Reportage

The Ocean : En douceur et profondeur...

Anvers (Trix), le 25-03-2019

Vendredi 29 mars 2019



Si le lundi est historiquement réputé pour être le jour le plus déprimant de la semaine, la présence de The Ocean
The Ocean


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au Trix en compagnie de Downfall of Gaia
Downfall of Gaia


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et Herod
Herod


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aura tout de même permis de faire passer plus facilement la pilule. Le collectif allemand nous revient avec un nouvel album (« Phanerozoic I: Palaeozoic », chronique à lire ici) sous la forme d’un diptyque dont la deuxième partie devrait sortir courant 2020. Au programme de cette dernière galette : un sujet aussi grave et sensible qu’est le réchauffement climatique. On connait le talent qu’a le groupe pour sortir des albums conceptuels nous narrant les époques lointaines des premières formes d’apparition de vie sur Terre et dans les mers. Mais qu’est-ce donc cette fois que ce ‘Phanérozoïque’ ? Couvrant une période de 500 millions d’années, il s’agit d’un intervalle chronologique ayant vu l’évolution et la diversification des formes de vie végétales et animales mais aussi leur destruction partielle à travers 5 événements d’extinction massive. Nul doute que le combo s’est inspiré de cet épisode ancien pour faire le parallèle avec notre propre époque troublée par de nombreuses questions d’ordre écologique. Comme à son habitude, The Ocean
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a offert sa plus belle collection de chansons sombres et pesantes pour une expérience profonde et immersive. Prêts pour le grand plongeon ?


Mais avant d’enfiler les bouées, on a rendez-vous dans le petit bassin avec les Suisses de Herod
Herod


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qui vont servir de tour de chauffe à un public déjà relativement bien présent en nombre. À peine le pied posé dans la salle qu’une première déflagration se fait entendre. Un bon vieux sludge bien lourd, sorti tout droit de ces riffs discordants, est balancé et la voix de Mike Pilat (ex-The Ocean
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) se déploie rageusement devant l’assemblée. Profitant de la promotion de son dernier-né (« Sombre Dessein »), le groupe déploie un son granuleux à faire frémir les pédales de disto. De sombres accords post-metal émettent un grognement léthargique, tandis que le rythme général des morceaux n’en finit pas de gronder inlassablement. Que ce soit sur Fork Tongue où la guitare solo constitue le contrepoids parfait à l’atmosphère moins raffinée de la basse ou sur le frénétique Reckoning aux relents gojiriesques, le groupe alterne tour à tour math metal et sludge progresif, offrant une dualité entre segments mélodiques gracieux et lourdes instrumentations étouffantes. On est bien loin du génie d’un Meshuggah
Meshuggah


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et l’on pourra regretter un certain manque de folie et de prise de risque mais Herod
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a le mérite de proposer un univers pas si éloigné où violence hypnotique serait le maître mot. De bon augure pour la suite des événements…



Next on stage : Downfall of Gaia
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! Ce n’est pas sans une certaine impatience que nous attendions le retour aussi bien discographique que scénique des Teutons, leur album « Ethic of Radical Finitude » étant tout juste sorti et ayant déjà récolté chez nous tous les suffrages. Leur chronique est d’ailleurs disponible ici. La tension monte d’un cran malgré une intro à la beauté majestueuse qui permet au quatuor de prendre place sur scène. La suite est un déchaînement de violence porté par ce style amphigourique qu’est le sludge atmosphérique à tendance post-black mais qui n’en demeure pas moins intense et bouleversant. Avec The Grotesque Illusion of Being, le combo exprime d’emblée une rage tourmentée, tenace et explosive qui finira par se volatiliser dans l’atmosphère. Dominik Goncalves dos Reis, Marco Mazzola et Anton Lisovoj prennent tour à tour le relais derrière le micro laissant ainsi entrevoir une palette de chants des plus éclectiques. Petit bémol cependant, leurs voix seront par moment beaucoup trop noyées dans cette fureur déchaînée mais pleinement audibles lors d’un retour vers un doom pesant aux notes fiévreuses. Comme si cela ne suffisait pas, les fumigènes et le jeu de lumière épileptique renforcent cette impression tempétueuse et cataclysmique. Michael Kadnar, derrière ses fûts, est dans une forme olympique, et en met plein la vue à l’assemblée, enchaînant les breaks tous plus épiques les uns que les autres. Woe avec de puissants et poivrés accords post-metal culmine grâce à sa mélodie audacieuse et que dire du déprimant mais tellement beau Ephemerol, qui parvient consécutivement à vous donner de sérieuses sueurs et vous glacer le sang. Avec une musique poussant à l’introspection et réussissant son pari de délivrer l’atmosphère recherchée, Downfall of Gaia
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aura offert un concert puissant entrecoupé de passages atmosphériques calmes laissant présager le déferlement de riffs vertigineux qui s’en suit. Une harmonie parfaite entre voix écorchées, blasts à couper le souffle et approche mélodique brillante.



