lumières de la salle s’éteignent et l’on distingue la silhouette d’Evan Dando tentant de se frayer un chemin dans l’obscurité afin de rejoindre l’avant-scène. Ce dernier, accompagné de Karl
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, va nous offrir un premier délicieux moment avec All The Same de Last Days of April. Le beau gosse semble fatigué. On a scotché les paroles de ce premier morceau à son pied de micro pour qu’il ne puisse pas en louper une seule miette. Le Suédois, quant à lui, ne quitte pas la scène quand le reste du groupe débarque pour dégainer Hospital. Après cette entrée en matière, on nous balance le rapide Down About It, à l’influence punk et au solo de guitare dissonant comme on en n’entendait plus depuis le What’s The Frequency, Kenneth ? de R.E.M.. Dando a les yeux ternes, vitreux. Il fixe le plafond et son esprit semble ailleurs telle une âme perdue dans le néant. Maladroitement, il parvient même à renverser quelques gouttes de sa bouteille de Jack’ disposée près de la batterie. Cependant, sa patte ‘slacker-rock’ n’en souffre heureusement guère et ouvre la voie à une belle sélection de chansons gonflantes, ce qui se fait de mieux sur la côte ouest américaine. Tour à tour, The Turnpike Down et The Great Big No recueillent les sourires d’une foule se remémorant de nombreux souvenirs et rappellent quelque peu le Counting Crows de la même époque. Par moments, la voix de Dando avait du mal à se faire entendre dans ce vacarme désordonné. Ce qui sera moins le cas sur It’s A Shame About Ray où il parviendra sans effort à soutenir le chant du refrain sur la longueur pendant que Chris Brokaw, l’autre guitariste du groupe, se chargera de tenir dignement la baraque. Malgré l’attitude désinvolte de son leader droit comme un « i », le groupe continue de vibrer à travers une étonnante setlist nous rappelant, si besoin était, à quel point il était prolifique en matière de mélodies charmantes, excentriques, drôles et entraînantes. C’est d’autant plus vrai en ce qui concerne leur collection de reprises où ils parviennent (là où Weezer
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se rend ridicule) à retranscrire à leur sauce des morceaux empruntés à des artistes avec lesquels le lien semblait loin d’être évident. Après s’être en effet attaqué à Leonard Cohen
Leonard Cohen
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, Christina Aguilera et même GG Allin (si, si !) sur « Varshons I », le band enchaîne son show par une coolissime version de Can’t Forget de Yo La Tengo. Dando s’y emploie tel un crooner chaleureux avant de troquer virtuellement sa chemise pour une veste en cuir à la Bruce Springsteen sur Speed of the Sound of Loneliness (John Prine) et son blues lancinant.



Le déchirant Rudderless est bien vite éclipsé par l’Abandoned de Lucinda Williams aux accords country rapidement suivi par Left For Dead. La suite du concert n’est qu’une couverture floue d’harmonies légèrement déchiquetées, atténuée par la mélancolie dans la voix traînante de Dando. Nous sommes surpris par la lourdeur du son et pourtant une douceur édifiante s’en dégage. En mode pilote automatique, le groupe déroule, sans transition, travaux solos (It Looks Like You ou My Idea) reprises (de Tom Morgan ou Gram Parsons notamment) et arrangements originaux avant que batteur et bassiste ne quittent la scène laissant Evan et Chris seuls maîtres à bord pour un agréable moment intimiste et complice, une sorte de concert dans le concert. Le groupe réapparaîtra une dernière fois pour interpréter entre autres Straight to You (Nick Cave & The Bad Seeds
Nick Cave & The Bad Seeds


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), une chanson parfaite pour terminer un show atypique. On pourra regretter le côté quelque peu expéditif d’un concert sans réel temps mort où le manque de communication envers le public s’est grandement fait ressentir. Malgré un Evan Dando qui semble exprimer à travers ses chansons toute la fatigue accumulée par sa vie d’errance, une émotion lessivée par les déceptions et les regrets, la plupart d’entre nous aura pu retrouver sur scène ce qui a toujours rendu la musique de The Lemonheads
The Lemonheads


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si attachante : un romantisme humain, réaliste, vulnérable mais profondément sincère et émouvant.



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AUTEUR : Panda
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, pas...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...

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