Après un apéritif et une entrée de grande qualité, le club du Trix est fin prêt pour déguster le plat de résistance et accueille enfin les vedettes de la soirée : The Ocean
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. Un unique faisceau rouge sang éclaire les claviers de Peter Voigtmann, nouveau venu au sein du collectif, qui balance l’intro The Cambrian Explosion, rapidement suivi par Cambrian II: Eternal Recurrence où l’on peut déjà apprécier cette fusion entre synthés analogiques et guitares heavy. Cette pléiade de sons accrocheurs et dystopiques procure à la musique un effet non négligeable. Déjà, le chanteur Loïc Rossetti se tient au plus près de la fosse, haranguant le public avec ferveur et passion. Il s’offrira d’ailleurs un tout mignon stage diving au cours du show. Robin Staps, guitariste et tête pensante du projet, n’est également pas en reste pour ce qui est de secouer sa nuque avec brutalité. Avec ce passage planant et l’explosion sonique qui enchaîne, on assiste donc à un épique premier morceau qui vous scotche littéralement. On continue sur cette lancée avec le nettement plus progressif Hadopelagic II: Let Them Believe (le terme 'hadopélagique' se rapporte aux grandes profondeurs océaniques -plus de 6000 mètres-) et ses roulements de tambours en cascade, ses cris déchirants et ses lights d’un bleu profond avant les secousses sismiques de Ordovicium: The Glaciation of Gondwana empruntant des chemins obsédants où aucun répit n’est permis si l’on ne veut pas se faire mordre par de venimeux riffs acerbes. Le groupe calme légèrement le jeu avec le syncopé Firmament, le temps de reprendre sa respiration avant de replonger dans les abîmes avec Silurian: Age of Sea Scorpions nous évoquant le côté sombre d’un System of A Down
System of A Down


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qu’on aurait enfui sous les profondeurs abyssales et la lourdeur d’un Opeth
Opeth


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aux multicouches instrumentales.



Chaque morceau est un voyage musical extrêmement polyvalent dont on souhaiterait qu’il dure une éternité. De riffs sinueux en interludes acoustiques, le groupe maîtrise son art et convainc les derniers septiques déjà loin d’être nombreux. La doublette Bathyalpelagic I & II est d’ailleurs le reflet de leur progression constante dans leur capacité à écrire et proposer des morceaux de qualité où ils continuent à utiliser les mêmes tons clairs, mais avec plus de technicité et de ferveur. Le magnifique instrumental Statherian en est encore un exemple : la guitare commence sur des tons doux avant l’arrivée du reste des instruments pour enfin culminer avec une superbe mélodie aux claviers faisant évoluer le morceau vers un lourd pavé sludge. Le spectacle est total, aussi bien sonore que visuel et le concert file ainsi à une allure vertigineuse mais l’ambiance ne faiblit pas d’un seul cran. The Ocean
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remerciera les deux premières parties d’avoir mis la salle dans les meilleures conditions qui soient et clôture une première fois son show avec Permian: The Great Dying, riche épopée faisant référence à ce fameux épisode où 95% de la vie terrestre fut anéantie, il y a des millions d’années. Mais de réchauffement climatique, il en est surtout question dans l’antre du Trix à ce moment précis où le groupe atteint une vitesse de croisière à la limite gravitationnelle. Le rappel est bruyant et le combo nous revient afin d’entamer Ectasian: De Profundis et de conclure en beauté avec Benthic: The Origin of Our Wishes aux rythmes lents et à l’apothéose presque rituelle devant les bras levés d’une foule plus que conquise par le show proposé. Celle-ci n’hésitera pas à remercier le groupe en prenant d’assaut le stand merch particulièrement bien fourni.

Ainsi s’achève donc un voyage musical au cours duquel The Ocean
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nous aura emportés au plus profond d’une époque où la Terre a eu un jour le pouvoir d’exterminer de sa surface n’importe quelle forme de vie, et ce, même sans l’aide de l’Humanité. Puissions-nous faire en sorte de ne pas accélérer la prochaine catastrophe…

Remerciements à Daniel Czieschke (CZ! Promotions)

Photos live : Elodie
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AUTEUR : Panda
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, pas...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...

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